Conseil national

Des communistes très mobilisés

Le dernier Conseil National du PCF avait un ordre du jour chargé. Le rapport de Pierre Laurent et la discussion ont porté sur les orientations de la politique du pouvoir et sur les axes de bataille des prochains mois. La question des finances a été abordée ( voir le texte de JL Le Moing). Entretien avec Isabelle de Almeida, présidente du Conseil national, sur cette session.

Comment la réunion a caractérisé la politique du pouvoir ?

Le Président veut imposer un pacte de responsabilité – plutôt d’irresponsabilité, comme nous l’avons qualifié, il veut avancer plus vite et plus fort, dans une même direction : baisse des revenus salariaux, avec la suppression des cotisations sociales, de 35 milliards d’euros, diminution du taux de l’impôt sur les sociétés, baisse drastique de 53 milliards d’euros des dépenses publiques pour les trois années à venir. François Hollande a choisi son camp : celui du Medef, de l’austérité, de la flexibilité, de la soit-disant compétitivité. Il s’agit bien d’un compromis historique entre le Medef et le gouvernement, dont l’objectif est clair : augmenter les marges, les profits, au détriment des salaires, de la protection sociale et des services publics. Ce pacte va plutôt encourager la déresponsabilisation sociale et publique des entreprises et il coûtera cher au monde du travail et aux finances publiques. Ce pacte n’est en rien une politique de gauche, pas plus que les réformes institutionnelles projetées. Comme on le voit en Europe, tous les gouvernements qui veulent imposer leurs politiques d’austérité affaiblissent la démocratie, concentrent les pouvoirs. C’est cela qui inspire François Hollande ; il le dit haut et fort maintenant. C’est la ligne qu’il veut imposer à son parti, à la gauche française toute entière, pousser au renoncement à toute ambition de transformation sociale. Il utilise son mandat pour arriver à ses fins, vanter les exemples de grandes coalitions en Europe, et aller vers la construction d’une nouvelle majorité politique dégagée de la gauche, majorité qu’il n’a pas actuellement.
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Le CN a défini plusieurs axes de bataille. Peux-tu les rappeler ?

Le premier axe concerne le pacte de responsabilité. Nous voulons relever le défi, expliquer concrètement aux salariés, aux forces progressistes en quoi c’est un pacte de dupes. Les 100 milliards que revendique le Medef seront bien pris dans la poche des salariés. On a lancé un appel à toutes forces de gauche : il faut maintenant être sur les solutions pour sortir de l’austérité, se mobiliser, se rencontrer, poser des jalons en vue d’une alternative à gauche. On va parallèlement continuer notre campagne de vérité autour du « coût du capital », se battre pour le service public, contre les licenciements boursiers avec notre proposition de loi, pour la protection sociale dans son ensemble, si lourdement attaquée. On entend également lancer une grande offensive sur la fiscalité. Ce travail est bien engagé, on va vers des Etats généraux en juin, c’est un travail ouvert à tous. On veut mener aussi une grande offensive sur les droits des femmes ; on voit bien que remontent, en Europe, des forces réactionnaires pour remettre en cause ces droits, notamment le droit à l’avortement. Même si on a obtenu quelques avancées sur cette question en France, pour autant la loi sur l’égalité homme/femme ne va pas au bout de ce qu’il faudrait faire. Le 1er février une manifestion est programmée sur cet enjeu. Autre axe : la question des institutions. Le Président a décidé d’engager de nouvelles réformes institutionnelles qui, comme les réformes passées, visent à éloigner les citoyens des lieux de décision, retirer aux élus locaux leurs pouvoirs de décision. Nous disons qu’avant tout changement institutionnel, il faut passer par la voie démocratique et par référendum.

Le CN a évoqué les municipales.

Nous sommes maintenant en campagne. Les choix ont été faits, avec des situations locales diversifiées. Les communistes ont pris en considération les enjeux locaux, les types de rassemblement approprié pour pousser les projets progressistes dans leurs communes. Les chiffres sont connus sur les localités où nous menons la bataille dans le cadre du Front de gauche, là où nous rassemblons l’ensemble de la gauche avec le PS. Dans tous les cas, on a tous une même ambition, c’est à dire mettre la démocratie locale en avant, la bataille pour les services publics, contre l’austérité. On sent les communistes très mobilisés sur cette campagne.

Et l’enjeu des européennes ?

Il y a dans l’opinion une forte défiance par rapport à la construction européenne. Cela ne nous surprend pas, vu les politiques austéritaires qui s’appliquent selon les vœux de la Commission européenne. Nous avons à mener une campagne qui va montrer qu’on est contre le diktat des marchés financiers, contre l’austérité. Nous voulons refonder l’Europe, être en rupture avec les contenus des traités, avec la façon qu’a la Commission de s’ingérer dans les budgets nationaux. On souhaite entrer en campagne rapidement, donner des signes forts en ce sens. La candidature d’Alexis Tsipras, leader de la gauche grecque qui résiste, à la Commission européenne est un bon atoût dans cette bataille. Les 3 et 4 février Tsipras sera à Paris et on va prendre une initiative publique à cette occasion ; en avril, on aura toujours avec lui un temps très fort. On pense qu’il faut accélérer le travail avec le Front de gauche, aussi bien sur les candidatures que sur les textes. Sur les textes, c’est en cours. Sur les candidatures, ça devrait maintenant démarrer.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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