Marly, Haute Savoie/Mai 2013

ENQUETES AU SOMMET

AVANT-PROPOS

Dès les premières minutes, les idées ont jailli dans les têtes de nos « p’tits écrivains ». Ils ont révélé des talents ignorés, enthousiasmés par l’idée d’écrire un roman policier « à eux » avec son lot de mystères, de disparitions, de suspects, de fausses pistes… dans un cadre savoyard.
Une imagination débordante qu’il fallait mettre en forme et retravailler sous la houlette de Gérard Streiff qui, grâce à son expérience et sa gentillesse, a su guider efficacement nos écrivains en herbe. Un grand merci à lui pour son travail et sa bonhommie.
Nous tenons également à remercier toute l’équipe d’animation du centre « Le Samance » et bien sûr Mlle Shuck qui a permis à ce projet de voir le jour !

L’équipe des professeurs accompagnateurs du collège Jean Mermoz de Marly.
Mai 2013

PREFACE
Chiche Capons et compagnie

Les Chiche Capons, vous connaissez ? Ce sont ces très jeunes pensionnaires d’un bahut des années trente qui rêvent de voyages et d’aventures et se retrouvent embarqués dans le monde des grands : disparition, mystère, enquête, solution. Pierre Very a immortalisé ce groupuscule magnifique dans « Les disparus de Saint Agil ».
Disparition, mystère, enquête, nos « p’tits écrivains » du collège Mermoz de Marly (Moselle), mes Chiche Capons version 2013, ont tout naturellement, sérieusement, drolatiquement joué le jeu de cet atelier d’écriture de haute montagne. Et de haute tenue. Lisez leurs deux histoires : c’est un régal.
Un grand merci aux profs, cordiales et attentives, aimables et toujours disponibles, à la souriante Nathalie ; et un coup de chapeau à l’équipe de Jérémie.

Gérard Streiff

Le secret de Mme J.

Nous dédions cette histoire à Elisa.

Chapitre 1

Tout a commencé durant la panne d’électricité.
On était au chalet « Le cheval d’or », en Haute-Savoie ; celui-ci se composait de deux étages ; en haut, il y avait les chambres avec salles de bain, en bas se trouvaient la salle de veille, la salle à manger, la cuisine et la salle de jeux. L’immeuble était très grand et donnait sur un magnifique paysage montagneux.
On était là en voyage scolaire. Accompagnés de professeurs et d’un écrivain, on devait rédiger en trois jours un livre.
Ce soir-là, il y avait la boum.

C’est alors qu’on entendit un grand « CLAC ». Ce fut violent. Toutes les lumières s’éteignirent d’un coup. Une seconde, il y eut un calme olympien. Puis tout le monde paniqua, s’affola. Les animateurs essayèrent de maîtriser la situation. On entendit des cris aigus, des chaises remuer, d’inquiétants grincements, des bruits de pas. Puis plus rien. Quelqu’un sortit son briquet. On vit la professeur de français, Mme Jolibois, se diriger vers le disjoncteur. Elle voulait savoir si quelqu’un avait coupé le courant. Peu après la lumière revint mais Mme Jolibois, elle, ne revint pas.

« Mme Jolibois ?! » Tout le monde se mit à sa recherche. On se dispersa dans le chalet, mais en vain. La professeure avait disparu. Les animateurs et les élèves allèrent se coucher.
Alors Alex décida de mener l’enquête ; il demanda l’aide de Camille, sa meilleure amie d’enfance.
Alex était grand, les cheveux châtain ; il aimait faire le pitre et faire rire ; en même temps, il était courageux ; il s’entendait bien avec ses parents même s’ils étaient divorcés.
Camille, une brune aux yeux marron, portait des lunettes ; elle était plutôt timide, discrète mais très rapide ; elle portait souvent des hauts couleur violet.
Ils fouillèrent la chambre, vide, de Mme Jolibois et tombèrent sur une série de messages codés, genre « RTQHGUUGWT » (clé2) ou « HFAJ » (clé6) …
 C’est quoi ça ? demanda Camille.
 Je connais, répondit le garçon, c’est un code, le code César. On remplace une lettre par la suivante (clé1) ou plus. On garde et on verra plus tard.
Dans la chambre ils trouvèrent aussi des dés mais ça voulait dire quoi ?
La fenêtre de la chambre était ouverte, était-ce une piste ?

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Ils remarquèrent que toutes les horloges de l’immeuble s’étaient arrêtées sur minuit ; était-ce l’heure du crime ? Ils virent que sur le tableau d’une salle de classe était noté au feutre « HaHaHa ! » comme si un mauvais esprit les narguait, comme s’il leur disait « Vous pouvez toujours chercher, vous ne trouverez rien ! »

Ils interrogèrent les gens du chalet en commençant par Isabelle, la cuisinière.
 Etes-vous au courant de la disparition de Mme Jolibois ?
 Oui mais elle n’avait pas à critiquer ma cuisine ! Vraiment pour qui se prend-elle ?
Mais ils ne pouvaient pas accuser la cuisinière pour si peu.

Ils allèrent sur le parking, en pleine nuit, armés de lampes torches. Sur le pare-brise d’une voiture était écrit « S.O.S. » avec un rouge à lèvres. Un peu plus loin, il y avait le sac à mains de Mme Jolibois ; à l’intérieur son portable était allumé. Sur l’écran, un SMS, anonyme : « Je vais me venger ! »
Quelqu’un l’avait donc menacée, mais qui ?

Que faire ? Camille et Alex se retrouvèrent dans la bibliothèque pour réfléchir à cette mystérieuse disparition. Camille proposa d’aller en salle d’informatique pour se renseigner sur le passé de Mme Jolibois. Et là, ils firent une drôle de découverte.

Chapitre 2

Mme Jolibois, on croyait tous qu’elle était LA prof de français ; en fait c’était un peu plus compliqué. Sur Internet, nos enquêteurs découvrirent non pas un mais plusieurs passés à Mme la professeure.
Elle avait travaillé dans l’espionnage ; on retrouvait son nom dans un trafic d’armes au Sénégal durant lequel elle avait accidentellement tué un certain Mr Kalachnikov. Lequel Kalachnikov n’était autre que le père de M. Pouchon, l’actuel prof de technologie du collège Mermoz. Pouchon n’était pas le vrai nom de ce prof, il suffisait de chercher un peu sur le web pour voir cette filiation. Il avait changé de nom pour passer inaperçu et…se venger. Alex et Camille informèrent les autres professeurs de cette nouvelle, la direction de l’école prévint la police. Cela rassura tout le monde même si Mme Jolibois n’avait toujours pas été retrouvée. Les jeunes enquêteurs étaient fiers de leur trouvaille ; en même temps, ils estimaient que l’affaire était un peu trop facile…

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Ils avaient raison. Car, toujours sur Internet, on apprenait que Mme Jolibois avait été également critique littéraire très célèbre. Sur son site, en haut de la page web, était écrit « Essayez avec cette orthographe : Mme Bijolois ». Curieux, Alex et Camille allèrent sur Bijolois ; un portrait montrait que Jolibois et Bijolois étaient bien une seule et même personne. Et Bijolois menait une vie dangereuse, son site était rempli de menaces, notamment d’un Russe, un certain Karkassov. Ils trouvèrent son numéro de téléphone.
 Bonjour M. Karkassov, dit Alex.
 Bonjour mais qui êtes vous, répondit l’autre avec un fort accent slave.
-Je m’appelle Alex et je voudrais savoir si vous connaissez Mme Bijolois.
 Oui et pas qu’un peu.
 Vous avez quelque embrouille avec elle ?
 Oui, elle s’attaque à tous les livres de mon auteur préféré…. »
C’est alors qu’Alex entendit dans son portable ce bruit de fond : « Le train Paris-Moscou va bientôt partir ! » Aussitôt Karkassof raccrocha.
Qu’est-ce que c’était que cette salade russe , Jolibois était-elle liée à un Russe qui était en train de fuir le pays ?

Mais ce n’était pas fini. Toujours sur Internet, dans une autre rubrique dite « d’actualité », on annonçait que Mme Jolibois, prof plutôt pauvre, avait eu des parents très riches. Or ils n’avaient jamais voulu donner d’argent à leur fille. C’était des radins. Nos petits experts comprenaient mieux pourquoi Jolibois détestait ses parents.

Espionnage, trafic d’armes, magouilles franco-russes, problèmes familiaux, ça commençait à faire. Et ce n’était pas fini. Jolibois, il y a quelques années de cela, avait agressé par pure jalousie une prof de maths, Mme Fraction, en plus avec un compas ! Or, et c’est là où l’affaire se corsait, les enfants de Mme Fraction habitaient en Haute Savoie, tout près du chalet du Cheval d’or…

Désormais habitué au pire, Alex et Camille ne s’étonnèrent même pas d’apprendre premièrement que Jolibois avait beaucoup aimé jouer au Casino ( ce qui ne fait pas bonne impression aux yeux des élèves) , qu’elle s’y était ruinée, qu’elle avait perdu en conséquence la garde de ses enfants ; deuxièmement qu’elle avait témoigné, il y a bien longtemps, contre un certain Chnaillon, accusé de meurtre, lequel avait écopé de 12 ans de prison et que ce Chnaillon, récemment libéré, gérait la ferme du Reblochon, située tout en haut d’une interminable montée, ferme que les enfants venaient justement de visiter en compagnie d’Ines, l’animatrice à la peau mate, aux cheveux brun foncé et aux yeux couleur d’amande.

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Bref, qui en voulait à Mme Jolibois ? Un monde fou ! Les marchands d’armes ? Les Russes ? La famille Fraction ? Ses propres enfants ? le Chnaillon du Reblochon… Il y avait trop de pistes.

Chapitre 3

Par où commencer ?
Car l’affaire se compliquait encore : les enfants venaient de recevoir une lettre de rançon de 10 000 euros pour relâcher Mme Jolibois. Il était écrit au stylo bleu : « Déposez l’argent à l’adresse suivante : Chalet Le Samance, 3 rue des alpages, Grand Bornand ».

Alex et Camille restèrent bouche bée. Ils comprirent que la disparition de la prof était un coup monté pour gagner de l’argent.
Ils décidèrent d’interroger tous les suspects du coin, ils allèrent notamment chez la cuisinière (sous le prétexte d’apprendre la cuisine) et chez les frères Fraction ; chaque fois ils entrèrent, demandèrent d’aller aux toilettes et en profitèrent pour visiter la maison. Mais il n’y avait rien.

C’est alors qu’ils repensèrent au code secret ; ils arrivèrent à déchiffrer les mots étranges. L’un voulait dire « professeur », l’autre « cave ». La prof serait dans une cave ? Mais quelle cave ? de quelle maison ?

C’était l’heure du dîner . Le repas se déroula très rapidement. Pour une fois il y avait du reblochon à table. Ils prirent un morceau, sur lequel était collé un bout de papier où il était écrit « Ferme Reblo… ». C’était la même écriture que la lettre de demande de rançon.

Pendant la veillée, les enfants s’éclipsèrent et retournèrent donc à la ferme. L’angoisse montait d’un cran. La porte de la ferme était ouverte, ils entrèrent croyant qu’il n’y avait personne. Ils virent un grand escalier en colimaçon qui donnait sur une grande porte en bois. On entendait une conversation qui provenait de la pièce. C’était une vois russe, qui leur était familière. Ils regardèrent par le trou de la serrure et virent : M. Chnaillon, vêtu de noir avec ses cheveux noir corbeau ; on avait appris qu’il avait été directeur du casino dans une autre vie et que Mme Jolibois lui avait fait perdre beaucoup d’argent ; il y avait aussi M. Krakassof (le russe) ; M. Pouchon, le fils de Kalachnikov ; les enfants de Mme Fraction ; un enfant Jolibois ; et bizarrement la cuisinière. Tous étaient armés de pistolet et de corde.

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On sentait qu’ils étaient en train de prendre une importante décision :
 On prend la rançon et on la libère ? demandait Chnaillon.
 Non, elle ne mérite pas d’avoir la vie sauve ! répliqua le Russe.
Les enfants étaient horrifiés par ce qu’ils venaient d’entendre. Ils foncèrent vers la sortie. Mais les escaliers grincèrent et les ravisseurs les entendirent. La cuisinière sortait avec son couteau. Heureusement les enfants avaient pu se sauver à temps.

Arrivés au chalet, Alex dit :
 J’ai tout enregistré.
 Et moi j’ai pu prendre une photo du groupe, ajouta Camille.
Ils firent part de leur découverte aux profs qui avertirent instantanément la police. Celle-ci attrapa les malfaiteurs. La professeure fut libérée. Elle était ligotée, retenue non pas à la cave mais dans la salle d’affinage du reblochon. Les enfants furent traités comme des rois jusqu’à la fin de leur voyage.
La prof de français, Mme Jolibois, cachait un long passé à ses élèves mais qu’importe, elle était si gentille.

FIN

LE CHALET MAUDIT

Chapitre 1

Tout a commencé durant la panne d’électricité. Les animateurs du chalet « Le Samance », en Haute Savoie, organisaient une soirée dansante. C’était la dernière veillée de notre séjour ; notre groupe comportait 52 enfants, de 9 à 12 ans, dont Thomas et Chloé. Thomas était grand, il portait des lunettes, il avait les cheveux bruns, les yeux verts, un garçon plutôt maigre, bagarreur mais affectueux. Chloé, sa meilleure amie, était une fille sensible mais dotée d’un caractère très prononcé. Elle avait des cheveux couleur de soleil et des yeux qui ressemblaient au ciel.

Tous les enfants étaient excités à l’idée de participer à cette dernière veillée. Thomas et Chloé dansaient ensemble quand la « fameuse » panne interrompit leurs pas. Plus de lumière, plus de son. La panique gagna les enfants. On entendit des bruits bizarres, des verres qui se cassent, des chaises tombées, un cri perçant, des pas bruyants, affolants, puis le silence.

Thomas savait où était le disjoncteur. Il découvrit des choses bizarres autour de l’installation électrique, notamment une bombe de peinture calcinée au sol ; un malfaiteur avait fait péter les plombs puis il s’était servi de sa bombe de peinture comme d’un lance-flamme. Mais dans quel but ?

Thomas rétablit le courant.
Des rumeurs couraient le chalet. On disait que la directrice, Mme Poirier-Tulipe, avait disparu. Mais on la retrouva ; elle s’était égarée dans le local des valises.
Puis on dit que la professeure de musique était introuvable, on dit la même chose de la femme de ménage (enlevée, disait-on, dans la chambre Irlande) mais on retrouva tout ce petit monde.
Dernière rumeur : on accusait même le yéti ! Paraîtrait qu’on aurait retrouvé les traces de l’animal dans la forêt, qu’il vivrait dans une grotte, là-haut. Pire : paraitrait que le yéti serait un faux yéti, un masque dont se servirait un animateur (ou un professeur ?) pour faire ses mauvais coups. Mais personne n’y croyait vraiment.

Bref, au chalet, la lumière revenue, les animateurs firent l’appel des enfants ; cette fois, c’était plus sérieux : Anna avait bel et bien disparu.
Qui était Anna ? une jeune fille timide, plutôt amicale, petite et blonde aux yeux bleus, très intelligente. C’était la chouchoute de tous les profs du collège, ce qui lui posait quelques problèmes avec ses camarades de classe.
« Anna ? »

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On fouilla le chalet qui était vaste, avec de nombreuses chambres équipées de lits superposés ; ça permettait d’héberger les jeunes et les adultes qui les accompagnaient. Il y avait aussi deux salles de classe, une salle de jeux, une bibliothèque, une cuisine, une salle à manger, une grande terrasse et une cave. On fouilla partout : pas d’Anna ! Sa chambre était en désordre, les tiroirs renversés, les vêtements déchirés, jetés au sol.

Pour calmer le jeu, les animateurs firent croire aux enfants que tout ça n’était pas grave, que c’était juste un tour de magie. Mais Thomas était particulièrement inquiet. Il était déjà venu dans ce chalet une année plus tôt, durant un hiver sombre et froid. Une terrible tempête de neige s’était abattue sur la ville de Chinaillon ; il se rappelait qu’il y avait déjà eu une coupure de courant, qu’on avait vu une lumière jaune se diriger vers la cuisine, que personne n’avait osé bouger. Le silence était pesant, on n’entendait que le tic-tac de l’horloge. Puis des cris. Quand la lumière était revenue, la cuisinière avait disparu. On ne l’avait jamais retrouvée.

Thomas repensait à ce triste événement ; est-ce que les choses se répétaient avec Anna ? Accompagné de Chloé, il allait mener l’enquête. Il recommença à fouiller partout. Dans la chambre d’Anna où il trouva un mot qui montrait qu’elle se savait menacée et craignait un enlèvement ; dans la salle à manger qui était une grande salle avec des tableaux, des tables, des chaises ; dans la salle de jeux avec là aussi des tables, des chaises, des jeux de société, notamment un MONOPOLY. Anna y avait joué la veille. Il y avait là une boîte avec une manivelle. Quand ils l’actionnèrent, un démon en bois en sortit avec une carte où il était écrit : « Ne prévenez pas la police ou j’enlève quelqu’un d’autre… »

Thomas et Chloé firent le point. Quelles étaient leurs pistes ? qui était l’auteur de ces mots de menace retrouvés dans la chambre d’Anna, ou dans cette boite ou encore ces lettres anonymes au fond d’un tiroir avec des phrases du genre « Ma prochaine victime sera… » ; on parlait beaucoup d’une carte avec les initiales M.A. et le nom d’un lieu, la grotte du Samance ; M.A. ? qui pouvait bien s’appeler M.A. ? Marina Anny ? Michael Augou ? Maxime Alley ? Mamadou Avolo ? Ou était-ce des pseudos ? Mystère !
Et la grotte, elle existait vraiment ?

Autre chose qui intriguait les deux enquêteurs : ils savaient bien qu’Anna n’avait pas que des amis en classe, que beaucoup d’élèves, apprenant sa disparition, avait du se dire : « Elle est enfin partie celle-là ? »
Bref, est-ce que tout le monde était suspect ?

Chapitre 2

Thomas et Chloé décidèrent donc d’interroger tout le monde, les professeurs, les élèves, les animateurs. Mais ils s’intéressaient surtout à ceux dont les initiales commençaient par M.A. Ils commencèrent par Marina Anny :
 Bonjour Marina.
 Bonjour.
 Aimais tu Anna ?
 Non, elle n’était pas trop sympa.
 Connaissais-tu la grotte de Samance ?
 Non, désolé, jamais entendu parler de cet endroit…

Puis ce fut au tour de Michael Augou :
 Quand as-tu vu Anna la dernière fois ?
 Le soir de l’enlèvement bien sûr.
 Aimais-tu Anna ?
 Oui, elle était sympa.

Ils interrogèrent Mamadou :
 Cher Mamadou, où étais-tu avant l’enlèvement ?
 J’étais en train de faire la cuisine pour la boum.
 As-tu vu quelqu’un dans la salle de jeux ?
— Oui, Maxime Alley.

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Vint le tour de Maxime ; il parlait d’une voix tremblante :
 Maxime, as-tu joué hier soir à un jeu de société ?
 Non, je n’ai pas joué au Monopoly.
Il était louche, ce Maxime ; fallait l’avoir à l’œil.

Ils virent encore Andy, un des pires ennemis d’Anna ; il prétendit ne rien savoir. On retrouva dans sa chambre un mouchoir plein de sang mais il expliqua qu’il avait fait une chute.

Puis ils rencontrèrent Camille, la meilleure amie d’Anna. Thomas la suspectait :
 Où étais-tu hier soir, à l’heure du drame ?
 Ayant mal digéré le poulet au curry, je suis restée au lit toute la soirée, rétorqua Camille.
 Je voudrais te croire mais pourquoi flânais-tu alors dans les couloirs hier soir, reprit Cholé.
 C’est à dire que…
 Allez, allez, c’est l’heure du goûter, s’écrièrent les animateurs.

A la fin du goûter, Camille s’empressa de quitter la salle. Nos deux enquêteurs décidèrent de la suivre discrètement jusqu’à sa chambre. Tout à coup, un cri aigu leur fit dresser les poils. Camille venait de découvrir un message subliminal du criminel ; le message était caché dans les mots croisés du journal et il disait : « Tu vas mourir dans la nuit ». En tout cas ce texte prouvait l’innocence de la jeune fille.

Ils allèrent encore questionner le cancre de la classe ; tout le monde savait qu’il détestait Anna. Mais le garçon avait un solide alibi, il avait passé toute la soirée à jouer avec un animateur.

Ne sachant plus que faire, ils décidèrent d’aller voir la police mais celle-ci ne prit pas l’affaire au sérieux et ne les écouta pas vraiment.

Que faire ? Il restait la piste du yéti et de la grotte. Mais est-ce que le yéti existait vraiment ? Les deux enfants trouvèrent cette question invraisemblable mais ils voulaient en avoir le cœur net. Il se rendirent donc à la grotte « Le samance ».
Sur le chemin, il passèrent par une ferme. Un mot les attendait dans le mangeoire à vaches. Il disait : « Si vous voulez retrouver Anna, résolvez cette énigme : à 14heures, nous étions 4 chez moi ; à 15h, 3 personnes sont parties ; à 16h, 6 personnes sont venues ; à 17h, 5 personnes sont parties ; à 18h, 9 personnes sont arrivées ; à 19h , 7 personnes sont parties ; à 20h, 2 personnes sont venues. Combien y avait-il de personnes dans la maison à 19h ? »
-Six, bien sûr ! répondit un peu vite Thomas.
Erreur ; six, c’était de nombre de personnes présentes à 20h, et pas à 19h.
Ils n’avaient pas résolus l’énigme.
« On n’est pas près de revoir Anna ! regretta Chloé.

Ils arrivèrent à la grotte et tombèrent sur un squelette ! Allez savoir à qui il appartenait ? Un tablier bleu était noué à son cou ; il y avait une petite poche cousue au vêtement dans laquelle se trouvait une photo. Elle représentait un visage rond, avec des cheveux roux, des yeux bruns, des petites taches de rousseur ornaient les joues. Thomas avait déjà vu ce portrait, il reconnut la cuisinière.

De la grotte partaient des traces de pas, assez gigantesques ; celles du yéti ? Les pas les conduisirent à un cabanon en ruine. Ils entrèrent. Un grincement inquiétant s’échappa de la porte. Et là ils découvrirent au mur, dans un cadre, une collection de photos ; sous chaque photo, un nom, une date ; presque toutes les photos étaient barrées d’une croix ; sous la dernière croix on voyait le visage de la cuisinière ; et la dernière photo était celle d’Anna mais elle n’était pas barrée de la croix. Pas encore.

Inquiets, ils revinrent au chalet.
Sur le chemin, ils entendirent un bruit ; quelqu’un les suivait ; ils surprirent l’intrus ; c’était Mathieu, un élève de leur classe.
 Pourquoi tu nous suis ? demanda Thomas.
 En fait j’ai très envie d’enquêter comme vous.
 Bon, d’accord, mais pas de bêtises !

Mathieu leur dit qu’il se méfiait de Mme Didier, une prof de français. Il ne savait pas exactement pourquoi mais il ne lui faisait pas confiance.
 Faudrait inspecter sa chambre, dit-il.
Oui mais comment ?
Impossible en ce moment, elle y dormait tranquillement.

Le lendemain, tout le monde devait partir en balade. Mais Thomas, Chloé et Mathieu dirent qu’ils ne se sentaient pas bien. « J’ai mal au ventre » ronchonnait la fille. Et moi aussi, ajoutèrent en chœur les deux garçons.

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Ils restèrent donc au chalet et quand tout le monde fut parti, ils inspectèrent la chambre de Mme Didier pour trouver des indices. Bingo ! Dans son placard, il y avait un déguisement de yéti !

Nos enquêteurs étaient affreusement inquiets. Est-ce que Mme Didier était le yéti ? est-ce le yéti/Didier qui avait enlevé Anna ou était-ce une fausse piste ? alors, qui kidnappait Anna ? M.A. ? était ce le criminel qui avait déjà tué la cuisinière ? et pourquoi ? est-ce que le chalet était maudit ?

Chapitre 3

Thomas, Chloé et Mathieu avaient vu sur le déguisement du Yéti les initiales M.A. et les coordonnées d’un magasin. Il s’exclama :
 Je connais cette adresse. J’y suis déjà allé avec ma mère !
 Ha bon, pour quelle raison ? s’étonnèrent ses deux amis.
 Pour acheter mon costume d’Halloween l’an dernier. Il se trouve qu’il n’est pas très loin d’ici, dans la ville du Grand Bornand.
 Qu’est ce qu’on attend pour y aller ? demanda Chloé.
 En route pour le Grand Bornand ! déclara Thomas, enthousiaste.

Un peu plus tard, les voilà devant le magasin qui s’appelait « Maurice André ». Nos enquêteurs, fiers de leur découverte, entrèrent chez M.A. A première vue, tout était calme. Une petite fille admirait un déguisement de sorcière, un garçon jouait avec de fausses haches. Chloé se dirigea vers le vendeur pendant que les deux garçons, discrètement, descendirent à la cave, au sous-sol. Chloé faisait diversion en bavardant avec le vendeur au moment où Thomas et Mathieu découvrirent des squelettes en plastique. Ils furent saisis d’un énorme doute.

La petite équipe quitta la ville rapidement , remonta vers le chalet. Il était 17 heures, les élèves, les profs et les animateurs rentraient d’excursion. Thomas, Chloé et Mathieu interrogèrent Mme Didier.
 Bonjour Mme Didier.
 Bonjour les enfants.
 On pourrait vous parler ?
 Oui bien sûr.
 Où étiez vous hier soir ?
 Je mangeais avec les autres profs.
 Que faisiez vous après ?
 Euh… bin…
 Pourquoi avez vous un déguisement de Yéti dans votre placard ?
 Quoi, quoi, vous avez fouillé dans mes affaires ?
 Non, enfin oui, mais je suis désolé.
 Mais pourquoi ça ?
 Parce que Mathieu a cru que vous aviez enlevé Anna, en prenant la forme d’un yéti…
 Mais si j’ai ce déguisement dans mon placard, c’est pour mon carnaval.
 Ah, d’accord.
 Enfin, Thomas, qu’est-ce que tu croyais ?
 Non, non, rien madame, bref au revoir Madame, j’ai… j’ai des choses à faire.
 OK Thomas, au revoir.
 Au revoir madame et merci.

Nos enquêteurs se regardèrent. C’était crédible. La piste Yéti/Didier était une fausse piste. Puis ils se dirigèrent vers la grotte du Samance, armée cette fois de lampes torches. Comme ils s’y attendaient, le soi-disant squelette de la cuisinière était en plastique. Adieu la fausse piste du squelette.
Les choses devenaient un peu plus claires.

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Un moment, ils pensèrent que le coupable pouvait être l’officier de police lui-même. En effet il n’avait pas vraiment voulu mener d’enquête et tout le monde savait qu’il détestait la famille d’Anna. En plus il s’appelait Maxime Akarko, M.A. Pourquoi cette détestation ? parce qu’un jour les parents d’Anna avaient eu un accident de voiture avec lui et de ce fait il n’avait pas pu passer un concours très important à ses yeux. Mais l’officier avait un alibi. Fausse piste.

Une nouvelle fois, les enfants retournèrent dans la grotte.
Et cette fois ils trouvèrent un passage secret, tout à fait par surprise ; c’est à dire qu’il fallait tirer sur la main du squelette ( en plastique) et le passage s’ouvrait. L’ouverture était très étroite. Thomas, le plus mince de la bande, s’y engagea, seul. Peu après, il tombait nez à nez sur Anna qui avait des cordes aux poignets et aux pieds. Il faisait très sombre et la jeune fille cria :
« C’est toi, Maxime !
Elle avait cru que c’était son kidnappeur. Facile de comprendre que Maxime était dans le coup.
Maxime Alley ! On se rappelle qu’il avait eu une réponse curieuse quand on lui avait demandé s’il jouait, le soir de l’enlèvement, à un jeu de société : « Non, non, je ne jouais pas au MONOPOLY » avait-il dit. Ce Maxime dont la plus grande peur était le vertige.
Thomas libéra Anna et ensemble, ils rejoignirent Chloé e Mathieu.

Ils mirent la main sur Maxime, avec le renfort des animateurs qui arrivèrent de suite. Maxime ne put s’expliquer car il avait honte et il se mit à pleurer. Au début, il nia tout ; mais sa voix était tremblante :
 Je… je… je, oh, écoutez, vous m’embrouillez ; et pis j’ai pas que ça à faire !Mais il fut bien obligé d’avouer en présence d’Anna. On le conduisit au commissariat. Il fut condamné à trois ans de travaux manuels. Anna raconta son histoire au chalet, devant tout le monde.
Chloé, Thomas, Mathieu et Anne devinrent les meilleurs amis du monde. Et tout redevint normal au chalet.

FIN



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