25 mai, campagne en Europe

La gauche de transformation sociale à l’offensive
Comment se déroule la campagne des européennes dans les différents pays de l’UE ? Quelles sont les chances des partis membres du PGE ? Et que représente la candidature à la Commission d’Alexis Tsipras ? Entretien avec Gilles Garnier, membre de l’Exécutif, responsable du collectif Europe.

Peux-tu nous donner un aperçu de la bataille électorale dans les différents pays de l’UE ?
Les forces qui composent le PGE, ou qui siègeront au sein du groupe GUE/NGL au Parlement européen mais qui ne sont pas membres du parti, abordent cette campagne dans des conditions très différentes. Dans de nombreux pays, c’est le rejet des politiques austeritaires qui est au coeur de la campagne. Les partis de la gauche de transformation sociale font tous le lien entre les politiques nationales et celles qui sont menées par l’UE. Les peuples souffrent à des degrés divers des mêmes maux : chômage, précarité, baisse des salaires et des pensions, remise en cause des acquis sociaux et démocratiques. Si la Grèce, l’Espagne, le Portugal sont les pays les plus touchés, l’Italie et la France suivent de près. Les gouvernements (majoritairement en Europe, des coalitions de centre gauche et de droite) ne différent pas sur les politiques mises en oeuvre. L’obsession de la réduction des déficits et le choix "d’aider" les entreprises plutôt que de relancer le pouvoir d’achat est la seule partition jouée par nos gouvernements. La gauche de transformation sociale est à l’offensive, partout forte d’ un programme ambitieux et volontariste, décidé au dernier congrès du PGE et d’une déclaration commune des principaux partis du groupe GUE/NGL qui pose la question d’une vraie alternative en Europe. Mettre fin à l’austérité partout, rompre avec l’Europe libérale et la refonder sur la base de principes de souveraineté, de justice sociale, de taxation du capital, de coopération, de renforcement des politiques écologiques, réaffirmer l’égalité femme / homme, voilà la colonne vertébrale de nos propositions.

Quelles sont les perspectives de renforcement du groupe GUE/NGL ?

Si on écoute les médias, la seule nouveauté de ce scrutin serait la progression de l’extrême droite au Parlement européen. Je ne nie pas qu’il s’agit là d’une menace importante dans de nombreux pays, y compris en France. Les crises du capitalisme au 20 ème siècle ont toujours vu un accroissement du fossé entre les citoyens et leurs représentants. Elles engendrent l’abstention et l’accroissement du vote protestataire. L’attitude des deux grands partis qui dominent les institutions européennes et les choix d’un type de construction européenne ont une grande responsabilité dans ce désamour entre les peuples et l’Europe. Ils devraient s’interroger. Il n’en est rien. Shultz et Junker, comme Hollande et Merkel, sont les deux faces de la même médaille. Ils ont la même vision de la construction européenne. Pas celle de l’emploi, de la formation, de la lutte contre la fraude ou les paradis fiscaux mais de fait une Europe qui continue de s’agenouiller devant les multinationales et, au plan militaire, devant l’Otan. Ils dévalorisent la politique. Cette capitulation atteint son paroxysme en refusant de changer les statuts de la toute puissante BCE et en s’apprètant à signer le traité sur le grand marché transatlantique. Dans ce contexte, et je le répète dans des conditions fort différentes, les forces qui composent notre groupe au Parlement européen vont bien créer la surprise. En Grèce, en Irlande, en Espagne et même en France, malgré la loi électorale, de nombreux députés vont renforcer le groupe. Il pourrait être le 4ème voire le 3ème groupe du Parlement. Mais ce ne sera pas grâce aux médias français qui ont choisi pour vous le tiercé gagnant. A nous de les faire mentir comme nous l’avons fait en 2005 au moment du traité constitutionnel.

Et comment se présente la candidature d’Alexis Tsipras ?

Alexis Tsipras à été choisi par le PGE pour porter nos couleurs à la présidence de la commission. Il est depuis quatre ans le symbole de celles et ceux qui luttent contre la troïka et son cortège de malheur austeritaires. Il est le visage de cette autre Europe, pétrie de solidarité, de justice, de coopération, d’égalité. Il est l’antithèse de la renonciation. Dans de nombreux pays, des partis amis se sont saisis de sa candidature pour percer le mur du silence qui les entoure. En Italie, son nom a réussi à fédérer les forces de l’archipel de la gauche. C’est le seul candidat qui bouscule le consensus PPE/PSE. C’est le seul qui peut redonner l’espoir à celles et ceux qui souffrent des politiques austeritaires et qui sont prêts, pour certains, soit à s’abstenir, soit à choisir l’extrême droite. Mais, je le disais, fidèle à leur tradition, les tenants de la pensée dominante ont trouvé dans l’extrême droite l’exutoire à la juste colère des peuples. Nous devons déjouer ce piège. Pour nous, contrairement à d’autres, l’ennemi reste la finance en France comme en Europe. Les candidats avec Alexis Tsipras redonnent confiance à ceux qui luttent.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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