Coût du K3

C’est au coût du capital
qu’il faut s’attaquer

Le PCF lance une campagne contre le coût du capital. Entretien avec Yves Dimicoli, dirigeant communiste, responsable du secteur Economie et finances, sur les raisons de cette initiative et les premières mesures envisagées.

Le thème de la baisse du « coût du travail » revient comme une obsession dans le discours patronal mais aussi gouvernemental. Ton opinion ?

Ce thème vise à culpabiliser les salariés, à cacher les autres coûts. Nous ne nions pas que face à la concurrence internationale accrue, il faille baisser les coûts, gagner en productivité. Nous visons aussi l’efficacité mais une efficacité sociale et environnementale qui suppose trois types d’actions : s’attaquer non au « coût du travail » mais au coût du capital et faire reculer les gâchis capitalistes ; dépenser plus et mieux pour développer toutes les capacités humaines, sans élitisme ni exclusion ; disposer de nouveaux financements et conquérir de nouveaux pouvoirs pour les salariés et les citoyens.

Qu’appelle-t-on le coût du travail ?

On peut l’appréhender en suivant la façon dont les richesses nouvelles produites (valeur ajoutée) se répartissent en profits, salaires et prélèvements publics et sociaux (impôts + cotisations). La croissance des richesses produites étant très insuffisante, les affrontements sur la répartition du gâteau deviennent de plus en plus aiguës. D’autant plus qu’il y a une bataille sur la répartition des profits entre ce qui va à l’investissement réel, ce qui va aux placements financiers et ce qui va au prélèvements financiers (intérêts + dividendes), ces derniers augmentant de façon extrêmement rapide. Cela aiguise les luttes de répartition des richesses produites entre salaires et profits dans les entreprises ; entre prélèvements financiers (intérêts + dividendes) et prélèvements publics et sociaux (impôts + cotisations) dans la société, ces derniers augmentant en liaison avec les besoins des populations (santé, vieillissement...). En 1980, dans les sociétés non financières, la part des intérêts et dividendes sur les richesses produites (« charges financières ») étaient de 14,18 % contre 17,10 % pour les cotisations sociales patronales (« charges sociales ») ; en 2012, les « charges financières » s’élèvent à 30,41 % contre 15,51 pour les « charges sociales ». C’est un cancer financier qui se développe au détriment des moyens de financement de la protection sociale et des salaires : voilà les ravages du coût du travail.

Comment agir ?

Il faut à la fois pénaliser et inciter en visant une autre logique de développement. Pénaliser en faisant reculer ces prélèvements par des taxations mais aussi par l’abaissement des intérêts payés aux banques. Inciter, c’est à dire favoriser les dépenses de développement des capacités humaines ( sécurisation de l’emploi et du revenu, qualification avec la formation tout le long de la vie, R&D...) et cela à l’appui d’investissements économes en capital. Tout cela renvoie à la réforme de la fiscalité des entreprises et du financement de la protection sociale, à la nécessité de nouveaux financements (nouvelle utilisation des aides publiques, nouveau crédit bancaire, fonds régionaux publics, Pôle financier public...) , à la nécessité aussi d’intervenir pour que change le comportement des entreprises (pouvoirs des CE, réorientation des entreprises publiques...).

De premières propositions de travail pour cette campagne ?

Un tract national qui lance une campagne nationale de longue durée ; une journée de travail commune des commissions économique et lieu de travail ( 8 novembre) largement ouverte ; une brochure de large diffusion préfacée par Pierre Laurent et présentée par lui en conférence de presse ; des débats et des initiatives d’action avec par exemple l’organisation d’une traque citoyenne des coûts et gâchis du capital, des révélations et contre-propositions dans les départements, les régions, surtout là où se posent les plus gros problèmes d’emploi.

Propos recueillis par Gérard Streiff.



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