Grigny2

A l’école des écrivains / Des mots partagés
Une expérience au collège Neruda de Grigny (91)

Générosité

Si je devais résumer d’un mot mes trois rencontres avec les élèves de Troisième de la classe de Stéphanie Pelerin, au collège Pablo Neruda de Grigny, ce serait « générosité ». Générosité de cette professeure épatante, enthousiaste et respectée, qui a fait passer son goût du livre et des mots à ces jeunes gens. Générosité de ces élèves, attentifs, complices, dialoguant avec passion, inventant avec envie des fictions polardeuses. Générosité des parents car à chaque rencontre, une mère de l’un ou de l’autre de ces élèves, avait préparé des gâteaux, des cakes, des tartes, des flans. Histoire de bien recevoir l’invité.
On avait convenu de consacrer deux de ces rencontres à l’écriture d’une nouvelle noire. Je leur proposais une phrase introductive, à eux d’imaginer la suite. La phrase : « Adèle semblait n’avoir rien vu. Pourtant... »
Le déclic s’est fait aussitôt. Par groupes de deux, trois ou quatre élèves, selon les affinités, la classe a joué immédiatement le jeu.
Ahmed et Lahaou (« Déguisements ») ont utilisé les personnages de Sir Conan Doyle, mobilisant le fameux enquêteur et son adjoint, dont les patronymes étaient « verlanisés », inversés, devenus Locksher et Sonwat, dans une très astucieuse histoire de stage de déguisements, d’armes trafiquées, de faux amis et de meurtre bien sûr.
Soma, Omar, Islem et Sara (« Une grosse erreur »), inversant les « codes » d’un certain machisme ambiant, ont décrit une bande de filles qui exercerait une terrible vengeance sur un petit coq du cru.
Nisha, Bruno, Nancy et Diaga (« Clé USB »), ont mis en scène une mauvaise rencontre, un soir, sur un quai du RER, une disparition de clé USB, retrouvée plus tard au fond d’un garage...
Yael, Fatma et Camille (« Une manipulatrice ») ont évoqué la question de la famille recomposée, avec une belle-mère envahissante et un père plutôt violent.
Hawa, Sonia, Alizée et Medhi (« L’immeuble desaffecté ») ont soigné « l’atmosphère » de leur scénario où l’héroïne croise des ombres , s’égare dans des à-peu-près et s’engage sur de fausses pistes.
Avec Kitoum, Simseh, St-Marc et Massaad (« Braquage familial »), nous voici dans une file d’attente, à la banque, témoins d’un hold-up tragique au dénouement plutôt inattendu.

Dernière image : à la troisième séance, la sonnerie avait retenti mais des élèves, longtemps, étaient restés en classe pour terminer leur récit. Un vrai cadeau.

Gérard Streiff
18 avril 2011



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