International

Analyse et propositions communistes

Lydia Samarbakhsh, en charge des Relations internationales à la Coordination nationale du PCF, a présenté devant le CN du 12 décembre un rapport très étoffé sur « La situation internationale et les enjeux internationaux » (dont l’intégralité est disponible sur le site du PCF). Extraits.
Trois bonnes raisons de parler de l’international
« Nous avons décidé de consacrer nos travaux d’aujourd’hui à la situation et aux enjeux internationaux pour trois raisons. La première tient à nos choix de Congrès d’intensifier notre action internationale et de franchir une étape significative à la fois dans les convergences au plan européen et mondial et dans l’appropriation par les communistes de ces enjeux. La solidarité internationaliste est au coeur de notre combat pour l’émancipation humaine depuis la création de notre parti ; il en a même été pour une part entière à l’origine. Le monde a profondément changé en près d’un siècle et se trouve confronté à des questions non résolues et à des défis nouveaux. L’aspiration des peuples à l’émancipation et leurs combats ont fait l’expérience du XXe siècle qui, dans ses avancées, ses échecs comme ses tragédies, a forgé l’étape historique dans laquelle nous nous trouvons. Et se pose à nous la question de déterminer quelles actions et initiatives devons-nous engager pour contribuer à une nouvelle étape du rassemblement des forces transformatrices et émancipatrices ? La deuxième raison tient à la place des enjeux internationaux, à la place et au contenu de la politique étrangère française poursuivie sous la présidence de François Hollande sans rupture, voire même en prolongement de son prédécesseur. Le premier engagement auquel le président Hollande a tourné le dos a été celui de la renégociation du pacte budgétaire européen, et son quinquennat a été celui du déploiement de la stratégie atlantiste engagée par Nicolas Sarkozy depuis le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Mais quelle politique extérieure devrait être celle de la France d’aujourd’hui ? Comment pouvons-nous et voulons-nous peser sur la politique extérieure française ? La troisième raison tient bien entendu à la gravité de la situation internationale elle-même, une situation internationale qu’il convient d’analyser le plus finement possible dans ses dynamiques, sa complexité et ses contradictions. Comment qualifier la période que nous vivons, quelles sont les stratégies à l’œuvre, les acteurs en présence ? Où en est le rapport de force ? Quelles sont les responsabilités et le rôle du PCF dans ce contexte ? L’objet de notre réunion est de porter une appréciation de la période et de ses enjeux, des stratégies à l’œuvre, de la politique extérieure et de défense de la France mais aussi des axes de notre action et de nos propositions. »
La situation internationale
Le rapport parle d’un monde apolaire qui « offre l’opportunité de bâtir de nouveaux équilibres mondiaux fondés sur l’égalité et la solidarité ». Il s’attarde sur deux régions, l’Amérique latine, où le rapport des forces s’est profondément modifié, et l’Asie, en pleine réorganisation ; il définit la stratégie russe et analyse l’hégémonie américaine qui, bien qu’en recul, reste dominante. Il retrace l’histoire de la notion de terrorisme international et consacre un long développement à la crise du Proche et du Moyen-Orient.
« La « guerre contre le terrorisme » ne fait pas une stratégie et une politique extérieure. C’est la raison pour laquelle nous avons dit et nous réaffirmons que la lutte contre cette violence obscurantiste et inhumaine passe moins par les interventions militaires que par l’action politique et économique, la volonté politique de tarir les sources de l’obscurantisme, une mobilisation exceptionnelle pour l’aide au développement et l’appui aux forces démocratiques et progressistes qui sont les seules à résister à la double menace que constituent l’interventionnisme atlantiste, d’une part, et la violence obscurantiste, d’autre part. »
Alors que l’ONU est dévalorisée, les relations internationales sont « entravées par des acteurs non-Étatiques aux intérêts particuliers », comme les firmes transnationales, les banques, les oligarchies financières. La corruption est devenue systémique.
La politique extérieure française
Lydia Samarbakhsh qualifie la politique française de « politique étrangère sans vision, sans ambition, entièrement dictée par les orientations politiques de l’OTAN, enfermée dans des carcans idéologiques hérités du XIXe siècle. » Elle pointe la liste des erreurs, errements et impasses de cette politique. « Sans aucune contestation de l’ordre existant, cette politique est une suite d’actions (ou d’inactions) au coup par coup, clientéliste et le plus souvent arrogante. »
Dans cette partie, la responsable communiste s’interroge sur la situation de l’armée : « Nous sommes confrontés au paradoxe de voir une armée française qui, depuis la fin de la guerre d’Algérie, n’est jamais autant intervenue à l’extérieur des frontières de notre pays, et pourtant qui n’a jamais été aussi paupérisée et aussi peu en situation d’assurer la défense du territoire national. (…) Face à cette défaite de la pensée et de la volonté politique, nous voulons mettre en débat dans la société française une conception de la défense nationale qui permettrait à la fois de protéger notre pays et notre peuple, et d’avancer résolument vers un monde plus juste et plus solidaire en faisant progresser, de manière multilatérale, la paix et le désarmement. Oui, il faut ouvrir le débat sur la défense. »
Le rapport avance quatre initiatives que la France pourrait prendre : « agir pour une réforme et une démocratisation de l’ONU, sortir de l’OTAN tout en prenant publiquement position pour faire de l’Europe une zone dénucléarisée, refonder sa politique de partenariats et ouvrir le débat et la concertation avec les pays membres de l’UE et avec le Parlement européen pour engager une refondation des traités européens. »
L’action du PCF
Dans cette dernière partie, Lydia Samarbakhsh rappelle d’abord comment fonctionne le secteur international puis énumère, et détaille, des propositions et axes de travail. Elle évoque le combat pour la paix, suggère dans ce cadre « un débat sur la force nucléaire française ».
« Premier axe : le soutien aux forces transformatrices et aux luttes des peuples pour leur émancipation, le travail de rassemblement de ces forces ». Il s’agit des forces et des peuples du Maghreb, du Proche et du Moyen Orient, notamment le peuple palestinien, les Kurdes ; il est aussi question de l’Afrique, de l’Amérique latine. Sur la situation en Ukraine : « nous voulons pousser l’action pour que la France aide à réactiver le protocole de Minsk et son contenu, à relancer le dialogue avec la Russie et travailler à des solutions de désescalade du conflit autour de l’idée d’une neutralité de l’Ukraine, et d’une relance d’un projet fédéral pour restaurer l’unité de ce pays. » Le PCF entend participer aux Forums sociaux mondiaux, aux Rencontres internationales des partis communistes et ouvriers, au Forum de Sao Paolo, au Forum européen des alternatives et la refondation de l’Europe : « J’ai insuffisamment parlé des enjeux de refondation de l’Union européenne, je l’aborderai uniquement par le biais de l’organisation à Paris les 30 et 31 mai prochain du Forum européen des alternatives décidée par le PGE. Nous voulons créer un nouvel espace politique, ouvert à toutes les forces politiques, sociales et syndicales qui veulent travailler avec nous (..) à dépasser la seule critique commune et construire des convergences sur les solutions ; à prouver qu’une alternative européenne est possible, et qu’elle est en marche. » Participation également au Forum du Sud qui se tiendra les 24 et 25 janvier à Barcelone.

Le deuxième axe s’intitule « le combat pour une nouvelle architecture mondiale, le multilatéralisme, la définanciarisation de la mondialisation et la refondation de l’Union européenne ». Cela passe par la mobilisation contre TAFTA, la bataille contre les fonds vautours, mais aussi l’extraterritorialité de la Justice américaine. Dates à retenir : le 70e anniversaire de la Charte des Nations unies et de la création de l’ONU, le 50e anniversaire de la disparition de Mehdi Ben Barka.
Le troisième axe est le combat pour les grands enjeux planétaires : le climat, la dénucléarisation, la souveraineté alimentaire, les biens communs universels, les droits et libertés fondamentales.



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