49.3

Une certaine forme de violence politique

Echec de la loi Macron, nouvelle chute dans les sondages du couple Hollande/Valls, recherche d’issue à gauche, l’actualité politique est chargée. Et les départementales qui s’approchent… Entretien avec Bob Injey, responsable du secteur Communication du PCF.

Q : Le pouvoir tente de minimiser ce qui s’est passé avec la loi Macron.

Le recours au 49.3, c’est l’échec d’un gouvernement qui n’a plus de majorité au sein même de l’Assemblée nationale ; il n’a plus de majorité politique dans le pays, il n’en a plus au parlement et, malgré cela, il s’entête à vouloir poursuivre dans ses choix. Aujourd’hui la seule manière pour lui de faire passer ses lois, c’est le 49.3. C’est un échec qu’il essaie de minimiser, et d’en faire porter la responsabilité sur d’autres. Mais c’est surtout le reflet du décalage qui existe entre ce gouvernement et le peuple de gauche,
et maintenant entre ce pouvoir et une grande partie de ses parlementaires. Ce qui vient de se passer marque sans doute un tournant : on a maintenant un gouvernement qui a fait le choix d’une certaine forme de violence politique pour imposer ses projets et qui accroit son mépris envers toutes celles et tous ceux qui, en 2012, ont espéré le changement. Un mépris d’autant plus fort qu’on sait pertinement que l’année 2014 aura vu les dividendes du CAC 40 augmenter de 30 % ; les scandales d’exode fiscale se multiplient ; les inégalités ne cessent de s’accroître. En dépit de ce contexte, le gouvernement décide de continuer sa politique envers et contre tout. J’ajoute que la situation en Grèce nous concerne : les Grecs entament un bras de fer pour s’opposer à la même politique que celle que veut nous imposer le gouvernement français, et qui consiste à faire payer aux peuples la garantie des dividendes pour les actionnaires. C’est ce qui se joue aujourd’hui à l’échelle de l’Europe, de la panète :faire payer aux peuples le versement de dividendes de plus en plus élevés aux actionnaires.

Est-ce que cette actualité ouvre une autre page à gauche ?

Oui une nouvelle page s’ouvre. Je pense que les choses, d’une certaine manière, se clarifient sur les choix profonds de ce gouvernement. De plus en plus d’hommes et de femmes à gauche comprennent que ce chemin est impratiquable et qu’il faut ouvrir une autre voie. C’est toute l’ambition des « Chantiers de l’espoir » ; cela va demander beaucoup d’efforts pour rassembler, pour faire converger mais c’est un chemin indispensable si on veut sortir du faux choix du social-libéralisme, de l’ultra-libéralisme ou du libéralisme fascisant.

On est à un mois des départementales.

Une des difficultés aujourd’hui du Parti socialiste, on le mesure dans ce fait : ce n’est pas le PS qui est la force à gauche la plus représentée aux élections départementales, ce sont les candidat(e)s présenté(e)s ou soutenu(e)s par le Front de gauche. C’est aussi le reflet de l’impasse dans laquelle se trouve le gouvernement. Le défi pour les candidats qui portent une alternative à gauche, c’est véritablement d’arriver à élargir le spectre du rassemblement. C’est une campagne qui va être difficile ; tout va être fait pour en minimiser la portée. Tout est fait pour écrire à l’avance le scénario d’une « poussée » du Front national. Dans ce cadre, il faut tout à la fois donner à voir qu’une alternative à gauche est possible et en même temps dénoncer le fait que le FN n’a rien d’une alternative. Tous les actes concrets des élus FN, des mairies FN, se traduisent par de l’austérité plus grande encore, c’est du libéralisme puissance 10.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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