CN/10 avril 2015

L’urgence de construire des réponses de gauche

Aux lendemains des départementales, comment caractériser la crise politique ? comment le pays, la gauche peuvent rebondir ? quelle alternative proposent les communistes ? et quid des élections régionales de fin 2015 puis des présidentielles ? Quelques unes des questions à l’ordre du jour du rapport d’Olivier Dartigolles, porte parole du Pcf, devant le Conseil national du 10 avril dernier.

Dans la première partie de ton rapport, tu estimes que la crise politique connaît une « évolution dangereuse ».

En effet. Les départementales ont été marquées par une abstention massive, très forte chez les jeunes ; par le poids de la droite ; le score du FN en forte progression ; une sévère défaite du PS. Le Front de gauche totalise pour sa part 9,45% des voix. Un scrutin qui confirme et consolide le sombre paysage politique installé depuis l’élection de F. Hollande. Pourtant, l’exécutif persiste et signe : les réformes libérales doivent se poursuivre, quoi qu’il en coûte, indépendamment du suffrage universel. L’austérité n’aime pas la démocratie, la démocratie n’aime pas l’austérité. Hollande, Valls et Macron s’entêtent à ne pas entendre la souffrance populaire, à faire passer en force leur ligne pro-Medef. J’ajoute un mot, concernant le FN : seul un changement de politique permettra de dégonfler cette formation. Quand l’égalité sera au cœur des politiques nationales et publiques, alors les questions d’identité et de sécurité seront moins prégnantes et le FN moins influent. L’arme qu’il faut utiliser pour combattre le FN, c’est de donner espoir d’une vie meilleure.

Tu observes qu’il existe de réelles disponibilités dans le pays pour prendre une autre direction.

Absolument : des millions de personnes cherchent à vivre mieux, à travailler autrement, à ne plus subir des privations et des frustrations. L’opinion publique est certes d’objet d’une guerre d’idées ravageuse mais l’évidente droitisation de la vie politique ne résume pas l’état du peuple et de la société. L’envie de changement demeure puissante, comme le refus des inégalités, l’envie de réformer le capitalisme, l’attachement à l’Etat social, au débat, autant de valeurs qui restent fortes dans les têtes. En dépit des pressions exercées sur l’opinion, comme si l’on voulait reconfigurer l’imaginaire collectif. Mais ça résiste et d’ailleurs les luttes sont à la hausse, le succès de la journée d’action du 9 avril l’a montré. Des luttes où il ne s’agit pas seulement de défendre des acquis en recul mais aussi proposer de grandes mesures positives qui mettent en cause la politique libérale, celle du capital.

Ton rapport appelle à construire des réponses de gauche, des réponses favorables aux classes populaires.

Le pays a besoin d’une offre politique claire et précise. Il nous faut retravailler l’idée des processus, l’idée des réformes progressistes. Ainsi, nous préparons un texte qui sera présenté lors d’une réunion nationale le 20 mai avec les membres du CN, les parlementaires, les secrétaires fédéraux, les membres du comité du Projet, des collaborateurs, des élus. Le comité du Projet travaille à la rédaction de ce texte qui présentera d’abord les grandes questions d’avenir, les enjeux de la période et les priorités essentielles pour sortir de la crise politique et de l’austérité. Une seconde partie traitera des mesures immédiates pour répondre aux urgences sociales et écologiques. Trois critères ont été retenus : que ces propositions fassent rassemblement dans le peuple de gauche ; qu’elles paraissent crédibles et soient mobilisatrices pour mener des batailles d’idées, de sens ; qu’elles permettent des ruptures avec les politiques libérales. Cette contribution du PCF fera l’objet d’une brochure puis de débats et de rencontres dans le pays avec une convention nationale du projet au premier semestre 2016, avant notre prochain congrès.

Et quelle stratégie de rassemblement ?

On est encore loin de l’émergence d’une nouvelle gauche mais de premiers résultats pourtant ont été obtenus. Le Front de gauche est un acquis précieux mais qui demande à être revitalisé. Nous entendons franchir une étape dans le débat d’alternative à gauche, nous proposons un débat public aux socialistes critiques. Regroupés dans « Vive la gauche », ils proposent un « contrat de rassemblement » qui mérite débat. Avec EELV, nous sommes disponibles pour un séminaire de travail sur la question d’un nouveau type de croissance. Pierre Laurent poursuit son tour de France, belle occasion pour démultiplier les contacts. Et les Chantiers de l’espoir occupent une place de choix.

Ton rapport fait aussi état des prochaines régionales, et du scrutin de 2017.

Concernant les régionales, nous nous fixons l’objectif d’aller le plus loin possible dans de nouvelles formes de rassemblement à gauche. Ouvrons le débat ; un Conseil national à la mi-juin tirera le bilan de ces échanges et fixera l’orientation nationale. 2017 ? il nous faut commencer à discuter de cette échéance, du calendrier, de la méthode. Nous n’irons pas à la présidentielle derrière François Hollande sur l’orientation actuelle. Face à un danger immense de victoire de la droite, il faut créer les conditions d’une dynamique nouvelle porteuse d’une identité de gauche, forte et claire, attractive et crédible, et d’une candidature pour l’incarner à la hauteur des enjeux.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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