Partis de masse

La place de l’adhérent

Les partis, dit-on, sont discrédités et pourtant il est beaucoup question, ces jours-ci, de « partis de masse » ( voir les récents congrès des Républicains ou du PS). Etonnant paradoxe. Entretien avec Emilie Lecrocq, responsable, à La vie du parti, des enjeux Renforcement, implantation, nouveaux adhérents.

Q. : Partis de masse, l’expression fait un retour dans le débat public.

R. : Une question revient fort, en effet, dans l’actualité, celle du nombre d’adhérents dans les organisations politiques, dans les partis. Le chiffre est devenu très important. On voit, à l’UMP, pardon chez Les Républicains, au PS aussi, qu’on se fixe un objectif de 500 000 adhérents d’ici 2017. Evidemment, cela nous interroge, nous, sur le nombre d’adhésions que nous sommes capables de faire pour pouvoir montrer notre projet, donner force à nos idées et à leur diffusion de fait.
Sauf que nous devons concevoir la question de la place de l’adhérent de façon bien différente de ce font les Républicains ou le PS. Eux préparent une armée de petits soldats pour mener la campagne des présidentielles. Notre enjeu , à nous, à l’instar de ce qu’ont pu faire Podemos en Espagne et Syriza en Grèce, c’est la question de la place de l’adhérent, de l’individu plus globalement, dans le projet alternatif qu’on est capable de proposer.

Un mot sur les expériences de Podemos et Syriza ?

Ce que je sais, c’est que Syriza a beaucoup développé les solidarités concrètes et il a aussi beaucoup renforcé son organisation par le biais de ces initiatives solidaires. Solidarité concrète ? En l’occurrence, c’est tout ce qu’on peut travailler autour des vacances pour tous, c’est aussi la question des mouvements anti-expulsion, c’est l’aide au devoir, etc, toutes ces choses très concrètes, prècises, qu’il nous faut développer. C’est un des atouts pour mettre à
mal les idées de rejet de l’autre ; c’est également une façon de montrer l’utilité de l’organisation qui existe aussi pour être efficace dans son action. L’action n’est plus individuelle, elle est collective, elle prend plus de force. C’est aussi important pour faire vivre la proximité, la fraternité entre les gens.
Podemos, en Espagne, dans un autre genre, c’est la question d’un rassemblement large et qui s’appuie aussi sur des réalités de la société, avec des personnes qui ont su faire émerger des revendications fortes. A Barcelone, à Madrid, sans simplifier les choses, je dirais qu’ils ont réussi à mettre en avant des personnes qui symbolisaient des batailles de solidarité concrète, et qui montraient une autre vision de la politique.

Le PCF s’est doté, le 20 mai, d’un projet, La France en commun ; comment lier à ce propos débat et renforcement ?

La question est : comment on invite un large nombre de personnes à participer à la construction de notre projet ? Et donc, de fait, la question de l’adhésion dans ce cadre-là, est un des outils pour permettre leur participation à cette élaboration commune. Ce n’est pas le seul mais c’est un outil important.
On se fixe l’objectif de faire 2000 adhésions jusqu’en septembre. Les initiatives de solidarité qui auront lieu cet été, dans différentes fédérations et sections, seront des moments pour faire vivre la fraternité, donner une autre image de notre parti, et inviter un grand nombre de gens à nous rejoindre.
On dit toujours que le nombre fait la force, sauf qu’on n’applique jamais ce principe à notre organisation, quand on propose l’adhésion. Il faut qu’un maximum d’adhérents, de militants proposent l’adhésion à un maximum de gens qu’ils connaissent, qu’ils fréquentent, qui s’interrogent. Proposer d’adhérer pour construire ensemble. On entend souvent l’argument, pour tel ou tel adhérent : mais ce sont des gens qui ne viennent pas ! Mais ce sont tout de même des gens qui reçoivent l’information du parti communiste, qui sont capables de la diffuser, à leur manière, autour d’eux. Il ne tient qu’à nous de reprendre contact avec eux, de refaire vivre la question de la proximité, de leur permettre de venir plus régulièrement à nos réunions, nos AG, nos initiatives.
Ce qu’il nous faut montrer, dans la période actuelle, c’est qu’on ne fait pas que défendre les acquis mais on propose un autre choix de société, on le fait connaître au plus grand nombre, et notre Projet est un appui pour ça.
Et cette question du projet, ce n’est pas qu’un débat entre communistes, c’est un débat plus large, avec les gens, leur permettre de trouver leur place dans notre organisation.
Je veux juste terminer l’entretien en annonçant qu’on va publier un matériel sur la question de l’adhésion.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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