Chabalier/14 septembre 2015

Rassembler, riposter, débattre

Crise des migrants, enjeu européen, future conférence sur le climat, crise politique en France, élections régionales, prochain congrès : la rentrée est très chargée. Et le PCF est à pied d’oeuvre. On l’a vu au Conseil national du 10 septembre, et surtout à la Fête de l’Humanite. Entretien avec Jacques Chabalier, responsable du secteur Vie du parti, qui rapportait devant le dernier CN (rapport disponible sur le site du PCF).

Ce fut une Fête de l’Humanité très politique, avec un public à la fois inquiet du climat (si l’on peut dire) et déterminé à comprendre , à agir. Il y fut beaucoup question bien sûr des élections régionales. Douze semaines nous séparent désormais de ce scrutin. Où en est-on de sa préparation ?

La Fête fut belle, c’est vrai, les débats inombrables et parmi eux la question des régionales. Un peu partout en France, les communistes ont discuté, se sont réunis , ont voté et ont décidé de se donner une orientation et des objectifs communs : impulser des listes de large rassemblement de premier tour , construite avec les partenaires du Front de gauche, et toutes les forces politiques et citoyennes souhaitant prendre place et converger pour porter l’exigence d’alternatives aux politiques d’austérité dans leur région, comme dans l’ensemble du pays. Ils l’ont fait avec une ambition : réaliser une « percée politique » qui permette de bouger le rapport de forces en faveur des forces de progrès. Ils l’ont fait avec des objectifs : empêcher la droite de s’emparer des régions pour y appliquer des politiques dévastatrices. Pour empêcher l’extrême droite de profiter de ce scrutin pour s’ancrer localement. Et surtout bien sûr , pour contribuer à ce qu’émergent dans les régions des majorités impulsant des politiques publiques de gauche. L e danger que représente la droite est réel : le discrédit gouvernemental est tel qu’aucune région aujourd’hui n’est assurée de garder une majorité de gauche. On ne peut exclure totalement le scénario de 2010 à l’envers . Face à une telle situation, Pierre Laurent l’a encore rappelé dans son intervention lors du meeting, nous nous devons de prendre toutes nos responsabilités en mobilisant, dans notre campagne , l’électorat populaire, l’électorat de gauche qui risque de s’abstenir. Il ne peut pas y avoir d’issue à l’austérité ni de transformation sociale sans la présence d’élus proches des gens et actifs dans les lieux de pouvoir et de décision. C’est pour cette raison politique et stratégique que nous affirmons dès maintenant , pas au soir du premier tour, pas plus tard ou jamais, que nous contribuerons au rassemblement au second tour de toutes les listes de gauche capables de barrer la route à la droite et à l’extrême droite.

Sur quels axes mobiliser ?
Nous pourrions populariser trois grands axes de campagne. Premièrement nous voulons des régions qui résistent à l’austérité , développent des politiques publiques de progrès, investissent dans un nouveau développement créateurs d’emplois dans les régions. Deuxièmement nous voulons des régions qui s’engagent dans la promotion des services publics dans les domaines des transports, du logement, de la santé , de l’énergie, de la culture etc. Troisièmement nous voulons des régions qui fasse de l’égalité des territoires un axe essentiel et de la démocratie citoyenne un objectif et un moyen pour dégager des espaces d’action et contribuer à l’émergence de nouveaux rapports de force. Ce week end, à la Fête de l’Humanité, a été celui du lancement public de notre campagne , nationalement et dans les régions. Une initiative nationale est programmée à Paris le samedi 17 octobre .

Pierre Laurent a parlé de « belles listes de la gauche antiaustéritaire ».

En effet, un des axes essentiels de notre activité doit être de multiplier et diversifier les contacts auprès de militants, d’élus, de syndicalistes , responsables d’association , citoyens pour que ces listes soient bien le reflet du rassemblement que nous voulons créer . Ce qui s’est fait en grand ce week-end à La Courneuve. Nous voulons le rassemblement des forces politiques du Front de Gauche et d’autres forces qui le souhaitent . C’est notre ligne de conduite : contribuer à un front de gauche rassemblé pour les régionales . Où en sommes nous de cet objectif ? Les discussions avec les partenaires du FDG sont âpres ; partout des préalables nous sont opposés, avec parfois la volonté claire de ne pas aboutir au rassemblement. Les discussions doivent se poursuivre partout avec tout le sérieux et la volonté d’aboutir qu’elles exigent. Sans préalables, qui figent les points de vue et risquent de compromettre la possibilité d’accord. Des discussions ont également été engagées avec EELV. Les discussions sont rendues difficiles par des revendications d’EELV, notamment sur les têtes de liste régionaux et départementaux , qui ne sont pas conformes à une juste représentativité des différentes forces. Continuons les discussions , sans se laisser détourner de nos objectifs de contenus , de rassemblement et de lancement de campagne même s’il est désormais probable que nos listes n’auront pas la même architecture dans toutes les régions . Les possibilités de bons résultats pour nos listes existent. Abordons donc cette échéance avec confiance et détermination .

La date du prochain congrès est fixé. Dans quel esprit se profile cette initiative ?

Il y a chez les communistes, dans le peuple de gauche, une grande volonté de comprendre ce monde qui bouge si vite, de comprendre et d’intervenir. Le prochain congrès offrira donc une belle occasion de débattre. Nous en avons besoin, les communistes en ont besoin. Nous avons besoin d’un débat qui soit mieux en prise avec ceux que vivent au quotidien. Nous avons besoin d’un débat , dans le parti et avec d’autres, qui soit un débat instruit , qui soit un processus de travail , précis , contradictoire, qui échappe aux positionnements figés, aux certitudes assénés.
La convocation du 37 eme congrès est un acte politique . Nous avons besoin de porter plus haut une ambition de transformation sociale et de donner un autre cours à l’humanité : la convention du projet qui précédera notre congrès sera l’outil nécessaire à cette fin. Nous pouvons d’ores et déjà nous appuyer sur l’important travail réalisé depuis le dernier congrès, notamment par la commission du projet, et le document « la France en commun » . Nous aurons à travailler notre démarche , objectif et méthode pour affronter les échéances politiques de 2017 . Et nous aurons à réfléchir et a décider des transformations audacieuses du parti communiste pour déployer de façon plus efficace le potentiel , la richesse et la diversité militante qui est la nôtre en se donnant les moyens et les transformations nécessaires pour un parti plus nombreux, plus près des gens, des quartiers populaires , du monde du travail …..Telles pourrait être les trois questions à l’ordre du jour de ce 37 ème congrès du PCF, convoqué du jeudi 2 juin jusqu’au dimanche 5 juin 2016.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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