Construire le rassemblement des communistes

Après le vote des communistes pour choisir la base commune de discussion du Congrès (voir page 4), entretien avec Igor Zamichiei, secrétaire de la Fédération de Paris, responsable de la commission de transparence des débats.

Quels sont les premiers enseignements que tu tires de ce vote ?

J’y vois deux enseignements indissociables. Le premier c’est qu’une majorité s’est clairement exprimée, le texte du Conseil national recueillant 51,2%. Le deuxième, c’est que c’est la première fois que des propositions alternatives recueillent autant de suffrages. Cela implique que notre travail de rassemblement soit lui aussi plus important que jamais. Le texte proposé par le CN doit désormais évoluer pour permettre le plus large rassemblement possible des communistes. Faire évoluer ce texte nécessite de prendre en compte à la fois les résultats du vote et tous les débats des adhérent-e-s dans les sections et les fédérations. Ne mettons de côté aucun aspect du débat. Et gardons nous bien de rentrer dans une logique qui voudrait faire de chaque texte un bloc d’orientations indépendant des autres textes, et faire du résultat du vote le poids de tel ou tel courant supposé dans le parti. Ce n’est pas l’esprit de nos statuts et cela ne correspond pas à la réalité du débat des communistes. Nombreux sont les communistes qui ont voté le texte proposé par le CN en souhaitant le voir évoluer ou qui ont voté pour telle ou telle proposition alternative pour faire entendre leur voix sur tel point précis de nos orientations.

Comment construire le rassemblement des communistes ?

Les congrès locaux sont appelés à mener dans tout le pays le travail sur le texte de base commune. Au regard des nécessaires évolutions de ce texte, il est important que cela se traduise tant par un travail d’amendement que par un travail de formulation de vœux de réécriture de telle ou telle partie. Parallèlement, pour tenir compte du résultat du vote, je propose que la commission du texte auditionne des camarades signataires des quatre textes alternatifs pour entendre leurs propositions d’évolutions de la base commune. Ainsi, le travail issu des congrès des sections et des fédérations et ces auditions permettront à la commission de faire évoluer le texte jusqu’au Congrès.

Les points en débat ont trait au projet communiste, aux transformations du parti et singulièrement à l’échéance de 2017. Sur ce dernier point, qu’en est-il ?

La question principale est la suivante : comment déjouer le scénario du pouvoir et permettre le rassemblement de toutes les forces qui veulent une alternative de gauche de se rassembler autour d’un projet partagé et d’une candidature commune pour le porter ? Au point où nous en sommes, instruire cette question nécessite d’affronter plusieurs débats politiques dans le parti, sur la gauche, sur le Front de gauche, sur l’intervention populaire.
Mener tous ces débats, en lien avec la situation politique actuelle, très évolutive, doit nous permettre de construire une proposition politique pour les échéances de 2017 qui rassemble largement les communistes. Sur 2017, la direction n’a cessé depuis plusieurs mois de multiplier les initiatives, les prises de contacts. Ces initiatives ont créé de l’intérêt parmi les communistes mais aussi des inquiétudes quand ce n’est pas un rejet total chez certains camarades. Elles ont en tout cas contribué à contester la candidature de François Hollande et son soi-disant caractère « naturel ». Elles ont permis de mettre autour de la table toute les composantes de la gauche, syndicales, associatives, politiques, forces intellectuelles aussi à travers « les lundis de gauche ». Nous pouvons je crois saluer ces premiers résultats dans une situation où tout est fait pour diviser. Mais force est de constater qu’elles ne sont pas encore suffisantes pour débloquer la situation politique. Dans le mois qui vient, tout doit être mis en œuvre, dans la préparation du congrès, pour que la richesse de notre débat et la force du rassemblement de notre organisation nous permettent de construire une initiative politique pour les échéances de 2017, dans laquelle l’immense majorité des communistes seront déterminés à engager leur énergie. Quelle peut-être cette initiative ? L’appel des cents, élaboré il y a quelques jours, et dont la diversité des signataires est un fait marquant, ou bien une initiative de ce type peut-elle par exemple le permettre ? Nous devons en même temps élaborer un calendrier de nos décisions car les communistes demandent de la clarté sur ce point. La direction propose que le Congrès de juin, qui fera souverainement notre choix stratégique, soit le point de départ d’un processus politique marqué par une initiative de convergence à l’automne et, concernant la souveraineté du PCF sur le choix de candidature, par une Conférence nationale du PCF qui devra notamment décider d’engager ou de soutenir un-e candidat-e à l’élection présidentielle.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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