2003 (1er trimestre)

*Mouvements des idées*

*Note n°17 ( 03/01/03)*

1) Voeux présidentiels. J Chirac a pleinement utilisé l’argumentaire
sécuritaire pour la présentation de ses voeux ; il utilise le concept de
sécurité au sens large, sécurité des personnes, des biens, du pays,
écologique, internationale. Ce jeu sur le monde dangereux lui a permis
de quasiment escamoter l’enjeu social. Enumérant dans la première partie
de son discours les problèmes actuels, il a ainsi pu placer à la dixième
et dernière place la question de l’emploi. Avant de passer à l’exposé
des réformes libérales.

2) La droite a-t-elle gagné la bataille d’idées ? C’est le thème de
deux importants dossiers, l’un du Figaro (28/12), l’autre de Libération
(30/12). A noter que tous deux montrent comment la droite a su
opportunément reprendre l’offensive mais aussi comment cette droite est
loin d’avoir gagné cette bataille d’idées, combien ses gains sont
limités (en nombre d’intellectuel-le-s gagnés et en thèmes où elle domine).

/Le /Figaro souligne la vigueur de la droite sur les thèmes
sécurité/immigration mais son extrême prudence sur les dossiers
économiques et sociaux : mutisme sur le libéralisme, pragmatisme de la
démarche, refus de débat d’idées à ce propos ; sa tactique :" éviter de
déclencher des guerres de religion là où les esprits ne sont pas encore
mûrs". Dans un des papiers, Eric Zémmour est longuement critique à
l’égard de ...Sarkozy, efficace certes mais jouant trop sur les thèmes
de gauche, dit-il : " la droite fait de la simple récupération de valeurs
de gauche républicaine abandonnées par la gauche elle même". Et il
regrette l’absence de vrais positionnements de droite : " On a parfois
l’impression que la droite s’en moque ( des idées de droite)". Un autre
papier critique " le manque d’intérêt flagrant des dirigeants de la
droite pour le débat d’idées".

3) Attractivité. La droite a l’ISF dans le collimateur. Mais tétanisée
par une précédente expérience malheureuse, elle entend mieux "vendre"
son projet de suppression de cet impôt à partir d’une campagne sur la
non-attractivité française, le déclin de la France...Chirac avait testé
ces sujets lors de la présidentielle. Il y est revenu lors de ses voeux
( La France n’est pas attractive car on y paie trop d’impôts). Raffarin
vient de lancer sur la question une campagne sans doute de longue
haleine ( Poitiers le 20 décembre) sur le "recul économique français".
Se présentant comme une question de bon sens, c’est en fait une campagne
purement politique : le pouvoir épouse là un des thèmes du MEDEF ; AUCUN
indice économique (ni expert) ne permet(tent) de conclure au déclin
français.

Mieux : le 25 décembre dernier, Eurostat établit que la France, pour la
richesse par habitant, passe, de 1998 à 2001, de la 12è à la 10é place,
derrière l’Allemagne et devant le Royaume Uni ( Le Figaro, 25 dec.)

4) Bilan économique. A l’occasion de la fin d’année, les pages
"Economie" des médias ont formulé de premiers bilans de la politique
économique du gouvernement Raffarin. Le contraste entre les différents
papiers est saisissant. Deux approches différent radicalement ; certains
organes ( voir l’Humanité, éditorial intitulé "Table rase" du 20
décembre mais aussi Le Monde Diplomatique par exemple) dressent un bilan
cataclysmique des sept mois ; le chaos ultralibéral serait là ; il est
vrai que l’énumération des mesures est longue ; mais la majorité des
articles, non seulement à droite mais à "gauche" ( Le Monde) avancent
_l’idée qu’au plan économique il ne s’est rien passé !_ "Raffarin : sept
mois pour rien" titre la chronique de l’économie du 21 décembre...

Le contraste est saisissant ; on se demande comment deux lectures de la
"réalité" sont ainsi possibles ; s’agit-il seulement des effets des
illusions de Raffarin (sur les 35h par exemple) ? ou d’appréciation
différente des faits ?

En fait on retrouve ici, en arrière fond, l’idée qu’entre la droite et
la gauche (jospin) il n’y aurait pas de différence d’ordre économique ;
que Raffarin prolongerait en gros la ligne de son predecesseur, que les
mesures les plus progressistes de l’ère Jospin ( loi de modernisation,
loi hue) de toutes façons n’étaient pas appliquées ; le plus important,
c’est sans doute que ces idées, jusqu’à présent, semblent assez
largement patagées par l’opinion, qui ne verrait pas de "rupture".

Ce qui, par parenthèse, ne simplifie pas la tache du nouveau gouvernement.

5) Afrique. Nombreux articles et études sur la dérive du Tiers Monde,
de l’Afrique singulièrement, dans l’universelle indifférence.
Présentation volontiers cynique de cette dérive ; banalisation de la
question de la famine dont les Africains seraient les premiers
responsables. Attitude plus "offensive" de l’Occident : les USA qui
refusent à l’OMC le transfert de médicaments dans le Sud ; le comble est
atteint avec le procès intenté par la firme Nestlé à l’Ethiopie pour lui
réclamer 6 millions de dollars de "dédommagements".

6) Europe : la majorité des Français serait-elle passée à
l’euro-hostilité ? De récents sondages (notamment sur la question de
l’élargissement et de la Turquie) vont en ce sens. Lesquels montrent que
la fracture de Maastricht est toujours là, amplifiée peut être :
"petits", employés et ouvriers plus que reservés, "élites", cadres et
diplômés satisfaits.

Plusieurs études montrent aussi que les Français ne manient pas aussi
facilement qu’on a bien voulu le dire l’sage de l’euro ; ils seraient 63%
à toujours calculer en francs.

Europe encore : on retiendra des rencontres de Taizé fin 2002 à Paris (on
a parlé de 80 000 jeunes) le poids majoritaire des jeunes chrétiens de
l’Est européen.

7) 11 septembre : publication, aux éditions du Félin, de deux beaux
textes sur le 11 septembre ( La violence du monde), deux conférences
données à l’Institut du Monde Arabe. Celui d’Edgar Morin : pour lui, ce
qui a changé, c’est " la conscience que le développement
technico-économique prôné par l’Occident produit sous-développement
moral et psychologique" ; celui de Jean Baudrillard pour qui "
l’architecture arrogante des Twin Towers a provoqué leur destruction et
l’effondrement symbolique d’un certain monde dédié à la puissance
financière et au libéralisme mondial".

8) Pour cette mini-rentrée littéraire de janvier, parution de
plusieurs livres de tonalité anticapitaliste, d’ouvrages sur le marxisme
et/ou contre la mondialisation. Notamment : "A gauche toute" de J
Généreux (Textuel) ; "Entre guerre et modernité : cultures communistes au
Xxe siècle" de Wolikow (Dispute) ; "Les adhèrents de la gauche plurielle"
de C Ysmal, Presses de Sciences Po ; "Marx and Sons" de Derrida (PUF) ;
"Le livre noir du colonialisme" de Ferro ( Laffont) ; " Le capitalisme
déboussolé" de Pastre ( La découverte) ; "Marx contemporain" de Andréani
(Syllepse) ; "Economie marxiste du capitalisme" de Duménil ( La
Découverte)...

Comme l’écrit Stéphane Rozes ( Humanité, 16/12), c’est aussi pour
s’affirmer face à ce nouveau "tropisme anticapitaliste" tout en
gauchisant leur image que les penseurs de social démocratie ont lancé
cet automne la campagne sur les nouveaux réacs.

9) Aragon : au delà de la famille communiste, d’assez nombreux échos de
presse ( de Josyane Savigneau du Monde des Livres à Philippe Tesson in
Métro).

A noter aussi une pleine belle page du JDD (29/12) consacrée au "retour"
de Jean Ferrat.

10) Partis

F.N. : Nouvelles turbulences au FN sur l’orientation politique : camper
sur une ligne dure ou assouplir le programme. Toute une page du Figaro (
22/12). Le FN revendique 12 000 adhésions depuis avril.

PS : plusieurs papiers parlent des risques de molletisation (discours
très gauche et pratique droitière) ou de SFIOisation (?), c’est à dire
du retrour de féodalités internes ( fédérations, régions, élus...).

On parle de mise en retrait à l’occasion du prochain congrès de Fabius
(lequel donne des cours dans une université américaine) et de DSK ; dans
l’attente de jours meilleurs...

Retour d’un débat qu’on pouvait croire règlé sur réforme ou révolution.

*Mouvements des idées*

*Note n°18 ( 10/01/03)*

1) Déprime collective, optimisme "perso" : tel serait, en ce début
d’année, l’enseignement de l’enquête _L’Observateur Cetelem_ parue dans
le Figaro Magazine du 4 janvier. Une majorité (relative) s’attend à une
dégradation de la situation économique, des inégalités, de l’emploi ; les
sondés se montrent très inquiets ( 65, 70%) sur les questions des
retraites (77%), de l’avenir des enfants, de l’environnement, de
l’exclusion, de la Santé, de la mondialisation ; mais ils sont une forte
proportion à considérer qu’à titre personnel, les choses (finances,
qualité de vie) vont -un peu- s’améliorer ou -surtout-rester stable. Le
journal y voit un divorce entre la morosité ambiante et le cocon
personnel, la fin de la solidarité et de la cohésion au profit d’un
tribalisme revisité. En fait, ce décalage a toujours existé dans ce
genre d’enquête : on peut penser en effet que la société va mal et
espérer que soi-même, on va s’en tirer. Ce qui est un peu nouveau, c’est
que l’inquiétude collective est plus grande et la croyance dans un îlot
préservé est MOINS forte qu’auparavant.

Ce thème ( Les Français sont de optimistes lucides) donne le ton d’une
mini-campagne de la droite ; l’enquête Cetelem est reprise avec force par
exemple par Le Point ( 60 millions de Français et moi, et moi, et moi...).

2) Campagne d’explication. L’année 2003 sera une année d’action, en
matière économique et social. Ce thème a été largement répété dans les
voeux présidentiels ; les commentaires ajoutent qu’autant la campagne sur
l’insécurité allait dans le sens de l’opinion, autant les "réformes"
libérales vont demander un gros effort "d’explication".

Ainsi Raffarin se multiplie dans les médias ; il commente par exemple
l’enquête mentionnée plus haut du Fig Mag. Son discours est mis en
valeur par le journal sous forme d’une sorte de super-éditorial. Il y
affiche un refus tranché de l’idéologie ; une de ses phrases fait même la
"Une" du magazine : " Le pilotage idéologique, c’est fini !" - alors même
que son texte regorge d’idéologie libérale ( " l’opposition entre
capital et travail est dépassée", " mon choix stratégique, c’est
faciliter le travail des entreprises") ; ensuite, et à l’opposé de
l’IDEE, il martèle le choix du pragmatisme, du "bon sens", de la
"sagesse", du terrain en somme, celui du consommateur et du client ;
enfin il semble être en face d’une contradiction : jouer des peurs
universelles à son profit et ne point trop inquiéter non plus ( quatre
fois il parle d’"optimisme"), ce qui risquerait de compliquer ses
"réformes".

3) Poujadisation. Dans la même enquête, alors qu’on demande au
sociologue Gerard Mermet s’il a perçu dans ses études un "effet
Raffarin" au second semestre 2002, il répond par la négative ; simplement
il constate une certaine radicalisation du discours des Français, qui
s’exprimeraient "plus facilement" pour l’ordre, pour la loi, contre les
immigrés, contre les fonctionnaires ou pour "la réforme nécessaire des
retraites". Une droitisation (poujadisation ? lepenisation ?) du discours
populaire ?

A noter, à ce propos, l’abondante littérature ces jours ci contre les
services publics, accusés d’incompétence lors des cafouillages dans les
transports, un discours très exactement à l’opposé de ce qui s’est écrit
sur ces services lors de crises précédentes.

4) Communication de Raffarin. Une demi page du JDD pour présenter
Dominique Ambiel, le responsable de la communication de Raffarin. Ce
producteur audiovisuel ( Fort Boyard, Popstars, Qui veut gagner des
millions) est aussi ancien secrétaire général des jeunes giscardiens : il
avait succédé à ce poste à JPR. L’homme connaît toute la machinerie
médiatique ; il a quelques "trucs", semble attentif au moindre détail et
surtout il n’hésite pas à faire "intelligemment" pression sur les
journalistes ; les exemples abondent : Cavada, Mazerolles.." Certains
journalistes politiques soupçonnent un abus de pouvoir, l’accusant
d’orienter certains éditos ou des chroniques radio à fort auditoire"
écrit le JDD.

On remarquera que la méthode Raffarin - épousant une technique bien
connue du judo- consiste souvent à partir des points forts de l’autre,
reprendre en partie son discours, sa rhétorique, ses mots pour
l’attirer, le déstabiliser, le renverser ( cf 35 heures, retraites...).

Sur la carte de voeux électronique de Matignon, une animation ajoute à
la devise "Liberté, égalité, fraternité", les mots suivants : Sécurité,
solidarité, responsabilité, proximité, partage, créativité, justice,
engagement, dialogue.

5) République. Important ouvrage (Dictionnaire critique de la
République. Flammarion) d’un collectif d’auteurs, historiens et
sociologues, qui revisitent et redéfinissent l’idée républicaine
aujourd’hui. Un travail de plusieurs années mais accéléré par les
résultats du 21 avril. Des intellectuels plutôt jeunes (30/40 ans), se
voulant les enfants de Michel Foucault ou de Pierre Bourdieu. A l’image
des maîtres d’oeuvre : Vincent Duclert et Christophe Prochasson. Pour
eux, la République n’est pas un "modèle figé" mais " elle définit tout
simplement le rapport à la politique des Français". Le Monde parle "
d’une envie de redonner un contenu à un terme galvaudé".

6) Minc. Le dernier essai d’Alain Minc," Épîtres à nos nouveaux
maîtres" (Grasset), est une charge réactionnaire contre quelques points
forts de la pensée progressiste (féminisme, liberté des moeurs,
transparence...). Ses têtes de turcs ? Le Monde Diplomatique, la mouvance
antimondialisation, Manu Chao, José Bové..." Ces minorités font croire
qu’elles sont opprimées alors que ce sont elles qui donnent le tempo".Le
Point fait tout un dossier sur ce livre. Il y voit une nouvelle
dissidence contre la gauche, après celles de Finkielkraut, Taguieff, E.
Levy.

7) Edition-concentration. A signaler l’article de Janine et Greg
Bremond qui fait la "Une" du numéro de janvier du Monde Diplomatique : "
La liberté d’édition en danger". Il dénonce la concentration en cours
après le fiasco de Vivendi ; cet article photocopié circule dans les
milieux de l’édition, inquiets à ce propos. Sur un site Web, consacré au
polar, on lit : " On se scandalisait hier de la monopolisation de
l’édition dans les pays communistes ; va-t-on accepter cela ici et
maintenant ?".

8) Participation ouvrière. Une étude du ministère des affaires
sociales ( reprise par Le Figaro fin décembre) montre que l’abstention
aux prud’homales s’inscrit dans un mouvement de fond perceptible aux
élections professionnelles ; de 1998 à 2000, cette participation
s’effrite, passe de 65 à 63%. Deux remarques : la baisse est moins forte
dans les établissements de moins de 200 salariés (alors qu’on pouvait
s’attendre au contraire) ; les listes des non-syndiqués sont en recul,
perdant la première place ; depuis 1992, l’audience syndicale tend à
reprendre le dessus ; l’étude lie ce regain avec les négociations sur la
RTT qui ont eu "un effet positif sur la présence syndicale" ; la CGT est
en tête (24,4%, stable), suivi de la CFDT (22, +1), des non-syndiqués
(21, -2), de FO (12).

Sur le vote des milieux populaires (ouvriers/employés), retenir cette
observation de Giacometti/Ipsos ( Figaro du 10) : "Au premier tour de la
présidentielle, deux tiers de ces milieux sociaux ont choisi le vote
protestataire, l’abstention ou le vote blanc ou nul !".

Plus généralement, sur la participation électorale, voir l’étude de
l’INSEE sur les scrutins de 2002 publiée jeudi 10 janvier.

9) Sexisme.

Amorce d’un débat sur la fin de la mixité dans les écoles. A partir d’un
double "constat" : accroissement généralisé des tensions garçons/filles ;
inégalités persistantes de trajectoires des uns et des autres. L’école
privée à l’initiative sur cette question. Article du Monde du 8 janvier,
dossier du Monde de l’Education : "Sauver les garçons" (sic). Aux Etats
Unis, l’administration a supprimé l’obligation de mixité qui figurait
dans la loi depuis 1972 !

Sur la prostitution, noter une pétition d’intellectuelles opposées et à
Sarkozy et aux "féministes sectaires" et pour la reconnaissance du droit
au commerce du corps. Des féministes qui sont ou ont été proches de la
"famille" communiste : Régine Deforges, Paula Jacques, C Buci-Glucksmann.
Même Catherine Millet fut, il y a longtemps, des Lettres Françaises.

10) Partis

/Les nouveaux adhérents./ Dossier du Figaro fin décembre sur les
nouveaux militants ( de l’après 21 avril). PS : 19 200 adhésions ; UDF : 5
000 ; UMP : 30 000 (?) ; FN : 13 000.

Nombre total d’adhérents : PCF : 150 000 ; PS : 120 000 ; UMP : 120 000 (et
non 164500 comme annoncé au congrès) ; UDF : 40 000 ; FN : 40 000 ; Verts : 10
000.

Prix du timbre : UMP : 20 euros ; UDF : 7,50 la première année, 15 la
seconde ; FN : 40 euros ( 20 pour les "modestes") ; Verts : fixé au niveau
régional ; 35 en Ile de France) ; PS : la fédé achète au parti des timbres
à 14 euros, et revend aux sections au prix qu’elle souhaite.( Yvelines,
60 euros ; Seine St Denis : 30 euros).

A noter que tous les partis semblent "redécouvrir" la valeur des
militants et le besoin de campagne d’adhésions.

/PS :/ campagne lancinante sur un prochain retour de Lionel Jospin

Sondage Ipsos/France2/Le figaro du 10 sur les attentes populaires à
l’égard du PS. Montrant que les milieux populaires n’attendaient pas de
lui une politique plus à gauche mais plus populaire...

PC : Dans cette même enquête, intéressante information sur l’état
d’esprit des sympathisants communistes. Alors que l’idée d’un parti
unique à gauche marque des points, ceux ci sont les plus opposés à cet
alignement et majoritairement (56%) favorables à une identité communiste.

/UMP : /Nombreux commentaires convergents, singulièrement dans la presse
de droite, sur l’image dégradée de Juppé. " La chasse au Juppé est
ouverte" écrit Le Figaro.

Rumeur, démentie, sur des licenciements de permanents à l’UMP, qui
devrait alléger sa masse salariale.

Ce parti lance fin janvier-début février une campagne d’adhésion ; triple
thème : sécurité, proximité, retraites. Avait envisagé une campagne
d’affiches 4x3 mais laisse tomber pour " ne pas donner l’impression
d’une débauche d’argent".

FN : Une pleine page du Monde du 31 décembre sur le FN et son électorat,
qui seraient déstabilises (?) par l’effet Sarkozy.

Régis de la Croix Vaubois (sic), secrétaire national à l’encadrement du
FN, sur les nouveaux adhérents : " Le profil a évolué. Il y a beaucoup de
gens qui ne se sont jamais engagés politiquement, qui sont à la
recherche d’une réflexion et non pas d’un engagement militant de rue".

Verts : accord provisoire pour une direction collégiale ( à 5 = un patron
et 4 porte parole) ; leur CNIR des 11/12 janvier devrait avaliser.

LCR : article racoleur de Besancenot dans Libération du 9 janvier (
thèmes de la responsabilité au sein d’un gouvernement ; de l’unité
d’action).

*Mouvements des idées*

*Note n°19 ( 17/01/03)*

1) Nouveau modèle américain. Excellent dossier du magazine " Le
Courrier international"(n°636) sur la "nouvelle" structuration de classe
des Etats Unis. On y montre comment les grands patrons et une élite
politique ont fait main basse sur la croissance ; 13 000 foyers les plus
fortunés égalent 20 millions de ménages les plus modestes ; les classes
moyennes seraient flouées ; exit le discours qui a longtemps fonctionné
sur " la société des classes moyennes" ; apparait une nouvelle
ploutocratie qui menace la démocratie et ré-invente la lutte des classes.

Ce modèle est-il si éloigné de la réalité française ? Quid de ce haut
patronat français dont les revenus ont littéralement explosé ces dix
dernières années, changeant radicalement l’échelle de revenus ( en
trente ans on a du passer de 1 à 20 à 1 à 500- voire 1000 !).

A lire aussi l’échange sidérant de correspondances, dans Le Monde (12/1,
page 23), entre le chroniqueur économique du journal et un invité
américain qui tente de justifier la pertinence d’une société "tirée" par
les "très riches".

2) Medef. Tout s’est passé comme si la presse de droite avait voulu
atténuer les échos de la visite de Raffarin à l’assemblée du Medef. De
crainte que ce geste si emblématique (un "cadeau" dit Le Figaro) ne
paraisse aux yeux d’une partie de l’opinion un peu "provocateur".
Manifestement la consigne avait été donnée de ne pas en rajouter, comme
si l’initiative elle-même était jugée un peu "limite".

Sur l’état d’esprit du patronat en 2003, voir le sondage
Sofres/RMC/Figaro (14/1). Raffarin fait un carton, devant Sarkozy,
Chirac et Seillère. Du jamais vu en matière de popularité ( mieux que
Juppé et même Balladur). Il rassure le patronat sur le terrain social ;
en même temps les patrons ne croient guère à la croissance, s’attendent
à la hausse du chômage.

Voir aussi la réorganisation interne du Medef qui se poursuit (Le Figaro
économie, 13/1, page II ; Le Monde du 14) et la définition de ses
priorités : combattre toute mesure économique jugée néfaste ; refondation
sociale ; droit d’ingérence ; dimension militante de l’entreprise ;
"poursuivre énergiquement le combat d’idées" ; restructuration du
collectif de direction.
Campagne lancinante sur l’ISF.

3) Droite : Dossier-reportage de L’Express (9/1) sur Raffarin-Sarkozy,
" le couple improbable qui change la droite". L’étude accorde une place
dominante aux querelles de personne - dont la droite a toujours eu le
secret, et esquisse quelques caracteristiques de cette droite : elle
serait "idéologiquement inclassable : la caracteristique de cette
nouvelle droiteserait-elle d’être une action avant d’être une idée ?" ;
elle "privilégie le terrain plutôt que la théorie" ; c’est " le
management moderne de la politique" ; on rappelle l’existence de
l’ouvrage de Raffarin " Pour une nouvelle gouvernance", Archipel, 2002 ; ;
finalement on se demande : " nouvelle droite ou nouvelle manière de faire
de la politique à droite" ? En fait le journal ne semble pas avoir une
position arrêtée sur la politique du pouvoir et intitule le dossier "
Bla bla ou réforme ?".

4) Sécurité : alors que Sarkozy continue d’exploiter à fond le créneau
sécuritaire, qu’Aznar en Espagne propose toute une batterie de lois du
même tonneau, on observe ici ou là quelques (petits) articles de presse
sur les ratés du modèle sécuritaire anglo-saxon, aux Etats Unis ou en
Grande Bretagne. Un "modèle" pourtant qui intéresse beaucoup la droite
française.

A rapprocher aussi de l’écho rencontré par l’initiative du gouverneur de
l’Illinois décidant d’annuler les condamnations à mort dans son Etat.

Et des hésitations du pouvoir sur les questions de la violence à la
télé, de la lutte contre la pornographie.

En même temps, notons que le terme de "sécurité" au sens large tend à
s’imposer et à se banaliser dans tous les domaines de la vie sociale,
culturelle ( on voit même ce thème apparaître dans la "création") comme
une valeur "positive".

Sur la "popularité" persistante des mesures Sarkozy, voir le sondage
Louis Harris/AOL/Libération du 14 janvier.

5) Marée noire et crise de la politique. Plusieurs papiers sur le
thème de l’impuissance du politique démontrée par la question des
bateaux-poubelles. "Marée noire et bras croisés" écrit l’académicien
Maurice Druon ; "En finir avec l’impuissance politique" écrit Françoise
de Veyrinas, député européen. La compassion théatralisée sans
application concrète ne ferait que souligner l’inutilité du politique.

Voir le texte de Luis Sepuldeva, traduit dans Le Monde : " Nos hommes
politiques sont-ils prêts à nous protéger de la voracité du
mercantilisme irrationnel qui s’est insinué dans la politique au
détriment de l’éthique".

6) Ecole : Nouvelle vague de critiques fortes contre l’école
(publique) : après la violence, la vanité du collège unique,
l’absentéisme, à présent l’ennui ; comme si on assistait depuis plusieurs
mois à une montée en puissance d’une campagne de discrédit de l’Ecole ;
situation d’autant plus notable qu’aucun de ces thèmes n’a suscité de
fortes réactions des milieux intéressés.

7) Féminisme : Page-Débats passionnante du Monde (16/1, p. 14) avec
deux réponses ( écrivains d’un côté, élues PS de l’autre) réfutant la
proposition Iacub-Millet-Robbe-Grillet de banaliser le "rapport
marchand" du sexe ; et surtout une contribution d’universitaires de renom
( Dagnaud, Mossuz-Lavau) sur le retour de la question sociale - thème
qui revient assez volontiers dans le débat politique : " on a sous-estimé
une loi immuable : les différentiations sociales constituent un rouage
plus puissant que les évolutions culturelles.

8) Affirmation de la singularité communiste : deux intéressants
sondages, avant et après l’’émission "100 minutes pour convaincre" avec
DSK, confirment la vigueur de la sensibilité communiste dans l’opinion.
La veille de l’émission, les sympathisants communistes s’affirmaient
majoritairement opposés (56%) à la constitution d’un parti unique de la
gauche, alors que leurs homologues socialistes et Verts se ralliaient
massivement à cette proposition. Au lendemain de l’émission, interrogés
par l’Ifop pour le JDD, ces mêmes sympathisants communistes ont témoigné
avec netteté de leur incrédulité face aux suggestions du dirigeant
socialiste dont le réformisme était pourtant plébiscité par le public
socialiste : " Près de 30 points séparent en général l’adhésion des
sympathisants socialistes de celle des sympathisants communistes et
d’extrême gauche aux propos strausskahniens.(...) Pour minoritaire qu’il
soit, le courant extrêmiste de gauche apparaît bien réel et cohérent"
note le JDD/./

Rappelons que l’étude Cevipof de l’été dernier sur les élections du
printemps- portant sur 3000 personnes- montrait bien la singularité de
l’electorat du PCF.

9) Colloque CEVIPOF. Sciences Po et le Ministère de l’Intérieur
organisent le 20 janvier prochain une journée d’étude sur les élections
de 2002. Quatre rapports le matin : /Vote et insécurité ; Les jeunes et la
politique ; Distance à la politique et isolement social : Le hors jeu
présidentiel/. Trois exposés l’aprés midi : /Le vote Chirac et UMP ; le
vote socialiste ; Le vote Le Pen et FN./

10) Les partis

/PS : /"2003. Retrouvons nos couleurs" : ce mot d’ordre de la conférence
de presse de Hollande (13/1) s’accompagne de beaucoup de rouge dans le
décorum (logo, panneau, fond de scène).

Nombreux papiers sur la "reconnaisance" de Delanoe comme leader à gauche
par la droite, par Sarkozy, par le Medef.

/Union de la gauche :/ Pour "rassembler la gauche", Hollande propose " un
accord de gouvernement pour toutes les élections" ( des municipales aux
législatives, régionales, européennes) aux autres formations de gauche.

/FN : /Marine Le Pen dispose depuis janvier d’un mensuel, Aviso, journal
de l’Association Génération Le Pen ; elle fait un tour de France des
fédés ; multiplie les initiatives publiques. " Il faut se préparer à
prendre le pouvoir" dit-elle volontiers.

Sur l’Irak, l’électorat FN est pris à rebrousse-poil.

/Les Verts : /désignation du nouveau secrétaire général qui ne recueille
que la moitié des voix de l’executif ; commentaires dominants : les verts
dérivent vers l’extrême gauche ; ou encore ; l’écologie est à prendre.

Voynet créerait une association ( écologie, mondialisation) et penserait
aux européennes (?).

/Pôle Républicain : /c’est la confusion. A deux semaines du congrès,
tensions internes persistantes. Chevènement menace de démissionner. On
parle de transformer le Pôle en confédération, avec un parti (Union
républicaine et citoyenne) et des organisations associés.

D’ores et déjà, des déçus du MDC ont créé l’Association de la Gauche
Républicaine ; Jean-Pierre Michel, président, Jean-Loup Coly, porte-parole.

Ce dernier sort un livre sur ses dix ans avec Chevènement : " L’énigme"
(Sékoya).

/DSK lors de "100 minutes pour convaincre" :/ jugé "terne" (Libération),
"tristounet et ennuyeux" ( Le Monde) ; a convaincu majoritairement son
public sauf sur la question des 35 heures et celle de l’immigration.

/Kouchner : /proposerait dans une contribution au congrès PS " la
création d’un service civique ou humanitaire de six mois ou un an qui
permettrait de participer à la vie collective dans sa cité, à l’autre
bout de la France, en Europe ou dans le monde. Qu’il soit
obligatoirement proposé d’être citoyen, de participer à la vie de la
nation, et pas seulement en critiquant".

/UDF/ : congrès à la Mutualité/Paris ce week end. Bayrou réaffirme sa
volonté de rassembler "de Balladur à Delors".

*Mouvements des idées*

*Note n°20 ( 24/01/03)*

1) L’état de la droite : bonne étude sur le sujet, dans Le Figaro du 17
janvier, signée par un de ses "idéologues", Alexis Brézet, " Quand le
vent souffle à droite". Il estime qu’"un mouvement de société profond"
pousse le pays à droite ; il souligne quelques symptômes : ralliement
d’intellectuels ; popularité des émissions télé basées sur la compétition
et l’élimination du plus faible ; culte de Sarkozy ; chute de l’école
publique, du PACS, vague anti-pornographique... Bref " un incroyable
glissement tectonique qui bouleverse le socle idéologique du pays". Non
seulement un retour sur 1968 mais aussi sur 1945. La droite récupère la
mise. Le retournement s’est fait en deux temps : 1989 et la chute du Mur ;
le 11 septembre 2001. " Tout est à repenser", c’est "une divine surprise".

Ce constat fait, l’analyste pointe deux obstacles pour la droite : le
"dogmatisme droitier" : c’est à dire que la droite ne pourra redessiner
du tout au tout la société ; il y a des acquis ; irréversibles notamment
depuis 1968 ; par exemple si l’on parle de "discipline" il faut qu’elle
soit librement consentie, ce qu’aurait bien compris Sarkozy.

L’autre obstacle, sur lequel il insiste plus, serait le risque de
"frilosité" : il trouve la droite trop timide en matière d’immigration,
d’école, de famille, de libéralisme économique. Il faut foncer,
note-t-il : on n’est plus en 1995, la société "a mûri"...

2) Élections de 2002 : journée d’étude lundi 20 janvier à Sciences Po
sur les élections de 2002 à l’initiative du CEVIPOF et du Ministère de
l’intérieur à partir d’une base de données portant sur 3000 électeurs ;
ce travail avait déjà permis une première publication ("Pannel électoral
français") en juillet 2002. Une dizaine de rapports ont été présentés
sur l’abstention, le vote des jeunes, l’insécurité, le lien social, les
votes UMP, PS ou Le Pen ; selon le principe suivant : le rapport est
réalisé par le Cevipof et "discuté" par un universitaire et par un
représentant du ministère.

Cette journée va donner lieu à un livre, en mars, aux éditions "Presses
de Sciences Po", intitulé " Le vote de tous les refus". Voir l’additif
joint à cette note n°20.

3) Lutte des classes. L’expression revient volontiers ces jours-ci
dans la presse. A partir de l’actualité... américaine. L’installation
d’une "hyper-bourgeoisie", l’adoption d’une politique ciblée pour les
très riches ( cf. le dossier de "Courrier international" de la semaine
dernière) suscitent en effet de nombreux commentaires. "Business Week"
titre en Une " Class Warfare ?" que l’on peut traduire par "Lutte des
classes ?" ; " Qui sont les riches ?" demande la Une du supplément The New
York Times/ Le Monde (19/1) ; dans Les Échos (17/1), Favilla reprend une
formule de Bush en personne : présentant son plan de relance économique,
le Président américain déclarait : " Je sais bien que certains vont le
présenter comme un instrument de lutte des classes..."(!).

4) Inégalités. L’INSEE euphémiserait-elle ? Dans une étude rendue
publique à la mi janvier, l’Institut estime que les inégalités de
revenus des ménages se sont stabilisées en France entre 1996 et 1999 ;
c’est à dire que sous le gouvernement Jospin, les plus aisés se seraient
enrichis plus vite que la moyenne mais la situation des familles
modestes se serait également améliorée. Difficile à admettre alors même
que l’institut reconnaît par ailleurs que " les montants du patrimoine
financier recueillis dans les enquêtes sont sous estimés"

Déjà à la fin de l’année dernière, avec sa publication " Données
sociales" sur les années 1970/2000, l’INSEE brossait un panorama plutôt
complaisant du pays et tendait à donner de la France une image plutôt
lisse...

D’ailleurs ces études ont de suite été récupérées par la droite sur le
thème : on exagère en parlant d’inégalités en France, c’est de
l’idéologie, c’est une campagne contre les "riches". Dans le même
mouvement elle pousse le bouchon plus loin : sous le titre " Les
égalitaristes perdent la main", Le Figaro du 20/1 par exemple se
félicite de certains virages ( la mise en cause de la mixité, du collège
unique, vers la retraite à la carte, des soins à la carte, sus aux 35
heures) et lance : " Pourquoi ne pas en profiter pour aller plus loin ?",
notamment en réhabilitant l’inégalité qui " contribue finalement à
accroître le gâteau social".

A noter qu’aux Etats Unis, Bush actuellement part en guerre...contre les
"discriminations positives", ces mesures volontaristes prises dans les
années 70 pour lutter contre les inégalités ( raciales, sociales, sexistes).

5) Gouvernance : intéressante étude critique, d’une quinzaine de
feuillets, de l’universitaire Corinne Gobin sur le concept de
"gouvernance", laquelle montre qu’il s’agit d’un modèle européen, d’un
travail de deconstruction politique, de régression démocratique, de
déplacement des lieux de débat, de métamorphose du sens du social. Pour
ceux que le texte complet intéresserait, s’adresser à l’auteur de cette
note.

6) Retraite . L’Institut de recherches de la FSU sort fin janvier un
intéressant ouvrage intitulé " retraites : faux problèmes, vraies
solidarités" aux éditions syllepse ; rappelle état du débat, démonte
l’argumentation de la droite, rappelle chiffres en main combien "
l’avenir est maîtrisable". Contact : institut.fsu@wanadoo.fr

7) L’anti-capitalisme : intéressant dossier d’Alain Beuve-Mery et
Laurence Caramel qui fait l’état des lieux de la pensée anti-capitaliste
aujourd’hui dans le supplément Economie du Monde ( 21/1), qui complète
l’enquête de Ph. Corcuff dans Charlie Hebdo mentionnée ici. On distingue
les néo-marxistes ( Negri), les tenants de l’après développement ( Serge
Latouche), les partisans d’une autre approche de la richesse (Viveret),
les militants du développement durable ( Dominique Plihon).

Un point sur la pensée critique aux USA, en Otalie ; un glossaire.

8) Le risque : papier très habile de François Ewald (ancien mao passé
au MEDEF, comme Denis Kessler) sur le risque dans Les Echos du 14
janvier. On sait que ce thème (le risque) était à l’ordre du jour de
l’Université d’été du Medef. Ewald montre comment Chirac s’en est
emparé, sur le plan sécuritaire certes mais plus généralement dans ses
initiatives politiques : accidents de la route, cancer, handicaps, etc.
Il s’agit d’anticiper des peurs légitimes et de se présenter en grand
protecteur. De desarmer les mouments critiques, de "canaliser les bonnes
volontés". Il ajoute" cette forme d’action politique n’est pas elle même
sans risque" : ne pas prévoir certaines situations ou exagérer certains
faits.

9) Presse. Le livre de Daniel Carton " Bien entendu... c’est off"
(Albin Michel) sur le journalisme politique suscite une (petite)
polémique dans le milieu. Et un réel intérêt. Son approche est souvent
anecdotique mais cet ouvrage pourrait susciter un débat sur presse et
crise de la politique et plus généralement, comme l’écrit un
éditorialiste, provoquer " une prise de conscience collective sur la
crise que traverse la profession, coupable de s’être trop coupée du
peuple et des réalités".

10) Partis

UMP : l’équipe Juppé veut "en finir" avec l’UDF ; c’est écrit en toutes
lettres dans la presse de droite ; pour cela, imposer un changement
drastique des lois électorales ( seuil de 10% des inscrits = 20% des
exprimés) ; Juppé souhaite que Raffarin ( et Sarkozy) avalise ce projet,
pour sortir de son rôle de "méchant" ; mais le patron de l’UMP est
fragilisé, répète la presse.

LCR : Jérôme Jaffré ( lors de la journée Cevipof, cf point 2) a rappelé
avec force comment la candidature Besancenot avait été soutenu à bout de
bras par l’état-major de Jospin. " J’ai les preuves". Il avait déjà
évoqué cette question dans une chronique du Monde cet été. Il devrait en
refaire état dans le livre à paraître.

PS/LCR : Ébauche (ou reprise ?) de dialogue, par Libération interposée,
entre Besancenot, qui avait publié une sorte de "manifeste" dans ce
quotidien, et JC Cambadelis qui lui répond avec une certaine complaisance.

PS : contributions diverses mais propositions identiques ? La plupart des
commentateurs ont souligné la proximité des thèses des différents
courants qu’un éditorialiste du Monde résume ainsi : " impôt mondial sur
les flux financiers, droit de vote des étrangers aux élections locales,
suppression de la double peine, renforcement du Parlement et du premier
ministre, refus des privatisations, retraite à 60 ans, Europe fédérale,
service civil obligatoire" ; concernant l’avenir de la gauche, accord
sur un contrat de gouvernement plutôt que sur un parti unique.

Ces contributions sont envoyées dans un cahier spécial aux adhérents
cette semaine ; celle de Hollande est en tête, l’ordre des autres a été
tiré au sort.

UDF : importante couverture médiatique du congrès. Bayrou joue la carte
du "pôle réformateur", de l’ouverture à la société ( visite de SOS
Racisme), se pose en victime face à une UMP arrogante et finalement
fragile, tente de ré-attirer des cadres ( Borloo).

ÉLECTIONS 2002

Journée d’étude du Cevipof du 20 janvier 2003 ( additif au point 2)
Remarques en vrac sur le déroulement de la journée :

L’abstention

Rapport de l’universitaire Gérard Grunberg. Rappelle les raisons
conjoncturelles (faible campagne), la tendance longue à l’abstention
(que 66% de votants aux législatives de 1988), distinguent les
abstentionnistes "hors jeu" (exclusion durable) et les autres, plutôt
versatiles ; hésite entre deux hypothèses : soit instauration d’un fossé
grave, durable entre le citoyen et la politique ; soit une "pacification"
de la vie politique, u effacement des différences, la seule
confrontation d’idées demeurant entre le FN et les autres ; il penche
pour cette seconde hypothèse.

Le représentant du ministère montre l’éloignement radical des jeunes des
cités par rapport au vote ; le clivage générationnel sur l’abstention (
même chez les jeunes diplômés), regrette la banalisation de l’abstention
entretenue par des chroniqueurs comme Alain Duhamel ( sur le thème :
après tout, ça marche aux États Unis) ; s’interroge sur la rigidité des
formes d’inscription sur les listes électorales( il observe que 37% des
abstentionnistes des deux tours sont inscrits sur des lieux différents
de leur résidence).

Les jeunes

Anne Muxel montre comment la jeunesse en 2002 a réagi en quatre temps :
abstention/retrait, manifestation/mobilisation (dans la rue),
participation/vote ( deuxième tour de la présidentielle),
abstention/démobilisation à nouveau.

51% d’abstention au premier tour des législatives, 41% en 1997 :
aggravation manifeste.

Perte de repères sauf à l’égard de Le Pen, majoritairement anti mais une
partie des jeunes est pro-FN. Une réelle fracture : dans la jeunesse sans
diplôme de 18 à 30 ans, 29% pour le FN.

Si le vote perd en importance, d’autres formes de participation
politique s’expriment ; la manifestation gagne en légitimité, en force.

L’intérêt de l’enquête Cevipof est qu’elle cerne aussi les électeurs
dans les derniers moments avant le vote ; alors que la jeunesse était
plutôt pro-gauche plurielle, il y a eu un retrait de sa part dans les
dernières semaines ( -8%). Elle est restée perplexe jusqu’au bout : 30%
des votants ont hésité.

Une jeunesse morcelée : la moitié s’abstient ; parmi les votants, taux
identique aux aînés en faveur de Chirac ou Jospin mais radicalisation :
14% pour l’extrême gauche ( surtout Besancenot), 19% pour l’extrême
droite, soit un tiers des jeunes.

Sur le vote Le Pen, très nette différentiation de classe.

Les jeunes ont peu voté Laguiller ou Chevènement, votes vieux.

Déconnexion profonde (décrochage, mésentente) chez les jeunes entre leur
façon de faire de la politique et le vote. Attachement au régime
démocratique, réflexion sur démocratie représentative/ démocratie
participative.

Atonie des jeunes à la législatives. Il n’y a pas eu de fixation sur le
vote Chirac ; c’était un vote anti Le Pen.

Le représentant du ministère montre qu’il n’y a pas "UNE" jeunesse ;
marquée par de violentes fractures sociologiques ; observe que les jeunes
électeurs FN doutent de tout, y compris des flics (!) - de ce point de
vue ils font moins confiance à la police que les jeunes plus
"intégrés"- ; ils ne manifestent pas un besoin exacerbé d’ordre ; le plus
souvent de jeunes ouvriers qui n’accepteraient plus aujourd’hui - comme
ce fut le cas dans les années 80/90- un porte-parolat étudiant.

Les jeunes des cités : ils acceptent de se considérer dans la communauté
nationale, ils ne se reconnaissent pas dans la communauté européenne.
Les beurs sont très loin des activités sociales généralement pratiquées
par les autres.

On parle volontiers des valeurs de tolérance, d’universalisme,
d’ouverture des jeunes. Oui, mais, dit il : la mixité recule, le sexisme
gagne, la défiance anti-beur est forte.

Ici un débat traversa le colloque : assiste-t-on donc à une
"pacification" de la vie politique comme le pensait le premier
rapporteur ou à des manifestations nouvelles de confrontation, de
violence ? La salle est partagée. Certains pensent qu’il existe
aujourd’hui deux niveaux qui ne communiquent plus : le politique, qui
s’éloigne, et le social où passe désormais la violence.

Insécurité

Un chercheur du CNRS observe un retard de la science politique sur la
question de l’insécurité ; il distingue les différents concepts : peur,
délinquance... Il observe par exemple qu’aujourd’hui la peur recule,
Sarkozy est au zénith mais la délinquance s’accroît ( même fortement
pour la mort d’hommes)...

Absence d’indicateurs crédibles, confusion dans les critères.

On a peur pour les autres ( enfants, parents).

La délinquance se manifeste dans les quartiers riches ou pauvres ; les
entre-deux sont plutôt peinards ; plus il y a du risque économique, plus
il y a de la précarité économique, plus l’impact de la délinquance était
fort ; le pauvre perd plus avec sa Fiat Punto d’occasion brûlée que le
riche qui perdrait sa Porsche !

L’insécurité plus sensible à droite ? ou glissement à droite de gens de
gauche touchés par cet enjeu ?

La question de la délinquance n’est pas fatalement défavorable à la
gauche, selon ce rapporteur ; il cite l’exemple Blair ; il estime que les
ministres PS faisaient la même chose que Sarkozy mais la gauche, Jospin,
au moment de l’élection n’ont pas assumé cette "modernisation" ; Sarkozy
reprend souvent ( en les assumant) des mesures de gauche.

Quel rapport vote/délinquance ? Difficile à dire car il y a des données
distinctes, le peur/émotion ; le besoin de normes ; l’élection. Il estime
que ce sont des "blocs" différents.

Il estime que la peur n’est pas que réactive, elle a aussi une fonction
sociale, d’anticipation, de projection.

Il conclut en estimant que dans ce débat " tout est mélangé".

Le représentant du ministère confirme, estime qu’il y a trop d’idées
reçues sur la question, que le message des urnes est "tout sauf clair",
que les institutions "gesticulent" ; que le secteur où cette question
s’est posée le plus fortement fut (reste) le secteur des petites villes
( et assimilés) ; le débat mal mené autour de l’implantation des
gendarmeries/commissariats, le sentiment d’un départ généralisé des
services publics (au profit des grandes villes/cités) a eu des
conséquences catastrophiques.

Un préfet confirmera que dans son département c’est CETTE question qui
justifie la hausse du vote Le Pen.

Lien social, lien politique

Nonna Meyer explore la question : la crise du lien social explique-t-elle
la crise du lien politique ?

Elle estime, à partir des réponses comparées aux grandes enquêtes
d’opinion de ces dernières années, qu’il n’y a pas de crise du lien
social ; pas de recul spectaculaire dans l’intérêt pour la politique ; pas
de défiance outrée dans les institutions ; il y a certes recul dans
l’attrait pour les partis mais d’autres formes de participation
apparaissent (grèves, manifs) ; le seul gros problème que montrent les
chiffres est le discrédit formidable des hommes politiques, considérés
comme corrompus (58%) et éloignés (83). Problème incontournable du
rapport à l’élite.

Mais le lien social reste fort ; certes une confiance limitée dans " les
gens" mais il en a TOUJOURS été ainsi, rien de neuf ; d’autre part des
liens associatifs très forts (70 000 assoc créées par an, un total de
880 000 !) ; des concepts comme la solidarité gardent leur force positive.

Donc, conclut N. Mayer, pas de problème de lien social mais plus
simplement un problème social. " Car qui a du capital social ? celui qui
a du capital tout court. Le problème est là, un problème de classe
sociale ; il y a un groupe ouvriers/employés, avec peu d’études, peu de
liens associatifs, peu de confiance dans les institutions. On y est plus
volontiers non-inscrits et quand on vote, c’est un vote plus extrême. On
en revient à la question sociale.

Le préfet de la Nièvre analysera ensuite le vote dans son département,
montrant que l’extrême droite n’a pas grignoté du côté PC mais dans les
cantons les plus ruraux ; ce vote lepeniste s’y est même accru au second
tour de la présidentielle, Le Pen ayant récupéré le vote Chasseurs ;
l’extrême gauche mord sur le PC et dans les périphéries urbaines des
villes, à pavillon. Répondant à un chercheur qui qualifiait le vote
trotskiste de vote de "satisfaits apathiques", il parle lui de
"trotskisme pavillonnaire", ce qui a beaucoup plu à l’assistance.

Il estime que dans la configuration gauche/droite, quelque chose a été
ébranlé avec le référendum sur Maastricht et le demeure.

Vote Chirac

Elisabeth Dupoirier.

R.A.S. Elle signale cependant une certaine faiblesse de l’UMP ; ces formes de
partis coalisés de droite ( UMP mais auparavant des formes de coalitions
électorales) fédèrent de moins en moins l’ensemble des électeurs de droite.

Vote Jospin

Jérôme Jaffré souligne que l’évolution idéologique s’est faite contre la
gauche et le PS : forte demande d’autorité, moindre demande d’Europe,
plus de demande de nation ; le recul de la xénophobie profite à la
droite, le soutien à la contestation profite à l’extrême gauche. La
gauche est idéologiquement plus nettement minoritaire qu’en 1995.

Jospin était fort dans les catégories anti-autoritaires et européistes
mais ces catégories régressent.

Sur la question du bilan : l’opinion le jugea positif de 1998 à 2001 ; en
2002, il y eut un retournement ; le regard collectif du pays sur lui même
devint globalement mauvais ; si on continuait d’être plutôt tranquille
sur sa position personnelle, on s’alertait sur l’état du pays début
2002 ; ce critère est fondamental dans la fixation d’un choix politique.

Le discours de Jospin sur le bilan apparut alors complaisant et arrogant.

Jospin privilégia le rassemblement anti-Chirac mais il fit l’impasse sur
le premier tour ; il insista sur le côté non crédible de Chirac en ne
voyant pas que le discrédit était porté sur toute la classe politique ;
en même temps il surestima l’attente morale de l’opinion : 64% des sondés
pensent que Chirac n’est pas honnête, 75% estiment qu’il a l’étoffe d’un
Président !

Chirac "retourna" l’opinion lors de sa prestation du 14 juillet 2001 :
sommé de s’expliquer sur des centaines de millions de francs de billets
d’avion perso, il estime que le mal est général aux politiques et
demande quand Jospin va en finir avec les fonds spéciaux !

Le premier tour apparut sans enjeu, une corvée démocratique ; 80% de gens
pensaient que Chirac ou Jospin, cela ne changerait rien ; les mécanismes
de mobilisation de l’opinion ne marchent pas et cela est fatal pour la
gauche qui avait besoin d’un haut niveau de dépolitisation.

Jaffré observe que la question des inégalités sociales est absente de la
campagne.

" Le fait d’avoir aidé la LCR à avoir ses 500 voix m’a été confirmé au
plus haut niveau du PS".

A la présidentielle, il faut rassembler tôt : 25% des voix de Chirac le
21 avril 25% viennent d’autres partis de droite ; ce n’est le cas que de
8% des voix de Jospin. Il faut aussi ancrer sa candidature dans son
camp ; or ce sont dans les secteurs idéologiques les plus à gauche
(contestation, anti privatisation...) que Jospin perd le plus.

Mesurer l’impact du Sommet de Barcelone.
Il perd peu dans les catégories vraiment populaires dans la mesure où il
les a déjà perdues en 1995 mais il perd beaucoup chez les jeunes et le
secteur public.

Aux législatives la bipolarité fonctionne : si 9% des sympathisants PC
vote PS au premier tour de la législative de 97, ils sont 31% en 2002.

Envie d’électeurs d’en finir avec la cohabitation.
Sur la sécurité, Jaffré rappelle que Jospin déclara : rien d’important ne
me sépare de Chirac à ce propos.

Vote Le Pen

Pascal Perrineau estime qu’on avait sous-estimé le FN ( exagérant par
exemple la scission de Mégret) ; "ignoré que fonctionnaient toujours les
logiques politiques et sociales - violence, racisme- dont on n’est pas
sorti".

Le Pen a su attirer à son noyau dur ( population mâle, de la boutique et
de l’atelier, chômeurs, faible éducation, cathos) trois types de
population : les vieux ; les agriculteurs ; les gens de droite qui se
droitisent.

En juillet dernier encore, Perrineau répétait - et écrivait- volontiers
que Le Pen avait pris sur le PC ; il a changé de discours. Il n’y a pas
eu de transfert PC/FN a-t-il insisté, après le témoignage concordant du
préfet de la Nièvre peu avant.

C’est une France vieille, réac et paysanne qui l’a renforcé le 21 avril.
Des gens exaspérés. Se rallient-ils à Le Pen ? Il ne le pense pas ; pour
beaucoup ils sont revenus à la droite via Sarkozy/Raffarin ; on le sent
dès le premier tour des législatives

Au deuxième tour, il tenta de refaire le coup de "Maastricht" avec son
"front populiste".

Ne pas se tromper sur la "faiblesse" du FN aux législatives : tout de
même 12%. " Les ressorts sont toujours là ".

Mouvements des idées
Note n°21 ( 31/01/03)

1) Le social et le politique. La vague de licenciements et la série de
plans sociaux relancent le débat sur la capacité ou l’impuissance de la
politique. L’expression de Fillon : " On a trop cru que l’Etat
pouvait..." rappelle la sentence de Jospin lors de l’affaire Michelin : "
L’Etat ne peut pas tout " - et celle de Mitterrand " On a tout essayé".
Une des images emblématiques de ces derniers jours est celle de cette
gréviste d’Angers qui brûle sa carte électeur pour protester contre
l’expulsion des travailleurs de l’usine. On retrouve là un des enjeux du
21 Avril : la séparation entre la question sociale et la question
politique. Dans les idées et dans les faits. Comme si la politique était
dévitalisée, perdait de sa force, de son intérêt alors que le social
s’est "décivilisé", "incivilisé" ou "privatisé".

La droite est en difficulté ; elle qui plaide pour un État modeste ( en
dehors des tâches régaliennes) doit en même temps faire mine de réagir ;
elle craint que Metaleurop ait les mêmes retombées pour Raffarin que
Danone pour Jospin. Il faut éviter, écrit le Figaro, " une impression
d’immobilisme qu’on associerait à un inévitable aveu d’impuissance de
l’Etat face à cette horreur économique". Sinon " on comparerait
l’économie de marché à un terrain de jeu sans foi ni loi. Le cas réclame
indignation et colère.(...) Ne pas le faire reviendrait à démontrer que
la logique libérale qui sous tend la suppression des freins à
l’initiative, à la fluidité dans l’organisation du travail est synonyme
de jungle".

2) Un tournant libéral (en partie) contrarié ? Cette actualité sociale
télescope la "nouvelle" ligne du gouvernement et sa fixation sur des
"réformes-phares" telles les retraites ; on peut penser en effet, comme
Le Monde ( et Jean-Baptiste de Montvalon) que la visite de Raffarin au
Medef a constitué un geste spectaculaire, un message à sa majorité, un
affichage libéral plus manifeste ; jusque là le gouvernement aurait
privilégié une certaine (apparence de ) concertation ; il voulait
procéder à une sorte de "pédagogie du libéralisme" ; le référendum d’EDF
lui aurait montré que cette voie était vaine ; le pouvoir désormais
cèderait plus ouvertement à ses sirènes libérales : débat de Raffarin
avec 500 patrons au Sénat, remise en cause de l’ISF, projet de loi de
Dutreil sur "l’initiative économique".... Reste que ce libéralisme plus
affiché "tombe mal" si l’on peut dire ; il est contrarié par la vague de
plans sociaux et plus généralement par un "doute" sur la légitimité et
l’efficacité capitaliste ces derniers temps : voir le malaise de Davos ;
voir le papier de Boissonnat dans le JDD : " Le capitalisme en quête de
légitimité".

3) Droite : limiter l’ambition ? Un réel débat traverse la droite sur
ses propres marges de manoeuvre, les ambitions qu’elle doit se fixer,
ses moyens d’intervention idéologique. Une partie de cette droite est
euphorique et veut aller vite. Alain-Gérard Slama, prof de Sciences Po
et chroniqueur du Figaro, plume autorisée et réactionnaire, appelle
toutefois sa famille politique à la prudence ; sa vocation, écrit-il,
n’est pas de contre-réformer la société mais de gérer, d’apaiser, de
desamorcer, de stabiliser ; contrairement à ce que l’on croit, sa marge
d’action est étroite, sa capacité d’influer sur les idées faible ; sa
force - et sa limite : contenir Le Pen et son extrême droite, écrit-il
encore. Ce qu’elle réussit assez bien pour l’instant. Deux secteurs où
elle devrait marquer des points, et encore... : la sécurité ; la
décentralisation ( Figaro du 27 janvier).

4) Classes sociales, le retour, suite. La revue "Mouvements" (n°26)
consacre son numéro de mars à la question " Classes sociales : le
retour ?".Elle estime que cette thématique réapparaît " après avoir été
soigneusement gommée pendant plusieurs années, avec l’invalidation un
peu rapide des analyses d’inspiration marxiste". La revue tente une
redéfinition des classes populaires, moyennes, bourgeoises ; de
l’exploitation capitaliste ; " les rapports sociaux de classe ont-ils
réellement perdu de leur pertinence au profit des rapports de genre ou
d’une lecture du monde social en terme de genre et de culture ou
"d’ethnie" ?. Des échos sont donnés aux analyses comparatives
internationales. Des contributions de Louis Chauvel, Yves Salesse,
Michelle Lamont.

5) 21 avril. De premiers livres sont annoncés pour marquer
l’anniversaire du 21 avril 2001. Notamment " Il s’est passé quelque
chose", un ouvrage collectif d’une vingtaine d’intellectuels,
trentenaires et quadras, éditeurs, journalistes, universitaires, sur les
thèmes : refus de l’extrême droite, "redonner des couleurs à la
politique, faire le pari d’une nouvelle conscience démocratique et d’une
République qui soit celle de tous les citoyens" ; et "21 avril 2002 : la
contre enquête" de Patrick Cohen et JP Salmon ; l’un est journaliste à
RTL, l’autre est sociologue. Parmi les questions soulevées, celle ci : "
Les médias ont-ils participé au /marketing de la peur/ ?". Ces deux
ouvrages sortent chez Denoël.

Dans les médias, on peut s’attendre à de vifs débats d’interprétation du
21 avril. On voit déjà de premiers thèmes s’esquisser : est-ce
l’effondrement de la République ? ou de la gauche plurielle ? ou du PS ?

6) Déclin français ? Ce thème du déclin et du recul de l’attractivité
française est venu fort dans la campagne présidentielle de Chirac ; il
devait (devrait ?) justifier les choix économiques de Raffarin= pour
contrer le déclin, patent, il faut libéraliser, c’est à dire réduire les
impôts, déréglementer, etc. Problème : il n’y a pas de déclin. Nombre de
rapports d’experts (Cnuced, Cepii, Plan...) contredisent la thèse
alarmiste gouvernementale. Un rapport commandé par Raffarin au CES, très
complaisant avec les thèses gouvernementales, a même été rejeté. Bref le
pouvoir cherche mais n’obtient pas de cautions "scientifiques" pour ses
projets libéraux. Alors qu’il n’en finit plus de railler l’idéologie, ce
gouvernement a une approche hyper-idéologique de l’économie. Voir
l’excellent papier du dernier JDD :"Non la France n’est pas en déclin".

7) Gauche bourgeoise/droite populaire ? La partielle parisienne relance
cette thèse approximative mais efficace ; le conseiller de Raffarin parle
de"scrutin à front renversé". Ce thème avait déjà accompagné la
publication, à la mi décembre, du dernier recensement de l’Insee sur
l’Ile de France ( troisième tome de l’Atlas des Franciliens ; cf Figaro
du 10/12/02). L’étude montrait comment les cadres modifiaient la donne
politique ( ceux du secteur public votent plus à gauche que les employés
et les ouvriers) ; le journal consacrait toute une page à une analyse de
l’universitaire Bernard Dolez : " Paris verse à gauche, la banlieue
s’enracine à droite".

8) Cote de Bush:plusieurs reportages ( Libération, Le Figaro)
insistent sur la chute de la popularité du président Bush ( 82% début
2002, 62% en décembre, 54% aujourd’hui) pour des raisons de politique
intérieure ; il est rattrapé ( comme son père) par l’économie (chomage,
recession) ; 45% des Américains jugent le dossier économique prioritaire
contre 25% qui estiment que le conflit avec l’Irak est plus important.
Son plan spectaculaire de relance ne semble pas avoir séduit l’opinion ;
le coût des cadeaux aux plus riches choque ; l’indice de confiance des
consommateurs est au plus bas depuis 1993.

9) Le Monde Diplomatique. Plusieurs papiers consacrés à ce mensuel qui
fêtera ses 50 ans en 2004. Pour saluer sa progression ( 225 000
exemplaires, dont 40% à l’étranger ; 20% de mieux qu’en 2000 ; sans
publicité) ou ses initiatives éditoriales, telle la sortie de son
"Atlas", avec un éditorial placé sous la figure d’Aragon : " Est-ce un
monde qui naît ou l’avenir qui meurt". Mais la revue s’attire aussi des
rappels à l’ordre. Du Monde par exemple qui lui reproche des
approximations sur la Serbie et surtout fait part de son "malaise" pour
une sorte de nostalgie de cette revue : " Le passage consacré à la
disparition du bloc communiste (dans l’Atlas) est empreint d’une note
nostalgique pour une époque où les enjeux mondiaux étaient plus
facilement identifiables".(24/1)

10) Partis

/*PC*/ : Faisant le point sur la cinquantaine de scrutins qui se sont
déroulés depuis début septembre, l’analyste du Figaro note : " Le PC est
en recul même si ses tout derniers résultats sont meilleurs" ; pour le
reste, le journal note une tendance à la bipolarisation, avec chute des
Verts (-3), du FN (-5).

/*FN*/ : actualisera son programme lors de son prochain congrès, nommera
un "gouvernement fantôme" dirigé par Gollnisch ; le congrès se terminera
le 21 avril ; il sera dans "l’actu" et on peut s’attendre à ce qu’il
rappelle fort alors le score de Le Pen.

Il remet au centre de son argumentaire la question de l’immigration.

A retenir cette phrase de Marine Le Pen au Grand Jury RTL/Le Monde du 26
janvier : " Nous pensons qu’il faut restreindre les aides sociales aux
Français, à tous les Français".

La fille Le Pen devrait se présenter aux européennes sur la région
Ile-de-France.

Sort aux éditions La Découverte " Militer au Front national" du
sociologue Daniel Bizeul qui côtoya trois ans les adhérents de cette
formation.

Long article du JDD sur la renaissance du groupuscule d’extrême droite
"Unité radicale".

/*PS*/ : organise une série de rencontres avec les organisations
syndicales sur la question des retraites ; François Hollande, Marisol
Touraine, Daniel Vaillant reçoivent ; se contentent d’écouter.

Denoël publie la plate-forme Dray-Montebourg-Peillon, " Pour un nouveau
Parti Socialiste, motion pour le congrès de mai 2003".

Strauss-Kahn préside depuis cette semaine un groupe de travail européen
mis en place par la Commission de Bruxelles sur " le modèle européen de
développement" ; l’autre représentant français : Nicole Notat...

/*Verts*/ : Lipietz sort un ouvrage sur la bilan de la gauche plurielle "
Et maintenant, recoudre..." ( La Découverte en mars)

/*LCR*/ : à l’initiative d’un "Forum pour une alternative sociale et
politique" à Toulouse le week end dernier. Propos radicaux, insistance
sur le divorce entre "deux" gauches et impasse côté proposition : " Ca ne
suffit pas d’être contre" auraient dit nombre de participants.

/*MRC*/ : tensions et confusions au congrès des checènementistes où une
majorité (des jeunes ?) a réclamé " une ligne claire à gauche".

/*UMP*/ : campagne d’adhèsions par affiches et pages de pub dans la
presse sur le thème de l’insécurité ( cf Le Parisien, 30/01, p 7 : photo
"noire" de deux ados qui menacent un enfant au pied d’un mur sinistre,
avec la question : "Faut-il rester faible devant la loi du plus fort ?" et
ce slogan " Pour une société plus sûre, prenez parti. Adhérez à l’UMP".

*Mouvements des idées*

*Note n°22 ( 7/02/03)*

1)Retraites : pédagogie et propagande. Gros travail de communication
de la part du pouvoir sur la question des retraites ; discours mis en
scène de Raffarin, soirée du premier ministre sur la Une, message du
gouvernement sous forme de publicité dans les médias, des pages de
dossiers, tribunes et autres libres opinions dans la presse de droite ;
un intérêt particulier est porté à la presse de province ; l’effort est
considérable ; effort qualitatif aussi : une grande prudence dans le choix
des mots, une démarche qui consiste à reprendre les termes de l’"autre"
( déjà largement expérimentée lors du dossier des 35 heures ou des
divers mouvements sociaux de l’hiver) pour en retourner le sens en
dernière instance.

Une particulière insistance à "travailler" l’opinion, à laisser entendre
que cette opinion aurait "mûri" ; s’il est vrai que les études montrent
plutôt une opinion prête à bouger le système, mais rien n’indique
qu’elle adhère à la réforme du gouvernement.

Une attention particulière à "récupérer" le discours socialiste, à
"passer par la gauche" comme l’écrit Le Figaro. Telle aussi cette rumeur
selon laquelle Schrameck, actuel ambassadeur à Madrid, aurait informé
Fillon que Jospin avait préparé un plan identique de recomposition des
retraites mais renoncé en dernière instance.

Un des premiers résultats de la campagne sur ce thème certes majeur des
retraites est d’avoir occulté ( jusqu’au retour, jeudi, du dossier d’Air
Lib) dans les médias cette semaine les questions des licenciements et de
l’emploi, lesquelles s’étaient invitées avec une force croissante tout
au long de la semaine dernière, au point, vendedi, samedi, de faire la
"Une" de toute la presse.

2) Inquiétude sociale. Deux études début février traduisent une forte
augmentation de l’inquiétude sociale. D’une part le baromètre Figaro
Magazine nous apprend que la priorité pour les sondés est redevenue le
chomage, avec 42% de réponses, loin devant la lutte contre la violence
(32%)." Rien de comparable à 1995 mais des Français vigilants" note ce
journal.

D’autre part l’enquête mensuelle de l’Insee indique que le moral des
ménages est tombé à son plus bas niveau depuis février 1998 ; la
dégradation est particulièrement nette concernant l’emploi ; net recul
aussi sur l’appréciation du niveau de vie en France.

/Cette baisse de moral accompagne un scepticisme plus général./ Ainsi le
traditionnel sondage Sofres annuel La Croix sur les médias montre certes
un "grand intérêt" (66%) pour les médias mais une défiance accrue ( +6%
en un an) à leur égard : 45% pensent que les choses se sont passées comme
télé ou journaux le disent. A noter que l’esprit critique est lié au
bagage social et culturel : moins on a de diplômes, plus on croit ; plus
on a suivi des études, plus on est perplexes.

3)Raffarin pro-patron : Depuis son soutien affiché au MEDEF à Tours,
tout indique que l’image du Premier ministre semble avoir bougé dans
l’opinion, notamment auprès des salariés. Selon le sondage CSA/France
Europe Express/ France Info, 43% des sondés estiment que Raffarin
cherche à concilier les attentes des chefs d’entreprises et des
salariés, 40% qu’il sert d’abord l’intérêt des patrons, 8% qu’il pense
d’abord aux salariés. Quant aux salariés sondés, 46% estiment que la
politique économique du pouvoir "cherche à répondre aux attentes des
patrons" contre 40% qui estime qu’elle tente de concilier les deux
catégories.

(Le 30 janvier, Raffarin s’affichait encore dans le 17é aux côtés
d’Alain Prost présenté dans Le Figaro comme un "entrepreneur vivant en
Suisse car découragé par les impôts" !).

4) L’image du patronat en baisse : Ce rapprochement pouvoir/patronat
intervient alors même que la confiance des Français dans les chefs
d’entreprise s’érode. Selon une enquête Sofres ( qui fait la Une du
quotidien Metro du 4/2), 54% des Français n’ont pas confiance dans les
chefs d’entreprisecontre 25% en 1985 !

"Une tendance lourde observable depuis deux decennies" disent les
sondeurs ; ce sont surtout les grandes entreprises dont on se méfie le
plus (les petites ont la cote) ; 60% des Français estiment que les
marchés financiers et les multinationales ont trop d’influence sur
l’économie mondiale ; 93% (!) pensent que les grandes entreprises sont
avant tout attentives aux intérêts particuliers de leurs dirigeants (NB :
on apprenait la semaine dernière que Francis Mer possède 225 000
stock-options Arcelor). Enfin les Français préfèrent s’en remettre à
l’Etat dont ils attendent un rôle de garde-fou, estimant à 76% que les
règles protégeant l’individu dans l’économie sont insuffisantes/./

5) Passer par la gauche ? Serait-ce pour contrebalancer l’image
rétrograde donnée ces temps ci ? ou pour mieux faire passer un projet
libéral que l’opinion refuse ? Le pouvoir multiplie volontiers des
propos, voire des initiatives dites " de gauche", pour reprendre une
formule de la presse. Ainsi J. Chirac a rappelé avec force le 2 février
devant un public de créateurs plutôt critiques invités à l’Elysée
l’attachement de la France à la diversité culturelle : " Quand le
gouvernement affiche de plus en plus volontiers un profil droitier - en
matière fiscale notamment- il a à coeur parallèlement de tenir un
discours que la gauche ne peut renier" ( Le Monde, 4/2).

Idem sur les retraites, on l’a souligné au point 1 : l’exposé de Raffarin
sur les retraites ( ses allusions aux fonctionnaires, aux petits...)
fait dire à Zemmour (Figaro) : " Pour faire passer son amère pillule,
Raffarin a choisi de passer politiquement par la gauche. (...) Passer
par la gauche pour légitimer la droite au pouvoir, tel est le paradoxe
Raffarin.". Et ce chroniqueur de noter que dans l’histoire récente :" A
chaque fois, la droite a perdu politiquement parce qu’elle a d’abord été
vaincue socialement".

On remarquera enfin la précision maniaque avec laquelle les leaders de
droite cite des précédents socialistes pour justifier leurs mauvais
coups : Dutreil qui tire Charzat ou Migaud sur l’ISF, etc...

Le pragmatisme de Raffarin semble en déconcerter certains. A noter
l’étrange papier de Laurent Mauduit dans Le Monde 31/01 sur la politique
économique du premier ministre : " Elle n’a pas d’angle, pas de
substance, pas d’inspiration doctrinale". Le papier semble encourager le
pouvoir à mener une politique plus libérale !

6) Les idées socialistes se recentrent ? Interrogé au Grand Jury RTL-Le
Monde, sur le renouvellement des idées au PS, et sommé de donner des
exemples de rénovation palpable au prochain congrès, Hollande (n’)a cité
(que) deux exemples : sur l’Europe, on a trop insisté, dit-il, sur
"Etats-nations", autrement dit fédéralisons pour de bon ; d’autre part, "
le PS a longtemps été obnubilé à juste titre par les questions
économiques et sociales. On n’a pas porté suffisament attention à tout
ce qui est la vie en société". Alors même que la "question sociale" fait
son retour, cette façon de "résumer" l’enjeu du prochain congrès PS
exprime bien le "néoconservatisme socialiste" dont parle Eric Dupin
("Jospin n’a vraiment rien compris", Le Figaro, 4/2).

7) Marche des femmes : le lancement de l’initiative des jeunes femmes
des cités a rencontré un gros écho dans la presse. L’idée d’une double
faillite, celle des structures traditionnelles ( famille, religion..)
mais ausso celle des réponses progressistes de ces vingt dernières
années ( SOS Racisme, etc...).

La droite tente de disputer le terrain et avance, ici aussi, ses
solutions sécuritaires, autoritaires. Un portrait pleine page du Figaro
de Fadela Amara, l’oganisatrice, ses rapports avec les ministres
Ameline, Borloo, Ferry.

A noter une multiplication d’articles de la presse de droite sur la
"beurgeoisie" ; une nette volonté de disputer à la gauche le thème de
l’intégration en pronant un modèle "libéral" d’intégration, une
assimilation par le fric, la réussite sociale, l’effort, la discipline,
l’individualisme.

A suivre aussi la polémique autour de Mecca-Cola, boisson "idéologique"
créée par Tawfik Mathlouthi.

8) Les troskistes prennent la plume. A quelques jours
près sortent les livres de Barcia/Hardy de LO et de Besancenot/LCR. Ce
dernier, "Révolution ! 100 mots pour changer le monde" chez Flammarion,
se donne un petit air d/’aggiornamento./ "Adieu à l’orthodoxie
trotskiste" dixit la presse. Le livre prend en effet ses distances avec
Trotski, met l’accent sur la dimension démocratique. Il a droit à une
critique très complaisante du Monde (2/2) : ouvrage "séduisant", "un
romantisme énorme", "courageux", "rigolo", un révolutionnaire
"libertaire". Le livre évoque volontiers les questions d’autogestion,
d’auto-organisation, de démocratie participative...

Du côté de LO ( "La véritable Histoire de Lutte ouvrière", de Robert
Barcia, alias Hardy, chez Denoël), R.A.S. On "découvre" un personnage
plutôt fruste, fermé à toute autocritique. Taxant Besancenot
d’opportunisme ( ses "ancêtres ont toujours accroché leur wagon à un
truc qui marche momentanément"). Un effort limité pour populariser
l’organisation, dont les aspects sectaires demeurent : militants à qui
l’on déconseille de se marier et de faire des enfants...

A noter - sauf erreur- que ni l’un ni l’autre n’abusent du mot
"communisme"/./

9) Exception culturelle : alors même que Chirac vient de réaffirmer son
attachement au pluralisme des cultures, on signalera une bonne synthèse
sur la question de l’universitaire progressiste Serge Regourd (
"L’exception culturelle", PUF, Que sais-je ?), alors que s’opère le
démantelement de Vivendi, la redéfinition de Canal +, que se développent
les industries culturelles. Une notion pertinente à l’heure " de
l’intégration économique et technologique à l’échelle planétaire" et des
débats à venir.

10) Partis

/*Crise :*/ symptômes persistants de crise de la politique : le taux
croissant d’abstention aux partielles ; la chute de la cote des partis et
des principales personnalités politiques dans le dernirer baromètre
Figaro Magazine. La relaxe de Dumas, et la campagne sur
l’irresponsabilité des politiques ( cf la Une du Parisien Libéré samedi
1/2) ne devrait pas arranger les choses.

/*UMP*/ : campagne de pub (agence CLM-BBDO) dans la presse et d’affiches ;
thèmes déclinés : la sécurité ; la santé ; la retraite ; l’environnement.
Mode d’emploi dans le Figaro Economie, 1/02, p XII.

Juppé toujours en situation précaire, notamment après l’échec de son
poulain Stefanini.

/*Club Vauban*/ : Ce club très consensuel réunit des personnalités
politiques de droite et de gauche ; il s’est manifesté cette semaine avec
l’article commun sur l’Irak signé par Antoine Veil, grand patron et
époux de Simone, et Bernard Kouchner.

/*FN*/ : Jacques Bompard, maire d’Orange, crée son club " L’Esprit
public" et prétend à la direction du mouvement.

/*Marx*/ : Folio/Gallimard ressort " Les luttes de classes en France" de
K Marx.

*Mouvements des idées*

*Note n°23 ( 14/02/03)*

1) La non-idéologie : Libération revient dans un bon papier ("
Bienvenue dans un monde sans heurt" de Antoine Guiral du 8/2) sur le
propos très anti-idéologie qui ponctue tous les discours du pouvoir.
"Nous sommes pragmatiques et nous ne faisons pas d’idéologie", c’est le
leitmotiv du gouvernement. On voit bien les avantages de la méthode :
brouiller les pistes gauche/droite ; jouer les pratiques contre les
rêveurs ; dépolitiser le débat ; désamorcer les conflits ; ratisser large.
Ce n’est pas vraiment nouveau de la part de la droite ( c’est un thème
classique dans sa frange droitière, giscardo-pinay-indépendant...) mais
une telle insistance surprend un peu. En même temps, on peut remarquer
que ce pouvoir - et son discours- est très idéologique ( idéologie
sécuritaire ; inégalitaire) et que cette "astuce" de l’absence
d’idéologie chez lui trahit aussi la faiblesse de l’idéologie libérale,
sa non popularité, la difficulté de la vendre ; on rappellera que l’UMP a
refusé de faire figurer le libéralisme dans sa profession de foi ; il est
symptomatique que ce sont les ministres les plus libéraux, Dutreil,
Coppé, Raffarrin aussi, qui insistent le plus sur le caractère
non-idéologique de leur action.

2) Projet libéral : a-idéologique côté cour, le pouvoir (re)travaille
sans cesse côté jardin son projet libéral ; c’est le cas par exemple de
Vincent Chriqui, conseiller du ministre François Fillon ; dans un ouvrage
qui sort ces jours-ci, " A qui profite le libéralisme ?" (Éditions ; cf
Fig Eco, 10/2, p IX), Chriqui "pousse loin le bouchon", aux dires mêmes
de la presse de droite ; il s’en prend aux "rigidités du marché de
l’emploi", aux trop fortes prestations sociales à son goût qui gâchent
l’envie de travailler, aux risques qu’entraîne le Rmi ; il s’élève contre
le droit des licenciements collectifs, contre le système de formation,
contre la réglementation du travail, les 35 heures, les emplois-jeunes,
la France paresseuse ; difficile après tout cela de le suivre sur l’idée
que " le libéralisme représente le meilleur moyen d’accroître les
opportunités qui s’offrent aux plus démunis".

Nombreux papiers dans la presse de droite sur le nécessaire effacement
de l’Etat en matière économique ; en se désengageant d’Air Lib, "l’Etat
est à sa vraie place" titre un édito du Figaro. La semaine dernière,
l’économiste Milton Friedman soutenait toutes les mesures de baisse
d’impôt, moins pour leur efficacité économique que pour le message
délivré : l’Etat se désengage, on va vers un État plus modeste.

Un peu dans le même ordre d’idées, création de la commission d’enquête
parlementaire sur "l’Etat-actionnaire" présidée par Douste-Blazy (
rapport attendu en juin).

3) Souffrance et violence au travail : deux excellents dossiers sortis
ces jours-ci sur cette question. A partir d’une enquête INSEE auprès de
6000 salariés, un collectif de sociologues dirigé par Christian Baudelot
et Michel Gollac propose " Travailler pour être heureux, Le bonheur et
le travail en France." chez Fayard. Cette recherche peut se résumer
ainsi : un peu plus d’autonomie au travail d’un côté, beaucoup plus de
pression, de tension de l’autre, ce qui annule les effets de
l’émancipation timide amorcée. Au total un tableau assez impressionnant
de la "nouvelle" surexploitation. L’autre dossier, étonnant de
pugnacité, est celui du Monde/Économie intitulé " La violence, maladie
infantile de l’entreprise", autrement dit la violence des plans sociaux
prolongent la violence des modes d’organisation du travail ; on assiste à
une dégradation des conditions de travail ; la disparition progressive du
collectif de travail fragilise l’individu à l’entreprise.

L’enquête Huma du 11/2 sur l’industrie automobile va dans le même sens.

A noter encore un autre livre à sortir en mars chez Syllepse : "
Violences au travail : agressions, harcèlements, plans sociaux" de
Christian Larose et Michel Debout.

4) Troisième voie : soucieux sans doute d’échapper un peu à l’image de
supplétif de Bush, Tony Blair relance ses idées de "Troisième Voie" et
tente d’actualiser le concept (Le Monde, 11/2) . Son apologie du
centre-gauche est un collage des valeurs de gauche et de droite, une
phraséologie attrape-tout, que résume bien l’expression de
"social-libéralisme". Avec un accent assez systématique sur " la loi et
l’ordre" ; et l’aveu d’une difficulté à faire vivre "l’idéal" quand cette
famille est au pouvoir.

Un projet hégémonique : il s’agit de "marginaliser efficacement les
autres courants de gauche" ; et une ambition planétaire : Blair se flatte
d’avoir rabiboché la vieille social démocratie européenne et le parti
démocrate américain ; il vise le Brésil " et même la Chine" ! D’ailleurs,
du 11 au 13 juillet, se tient à Londres une "Conférence (mondiale) pour
la gouvernance progressiste", sorte d’ersatz d’une internationale
sociale-libérale.

5) Religion : un thème très présent dans l’actualité française, par
différents biais : la Constitution de l’Europe fera-t-elle écho ou non à
l’héritage chrétien ? pression forte du Vatican - et des pays de l’Europe
de l’Est ( dont on mesure mieux "l’apport" à l’Europe élargie :
atlantisme flamboyant, religiosité, dumping social). La question
religieuse s’invite aussi dans la Commission chargée d’organiser l’islam
de France : tensions entre les différentes composantes, démission de la
seule femme incarnant l’islam moderne, critique contre une collusion
Sarkozy et la branche la plus radicale de l’islam officiel, l’UOIF (
laquelle entretient par ailleurs des contacts avec le CRIF). Des débats
aussi sur l’enseignement du fait religieux à l’école. Sans parler de
Depardieu "converti" à Saint Augustin !

6) Les financiers doutent : Étonnant document que ce " Rapport moral
sur l’argent dans le monde 2002". Il s’agit d’une étude de la très
officielle "Association française d’économie financière" ( La Croix,
11/2). Une structure qui s’interroge depuis une dizaine d’années sur les
liens marché/éthique/cohésion sociale. Le texte rappelle que " Plus que
les attentats du 11 septembre, la faillite d’Enron a provoqué un
tournant pour l’économie mondiale".

Il avance l’idée que la sphère financière a perdu sa légitimité et
aucune mesure sérieuse ne semble être prise par les États pour redresser
la barre : les rares décisions prises par les gouvernements sont
contournées par les circuits financiers ; si l’exigence éthique monte,
rien n’est véritablement entrepris contre la délinquance financière. Le
document se prononce pour " une saine régulation du capitalisme mondial".

A la rubrique du capitalisme peu éthique, signaler la biographie de
Bernard Arnault ( " L’ange exterminateur ou la vraie vie de Bernard
Arnault", Albin Michel) par le journaliste du Nouvel Obs, Airy Routier ;
de vraies méthodes de voyou.

7) PS : Un programme flou. Chaque fois qu’il est amené à résumer le
programme du PS qui devrait sortir du prochain congrès, Hollande avance
des propositions vaguement centristes, accordant une sorte de priorité
aux thèmes européens (européistes) ; c’est encore le cas dans son
entretien au Monde : " Les socialistes doivent être plus clairs dans
leurs choix : une Europe fédérale et sociale ; un projet éducatif sur
toute la vie ; le développement de l’économie de besoin par rapport à
l’économie de marché ; l’écologie comme dimension de toutes les
politiques publiques".

Pour tenter de rapprocher les différentes contributions pour le congrès
de Dijon, création de cinq groupes de travail : Économique et social ;
Institutions et démocratie ; Europe et mondialisation ; Citoyenneté ;
Rénovation du parti.

8) Mondialisation des droits ? Intéressant papier de Jean-Michel Dumay
( Le Monde Eco du 11/2, pV) sur l’exigence d’une normalisation des
droits économiques et sociaux à l’échelle planétaire qui semble avoir
traversé tous les débats du FSM de Porto Allègre. Une demande de règles
universelles en matière de droits sociaux, de santé, d’environnement.
Alors que jusqu’ici les Nations Unies ont séparé et privilégié les
droits civils et politiques ( " un peu mieux protégés") et les droits
économiques, sociaux et culturels ( " laissés sans contrôle"). Des
propos intéressants de la juriste Mireille Delmas-Marty, professeur au
Collège de France. Vers une ONU des droits socio-économiques ?

Côté Nord/Sud, noter l’initiative du Figaro qui lance avec l’École
supérieure de commerce de Marseille un cadre de débats permanents pour
rétablir le dialogue "méditerranéen" et échapper à deux écueils : diluer
les responsabilités du terrorisme en ne parlant que du "désespoir de
leurs auteurs" et "l’unilateralisme américain" de l’autre.

9) La Marseillaise : une loi de trop ? Le vote de l’amendement sur
l’outrage au drapeau et à l’hymne commence à susciter des critiques
croissantes. De gauche. Prise de position par exemple du cinéaste
Bernard Cerf ; pétition d’intellectuels ( Le Monde, 8 février ; Humanité
du 11). De droite : A.G. Slama du Figaro trouve qu’il s’agit d’une loi de
trop : " Cet ordre moral de droite ne vaut pas mieux que celui de gauche"
( Le Figaro du 10/02 p 12). " Rien n’est moins républicain ni plus
inefficace que d’associer le respect dû à La Marseillaise à une loi
contraignante".

Une occasion de rappeler la position des parlementaires communistes,
alors que la presse a parlé à ce propos de convergence gauche/droite, et
celle du dernier CN, peu médiatisé.

10) Partis

/*LCR*/ : a tenu une conférence nationale des salariés du public et du
privé avec 600 participants le 9/2 ; relance de l’opération Besancenot à
l’occasion de la sortie de son livre ; promotion tout azimut ; dans le
dernier JDD par exemple, une demi-page en politique intérieure et un
article à la rubrique spectacle ( sur sa larme à l’oeil face aux
critiques du Crif...) ; en même temps, des commentaires critiques sur
cette "personnalisation à outrance".

/*LO :*/ commentaires convergents pour expliquer que l’ouvrage de "Hardy"
vise à répondre à un malaise interne de cette organisation ( score de
Laguiller, organisation sectaire, non désistement au second tour...).

Laguiller présente dans plusieurs émissions télé, notamment sur M6 le
9/2 ("Le mystère Laguiller") : une femme pas comme les autres, simple,
qui travaille, qui vit en Hlm...Mise en difficulté sur le sectarisme de
LO, son refus affiché de voir ses militants se marier et avoir des
enfants...

Il n’empêche que dans un sondage BVA (Figaro, 12/2) les trois
personnalités les plus représentatives de l’opposition seraient Hollande
(19%), Laguiller (17), Delanoë (14) !

/*Madelin*/ : le retour ? il se multiplie dans la presse pour encourager
le gouvernement dans ses projets les plus libéraux ( ISF, création
d’entreprises, etc...) ; très pro-américain.

/*UMP*/ : article collectif de jeunes cadres et élus de ce parti pour en
défendre l’orientation : " Sans u profond renouvellement du militantisme,
nous n’avons aucune chance de combler le fossé entre les électeurs et
les élus".

Élection des directions départementales début mars ; difficultés
persistantes à Paris ; l’UMP accueille une association d’homosexuels, Gay
Lib, affiliée à Démocratie libérale.

La revue du RPR, " Une certaine idée", disparaît ; elle est remplacée par
une revue "plus intellectuelle" dixit l’UMP, dirigée par Valérie
Pécresse, député des Yvelines et ex conseillère de Chirac.

/*Extrême droite*/ : multiplication d’articles sur l’apparition de
groupuscules d’ extrême droite, avec un public jeune, violent.

/*PS*/ : Mauroy sort ses "Mémoires" chez Plon ; il accorde un entretien au
Figaro : " Nos instances doivent redonner de la place à des représentants
de la classe ouvrière".

Les complaisances de ce parti avec le pouvoir ivoirien dénoncées dans de
nombreux papiers.

/*Verts*/ : A noter des alliances Verts/Conservateurs en Autriche ( en
voie de constitution) et dans une grande ville d’Allemagne.

/*Nota bene*/ : le dernier film de Pascal Bonitzer, "Petites coupures"
met en scène un journaliste communiste ( Daniel Auteuil) dont les
convictions vacillent. Genre de répliques :

 Comment pouvez-vous être communiste après tout ça ?
 Tout quoi ?
 Ben, le Mur...

*Mouvements des idées*

*Note n°24 ( 28/02/03)*

1) L’Etat et l’entreprise : alors même que le gouvernement affiche une
option plus ouvertement libérale, une inversion de tendances
intéressante s’opère dans l’opinion : les partisans d’un contrôle accru
de l’Etat sont aujourd’hui majoritaires ; les tenant du libéralisme "pur"
s’affaissent. C’est ce qui ressort du dernier sondage Sofres/Le Figaro
Economie (25 février). Selon cette enquête, cette inversion s’est
amorcée à partir de l’été 1998 : c’est à cette époque que les tenants de
de la liberté aux entreprises sont au plus haut alors que les partisans
du contrôle sont eux a plus bas ; depuis cette date, les courbes se sont
inversées, pour se croiser début 2003 et poursuivre depuis leur
dynamique propre.

Le journal craint " un véritable refus, un doute vis à vis des règles
capitalistes de base".

A retenir encore de cette enquête : les électorats les plus
"interventionnistes" sont dans l’ordre décroissant ceux du : PCF,
écologistes, PS, UMP, FN, UDF ; la cote des chefs d’entreprise est en
baisse ; forte majorité pour dire que l’entreprise doit être citoyenne (
et pas seulement économique) ; que les salariés doivent être la priorité
de l’entreprise ( 83% contre 8% pour les actionnaires !) ; les PME ont la
cote ; créer une entreprise ne fait guère rêver ; pour une mobilité
professionnelle ; les charges sociales pénalisent l’entreprise !

2) Légitimité du capitalisme : Multiplication d’articles - non plus
dans les pages "Idées" mais "Economie" des médias- s’interrogeant sur la
crise du capitalisme. Plein de précautions mais où pointe une réelle
inquiétude. Ainsi dans Le Monde Economie du 25/02 (pVI) la tribune de
l’universitaire Christian Saint Etienne, proche du monde patronal : "
Simple crise boursière ou crise du capitalisme ?". Sa thèse : " aucun
acteur significatif ne remet en cause, /*pour l’instant*/, l’économie
des marchés décentralisés et la liberté d’entreprendre, car il n’y a pas
d’alternative crédible. En revanche, il y a une crise partielle de
régulation du capitalisme".

Il s’alarme d’une "crise sociale montante", de l’image dégradée des
actionnaires, du mauvais gouvernement d’entreprise, des manipulations
d’argent (stock options, ...). Sa conclusion est très sombre....pour le
capitalisme.

La presse économique, inquiète, remet quotidiennement sur le tapis la
question de "l’eronite" : et si ce n’était pas qu’un mal américain ; et si
l’Europe à son tour était touché. L’exemple de Vivendi dérange.

Voir aussi " Les leçons d’Enro", Marie-Anne Frison Roche, Autrement ; le
dossier du Monde du 14/2 ( " Les analystes financiers en quête de
légitimité") ; et le beau dossier de "Le Monde/Economie" ( 18/02) sur la
quasi-impossibilité de la chasse aux "patrons voyous".

3) Les dessous du capitalisme français : comme en prolongement du débat
(avorté) sur le contrôle des fonds publics, et faisant écho aux procès
du Crédit Lyonnais, Olivier Toscer, journaliste au Nouvel Observateur,
sort aux éditions Denoël " Argent public, fortunes privées". Sa thèse :
une gande partie du capitalisme français s’est constitué à partir d’un
favoritisme d’Etat : cession de patrimoines, privatisations. C’est le cas
de gens comme F Pinault, B Arnault, V Bolloré, JL Lagardère. Il montre
la partialité des tribunaux de commerce, la complaisance de la COB,
l’interpénétration des personnels politiques et de l’entreprise (
Strauss Kahn, Longuet..).

4) Classes sociales. La lutte des classes suppose l’affrontement de
catégories antagoniques qui se vivent et se reconnaissent comme telles.
Le problème est que la conscience de classe semble être ces temps ci
l’apanage de la bourgeoisie. Ce sujet revient de manière lancinante dans
l’actualité. Et de manière parfois impromptue. Ainsi Claude Chabrol
présente son dernier film "La fleur du mal" comme un nouveau voyage en
bourgeoisie : " Simplement parce que la bourgeoisie est la seule classe
sociale qui existe encore maintenant, qui est reconnue comme telle et
qui veut se perpétuer comme telle". Ce que confirment tous les travaux
des sociologues Pinçon-Charlot sur la grande bourgeoisie.

Ressort en livre de poche " Les intellos précaires" d’Anne et Marine
Rambach (Hachette) sur cette catégorie sociale jeune, surdiplômée et
déclassée, devenu un phénomène de société.

5) Intellectuels catholiques : plusieurs enquêtes évoquent un nouvel
engagement des intellectuels catholiques ( instituts de formations ;
nouvelles revues ; multiplication de colloques, de "cafés théologiques",
fonctionnement en réseaux). Aucune figure n’émerge vraiment mais il y
aurait un "vivier prometteur", estime Le Figaro ( samedi 15/02).
Originalité de ce renouveau catholique : " l’autonomie moderne est très
fortement intégrée au catholicisme : le bonheur personnel fonde la
relation à Dieu, une distance est prise envers l’autorité qui doit
justifier sa légitimité. Il n’est pas sûr que tous les intellectuels
catholiques seront des confessants" (Paul Airiou, historien, op cit).

6) L’école : Christian Laval sort aux éditions La Découverte " L’école
n’est pas une entreprise. Le néoliberalisme à l’assaut de l’enseignement
public" ; il montre comment un nouveau modèle scolaire se met en place,
comment les "recommandations" des experts ( Europe, OCDE, ...) sont
suivies : mise en concurrence, marchandisation des savoirs, renforcement
des inégalités ; l’auteur évoque aussi les résistances.

7) Guerre, France/Irak : premiers écrits globalisant ou théorisant la
nouvele situation. Par exemple G A Slama tente de systématiser la crise
Paris/Washington en montrant comment les USA s’installent dans la
posture du gendarme et comment la France recourt à une rhétorique du
droit (Le Figaro, 24 février) ; dans le même journal, Daniel Bensaïd
estime qu’"à l’époque de la mondialisation marchande, la guerre sans
frontières devient une guerre globale, illimitée dans le temps et
l’espace"(26/2).

A noter aussi des inquiètudes croissantes aux Etats Unis mêmes de hauts
responsables ( les directeurs de la CIA ou du renseignement militaire)
sur les risques d’une mondialisation trop déséuilibrée et entretenant un
anti-américanisme croissant ; sur les dangers d’inégalités trop vives (
un chiggre : d’ici quinze ans, le monde comptera 1 milliard d’individus
de plus, dont 95% viendront des pays émergents" ! (Le Monde du 18/2)

8) Proximité : de nombreux papiers font écho à de nombreuses luttes, du
moins à de nombreus signes de mécontentement face à la suppression
massive de services de proximité : hopitaux, maternité (10 000
manifestants à Paimpol !), lignes ferrovières, agences de la banque de
France. Alors même que le discours de Raffarin a usé et abusé de ce
terme, alors que le pouvoir justifie la décentralisation au nom de la
proximité, alors que la précédent remodelage des gendarmeries avait
suscité des résistances nombreuses dans le pays, voici qu’il remet en
place et accélère- au nom du modernisme, de la productivité, etc..., un
processus de recentralisation tout à fait impopulaire. ( La condanation
par Sarkozy de la police de proximité participe de ce mouvement).

9) Le Monde : beaucoup de bruit (pour rien ?) autour du livre de Péan et
Cohen " La face cachée du Monde" (Mille et une nuits). Le journal parle
de "roman policier", et monte en épingle les formulations les plus
outrancières du livre. Il ne répond pas à certaines critiques (
penchants néo-balladuriens en 1995 ; rôle de l’alliance
Colombani-Plenel-Minc). Un ouvrage qui fédère sans doute des règlements
de compte croisés ( mitterandiens, chiraquiens, monde de la presse et de
l’édition...).

10) Partis

Raffarin : nombreux papiers sur la "fin" (?) de son image consensuelle,
qui serait confirmée par une batterie de sondages ; nombreux
commentaires aussi sur le fait que Chirac contrôle et supervise tous les
choix gouvernementaux.

UMP : entre le 1er et le 20 mars, chaque fédération devra élire son
comité départemental et son président (NB : les secrétaire fédéraux eux
sont désignés par Paris) ; un certain effort militant ; inauguration de
nouvelles permanences ; opération "portes ouvertes" ; débat en mars sur
les retraites ; parle de 10 000 adhésions depuis la fin janvier. Une
crainte formulée par le secrétaire au débat interne : " Les gens qui nous
disent : Vous êtes inutiles !".

On parle d’"interrogations" à la commission executive de l’UMP sur la
politique irakienne de Chirac. "Personne ne remet en cause la stratégie
du Président mais...." (Le Figaro, 18/2).

Parti unique de la gauche : thème régulièrement relancé ; cf Le Monde
25/2. Tout est remis, dit l’article, à l’après congrès ( PS et PC) ;
Hollande se prononce pour des "forums décentralisés de la gaucheé et
envisage " une démarche d’alliances fondée sur un contrat de gouvernement".

Verts : crise persistante à la direction suite aux propos de Lemaire
qualifiant de "basse police" l’attitude de Delanoë dans l’affaire des
sans-papiers ; divisions entere courants et au sein même des courants.

FN : avalanche d’articles sur les divisions supposées de la direction du
parti lepeniste ; guerre de chapelles.

PS : Tribune libre de Manuel Valls justifiant les sanctions contre
l’outrage au drapeau ( Le Monde14/02)

A noter au chapitre de la crise de la social-démocratie européenne le
divorce au Danemark entre le syndicat (LO) et le parti social démocrate ;
la rupture de ce lien centenaire annonce-t-il d’autres crises du même
type en Europe ( Grande Bretagne ? Allemagne ?).

Dans les "Mémoires" de Mauroy (Plon), le dirigeant socialiste réaffirme
avec force son crédo : " Non, il n’existe pas de troisième voie entre le
communisme et le capitalisme ; la rupture est une chimère dangereuse".

PC : la politique du silence des médias se poursuit ; dernier exemple : la
censure à peu près complète des positions communistes lors du débat
parlementaire sur l’Irak.

*Mouvements des idées*

*Note n°25 ( 7/03/03)*

1) Moral des Français : le dernier indicateur résumé d’opinion de
l’Insee traduit une forte chute du moral des ménages. : -17 en décembre,
 22 en janvier, -26 en février. " Un niveau bien inférieur à la
confiance moyenne de ces quinze dernières années". Ce n’est pas encore
la "déprime" de décembre 1995 mais les premières comparaisons se font
avec cette période. Un niveau d’inquiétude face au chomage qui n’avait
pas été atteint depuis 10 ans. Grosse inquiétude aussi sur le niveau de vie.

2) Sus à l’Etat : en ces temps où la droite semble hésiter sur ses
priorités économiques, la mise en cause de l’Etat est chez elle un
discours fédérateur et obsédant. Il est tout à la fois question
d’imposer un régime minceur aux administrations (Raffarin, UMP) ; de
décentraliser-démanteler un lourd contingent de fonctionnaires ; de
mettre en concurrence les établissements scolaires ; d’utiliser des
scandales récents ( France télécom) pour mettre en accusation les
entreprises publiques ( commission d’enquête parlementaire de
Douste-Blazy) ; d’aligner la gestion des entreprises publiques sur le
privé ( rapport Barbier de la Serre remis à Mer), entendu comme première
étape vers un désengagement plus systématique, des ouvertures de capital
et une privatisation systématique ( cf Arthuis sur la fin de
l’Etat-actionnaire).

Sur la décentralisation libérale, voir l’article de Roland Hureaux dans
"Débats" qui montre que cela devrait en fait démultiplier les pôles
bureaucratiques ( et les prélèvements fiscaux).

3) Religion. L’évocation dans le préambule d’une "Constitution"
européenne des racines religieuses de l’Europe suscite de nombreux
commentaires. A noter notamment les propos de Dominique Wolton (CNRS) in
Libération selon lequel " les questions métaphysiques, la spiritualité,
la religiosité (me) paraissent être plutôt devant nous que derrière". Il
est favorable à ce qu’on écrive que ces racines religieuses font partie
du patrimoine culturel au sens large. Le nier risquerait d’avoir un
effet boomerang, de favoriser paradoxalement l’intégrisme ( cf le
modernisme à marche forcée au Moyen Orient qui a fini par faire le jeu
du fondamentalisme).

De Wolton, signalons " l’Autre mondialisation" chez Flammarion.

4) Insécurité : retour en force de ce thème qui s’était un peu émoussé,
vu l’actualité sociale et internationale et une certaine lassitude face
à la " sarkozyte". Toutes les conditions sont cependant réunies pour le
faire rebondir : voir cette semaine par exemple les efforts renouvelés
des médias, audiovisuels singulièrement, à partir d’une actualité riche :
dealers de la Sorbonne, émeutes de Nîmes, relance de l’affaire Voise à
Orléans, mise à sac d’un lycée (par des enfants de bonne famille,
dit-on), renouveau des charters...Participe de cette "relance" sans
doute l’hommage récent ( et nouveau) de Chirac à Sarkozy.

Manipulation éhontée des statistiques : on parle de baisse d’insécurité
quand le chiffre des crimes et délits est à la hausse.

Sur la gauche et la sécurité, voir le dernier numéro de Débat (n°123),
notamment l’article de JP Le Goff qui, au passage, déplore que " la
psychologie et la morale prédominent sur l’analyse économique et sociale
et le changement des mentalités se substitue au changement de société".

5) Presse : Et si l’affaire du livre de Péan sur Le monde n’était
qu’un moment d’un retour critique de la presse sur elle même ? A noter la
multiplication d’articles et de livres sur le métier de journaliste. Tel
" Les petits soldats du journalisme" de François Ruffin ( Les Arènes
éditeur) sur le conformisme du CFJ, le centre de formation ; les remises
en causes au CFJ même du métier. A lier aux questions de concentration
dans la presse, au statut des NMPP, à la place de la publicité, les
rapports presse/argent.

6) L’Est et (dans) la communauté européenne : cette question devient
lancinante. Comme si on mesurait peu à peu le poids que pourraient jouer
ces pays au sein de l’Europe : religiosité, atlantisme, ultralibéralisme
( Cf le papier d’Alain Beuve Méry montrant comment ces pays - et les
ex-communistes...- ont adopté sans nuance le "modèle anglo-saxon"),
dumping social, délocalisations.

Bon dossier du Monde/Economie du 4 mars à ce propos montrant comment cet
élargissement risque de tirer l’ensemble européen vers le bas.
L’universitaire Francis Kesseler va jusqu’à parler, en matière de
retraites, de "l’apport de l’Est". Thème : " Certains pays ont fait le
choix de maintenir les anciennes pensions très faibles et d’accepter la
pauvreté de cette catégorie".

7) Travail : plusieurs ouvrages intéressants sur le sujet. Par exemple
l’ouvrage de Philippe Zarifian, " A quoi sert le travail ?" ( La Dispute)
où il développe la contradiction : travail = émancipation ET aliénation.

Autre étude de Jocelyne Barreau, " Quelle démocratie sociale dans le
travail ?" (Presses universitaires de Rennes) où l’on reprend les termes
d’un colloque où universitaires et syndicalistes ont échangé sur la
question de la citoyenneté des salariés : notion (et avenir) de la
démocratie sociale ; PME ; rôle des syndicats ; loi et négociation.
Le monde ouvrier est le thème du festival Cinéma du réel qui commence le
7 mars à Pompidou. Et sortie en salle du documentaire " Rêve d’usine" de
Luc Decaster.
Lire aussi "Ouvrière" de Franck Magloire (Aube) ou une vie à Moulinex.

Toujours sur le travail, lire l’entretien du PDG de Schneider, Henri
Lachman (Figaro/Economie), typique du discours patroan aujourd’hui. Si
crise il y a, c’est parce que " nous sommes dans une société qui est
devenue celle du "non-travail", du "non-effort" et de la
"non-responsabilité" et souvent des "non-valeurs". Si crise il y a, elle
est à mon sens plus d’ordre sociétal et politique. La crise économique
n’explique pas tout."

8) Violences sociales : plusieurs études sur la radicalisation des formes
de luttes ouvrières depuis 2000 et l’épisode Cellatex. Affaires
Pechiney, grèves de la faim à Martell.

Il s’avère que 50% des victimes des plans sociaux sont des ouvriers ; et
60% d’entre eux sont encore au chômage un an après la fermeture de l’usine.
Voir Christian Larose(cgt textile)/ Michel Debout sortent à VO Editions
" Violences au travail".

9) Patrons voyous : signe des temps, Montaldo s’en prend aux financiers
véreux. Après les finances du PCF puis les dérives mitterrandiennes, il
s’en prend dans " Le Marché aux voleurs" (Albin Michel) aux banquiers,
patrons et analystes financiers ! Au point que Le Figaro se demande s’il
ne serait pas devenu communiste ! Son pamphlet est très virulent mais en
fait il prône un modèle de criminalisation des infractions boursières à
l’américaine.9

10) Partis

UMP : On parle ( Juppé) de 100 000 adhérents. Une estimation " à la
louche" écrit Le Figaro. En fait incertitude complète sur le chiffre
d’adhérents. Nombreuses critiques de l’Elysée contre le peu de
"visibilité" de ce nouveau parti. Mise en place des structures
départementales. Lancement d’une campagne militante sur les retraites :
200 "lieux d’écoute", 80 parlementaires mobilisés, 2 millions de
questionnaires/cartes postales, forum électronique (www.u-m-p.org). Fin
de la campagne : 15 mars. Il serait question d’utiliser les réponses aux
cartes comme une sorte de "référendum" pro gouvernemental. Mais les
questions posées sont d’une totale généralité, d’une absolue prudence (
cf Figaro , 5/3).

Verts : Assez peu prèsents dans l’actualité proprement politique, les
Verts parviennent cependant à occuper abondamment le terrain médiatique ;
échos multiples donnés aux débats de sa direction, à sa fédération de
Paris, présence tout azimut de N. Mamère.

Forums : la formule des "forums" fait florès ; le PS parle de "forums
décentralisés" après son congrès en direction des autres formations de
gauche. L’UMP propose des "forums départementaux" pour ses débats
thématiques.

PS : peu de débats d’idées dans la perspective du congrès. A noter
l’importance accordée à la question de l’Europe. La presse souligne que
la direction est (re)devenue Europe fédérale mais sa base est sceptique
( cf Libération du 1/3).

A noter dans la dernière prise de position publique de L. Jospin (Le
Figaro, 28/2) un développement fort et nouveau contre l’abandon de la
règle de l’unanimité.

PS : Hollande reprend la revendication d’Aubry : 35h pour tous. Cette
semaine sort de Gérard Filoche " Vive les 35 heures ! Leçons d’un échec
pour une gauche à reconstruire" (Denoël) ; il y propose le passage aux 35
heures pour tous et une mobilisation de la "base naturelle" de la gauche
autour de cette revendication.

Trostskisme : table ronde Gaucher/Raynaud/Courtois/Pomian sur les raisons
du score d’extrême gauche le 21 avril ; pour Courtois, c’est un signe de
"l’enracinement du communisme" en France ; on parle même des racines très
profondes du courant léniniste en France " remontant aux controverses
jansénistes et à leurs effets"...

*Mouvements des idées*

*Note n°26 ( 14/03/03)*

1) Crise du capitalisme : multiplication - avalanche devrait-on dire-
d’articles alarmistes dans la presse économique, par exemple " Il faut
sauver le capitalisme" en Une du Figaro/Entreprises du 10 mars ;
multiplication de livres pamphlets de libéraux au nom d’une morale du
marché : outre Montaldo déjà évoqué, citons "Ils vont tuer le
capitalisme" de Claude Bébéar (Plon), ou " Saving capitalism from the
capitalists" de deux universitaires de Chicago, Rajan et Zingales, aux
éditions Crown Business.

Tous signalent que la conjoncture n’y est pour rien, que le capitalisme
est en crise profonde " depuis deux ans" ; ils demandent un débat public
sur la question, signalent que la confiance envers le système est bien
entamée ; ils dénoncent les "voyous et les supervoyous" ( cette
phraséologie est contestée par certains patrons qui redoutent un
discrédit de toute la "corporation") ; en appelle à une "nécessaire morale".

Voir aussi le rapport de l’Institut Montaigne, où le même Bébéar joue un
rôle actif, qui dit en préface : " Il arrive que les capitalistes
compliquent la tâche de tous ceux qui croient aux vertus du capitalisme".

Voir encore " Pour une régulation éthique du capitalisme", Christian
Hoarau, Le Monde/Economie, pg VI ; ou " A boulets rouges sur les patrons
indélicats" ( Le Figaro/Economie, p.I, 10 mars).

2) Capitalisme éthique : comme en écho à ces inquiétudes s’élaborent
des projets de capitalisme éthique, se mettent en place des structures
qui donneraient en quelque sorte des labels de moralité aux entreprises.
C’est le cas de " l’agence de notation sociale" ( Vigeo) de Nicole
Notat, financée moitié par des syndicats ( CFDT et correspondants
européens), moitié par de grandes entreprises. Dont AXA de Bébéar,
décidément très actif sur ce front. Une page de présentation du projet
dans Le Monde du 13 mars.

3) Pendant la pré-guerre, on démantibule l’Etat : ce pourrait être, à
peine caricaturé, le résumé du discours ambiant dans la presse
gouvernementale. Sous le vocable de "Réforme de l’Etat" et au nom de
principes très généraux ( débureaucratiser, décentraliser, déconcentrer,
améliorer le fonctionnement de l’Etat, simplifications administratives),
le pouvoir maintient le cap d’une politique de désengagement tous
azimuts, en cela bon élève des réglementations européennes.

Un projet qui passe par une cure d’austérité pour les administrations,
la tentative de réduire les effectifs des fonctionnaires (ne remplacer
qu’un départ sur deux, dit Bercy), la réforme des marchés publics, la
relance ces privatisations, etc...

Il est symptomatique que le personnage qui s’affiche le plus volontiers
sur ces dossiers ces jours ci soit Alain Madelin, devenu une sorte de
gourou libéral de démontage d’appareil étatique et prodiguant à tout
vent ses conseils

A noter le coup de main à Raffarin donné par Roger Fauroux, ex ministre
de Rocard (Libération, 12 mars) sur cette question d’un "Etat modeste" :
c’est le théoricien type du social-libéralisme.

4) Retraites : Le sondage Sofres/Le Monde/RTL sur les Français et la
retraite (13 mars - entre parenthèses, c’est la première fois pour ce
genre de sondage que la "préférence partisane PCF" est purement et
simplement gommée !) semble livrer un double enseignement : le
gouvernement est loin d’avoir la partie gagnée ( méfiance persistante,
disponibilité à une mobilisation), on s’y attendait un peu ; mais ce qui
serait nouveau, c’est un certain fléchissement de l’opinion, une
certaine pénétration des idées de la droite, un certain fatalisme ( sur
la durée de cotisations, l’alignement public/privé). La méthode
gouvernementale qui rappelle les raffarinades du début ( pseudo
concertation, rondeurs, divisions...), le silence syndical après un
début en fanfare y sont pour quelque chose. " C’est l’effet d’une assez
bonne communication du gouvernement" croit pouvoir dire Matignon.

5) Féminisme : Succès de la marche du 8 mars admis par la plupart des
médias.

Plusieurs études pointent le nouveau discours du machisme et du sexisme :
voir l’entretien de Jacqueline Costa-Lascoux (CEVIPOF) in Métro du 6
mars à propos du sexisme ( croissant) au lycée ; le dossier de "Politix"
sur la parité ou comment le propos dominant s’adapte ; l’analyse de
Catherine Vincent ( Le Monde, 16 février) sur l’incroyable succès d’un
best-seller américain ( trois millions d’exemplaires, 33 pays)
"théorisant" l’inégalité" homme/femme en relançant le débat sur le sexe
du cerveau : "Pourquoi les hommes n’écoutent jamais et les femmes ne
savent pas lire une carte routière" de A et B Pease, ou " Pourquoi les
hommes mentent et les femmes pleurent"...

6) Attractivité : ce thème fait régulièrement surface ces derniers
temps. Il s’agit d’un des principaux points de l’argumentaire de la
droite pour justifier sa dérive libérale. La France n’est pas
"attractive" ( bureaucratie, fiscalité) ; il faut dons la "libéraliser".
Ce thème est vivement combattu dans Les Échos du 12 mars par Pierre
Soulages. Assez bonne argumentation pour défendre " une France forte de
son attractivité, compétitive, capable d’avoir un modèle social cohérent
et développer en même temps une efficacité économique".

7) Bourdieu : des universitaires de la mouvance LCR, autour de la revue
Contre-Temps, éditions Textuel, et le centre Pompidou (BPI) ont tenu un
colloque sur " Pierre Bourdieu : les champs de la politique". Animateur
Philippe Corcuff. Présence de sociologues comme Gérard Mauger, Sylvia
Faure, Bertrand Geay, le psychanalyste Markos Zafiropoulos, l’artiste
Daniel Buren, le journaliste Sylvain Bourmeau, la syndicaliste Annick
Coupé. Le même Corcuff ( chroniqueur à Charlie Hebdo) signe " Bourdieu
autrement, fragilités d’un sociologue de combat" (Textuel), une sorte de
Bourdieu à l’usage du mouvement social.

8) Islam et politique : nombreux travaux sur l’Islam et l’Occident
réalisés par des musulmans européens. Classification un peu rapide entre
un islam de gauche, représenté par Tariq Ramadan, qui travaille la
morale sociale, l’engagement dans la cité, tente une synthèse entre la
mouvance antimondialiste et un islam réformiste ( cf Les Musulmans
d’Occident et l’avenir de l’islam, éditions Sindbad) ; un islam de
droite, avec Tareq Oubrou, qui s’intéresse plus à la morale privée, la
place de la femme : voir ses entretiens avec Leïla Babès, " Loi d’Allah,
loi des hommes" (Albin Michel, 2001).

A regarder aussi l’ouvrage à paraître de l’anthropologue Dounia Bouzar,
" L’une voilée, l’autre pas" ; un portrait de femme française, musulmane,
moderne. Proposée par Sarkozy pour intégrer le Conseil du culte musulman
( seule femme). Boudée par le reste du Conseil.

9) Le Monde : réactions parfois un peu fébriles de la direction du
Monde au livre de Péan/Cohen ( pages entières de réponses, mobilisation
des collectifs du journal, collaborateurs prestigieux - Solé,
Schneiderman, Plantu- tancés), une attitude d"assiégés" dit justement P
Appel-Muller ; le trio Colombani/Minc/Pleynel s’est-il senti destabilisé ?

10) Partis

UMP : rumeurs ( et articles, cf Le Monde, 11/03) persistantes sur le
poids des ex-RPR au sein des structures départementales du nouveau parti.

Sondage BVA sur le meilleur représentant de la majorité : Sarkozy 49 ;
Raffarin 44 ; Juppé 21.

FN : divisions de la direction dans la perspective du congrès.

Rappelons l’existence de la lettre " Alerte citoyens", un mensuel édité
par Réseaux citoyens, 21 ter rue Voltaire, 75011) qui propose une revue
des morceaux les plus significatifs de la presse lepeniste.

PS : Conseil national samedi 15 mas où seront arrêtés les (cinq ?) motions
mis au vote du congrès.

Débats surréalistes sur l’attitude à l’égard du "camarade" Gbagbo.

Verts : décision sur leur attitude aux régionales arrêtée à leur conseil
national interregional de juin ; plutôt vers des listes autonomes mais ce
sont leurs instances régionales qui décideront en dernière instance...

Madelin : congrès fondateur ce week end des "Cercles libéraux" dont il
est le président.

Laguiller : critique la politique irakienne de Chirac qui n’empêcherait
en rien les Usa d’agir...

*Mouvements des idées*

*Note n°27 ( 21/03/03)*

1) Volontarisme social : Malgré les bruits de botte et les premiers
appels à l’union nationale, l’opinion continue d’affirmer avec vigueur
ses insatisfactions sociales.C’est ce qui ressort de l’enquête d’opinion
Libération/AOL/Louis Harris des 14/15 mars. Non seulement le social
reste au coeur des préoccupations : la paix préoccupe 51% des sondés
mais tout de suite après on trouve le chomage (45%) ou les
retraites:37% ; il y a même 78% des personnes interrogées qui redoutent
(pour eux ou leurs proches) de se retrouver au chomage dans les mois à
venir ! Mais la grande majorité des sondés refuse l’idée que la
régression sociale serait fatale ; ils sont nombreux à n’accorder "aucune
confiance" dans l’action du gouvernement sur ce sujet (67% !) et surtout
ils pensent qu’on n’a pas tout essayé, qu’on peut faire autrement : trois
Français sur quatre (74%) répondent "oui" quand on leur demande si la
France a "les moyens de mener une politique créatrice d’emplois" ; ils
sont "57%" à penser aussi que le pays peut "réformer les retraites sans
rédire le montant des pensions".

2) Valeurs : alors que s’ouvre le Salon du Livre de Paris, on parle
beaucoup de l’explosion des livres consacrés au "développement
personnel", ou "livres psy". Une progression de 62% en un an. Dans le
même temps surmédiatisation du phénomène psy, tentative de faire de
cette discipline une nouvelle religion. Certains saluent " ce mouvement
planétaire vers l’individualisme psy ou le développement personnel, avec
les grandes valeurs d’autonomie, d’indépendance, de liberté,
d’expression de soi".

D’autres remarquent que cette "littérature de l’intime se développe
lorsque la société s’efface au profit de la personne." ; il y voient le
"triomphe du JE sur le NOUS collectif. La disparition des idéologies, le
recul de la religion entraînent les individus à privilégier leur bien
être personnel".

A noter toutefois le propos de Dominique Mehl ("La bonne parole", La
Martinière) : " Pour se repérer, l’individu a besoin de se comparer ; donc
cela implique un regain d’échanges et de communication".

3) Chômage : stimulante étude de Margaret Maruani, chercheuse du CNRS
spécialiste des inégalités hommes/femmes, dans " Les mécomptes du
chômage" (Editions Bayard). Sa thèse est proche de celle du rapport de
Fitoussi/Castel/Guaino, " Chômage, le cas français", chiffrant en 1997 à
près de sept millions le nombre de personnes plus ou moins touchées par
les difficultés de l’emploi. Maruani estime que les frontières entre
chômeurs, salariés précaires, travailleurs pauvres et inactifs sont
floues ; que les chiffres sous-estiment la ré"alité ; et que les femmes
sont particulièrement discriminées. Elle montre que la situation est
parfois pire dans des pays voisins pourtant montrés parfois en exemple :
en Grande Bretagne, une femme mariée dont le conjoint a des ressources
"suffisantes" (?) n’est pas indemnisée quand elle est au chômage.

Lire, sur une question similaire, Claudine Ducol ( TC, 13 mars) qui
évoque la sociologue Danièle Linhart ( "Perte d’emploi, perte
d’identité", éditions Eres) : " Il faudra bien un jour que la société se
reprenne et reconsidère la hiérarchie de ses valeurs. Qu"elle accepte
l’idée qu’avant l’économie et ses lois, il y a l’être social".

4) Crise de la presse et malaise social : bon papier de Hervé Kempf (
Le Monde, 14 mars) montrant que le livre de Péan/Cohen participe d’une
attitude générale de défiance à l’égard de la presse, et de la distance
prise par ces médias avec la réalité : la preuve en est l’incapacité de
cette même presse à prévoir ou entrevoir le cataclysme du 21 avril
dernier. D’où la necessité pour les journalistes de "réinterroger leur
pratiques" et de se "mettre autant à l’écoute du peuple que des
pouvoirs.(...) L’information ne gît pas seulement dans les réseaux
cachés des oligarchies mais au coeur palpitant de la société".

5) Antifascisme : succès persistant de l’opuscule " Matin brun" de
l’écrivain Franck Pavloff. Fable simple sur l’indifférence face à
l’intolérance dont le chiffre de vente approche les 400 voire 500 000
exemplaires.

Comme en contre-feu, des études ne cessent de paraître sur
la"supercherie" que constituerait l’antifascisme, manipulé par la
gauche. Voir par exemple P.A. Taguieff, " L’illusion antifasciste. La
gauche et le terrorisme intellectuel". Ce chercheur du CEVIPOF estime
que la gauche a instrumentalisé "l’illusion fasciste" pour disqualifier
certains intellectuels. Ce pamphlet fait suite aussi à la querelle sur "
les nouveaux réactionnaires".

6) /Engagement/ : Sort chez Denoël "Qui veut tuer la démocratie ?" de
Marie-Laure Meyer, adjointe PS au maire de Nanterre, victime de
l’attentat de mars 2002. Un ouvrage sur l’engagement (vie quotidienne
d’une élue de banlieue ; pourquoi s’engager ; démocratie ou dictature, la
seule alternative ; à quoi servent les partis politiques ; tous citoyens)
et sur la crise de la politique : " Pourquoi une telle profanation de la
démocratie ? comment la haine des politiques peut elle gagner certains de
nos concitoyens jusqu’à les pousser au crime ? comment restaurer notre
vie démocratique ?" dixit Delanoé dans la préface.

Sur un thème proche, voir " Citoyens debout ! Plaidoyer pour une vraie
démocratie" du journaliste allemand Ulric Wickert ( éditions Félin).

7) Jeunes : plusieurs articles ces derniers temps sur la situation
dégradée de la jeunesse sous Raffarin. Notamment le dossier chiffré du
Monde/Emploi (18/02, p VII) intitulé " Les jeunes, premières victimes
des hésitations du gouvernement" qui montre bien comment cette
génération est touchée de plein fouet par un double mouvement : le
gouvernement ne concrétise pas ses promesses alors même qu’il défait les
réalisations de son predecesseur.

8) Antisémitisme, communautarisme : avalanche d’articles et d’études
sur les violences racistes, singulièrement à l’école ; réunion de chefs
d’établissements au ministère de l’Education ; multiculturalisme et
modèle républicain ; tentative aussi d’assimiler antimondialisme ou
solidarité propalestinienne et antisémitisme ; cri d’alarme lancé par les
profs d’Histoire ( contre le particularisme et le différentialisme, pour
la laicité républicaine et la paix sociale) ; une "rumeur" - partie des
USA- qui enfle avec la guerre : celle ci serait voulue par " les lobbys
juifs".

9) URSS : A lire " Le siècle soviétique" de Moshe Lewin, universitaire
américain originaire des pays baltes (éditions Denoël/Le Monde
diplomatique). Une vision distanciée, renouvelée, à base d’archives
solides et insistant sur une certaine autonomie de la société soviétique
face au pouvoir politique, même aux pires heures.

10) Partis

UMP : sondage BVA/Le bleu de la profession politique, redoutable pour
l’image de ce parti, assimilé par l’opinion à un parti de "notables",
d’"élus", de "cadres" alors que l’UMP fait effort pour se présenter
comme une formation de militants ? Congrès en juin.

PS : Les orientations d’Emmanuelli et de Montebourg se prononcent contre
l’élargissement de l’Europe.

Tribune de Régis Passérieux dans Le Figaro (14/3) sur " les trois
maladies du PS". Il appelle le PS " à choisir son capitalisme".

Sans le vouloir sans doute, le papier de Michel Noblecourt ( La
laborieuse reconstruction du Parti socialiste, Le Monde, 17 mars) montre
le vide d’idées qui caractérise la préparation de ce congrès.

PCF : faisant pourtant écho à une des plus grandes polémiques de ce
dernier demi-siècle, est passée presque inaperçue cette affirmation du
Monde (16/03, pg 22) à propos de la sortie du livre "
Moscou-Paris-Berlin" sur les archives du Komintern (éditions
Taillandier) : " Contrairement à ce qui a été écrit, le virage antinazi
du PCF commence avant l’invasion allemande de l’URSS le 22 juin 1941".

Madelin : a réuni les "Cercles libéraux". Prétend " repeupler le désert
des idées politiques" ; s’en prend au courant antimondialiste "orphelinat
des idées marxistes".

Souverainistes : une page du Figaro sur la préparation des européennes
par les souverainistes, pour l’heure très divisés.

*Mouvements des idées*

*Note n°28 ( 28/03/03)*

1) Politique et guerre : la législative d’Eure et Loir, gagnée par le
PRG, avait sa spécificité ; en même temps quelques commentaires ( Le
Monde, Le Figaro) indiquent que la campagne n’a pas porté sur la guerre,
ni sur la sécurité d’ailleurs mais sur les questions sociales. Déjà un
sondage évoqué ici la semaine passée montrait la force de la question
sociale qui ne se laisse pas éclipser (?) par les enjeux internationaux.

Sur "l’absence" de la question guerre/paix dans le débat électoral : le
quasi consensus entre formations ( Chirac plus soutenu par l’opinion de
gauche que par celle de droite, dixit BVA/Paris Match) empêche dans une
certaine mesure de s’opposer sur cet enjeu.

Mais déjà les atlantistes honteux avancent leur argumentaire ; ainsi pour
Michel Wieviorka, " c’est bien le degré zéro de la politique qui est
atteint avec l’immense consensus plutôt surrealiste en faveur de la
politique internationale du Président" ; cet ancien gourou de la pensée
unique des années mitterandiennes est en fait désappointé par
l’exceptionnel isolement du "parti américain".

On peut aussi émettre une autre hypothèse : et si le mouvement
anti-guerre, du moins dans sa nouvelle composante, la jeunesse
notamment, votait peu (ou pas) ? On retrouverait en fait à l’oeuvre cette
problématique déjà existante avec le mouvement altermondialiste - ou
encore le mouvement anti-Le Pen du printemps dernier : comme si la forme
de politisation de ces jeunes passait par ( et se résumait à) la
manifestation.

2) Crise du libéralisme : la droite a un vrai problème avec sa
philosophie libérale. On le vérifie encore dans la dernière "grande
conférence" du Figaro donné la semaine dernière par le directeur de la
rédaction de ce journal, Jean de Belot. L’intitulé de la conférence
était tout un programme : " Le libéralisme est-il un mensonge ?". Il
rappelle qu’après l’euphorie du tout-libéral, victorieux par KO du
communisme lors de la chute du mur de Berlin ( Fukuyama, etc...), " le
doute s’est installé" ; le monde est devenu "instable", le modèle libéral
est "inexportable" et "suscite en son sein inégalités, inquiétudes et
oppositions. Faut-il le remettre en cause (sic) ?".

Il estime que les Américains sont "peut-être moins libéraux que
l’Europe : ils n’hésitent pas à prendre des mesures protectionnistes et à
subventionner certaines activités". Alors que l’Europe sans projet
politique se résume à "un paradis du libre-échange". Il estime que le
monde est menacé par " le commercialisme" où le consommateur est maître,
où l’homme ne se définit plus que par sa "dimension strictement
économique" et celui qui ne répond pas à ces critères se retrouve " dans
une espèce d’exclusion morale et psychologique". Il note encore que " la
religion marchande " remet en cause la démocratie, chacun se retrouve en
compétition avec tous. " Entre les pays s’engage une course au moins
exigeant où triomphe celui qui paiera ses travailleurs toujours moins
cher et garantira à ses entrepreneurs une fiscalité toujours plus réduite".

Tel est le discours en ce printemps 2003 d’un des patrons du Figaro...

3) Capitalisme et éthique : publication du "Rapport moral sur l’argent
dans le monde en 2002" par l’Association d’économie financière. Cette
initiative avait été lancée en 1994. Elle ne se veut pas idéologique
mais on sent un souci de faire converger (?) marché et cohésion sociale,
éthique, solidarité.

On lit dans le rapport qu’on se trouve peut-être " en face d’une
mutation plus profonde des conventions qui sous-tendent notre modèle
économique". Nombreux articles sur la délinquance financière, le
blanchiment, la gouvernance d’entreprise, le développement durable, les
"micro-banques" contre l’exclusion...

Un tableau de " la cupidité ivre d’elle même".

4) Clubs de réflexion : plusieurs articles et ouvrages sur le
redynamisation de clubs de réflexions, en marge des partis, surtout dans
la mouvance social démocrate. En vérité peu de thème nouveaux,
apparemment, mais surtout la recherche, face à la "gauche", d’un nouvel
habillage du propos social-libéral. Voir " Pouvoir intellectuel. Les
nouveaux réseaux" d’Emmanuel Lemieux (Denoël), critiqué part Philippe
Tesson (Figaro, 20/3) ; et l’enquête de Didier Hassoux dans Libération
(22/3) qui pointe une vingtaine de clubs. Idée volontiers ressassée : les
partis (de gauche) ne produisent plus rien, leurs congrès se limitent à
des jeux d’appareils. Il faut aller chercher des idées ailleurs.

Dans le même ordre d’idées, nombre de papiers ( complaisants) sur la CGT
 à l’occasion de son congrès : cette centrale serait ainsi devenue
particulièrement inventive et verrait ses propositions pillées par la
gauche ; voir le thème de " la sécurité sociale professionnelle" repris
par DSK " in " Pêcher des idées", Libération, 24/3.

5) Ecole : floraison de livres sur le sujet. Témoignages d’enseignants,
livres d’experts, pamphlets de journalistes. Dans cette dernière
catégorie peut être rangé "Comment la gauche a perdu l’école" d’Emmanuel
Davidenkoff. Pour lui, l’échec majeur de la gauche, c’est l’éducation. "
Par souci - généreux- de ne pas stigmatiser, la gauche a fini par ne
plus nommer les problèmes ( violences...). Elle a créé un gouffre entre
ses discours et ce que les gens vivaient". Elle s’est contenté de
culpabiliser le privé ( 30% d’enfants) ; elle n’a pas eu de doctrine. "
Si on considère que le fonctionnement actuel de l’école est souhaitable,
alors on conserve une école de classes avec son ghetto de riches qui
représente 5 à 10% des établissements et son ghetto de pauvres qui
approche les 20%".

Pour sa part Luc Ferry sort chez Odile Jacob " Lettre à tous ceux qui
aiment l’école", adressé gratuitement à 800 000 enseignants sur les "dix
chantiers engagés".

6) Communisme, une passion française : Marc Lazar a reçu mercredi 26
mars le prix Philippe-Habert pour son livre " Le communisme. Une passion
française" (Perrin). Son collègue AG Smadja lui rend hommage dans le
Figaro (25/3) ; il souligne tout à la fois qu’"un ancien communiste en
France reste une personne respectable", que " le communisme a marqué
profondément la culture politique française", que " la gauche en a gardé
les réflexes", que "les communistes continuent de peser sur la gauche du
PS ; ils marquent toujours de leur empreinte une partie des Verts et des
mouvements hostiles à la mondialisation", que la force du PCF est
d’avoir "rencontré la diagonale nationaliste, anticapitaliste,
antilibérale et antiparlementaire qui traverse le paysage politique
français, avec sa double source catholique et jacobine, délibérément
récupérée à son profit et synthétisée par le PC". Slama reproche
cependant à Lazar sa sensibilité sociale-démocrate et son penchant " à
forger autour de nous un nouveau "p.c." ("politiquement correct) presque
aussi redoutable que l’ancien"...

7) D’autres passions françaises : on voit resurgir dans nombre de
commentaires, et pour des motifs parfois opposés ( les politologues Roy
ou Colette Ysmal par exemple) des termes tels que tiers mondisme,
pacifisme, anti-impérialisme, antimondialisme aussitôt identifiés comme
autant de "passions françaises" : voir par exemple " Le pacifisme, cette
vieille passion française" ( Bruckner, Le Figaro, 25/3) ; " La
contestation de la mondialisation : une nouvelle exception française ?" de
Eddy Fougier, note de l’IFRI, n°46, octobre 2002.

A propos de la singularité française, on lira ce curieux compte-rendu
des travaux de l’EDA, un pool de quatre grands journaux européens ; Le
Figaro, ABC (Espagne), Die Welt (Allemagne), The Daily Telegraph (GB) ;
ils se sont tous alignés sur la position américaine...sauf Le Figaro.

8) Medef/Chirac : de nouvelles turbulences ? Les relations
pouvoir/patronat avaient semblé atteindre un pic en tout début d’année,
singulièrement lors de la visite de Raffarin à l’assemblée patronale de
Tours. De nouvelles complications se manifesteraient ces dernières
semaines. En tout cas c’est le message qu’a adresse le Medef depuis
quelques jours à travers une (petite) campagne de presse : Le Figaro, Les
Echos, La Tribune. Les patrons s’impatientent, trouvent que les réformes
sont en panne, doutent du plan Fillon sur les retraites...

Les Echos parlent de "la déception d’une partie du patronat à l’égard du
gouvernement jugé trop timoré alors même que le contexte politique reste
favorable. (...) Le patronat est obligé de constater qu’il n’existe pas
d’aile libérale au gouvernement".

On peut penser aussi que le "parti américain" n’est pas inactif dans ces
sphères.

9) Guerre des images et de la communication : avalanche de papiers ; le
meilleur est sans doute l’entretien de Dominique Wolton ( L’autre
mondialisation, Flammarion), patron de la revue Hermès ; il montre
comment l’Amerique renforce sa tutelle sur l’information dans le même
temps où elle perd le monopole de cette information ; comment le
nationalisme a aligné la presse ( et l’intelligentsia) d’outre
Atlantique ; comment finalement les opinions sont de mieux en mieux
informées ; "comment " leur victoire militaire annoncée sera aussi une
défaite politique et médiatique" ( Le Figaro, 26/3).

A noter aussi ( Le monde, 27/3, p 23) que l’opinion ( le public des
radios en l’occurrence) est " plus critique qu’en 1991 sur la qualité de
l’information".

10) Partis

UMP : 477 comités de circonscription ont élu leur délégué sur les 577 ;
les ex RPR ramassent 80% des suffrages ; la nomination par Paris des
secrétaire de fédérations tentent de "rééquilibrer" cet état de fait (31
RPR sur 53 cependant).

Nombreux papiers sur la crise à l’UMP : difficulté à faire vivre le
parti ; spleen existentiel et mauvaise cote de Juppé ; la plus totale
confusion sur le nombre d’adhérents (Pour les comptabiliser, le parti a
embauché une dizaine de permanents !).

Marie Guevenoux, ex assistante de Madelin, a été nommé sevrétaire
nationale des jeunes UMP.

PPE : tensions au sein du Parti poulaire européen où se retrouvent les
Français de l’UDF et de l’UMP mais également Aznar, Berlusconi...

UDF : a décidé de présenter avant l’été ses 22 têtes de liste aux régionales.



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