Préface

J’aime bien, je l’avoue, « Flic, fric, trafic » (d’Olivier Dartigolles). Ce témoignage brut de décoffrage n’est pas (encore) un polar mais il en prend le chemin. C’est d’ailleurs ainsi que fonctionne la littérature policière depuis toujours, depuis deux siècles ou presque. On se rappelle qu’en 1828 Vidocq, ex chef de la police de sureté, publia ses « Mémoires ». Peu après, Edgar Poe eut connaissance du texte dans sa traduction anglaise dont il s’inspira pour écrire le premier roman policier, Double assassinat dans la rue Morgue, inventant à cette occasion le Chevalier Dupin, premier détective de l’Histoire.

Comparaison osée me dira-t-on. Oui et alors ? De Dupin on ne sait pas grand chose. Au lecteur d’imaginer le physique, l’âge, la résidence. On pourrait faire le même constat d’un autre privé fameux, Continental Op, de Dashiell Hammett. On ne sait à peu près rien d’eux, seules leurs actions sont décrites. Il en va de même avec notre « policier marseillais ». Est-il grand ?gros ? manchot ?éborgné ? Peu importe, le récit de ses aventures, le côté « bonhomme » aussi du héros nous suffisent.

Enfin j’aime bien cette complicité que l’on sent dans ce texte entre le témoin et son confesseur. Allez savoir pourquoi, cela m’a fait penser à cette phrase de Simenon dans L’affaire Saint Fiacre : « Le regard de Maigret rencontra celui du gamin. Ce fut l’affaire de quelques secondes. N’empêche qu’ils comprirent l’un et l’autre qu’ils étaient amis ».

Bon vent à ce livre. Gageons qu’il saura inspirer demain des polardeux 2.0.

Gérard Streiff
26/7/2019

L’ouvrage s’appellera Marseille me manque. Un ex-fliv se livre, aux éditions La déviation



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