2009 (1er trimestre)

BULLETIN COM/IDEES/EUROPE

n°37 (206) 5 janvier 2009

1) Etat de l’opinion

Enquête BVA/Les Echos (16/12) qui montre que pour Sarkozy, la parenthèse
européenne se referme ; il a pu surfer au second semestre 2008 sur sa
posture de président européen (très mise en scène) et sur les premiéres
annonces de mesures anti-crise (et l’interventionnisme de l’Etat) ; le
ton change en fin d’année. L’opinion est plus critique sur sa politique
économique (61% de mauvaise opinion). Pour le patron de BVA, « *c’est un
premier très mauvais signe pour Sarkozy alors que 2009 d’annonce
terrible socialement* ». Un mouvement de défiance qui devrait
s’amplifier ; désormais 50% des Français anticipent « un mouvement social
important ou une paralsie du pays comme en 1995 ». L’institut note que
ceux qui prévoient une explosion sociale sont aussi ceux qui rejettent
l’action du pouvoir ». Résultat qui devrait l’inquiéter, dit-il encore.

Même topo pour le sondage IFOP/JDD (21/12) ; l’institut rappelle que
Sarkoz faisait 35% en mai, 40% en aout, 37% en septembre et 44% à la mi
décembre ; mais le mécontentement est majoritaire (55%) ; il est « presque
exclusivement social ». L’IFOP note « un clignotant inquiétant : le
niveau de mécontentement des salariés du public : 70% » !

2) Les économistes : Vivement 2010 !

Tel est le voeu de nombre d’articles de la presse de droite en cette
période ; on redoute beaucoup l’année à venir. C’est le cas notamment du
chroniqueur économique du Figaro, de Kerdrel (30/12) qui prévoit trois « 
catas » en 2009 : une *sévère récession* économique (au passage il rend
un hommage involontaire au poids du public en France un peu mieux
protégé de la crise que les Américains ou les Anglais qui ont fait du
tout finance ou du tout immobilier, en écrivant : « La France est
forcément moins touchée compte tenu de la part exorbitante des dépenses
publiques (54%) dans la richesse nationale ) ; une *probable dévaluation
du dollar*, pas bonne pour l’Europe ; des *troubles sociaux* importants.

Sur les mesures à prendre, outre le débat, creux, sur la moralisation du
système ( « le rendre vivable » dixit Daniel Cohen in JDD du 28/12),
convergences pour souligner l’importance de la puissance publique et
donc de la volonté politique ( et la spécificité française est
volontiers souligné), la nécessaire remise en cause des contraintes
européennes (pacte de stabilité et libre concurrence) ; voir de ce point
de vue l’intéressant papier de JP Fitoussi in La Tribune du 30/12.

Voir aussi « L’aperçu des thèmes idéologiques sur la crise » réalisé par
Alain Vermeersch.
A noter dans la presse économique des papiers de plus en plus critiques
contre le plan Paulson jugé inefficace ; article du Figaro Economie du
31/12 sur 2009 vu par les marchés : incertitude, prudence, horizon
bouché, total brouillard, visibilité nulle... Seul (petit) espoir :
l’écho provoqué par la venue d’Obama le 20 janvier.

3) Mouvement social ou pas ?

La question de « troubles sociaux » à venir est l’objet de débats.

Certains papiers évoquent une opinion « sonnée » et passive.

Pour Le Monde (20/12), les salariés font profil bas sur les salaires par
exemple ; alors qu’on notait un nombre croissant de conflits sur les
revendications salariales jusqu’à l’été, ces luttes seraient nettement
moins nombreuses aujourd’hui ; l’emploi serait redevenu la question n°1,
« les gens sont sonnés » (CFTC) ; opinion plus nuancée de la CGT qui
pointe nombre de petits conflits non médiatisés.

D’un autre côté, beaucoup parlent (par peur ? Pour conjurer le sort ?)
d’un inévitable affrontement social à venir. Y compris des observateurs
pondérés. A propos des conflits qui se multiplient contre les
délocalisations d’entreprises, Bernard Bruhnes dans le Figaro du 23/12,
estime que « ce ne sont pas de simples barouds d’honneur... Il est
normal que dans une démocratie les salariés puissent exprimer une juste
colère et refusent d’être traités comme des moutons ».

Ajoutons ici le résultat des prud’homales. Certes, seul un salarié sur
quatre a voté, mais progressent le plus la CGT (+1,6) et Solidaires
(+2,3), « les deux organisations qui sont sur le terrain des luttes » a
dit A. Coupé.
Voir la « carte de France » de la casse sociale (et des conflits)
établie et actualisée par Médiapart.

On signalera en passant que le film dont on parle en cette fin d’année
est « Louise Michel », fable qui raconte comment tuer un patron ripou et
déménageur d’usine...

4) Crise et comportements

Autre étude, toujours du Monde (27/12) sur crise et consommation ; s’il
semble qu’on a beaucoup acheté pour les fêtes ( sacro saint caractère
familial), en même temps les gens (SOFRES dixit), « 80% des sondés
disent qu’elles ont commencé à réduire leurs consommations » ; c’est le
cas pour l’alimentation (vers le « hard-discount »), l’habillement. Sans
parler de l’automobile et de l’immobilier.

Nouveaux types de consommation ( moins de superficiel, de superflu...).

La crise souligne fortement les inégalités sociales à l’oeuvre ; d’un
côté les nantis continuent de sur-consommer ; d’un autre côté une étude
du CREDOC (Le Monde, 24/12) montre qu’une fois payées toutes les
dépenses fixes (loyer, charge, énergie, crédit, téléphone), 56% des
ménages pauvres ne disposent plus que de 250 euros.
Plusieurs études aussi sur les Français, la générosité, la fraternité ;
les gens ont autant donné en 2008 qu’auparavant, ils donnent même plus
de leur temps (bénévolat humanitaire) ; il a un besoin de fraternité dans
l’air.(Cf JDD du 28/12) ; voir aussi le sondage La Croix/CSA, 27/12 qui
montre que « si la société est de moins en moins fraternelle, les
Français veulent aider leurs proches et les plus démunis ».
On ressort Edgar Morin (JDD, 28/12) sur le bon usage de la crise (
Sarkozy avait déjà tenté de l’annexer il y a un an...)

5) Quartiers populaires en voie de ghettoisation

Bonne interview du sociologue Didier Lapeyronnie, auteur de « Ghetto
urbain » chez Laffont dans Le Monde du 30/12. Il estime que
l’enfermement de certains quartiers populaires sur une forme ghetto,
c’est à dire protection contre le reste de la ville et autoconstruction
d’un mode propre d’existence ou de survie, s’accentue ; il note que le
phénomène est plus marqué en province (Ouest notamment) que dans la RP
ou la région lyonnaise ; il souligne le *caractère sexiste* du phénomène :
en effet « la féminité permet d’échapper au racisme », les femmes
sortent plus volontiers du quartier, leur émancipation accentue
l’isolement des hommes, lesquels prennent ça comme une humiliation
supplémentaire, une « trahison » et accentuent en réaction leurs
attitudes machistes et réacs.

6) L’idée d’un secteur bancaire public grandit

Le Figaro du 27/12 s’agace de la popularité croissante de l’idée d’un
pole public bancaire dans un long papier critiquant « les vieilles
recettes remises au goût du jour ». Partant de l’affaire Dexia, de la
paralysie du crédit bancaire, l’Etat veut intervenir plus dans le
financement et depuis un mois on parle d’un pole Banque postale/ Oséo/
Crédit local de France (Dexia)/ le Crédit foncier (Caisses d’épargne)
soit la reconstitution de la Caisse des dépôts telle qu’elle était avant
la privatisation du Crédit local (1993) et étendu à la Banque postale.

« Rétrograde » dit le quotidien ; hostilité de Lagarde ; rappel malheureux
du Crédit Lyonnais. « N’empêche, l’hypotgèse circule ».

7) Démocratie

On notera que le débat sur la question sur les libertés est très faible
en cette fin d’année, alors que se multiplient les régressions
autoritaires : attitude arbitraire des flics ; affaire de « l’ultra-gauche
 », chasse aux journalistes, mise sous tutelle de l’audiovisuel, etc... A
noter une tribune alarmée de Loïc Blondiaux in Le Monde (De la
démocratie et de son avenir).

8) PS et européennes : limiter la casse

Le PS cherche à limiter la casse aux européennes, telle est l’analyse de
Stéphane Alliès à Médiapart (17/12). Le PS faisait 29% en 2004, vague
rose oblige, il a 31 sortants. Le prochain scrutin sera plus difficile
pour lui. Problèmes de concurrence à gauche ; problèmes de vie interne
avec la désignation des candidats selon les courants (ou inter courant
genre Hamon ou/et Désir en Ile de France). Les royalistes demandent une
représentation proportionnelle ; l’IFOP estime que l’électorat royaliste
« pourrait ne pas voter PS à 40% ».

Note de Bernard Poignant, président du groupe, à Aubry, insistant pour
que les prochains élus « prennent au sérieux » les postes d’eurodéputé,
ne quittent pas leur mandat, ne cumulent pas. Souhaite une validation de
la liste pour la mi février au plus tard.

Pour Hamon, « campagne de gauche, ligne de gauche ».

Sur un sujet proche, lire le long papier de Guy Sorman in Le Figaro du
19/12, « Comment la crise a laminé la gauche » : crise de la
social-démocratie, concurrence d’une « nouvelle extrême gauche » ;
concurrence d’une droite convertie aux méthodes keynesiennes ;
difficultés à s’intégrer dans une Europe libre-échangiste et
concurrentielle. « Les socialistes n’ont pas de programme digne de ce nom ».

PS toujours : contre-plan de relance

ce parti discuterait en secrétariat national le 13 janvier un « 
contre-plan de relance » ; on insisterait sur les questions du logement
(blocage des loers, réquisition des lieux publics et logements vides) et
de la consommation ; réunion à la Mutu le 1er février des 3200
secrétaires de sections de base sur « les réponses socialistes à la crise ».

Spéculations dans la presse sur le caractère « antilibéral » de ce plan ;
Michel Sapin, proche de Delanoe, a été confirmé au secrétariat national
à l’économie.

9) L’UMP refonde le capitalisme

Convention UMP sur la crise financière, intitulée « Le changement,
résolument »
 ; retour du discours sur la moralisation, l’éthique ; le
parti présente « 37 pistes pour refonder le capitalisme » ; dont la
création de crédits hypothécaires, variante française des subprimes et
allègement de l’ISF.

Louanges, par le nouveau patron Xavier Bertrand d’une « Europe sociale
dont 2008 a marqué le redémarrage. Maintenant nous avons conscience que
l’Europe protège en mettant fin au dumping social »
...

10) Partis/Organisations/Divers

NPA/LCR

A réuni les 13 et 14 décembre « la gauche anticapitaliste européenne »,
en fait les formations genre LCR de neuf pays d’Europe ; le commentaire
de Sabado dans « Rouge » (29/12) vise avant tout à polémiquer avec le « 
Parti de la gauche européenne »
.

MODEM

Présente sa liste aux européennes le 8 février. En 2004, l’UDF avait
fait 12% et11 sièges ; six sont restés au Modem.

JM Balet (PRG) souhaite s’allier au Modem pour les européennes.

UMP

Toujours beaucoup de commentaires sur la réorganisation de la direction
du parti. L’UMP aurait perdu 90 000 adhérents en 2008 et en compterait
encore 273 000, le plaçant devant le PS= 170 000.

Une citation de Copé à Sarkozy qui donne l’ambiance au sein de l’UMP : « 
Tu as prévu de filer les clés de l’UMP à Xavier Bertrand ; tu devrais en
garder un double »
.

Tapie

Sortie du livre « Sous le tapie » de Laurent Mauduit (Stock) qui montre
bien comment Tapie a su jouer de la « victimisation », comment le
tribunal arbitral qui a rendu le jugement a été fait sur mesure, comment
l’affaire a été conduite au plus haut niveau, pour un résultat net : 285
millions pour l’affairiste.

BULLETIN COM/IDEES/EUROPE

n°38 (207) 9 janvier 2009

1) Etat de l’opinion

Enquête Figaro/Opinionway après les voeux de Sarkozy ; pour 69%, il ne
rassemble pas les Français, pour 64% il n’est pas à leur écoute ; pour
63%, il ne rassure pas ; pour 62% il n’est pas proche ; pour 60% il n’est
pas sincère. Seules qualités majoritairement reconnus : dynamique (81%)
et courageux (67). Ce qui n’empêche pas Le Figaro du 3/1 de titrer : « 
Pour les Français, Sarkozy est davantage rassurant et rassembleur » !

Sondage Figaro Magazine/Sofres de janvier où Sarkozy gagne 4 points (41%
de confiance) ; qu’il gagnerait plutôt dans l’électorat de gauche ( et
PS) alors qu’il reste stable à droite ; en lien avec l’opération Besson ?

A l’occasion du colloque « Besson » sur l’avenir du capitalisme en
Europe, sondage Sofres qui montre une opinion française plus à gauche et
plus critique que l’opinion européenne ; 74% des Français estiment que « 
la crise remet en cause nos valeurs et nos façons de vivre » ; 53% se
prononcent pour une réforme du capitalisme « en profondeur » (en même
temps gros scepticisme sur la capacité de réformer) ; 59% estiment que
l’Etat n’intervient pas assez ; on trouve aussi l’intervention étatique
insuffisante en matière de protection sociale.

Côté valeur, on regrette la trop grande place prise par la consommation,
l’individualisme, la performance ; aspiration à l’humanisme, à des
valeurs collectives : respect d’autrui, famille,responsabilité individuelle.

Doute, en France, sur la politique : 39% attendent une amélioration de
leur propre action ; idem des scientifiques, 36% des associations de
citoens, 30% des « gouvernants ».

2) Repenser le capitalisme ? Chiche

En l’absence d’une vigoureuse contestation de gauche du capitalisme,
tout se passe (ces derniers jours en tout cas) comme si la droite
occupait le terrain de l’explication de la crise.

De deux manières : les libéraux repointent le nez ; chronique très
symptomatique du chroniqueur du Figaro, de Kerdrel, le 6/1 qui, après
avoir fait le gros dos, minimise la crise, vante les vertus retrouvées
de la main invisible du marché (texto) et agonise l’’économie administrée.

D’autre part, forte médiatisation du colloque « Besson » (et de Besson
lui même, ex économiste en chef du PS...) sur le nouveau capitalisme,
ses valeurs, sur mondialisation et justice sociale, sur régulation. Du
beau linge (Sarko, Merkel, Blair) et surtout caution remarquée d’une
partie de la gauche : Rocard, Lam, Monks, Chérèque, le journal Le Monde
qui joue les médiateurs...

On mesure là la mobilité et l’opportunisme de cette droite sarkozyste,
capable en permanence de « bouger » alors même - un responsable de la
Sofres dixit- qu’elle est « sur un champ de ruines » idéologiques
(anti-libéralisme ambiant).

Lire absolument à ce propos l’excellente chronique de Mauduit dans « 
Médiapart » du 8/1 ; il fait la démonstration du choix libéral
Sarkoziste, capable de faire des sorties volontaristes (patrons
voyous...) mais qui est radicalement du côté dd’un capitalisme à l’anglo
saxonne, dur, inégalitaire, privilégiant à outrance le capital contre le
travail ; et il montre dans le même mouvement l’insignifiance de la
critique socialiste des plans de Sarkozy.

Au passage on remarquera l’évolution différente prise par les deux ex
chroniqueurs économiques du Monde, Le Boucher filant vers
l’ultralibéralisme et la direction des Echos ; Mauduit vers une critique
de plus en plus radicale du capitalisme.

3) Explosion sociale ?

Les commentaires de début d’année tournaient autour de l’idée : 2009 sera
l’année horrible ; avec souvent une double morale, contradictoire : *ça va
péter*, de manière chaotique ( « un mouvement sociétal à la grecque »
laisse entendre l’Elysée) ; dans le même esprit, papiers de Libération
sur les pratiques d’ « autoréductions » (passage en force des caisses de
grandes surfaces ; occupation de logements...) même s’il y a là des
formes nouvelles de militantisme à suivre ; ou alors *tous aux abris*, ça
va se replier, c’est à dire que la crise va ramener chacun dans son
coin. L’Elysée fait dire qu’il ne croit pas à un mouvement social, qui
n’existerait qu’en période de croissance.

Voir le dossier des « Liaisons sociales » (janvier 2009) : « Une
explosion sociale est-elle possible en France ? »
Jean-Luc Le Gall (DRH)
ne croit pas à « des mobilisations massives » mais allerte sur tois
thèmes : jeunes – retraités – banlieues. Roederer (Sociovision ) pense
qu’on « n’a pas les ingrédients d’une flambée sociale à l’ancienne »
mais alerte sur des « jacqueries » ; Stéphane Sirot (universitair) voit
lui « une succession de flambées sociales partielles » mais évoque la
faiblesse des contre-pouvoirs.

4) Les mots de la crise

Etude de l’Institut Mediascopie (Denis Muzet) sur « les mots de la crise
 ». 100 mots d’actualité sur la crise ont été testés ; ils sont pour les
sondés au ¾ inquiétants, et ¼ rassurants.

Les deux mots les plus inquiétants : licenciements, chomage ; les mots
rassurants : Obama, livret A, mesures de protection, transparence des
transactions bancaires, espoir.

La crise est massivement vécue comme « globale ».

Il semblerait que l’euro et l’Europe aient gagné en crédibilité : « la
crise a rapproché les Français de l’Euro et de l’Europe » dit l’étude.

Les termes qui font peur : crash boursier, finance folle, tsunami
financier, dictature des marchés, subprimes, dérives du capitalisme,
séisme économique, contamination.

5) C’est difficile pour « tous » les Français

C’est un des messages adressés par Sarkozy lors de ses voeux. TOUS les
Français sont dans le même bateau. Belle manière d’escamoter les
inégalités croissantes de la société, les profits fabuleux, les acquis
des banques ( cf Les Echos du 5/1 sur BNP/Parisbas, devenue en 2008 la
première banque d’affaires au monde) ; on dit (Le Monde) que la crise a
eu au moins le mérite d’effacer la mauvais image laissée par « le paquet
fiscal » de 2007.

On a même tenté pendant les fêtes de nous faire pleurer sur le sort de
ce boursicoteur (et aristo) français de New York, suicidé car ruiné par
l’affaire Madoff.

C’est oublier aussi ces commentaires sur la surconsommation de produits
de luxe ou la surfréquentation des lieux de vacances par des catégories
sociales qui manifestement ignorent la crise.

Alors que le capitalisme n’a jamais été aussi inégalitaire ( profits,
stock-options, dividendes).

6) Y a plus d’argent

Autre tour de passe passe, l’idée que l’argent se serait volatilisé dans
la crise ; les cas de faillites deviendraient emblématiques du fait que « 
les caisses sont vides ». Tour de passe passe car l’argent est là et
l’économiste du Figaro ce matin (6/1) « trouve » par exemple 300
milliards de dollars avec la baisse du pétrole et encore 300 milliards
de dollars avec la baisse des taux...
Ressortir Capital de novembre 2008, « Patrons, le jackpot » ou « les
bénéfices record du CAC40 » in Le Monde du 17/11.
Début de débat sur une relance par la consommation, vive opposition de
l’Elysée.

7) S’adapter à la crise

Autre thème qui revient fort : la capacité des Français à s’adapter à la
crise. Il ne s’agit pas ici de faire le choix d’un autre type de
développement durable mais plus simplement de conseiller aux pauvres le
système D : acheter discount, moins cher, etc...

Mise en valeur aussi d’une idéologie de la pénurie, sous différentes
formes ; lire par exemple les voeux du directeur de la rédaction du JDD
(4/1) qui suggère d’oublier un peu le « quantitatif » et de penser au
conseil d’’Edgar Morin : vive l’amour et le bonheur !

Nombreux articles volontaristes sur le besoin de « positiver », discours
qui paradoxalement peut plaire en ces temps de grisaille.

On remarquera que les « penseurs » qui font la « Une » des médias en ces
premiers jours de 2009 s’appellent Marx, Keynes ou Barthes : voir le
Figaro du 3/1 ou le Monde ou Le Monde2 ou Le magazine littéraire).
2009 sera aussi une année hommage à Darwin.

8) Des idées progressistes avancent

Gauchissement du débat politique général et des idées communistes
progressent.

Exemples : celle d’un pole financier public est suffisamment fort pour
que Le Figaro du 27/12 consacre un long développement, sur le thème :
comment le pouvoir pourrait utiliser à son profit cette piste.

Signalons aussi la critique (positive) en page Economie du Monde de
l’ouvrage de Jean Lojkine « La crise des deux socialismes » au Temps des
cerises. Première fois depuis bien longtemps qu’un intellectuel
communiste a droit a une vraie attention de ce genre de journal.

9) Pascal Thomas

A noter la prise de position (dans Le monde) du cinéaste Pascal
Thomas, favorable
à la nouvelle configuration de l’audiovisuel (suppression de la pub).

10) Partis

PS : forte campagne de presse pour le présenter à l’offensive, comme un
opposant résolu !
Ses responsables à l’économie (Sapin, Migaud, Bachela, Vidalies)
rencontreraient « les partenaires sociaux » avant de présenter « les
réponses socialistes à la crise sociale » au BN du 14 janvier.

UMP : très nombreux papiers (notamment Le Monde du 3/1) sur « la
réorganisation » de la direction de l’UMP, d’un intérêt souvent limité,
comme s’il s’agissait de montrer que le parti ( comme Sarkozy) bouge et
travaille et crée...

Il est aussi beaucoup question d’une plus forte implication du parti
dans Internet.

Parti de gauche : congrès les 30, 31 janvier et 1er février

NPA : lire l’enquête de Politis du 24/12 intitulée « La bataille des
chiffres ». Thème « le nombre d’adhésions n’est pas à la hauteur des
ambitions affichées » ; l’objectif des 10 000 (soit la LCR x 3)n’est pas
atteignable, dit une note interne, « arrêtons de communiquer sur les 10
000 ». Report du congrès aux 6,7 et 8 février

Cohn-Bendit boosté

Article de Libération (5/1) sur la liste de Cohn-Bendit aux européennes
qui serait la grande gagnante en piquant des voix au PS, à l’UMPO, à la
LCR, à Bayrou....

Même topo dans un commentaire global sur les européennes d’Europe1, le
7/1, de Vogial/Namias, intitulé « Les élections européennes de 2009 » :
en gros, tout le monde va y perdre des plumes sauf Cohn-Bendit...

FN

Longue analyse du Figaro du 9/1 sur l’état et l’avenir du FN.

BULLETIN COM/IDEES/EUROPE

n°39 (208) 15 janvier 2009

1) Etat de l’opinion : situation paradoxale pour Sarkozy

Minoritaire dans l’opinion, Sarkozy demeure cependant à un niveau
relativement haut de popularité, vers 46% ( il gagne 2 points pour
Métro/Opinionway (46) mais perd un point (46) pour Viavoice/Libération ;
il est à 45 (-1) pour Ipsos/Le Point ), à 47% pour Paris Match. Tout se
passe comme si son « omniprésence », l’épisode européen et l’absence
d’alternative le servaient encore.

En même temps, batterie de sondages (La Croix, Libération) montrant une
forte inquiétude de l’opinion (entre 60 et 70% de l’opinion) sur tous
les enjeux économiques et sociaux.

Tout se passe comme si le pouvoir ne payait pas encore pour les
conséquences concrètes de la crise.

Tout se passe aussi comme si les Français ne « politisaient » pas cette
crise. »Ils ne font pas une lecture partisane de la situation » dixit La
Croix.

Cela rejoint un thème souvent entendu du côté de l’Elysée : ne politisons
pas les choses. Ce qui explique en partie le refus d’accorder trop
d’importance au remaniement ministériel, présenté comme un aménagement
technique.

Enfin sondage BVA/Les Echos « Baromètre mondial de la crise économique
 » ; effectué dans 17 pas ; il ressort que de tous ces pays « La France se
distingue par le profond pessimisme » ; mais on note un deuxième élément :
un peu partout, *cette défiance « est accompagnée d’un regain de
popularité des gouvernements »*, une tendance à serrer les coudes qu’on
retrouve en France avec Sarkozy.

2) Nouveau capitalisme

Le Figaro (de Kerdrel, chroniqueur économique très libéral, 13/1) résume
ainsi les leçons du colloque Besson « Nouveau monde, nouveau capitalisme
 » tenu la semaine passée avec Blair, Sarkozy, Merkel : »plus de règles,
plus de normes, plus d’Etat, moins de court terme, suppression des
paradis fiscaux, suppression de tout ce qui est complexe et création
d’une sorte de conseil économique mondial sur le mode du Conseil de
sécurité ».

Le chroniqueur parle d’une « pensée unique » qu’il ne partage pas,
partisan, lui, du laisser faire libéral et de l’ « éthique », et se
félicite de voir que le seul intervenant audacieux au colloque a été
Michel Rocard pour qui « l’affaire de l’Etat n’est pas de faire de
l’économie à court terme ».

3) Retour de la morale

Sur un sujet proche, longue tribune de l’universitaire (et néo patron) P
Gomez dans Le Monde du 13/1 sur « Le retour de la morale ? ». Les
libéraux pensaient, depuis Adam Smith, que le capitalisme n’avait pas
besoin de règles morales car pour eux la somme des intérêts individuels
contribuait de fait (main invisible) à l’intérêt général. Le capitalisme
est donc « amoral » ce qui ne veut pas dire « immoral » précise-t-il,
même si l’actualité (Madoff et compagnie) montrent bien que mensonges et
manipulations sont le nerf de la guerre capitaliste. Faudrait donc
moraliser, pouvoir faire confiance, mais, dit le bonhomme en conclusion
 : « Cette hypothèse nous fait revenir à notre point de départ : en qui
avoir confiance si l’opportunisme est inévitable dans une société
gouvernée par l’intérêt privé ? ».

4) Le capitalisme et au-delà

Un petit livre qui fait beaucoup causer : « Capitalisme et pulsion de
mort » de Gilles Dostaler et Bernard Maris (Albin Michel). Les auteurs
revisitent l’économie capitaliste à partir des réflexions de Kenes et de
Freud ; en montrent les « passions irrationnelles », la course au fric
que Freud appelle « un désir morbide de liquidité » ; il est question de
frénésie de l’argent, de gaspillag. A noter ces remarques de Kenes qui
pensait qu’un jour il aurait un « au-delà du capitalisme » où « l’art de
la vie » remplacerait enfin cet « art d’accumuler les moyens de vivre ».

5) Jeunesse « nouvelle »

Nombreux études sur l’insatisfaction de la jeunesse, première victime de
la crise, sur les risques d’explosion dans ce secteur ( école,
banlieue) ; attention toute particulière de Sarkozy à ce milieu
(nomination de Descoings, de Hirsch) ; articles (12/1) sur la jeunesse et
« le mur de défiance » entre elle et le pouvoir ( Galland in Les Echos).
« La jeunesse est difficile à ramener à la raison » selon Le Figaro.
Libé titre sur « Le malaise d’une génération » et parle d’un retard
français.

Sortie à la Documentation française d’un livre/dossier (n°955) sur « Les
nouvelles jeunesses » évoquant les évolutions et les difficultés des
jeunes en France et dans les pays occidentaux. On est (considéré) jeune
« plus longtemps », accès plus tardif à l’emploi, aux responsabilités de
famille ; montée des cultures juvéniles, individualisation,
désengagement, exposition à de nouveaux risques, nouveaux rapports au
politique, nouvelles formes d’exclusion, discriminations,
internationalisation : les sociologues (Cicchelli, Galland) parlent de « 
nouvelles jeunesses »
dans ce recueil d’articles.

6) L’affaire St Lazare et la question des transports

La fermeture de St Lazare lundi (et les grèves dans cette gare) ont
donné lieu à deux types d’argumentaires, notamment à droite : d’un côté
une tentative de jouer le public contre les grèvistes, Le Figaro a été
exceptionnellement violent (4 colonnes en Une qui sont un appel à la
violence antigrèviste) ; le journal de Dassault s’est d’ailleurs bien
droitisé (!) ces derniers mois, notamment avec la venue d’Etienne
Mougeotte (ex TF1).

Mais l’affaire St Lazare a suscité, à droite aussi, un autre ton : il a
crise des transports. L’organe néo patronal Les Echos par exemple (14/1)
fustige la SNCF : c’est bien de faire des TGV, dit-il, mais on a oublié
un « service de proximité de qualité » ; « les voyageurs du quotidien
sont huit fois plus nombreux que ceux des TGV »...

(Et ne parlons pas de cette pauvre ligne 13 du métro !).

7) PS et libertés

En dépit d’une très forte couverture de presse la semaine passée sur « 
le retour du PS », Martine Aubry, pour Métro/Apco, lundi, perd sept
points et se retrouve au niveau du Chef de l’Etat.
Long papier du JDD (11/1) sur l’importance que le PS va accorder à la
question des libertés publiques ; ses responsables opèrent une véritable
autocritique ( on n’a pas assez fait sur les libertés, on a oublié les
sans-papiers, « pendant des années on a laissé tomber cette question »,
 »on était devenus sécuritaires » ; contre-offensive donc avec notamment
la publication d’un « Livre noir des libertés sous Nicolas Sarkozy ».
Mais pas d’autocritique comparable en matière économique et d’analyse du
capitalisme.
Tiraillements internes sur Israel et Gaza.

8) L’opinion, la presse et Gaza

Intéressant sondage Le Parisien/CSA (12/1), montrant un soutien très
minoritaire à Israel, puisque 28% renvoient Israel et Hamas dos à dos,
23% accusent le Hamas, 18% accusent Israel et 31% ne se prononcent pas.

Un sondage très en decallage avec l’image que les médias donnent du
conflit qui souvent caricarurent les manifs, assimilées à des assemblées
de barbus (France-Info, Ripostes ; papiers outranciers du Figaro).

9) Héros libéraux

Le Golden Globe (Hollywood) a été attribué à « Slumdog millionaire » de
Danny Boyle (qui sort cette semaine en France), une « fable » d’un
orphelin d’un bidonville de Bombay qui devient milliardaire en gagnant à
un jeu télévisé.
Autre personnage très boosté ces jours-ci (gros article du Fogaro) :
Fanny Gamelin, fille d’un patron de chantier naval de La Rochelle qui
s’est suicidé : elle fait appel aux dons, sur internet, pour assurer la
paye des ouvriers de son ex père...

Enfin grand retour de JM Messier (ex Vivendi) avec « Le jour où le ciel
nous est tombé sur la tête » (Seuil) ; cet escroc est présenté dans
plusieurs journaux comme un penseur de la crise et Slama du Figaro lui
consacre une chronique (15/1) qui commence ainsi : »On respire. On avait
toutes les raisons de craindre que la crise économique ne regififie en
france un consensus antilibéral. Surprise : quelques voix refusent cette
idéologie dominante » dont JM Messier....

10) Partis/organisations

MEDEF : rentrée compliquée

La presse économique glose sur les difficultés de Parisot et les
divisions internes du MEDEF ; prochaine sortie d’un livre à charge sur
ses relations avec l’UIMM, « Enquête sur le patronat » de Guillaume
Delacroix chez Plon ; échec du dossier assurance-chomage ; magouilles
autour du 1% logement ; tensions avec la CGPME (tensions entre un
patronat CAC40 et les autres ?).

Sans parler des pratiques de « parachutes dorés » qui perdurent ( voir
dossier Le Monde, 14/1) malgré les promesses.

BULLETIN COM/IDEES/EUROPE

40 (209) 22 janvier 2009

1) La crise, la droite et Sarkozy

La grande enquête, mentionnée dans le précédent Bulletin (BVA/Les Echos)
montrait que la crise « s’accompagne souvent d’un regain de popularité
des gouvernements » et d’une tendance à « serrer les coudes » autour des
autorités ; on pourrait ajouter : d’un regain de popularité de la droite :
voir les dernières élections allemandes (Hesse) ; le quasi effondrement
de Brown en Grande Bretagne ( après avoir loué sa résurrection les mois
derniers) ; l’affaissement similaire de Zapatero, après avoir longtemps
parlé d’un « miracle espagnol ».

On a relevé dans les derniers sondages que *Sarkozy se maintient à
droite et grimpe (un peu) à gauche ; *voir sa promotion de Besson au
gouvernement et à l’UMP, ses sorties sur les patrons voyous, l’appel aux
banques à renoncer aux bonus, le conseil aux entreprises de moins verser
de dividendes, etc...

Même démarche ambivalente sur le front culturel avec ses voeux adressés
au monde de la culture, à Nîmes, une première. Double initiative
présidentielle : un coup à droite avec l’idée d’un Musée de « l’identité
nationale » en quelque sorte aux Invalides ! ; et un coup à gauche avec la
nomination de Marin Karmitz à la tête d’un Conseil pour la création
artistique ( cf son interview in Le Monde du 15/1).

2)Des moyens pour l’hôpital

Grosse enquête BVA/ Les Echos/ France Info sur la politique économique
du pouvoir qui confirme la tendance de ces dernières semaines : l’image
de ses choix économiques est « moins mauvaise » en ce début d’année que
fin 2008 (36 bonne, +2, 57 mauvaise, -4) et c’est à gauche que la très
légère amélioration est sensible.

Mais l’intérêt de l’enquête est de montrer un *soutien massif de
l’opinion (71%) à l’idée (présentée comme une idée syndicale) de donner
« des moyens financiers supplémentaires » à l’hôpital* et un désaveu de
l’idée (sarkozyste) que l’hôpital peut être plus efficace sans nouveaux
moens.

3)Redécouverte du militantisme

L’organisme néo-socialiste « Terra Nova » a envoyé une mission aux USA
pour étudier la campagne de Obama. Il en ressort ( cf Le Monde 20/1) que
la principale énergie de sa campagne n’était ni les médias ni les plans
« com » mais un travail de terrain dans ce qu’il a de plus classique, le
porte-à-porte : « On a généralisé à l’échelle du pays les campagnes de
terrain de démocratie locale ». Et pas de visite à domicile de
personnalités mais de militants, de voisins : « Ce n’est pas un
spécialiste de la politique qui vient s’adresser à l’électeur mais
quelqu’un comme lui, un citoyen de base ; la communication s’effectue
entre pairs et son efficacité est exceptionnelle ».

*L’efficacité de cette « mobilisation de masse » a même été chiffrée : « 
on gagne une voix pour quatorze personnes visitées* alors qu’il faut
distribuer un tract à 10 000 personnes pour obtenir le même résultat ».

4)Le maillon faible : « l’aide » aux banques

Leit-motiv qui revient dans tous les commentaires économiques sur tous
les plans de sortie de crise en France, en Europe, aux USA : l’aide aux
banques est jugée vaine car sans contrepartie rélle, sans contrôle.

Cela vaut pour les USA. Décalage entre la ferveur populaire pro Obama (
qui s’accompagne cependant d’une détérioration « vertigineuse » du moral
de l’opinion à propos de l’économie) et les pronostics catastrophiques
des experts sur l’enfoncement américain dans la crise ; voir Le Boucher
in Les Echos qui estime que le plan de relance américain n’est pas
finançable ; qu’un krach du dollar est possible. Voir brézet dans le Fig
Mag qui parle de « terrible bataille pour le crédit », d’endettement massif.

Voir le dossier de « Marianne », « Rendez l’argent ! » (17/1)

En Grande Bretagne, de plus en plus de voix, reconnaît me Figaro Eco, (
profs à la London School of Economics, des députés travaillistes, le
président de la commission finances de la Chambre des communes,
proposent une nationalisation totale du secteur bancaire britannique.
*Rappelons que l’idée d’un pôle public bancaire est une idée qui monte
si on en juge par l’énergie mise par à droite pour la combattre.*

5)Gel des salaires

Les médias économiques faisaient état d’un recul des revendications sur
le pouvoir d’achat à partir de septembre, recul accentué avec
l’enfoncement dans la crise ; tout se passe comme si on passait à une
nouvelle étape désormais « le gel » des salaires voire des « diminutions
 » ; c’est le thème d’une pleine page du JDD (18/1) , « Alerte au gel sur
les salaires », indiquant que les grands perdants sont dans les
transports, l’automobile, l’informatique, le bâtiment ; et qu’il ny a « 
pas de limite légale aux diminutions ».

6)Nouvelles réflexions sur le travail

Economiste, sociologue (CNAM), Jean-Louis Laville publie « Le Travail.
Une nouvelle question politique » ( Desclée de Brouwer). Il démonte la
fausse opposition passée travail/contrainte – hors travail/liberté ;
estime que c’est « une question politique majeure » ; que les salariés
sont des hommes doubles, parlant de « compétitivité » en réunions,
insistant sur le stress et la dégradation du climat en privé, « une
schiziphrénie insupportable » ; *il pointe les nouvelles alliances
possibles entre salariés et cadres « contre les dirigeants/actionnaires
 »* évoque la reconstitution des collectifs, la souffrance au travail.
Bonne présentation dans La Croix du 16/1.

7)Ecologie et anticapitalisme

Enquête IPSOS/Rhone Alpes sur les Français et le développement durable,
bien présentée dans La Tribune du 16/1, montrant la popularité du terme,
son association avec environnement – activité économique et financière -
solidarité sociale. Ce qui inquiète le plus les Français : climat,
ressources naturelles, inégalités sociales, logement.

Estiment que la richesse d’un pays, c’est d’abord la qualité de vie, le
salaire moyen, l’emploi, la (non)pauvreté, la santé ; le PIB ne vient
u’après...

On attend des règles éthiques, le sauvetage de l’industrie, la
régulation économique. Cette régulation passe par de nouvelles règles
(59%) ou par « une totale remise à plat » pour 31%.

Seuls 9% pensent que la finance est sous contrôle et que le risque
d’effondrement est éliminé.
A noter l’évolution du spécialiste du Monde sur les questions
d’environnement, Hervé Kempf. Son dernier ouvrage s’intitule « Pour
sauver la planète, sortez du capitalisme » (Seuil). Il y dénonce « les
mirages de la croissance verte », le nucléaire ( qui n’est « pas la
solution »), les éoliennes (qui ne changent rien), les agrocarburants « 
aux effets pervers désastreux » et plaide pour un nouveau modèle
économique avec l’impératif de « sobriété énergétique » et surtout, « 
face à la crise générale de la société humaine, le moment est venu de
sortir du capitalisme en plaçant l’urgence écologique et la justice
sociale au coeur du projet politique ».
En 2007, il avait publié « Comment les riches détruisent la planète »
(Seuil).

8)Bibliographie

Sur Obama : Ouvrage commun de Chamoiseau et Glissant, « L’intraitable
beauté du monde » (Galaade) sous forme de lettre ouverte.

Sur la guerre d’idées : « Les think tanks. Cerveaux de la guerre des
idées » de Martin Royo et Stephen Boucher aux éditions du Felin.

Sur l’audiovisuel : « Vers la fin de la télévision publique ? » de Serge
Regourd, edit. De l’Attribut.

9)Machisme, sexisme

Tout se passe comme si les bons vieux reflexes machistes se réinvitaient
un peu partout sans trop rencontrer d’oppositions.

Des pubs incroyables dans le métro mettant « en tas » des actrices
(célèbres) nues, pour vendre un spectacle.

Le prochain festival d’Angoulèmes s’ouvre ( voir son site) sur une BD
intitulée « Maison close » où des auteures (complaisantes) jouent aux « 
putes » et sont ramenées par les commentateurs masculins à de la « viande ».

De premières réactions, heureusement. Notamment d’une nouvelle
association d’auteur(e)s de BD, Artemisia, animée notamment par Chantal
Montellier.

10)Partis

PS

Longue enquête de Médiapart (16/1) sur « une difficile convalescence ».

Verts

Papier du Parisien (17/1) sur la campagne européenne des Verts sur le
thème : la mayonnaise aurait du mal à prendre entre nonistes Bovéistes et
ouiouistes Cohn Bendit ; scepticisme, manque de concret, programme pas
fini (les Verts ont rejeté le programme du Parti vert européen, jugé
trop faible).

NPA

Interview de Besancenot in Parisien du 18/1 ; plutôt modeste sur les
nouveaux membres du NPA, parle de 7500 ( l’objectif des 10 000 a disparu).

Sondage européen
Publication partielle d’un sondage IFOP (pour de Villiers) sur les
européennes donnant UMP (24,5%), PS (19), MODEM (13), Besancenot (10),
de Villiers (5) ; pas d’infos sur les autres.

BULLETIN COM/IDEES/EUROPE
n°41 (210) 29 janvier 2009

1)Printemps européen chaud

Commentaires assez alarmistes de la presse de droite sur les risques
d’une extension de la contestation en Europe ; déjà on pointe la Grèce,
l’Islande, la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie.

Sans parler de la France. Le Monde fait état de notes des préfectures
traduisant « une très forte inquiétude » sur l’emploi et le pouvoir
d’achat. Ce que la journée du 29 a amplement confirmé.

Extraits du Figaro du 23/1 : « La peur d’une insurrection populaire
nourrie par la crise commence à s’insinuer dans les esprits des
dirigeants européens » ; et plus loin : « Evidemment, plus le peuple
souffrira, moins il supportera les avantages des gens d’en haut ».

Sur contestation et monde enseignant, lire « La droite ne comprend pas
le monde enseignant », Le Monde, 22/1.

2)Nouvelle UMP, nouvelle droite ?

L’UMP nouvelle serait arrivée ; c’est le message préparé depuis des
semaines, mis en scène samedi dernier et martelé depuis. Le Figaro parle
de nouvelle droite, l’accent étant mis sur l’ouverture à gauche. On
parle de créer un vrai parti populaire de 500 000 membres en 2012, le
nouveau discours un peu gauchisé de Xavier Bertrand, défenseur des
travailleurs (!) montre quel projet on poursuit, une sorte de parti
républicain mâtiné de blairisme.

Voir aussi l’utilisation de l’image de Carla Bruni, « La conscience de
gauche du Président » titre Le Point (15/1) !

Il y a un changement de vocabulaire ; par exemple Xavier Bertrand, avant
la grève du 29, dit : « Le mouvement sera peut-être important, peut-être
vraiment suivi parce que c’est une forme de réponse pour les salariés
face à cette crise ».

Rodomontade ? Réponse dans l’urgence à la crise ? Ou réorganisation
durable de la droite ? Les premiers reportages montrent que la ligne
gauchisée passe « moyen » dans les départements où les militants
préférent les fondamentaux de droite : service minimum, anti immigration,
etc...

On sent ce parti tiraillé entre cette orientation de pseudo-pondération
et l’envie d’en découdre avec le monde du travail.

Les dernières enquêtes montrent que si Sarkozy a grapillé un peu à
gauche, il perd dans les milieux populaires : -13 points chez les revenus
faibles, dixit Ipsos/Le Point/15 janvier.

Selon l’espagnol Aznar dans un entretien au Figaro (23/1), Sarkozy « 
occupe un grand espace politique, l’espace traditionnelle de la droite,
du centre et une partie de l’espace de la gauche ».

Lire aussi « L’UMP réfléchit à changer de nom » (La Croix, 22/1).

Dans le même temps, tout indique (confirme) que ce parti est le bras
armé de la très haute bourgeoisie. Chaque jour en apporte de nouveaux
exemples : Mme Woerth, femme du ministre du budget, est responsable de la
gestion de la fortune de Mme Bettencourt. Nicolas Bazire qui vient
d’être propulsé à la tête de la boîte à idées umpiste, La Fondation pour
l’innovation, est pdg du holding Arnault (Dior, LVMH, Carrefour...).

3)Protectionnisme

Les mises en garde (libérales) contre le « protectionnisme » se
multipliaient depuis le début de la crise ; cela semblait le mal absolu
(comme le retour de l’Etat) ; depuis peu, le ton change un peu, par
pragmatique ; tout se passe comme si, dans la presse économique
notamment, on reconnaissait qu’on était entré dans une phase
néo-protectionniste, concept flou en vérité où l’on intègre en fait
toutes mesures nationales prises par des Etats (Espagne, Chine, USA...)
face à la crise.

Ajoutons que les carcans européens sont sous tension ; non seulement le
pacte de stabilité est contourné mais on admet (presse du 29/1) que des
pays ( du sud de l’Europe) pourraient sortir de l’euro.
Emmanuel Todd milite pour un « protectionnisme européen », voir son
entretien in La Croix, 23/1 : « Il a une contradiction évidente entre
libre-échange et démocratie ».

4)Le retour des « classes moyennes »

Autre concept attrape-tout, celui des « classes moyennes » refait la Une
du Monde par exemple, avec plusieurs pages de reportages. On retiendra
cette « définition » du journal, qui est dans l’air : la classe moyenne,
ce sont ces « familles » qui ont un revenu mensuel entre 3500 et 4000
euros. Soit 40% des familles françaises. Cette classification est
arbitraire, rudimentaire ( en dessous les exclus ? Les pauvres ? Au dessus
les riches ?), confuse, un peu à l’image du travail sur les classes
sociales aujourd’hui.

Mais l’intérêt de l’enquête est de montrer cette hantise du « descenseur
 » social, de « déclassement », de chute qui caractèrise ces milieux.

5)Anticapitalisme

Dossier de 25 pages de la revue « Philosophie magazine » de février,
intitulée « Comment peut-on être anticapitaliste ? » Part du constat
(nouveau) que « chacun de nous est désormais traversé par la
contradiction entre capitalisme et anticapitalisme » ; comporte une
interessante cartographie de « la galaxie anticapitaliste » (critique
morale, sociale, écologique, anthropologique ; privilégie l’approche
morale et ethique ; on oppose ici ou là au capitalisme les notions
d’altruisme, de don, de désinteressement, d’humanité, de lien social à
retisser, de biens communs exclus de la sphère marchande (santé,
éducation, environnement, justice sociale). Le dossier est complaisant
quand les deux seules personnalités publiques interviewées sont
Besancenot et Attali.

Au final, dit la conclusion, « l’enjeu est de reprendre le contrôle
politique de la mondialisation, et, selon les mots de Zygmunt Baumann,
de créer et d’instituer l’humanité ».

6)L’Eglise, le pape et ses intégristes

L’annonce d’un décret du pape levant l’excommunication de 1988 de Mgr
Lefebvre et des siens, et réintégrant des intégristes dans l’Eglise,
sans doute sur le mode de l’Opus Déi, c’est à dire que cette secte
resterait relativement libre de ses agissements dans le cadre de
l’Eglise et leur chef n’ayant de comptes à rendre qu’au pape.
Déjà en 2007, on avait eu le retour de la messe en latin.
Parmi les réintégrés, un évêque ouvertement négationniste. Polémique au
sein de l’Eglise française et de son clergé.
Prochaine étape : la fin de Vatican II ?

7)Les politiques et Facebook

Enquête du Figaro du 22/1 sur l’utilisation de Facebook (le
trombinoscope) par les politiques. 6,5 millions d’utilisateurs en France
en février ; ils étaient 4 millions en octobre et un million il y a un
an. Exemples de Luc Chatel, d’Eric Woerth, de Moscovici. A la fois
capacité de mobilisation militante et risques de dérive : le site
Besancenot par exemple, qui attire beaucoup, n’est pas géré par
Besancenot mais par une personne qui a usurpé son identité... ; risques
aussi de voir s’y étaler la vie privée and co...
Sur un thème proche, lire « Européennes, les écolos misent sur Internet
version Obama » (Médiapart, 22/1) où il est aussi longuement question
d’un « facebook militant » ; mode « obama » et résistances de certains
militants.

8)Géographie de la richesse

Dans le cadre de la déclinaison par régions ou départements de la
campagne « La bourse ou la vie », on pourra utiliser les données et les
cartes du dossier du Point du 29/1 « Où sont les riches en France ? »,
avec les « repaires » de riches, le classement par régions, le top 20
des départements, la liste des communes aux plus gros revenus...

9)Sondages

Sondage Le Figaro/Opinionwa montrant que 66% des sondés approuvent
Sarkozy quand il s’en prend aux bonus des banquiers et 56% pensent qu’il
faut faire de même avec tout secteur qui demande une aide de l’Etat.

Sondage IFOP pour le parti de gauche donnant 14,5% à une liste PCF/Parti
Gauche/NPA/LO

10)Résumé de la note de Terra Nova sur la campagne présidentielle d’Obama.

Il a été signalé dans un précédent bulletin que « Terra nova », boîte à
idées néo-socialiste, a organisé ^^1 <#sdfootnote1sym> une mission
d’études aux USA sur « les techniques de campagnes américaines » et
produit un rapport, très dense (140 pages) intitulé « *Moderniser la vie
politique : innovations américaines, leçons pour la France* ».

Sont abordés tous les aspects de la campagne présidentielle : stratégie
politique et communication, utilisation des nouvelles technologies
(internet, gestion des bases de données, mobiles...), organisation de la
campagne, travail de terrain, mobilisation électorale, cadre juridique
et financier...

Ce travail collectif porte parfois l’empreinte de communiquants (Euro
RSCG, OpinionWay) ou de responsables politiques associés au travail (la
plupart proches de Ségolène Royal) ; reste que cette étude est _stimulante_.

Le rapport se compose, comme son titre l’indique, de deux parties : les
leçons des Etats Unis (70 pages) et les (12) recommandations pour la
France (30 pages) ; suivent de solides annexes, comportant par exemple un
guide du porte-à-porte (door-to-door) en Virginie.

1)Innovations américaines

La victoire d’Obama marquerait, pour le rapporteur, une « réconciliation
 » des Américains avec la politique, traduite par une mobilisation
massive, électorale (63% de votants contre une moyenne de 50) et
militante (10 millions ont participé à la campagne, 3 millions ont fait
des dons, 1,2 millions ont milité sur le terrain).

Si le rapport ne fait pas l’impasse sur la conjoncture politique qui a
joué pour Obama, il insiste sa « campagne de mobilisation, générant un
mouvement militant unique ». Avec trois ressorts principaux : le message ;
les nouvelles technologies ; l’organisation de terrain.

Le message :

on mise sur le « changement » incarné par une personne,
Obama ; on sort du rationnel pour l’émotion ; mais on ne se limite pas à
une campagne « charismatique », on organise une campagne « de cause, de
type caritatif », sur le principe de « l’appropriation : les électeurs
deviennent acteurs du changement » ; on glisse du « je » au « nous », « 
yes, we can », « chacun devient un héros du changement ». Tous les
slogans vont tendre vers cette idée.

C’est ainsi, par exemple, que le directeur de campagne poste sur YouTube
et expédie militants par e-mails des vidéos qui les informent sur la
stratégie de la campagne, pour « leur donner le sentiment de faire
partie de la campagne ».

Internet :

non seulement Obama se saisit d’Internet mais surtout il
réussit à « recruter et organiser massivement les sympathisants grâce à
Internet pour les envoyer de manière coordonnée militer sur le terrain.
C’est la première campagne fusionnant internet et le terrain ». Ce que
le rapporteur appelle le « on » et le « off line » de la campagne.

On n’attend pas que les supporters viennent à la campagne, on va aux
supporters. On va où les gens sont, sur les réseaux « sociaux »
d’Internet (Facebook, Myspace), communautaires, touchant vite des
millions d’internautes : un simple click et ils mettent un pied dans la
campagne.

Le don est le premier niveau d’implication ; il y a eu explosion du
financement (le double de 2004), un financement populaire fait de petits
dons ( moins de 200 dollars), sur le modèle du téléthon ; double
avantage : on s’affranchit (?) des grands lobbies et on crée du lien.

L’activité militante ensuite est coordonnée par un « réseau social
interne » (type Facebook) qui fait circuler les infos de campagne dans « 
la communauté Obama », qui met en contact les sympathisants entre eux
pour s’organiser en équipes de militants, sur des bases géographiques ou
thématiques ; ces derniers peuvent disposer de kits de formation, de « 
package » de documentation de campagne, de programme de porte-à-porte
(listes de démarchage de terrain), listes téléphoniques (phoning). « 
Chaque militant a le sentiment d’être son propre directeur de campagne »
(tableau de bord, argent, rencontres, recrutement, etc). Ce « reporting
 » donne une grande autonomie aux groupes pour s’auto-organiser et en
même temps « permet un contrôle serré de leurs actions par le staff de
campagne ».

On utilise les SMS (1,3 millions de mobiles collectés) et les e-mails
(13 millions) mais presque uniquement « pour la communication avec les
militants et les sympathisants » (infos de campagne).

Enfin il y a une base de données fichant l’intégralité du pays ( le
rapporteur parle de « rêve orwellien » ?!). On utilise le maximum de base
de données existantes (électorales, commerciales, politiques) pour « 
obtenir des données individuelles sur tous les électeurs », qui vont
servir pour des messages personnalisés, le porte-à-porte. Obama a
beaucoup investi dans l’achat de fichiers, y a ajouté la collecte
militante (2/3 des infos). A l’arrivée, un monstre baptisé Catalist,
fichier unique sur 220 millions de personnes et pouvant aller jusqu’à
600 infos par personne.

Révolution militante :

les 1,2 millions de militants obamistes ont
contacté (téléphone ou porte à porte) 68 millions de personnes, plus de
la moitié des électeurs et « 99% des électeurs cibles ». Dans les
élections locales françaises, le porte à porte est souvent le fait du
candidat ; ça ne marche donc pas pour une présidentielle, selon le
rapporteur. Avec Obama, ce travail de terrain est fait par les
militants : « c’est sa principale innovation, une nouvelle communication
politique de terrain ».

Extraits : « Ce n’est pas un politicien ou un spécialiste de la politique
qui vient s’adresser à l’électeur mais quelqu’un comme lui, un citoyen
de base. Mieux, le militant fait campagne dans son voisinage de
proximité. Du coup, ce n’est pas un inconnu qui vient parler à
l’électeur : c’est un ami, un membre de sa communauté, un voisin.
Quelqu’un avec qui existe de ce fait un lien de confiance. La
communication se fait entre pairs : c’est une communication « peer to
peer ». Cette communication a une efficacité exceptionnelle : les études
de la campagne montrent qu’en porte-à-porte, on retourne une voix toutes
les quatorze portes ».

Cette communication suppose que l’on fasse confiance aux militants,
qu’on leur lâche la bride : la méthode avait été pratiquée par Obama à
Chicago et théorisée par le sociologue Saul Alinski. Oui mais..., dit le
rappoorteur, ce n’est pas de l’autogestion : « cette mobilisation de
terrain est très fortement encadrée par un déploiement du staff de
campagne sur le terrain », une organisation pyramidale où l’organisateur
ne parle pas à l’électeur mais gère les militants, les forme, assure le
lien social entre eux. Un appareil de 2700 « organisateurs » salariés et
5000 bénévoles quadrillent les militants. Obama a considérablement
investi dans cette activité : 200 millions d’euros, soit un quart de son
budget de campagne.

2)Recommandations pour la France

Cette seconde partie est moins forte, plus discutable, plus marquée de
préoccupations politiciennes et notamment la volonté d’installer
durablement, sur un modèle américain, la bipolarisation, en éliminant
les « petits » partis par exemple.

On y retrouve d’un côté des recommandations adressées aux partis : créer
un parti de masse, introduire un système de primaire ouverte, investir
dans le militantisme de terrain, réorganiser le parti autour d’un
système d’information centré sur le réseau social et ses militants,
préparer les campagnes en amont.

D’autre part, le rapporteur suggère des pistes au législateur : réduction
du nombre des candidatures, accorder plus de temps aux campagnes,
decomplexer les budgets de campagne.

BULLETIN COM/IDEES/EUROPE
42 (211) 6 février 2009

1)Opinion : forte mobilisation

Après l’intervention télévisée de NS, des médias qui tirent plutôt sur
un « tournant social » (Figaro, Parisien Libé), qui appellent le PS à
pointer ce qui bouge avec Sarkozy (sous peine de faire le jeu de
Besancenot, comme l’a dit Colombani...) et mette en avant la suppression
de la taxe professionnelle.

Pas d’enquête d’opinion depuis cette intervention. Mais jusqu’à jeudi,
si le gouvernement a pu utiliser une étude TNS/Sofres (La Tribune du 31
janvier) où 55% des sondés pensaient que « le gouvernement doit
continuer à réformer mais en tenant compte des revendications qui
s’expriment », on notera plus volontiers l’étude CSA/Huma (30/1) où 61%
des Français souhaitent que les syndicats « appellent à poursuivre la
mobilisation ». On notera aussi une autre enquête intéréssante
Opinionway/Figaro du 31/1. Trois questions posées : pensez vous que le
mouvement social va conduire à un nouveau 1995 ? le souhaitez vous ? Y
participeriez vous ? Réponses : 50%, 46, 42. Pour Le Figaro, « *un taux
aussi élevé de personnes prêtes à s’engager* personnellement est
révélateur d’une forte inquiétude ; la mobilisation est en particulier
forte à gauche : *74% souhaitent une grève de grande ampleur*, 75% sont
prêts à y participer ».

Autre commentaire, toujours dans Le Figaro, sur l’opinion de l’Elysée
face au mouvement social : « Rien n’est fixé dans l’opinion publique,
dans un sens ou dans un autre ».

A noter enfin *forte chute de confiance* pour Sarkozy dans deux sondages
( à la veille de l’émission) : CSA/Parisien (-5%, se retrouve à 39%) (« 
chute brutale » dixit le journal) et Baromètre du Fig Mag (-4%), passe
de 41 à 37

2)Une droite tiraillée

La crise et la force du mouvement social semblent diviser à droite sur
les orientations. D’un côté ; Sarkozy et sa « nouvelle » UMP jouent, au
plan rhetorique, une carte un peu gauchisée. On n’en est plus à la
critique des bonus ( des PDG, pas ceux des traders, maintenus) mais à
évoquer (Frédéric Lefebvre, porte parole UMP) les trop grands
déséquilibres entre salaires et dividendes (Le Monde, 1 février, idem
dans Le Figaro du 3/2), à renforcer les pouvoir des salariés dans les
entreprises.

Partage des rôles avec une UMP « en avance » sur le gouvernement, comme
disait Xavier Bertrand ?

Henri Guaino ne rate aucune occasion pour plaider pour une refonte du
capitalisme (le Figaro du 24/1. Mise en avant de Boutin, aile gauche
démocrate-chretienne, de Jégo, gaulliste... L’ex PS Besson vient d’être
chargé de préparer le futur programme du parti (il fait déjà travailler
des gens venus de gauche).

De l’autre les libéraux se montrent critiques. Voir Nicolas Baverez, in
Le Monde (31) très contrarié par le retour des idées de « modèle
français », de « l’Etat providence », de l’Etat social ». La crise ne
rend pas caduque « la rupture » insiste l’idéologue du « déclin français ».

Voir aussi la batterie d’articles de théoriciens libéraux ( Sapin, etc)
que publie ces jours ci Le Figaro, où on décline les « fondamentaux » du
libéralisme.
A lire page 3 du Monde du 3/2 un portrait de Xavier Bertrand, sa
méthode, son nouveau parti « populaire et 100% utile ».

3)Culture et politique

On lira avec intérêt le numéro du 1er février du JDD ; ce journal du
groupe Lagardère, repris en main par des sarkozystes pur sucre, au
surlendemain du 29, n’a pas un mot pour le mouvement social (sauf une
photo sur un chien avec une pancarte dans une manif) ; Evacuation totale
des enjeux sociaux et économiques mais la Une et toutes les pages 2 et 3
et la der sur la culture. C’est intitulé « Vive la crise » et sensé nous
dire que les Français face à la crise plébiscitent la culture. Il y a là
à la fois une belle diversion et la démonstration aussi que la droite,
elle, sait investir le champ culturel, par conviction peut être et
surtout pour ses propres intérêts ( la « der » = Sophie Marceau nous
explique pourquoi elle a voté Sarkozy !).

Autre exemple de la même démarche : la mise en place le 2/2 du « Conseil
pour la création artistique » avec quelques « prises » de gauche genre
Marin Karmitz, Hoog de l’Ina, Blanc (Syndeac), Ethis (universitaire qui
travaille sur les publics), Hervieu (Chaillot, culture hiphop), des
directeurs de théatre, de l’agence CAPA, des gens plutôt compétents, pas
de « bling-bling »...

Commentaire du Président : « La réponse de la France à la crise
économique doit être culturelle et c’est à l’Etat de porter le message ».

4)Bonus et profits : les chiffres

A l’heure où l’on écrit beaucoup sur les bonus des PDG, intéressant
dossier du Monde (31/1) sur les bonus des traders des banques qui, eux,
se maintiennent ( de l’ordre de un milliard d’euros pour chacune des
grandes banques françaises !).
De même dans Le Figaro Eco du 3/2, publication (p 25) des profits 2008,
85 milliards d’euros (et toujours plus d’un milliard par MOIS pour
Total, 13,8 milliards l’an pour le pétrolier) ; on y apprend aussi que 31
milliards d’euros ont d’ores et déjà été distribués aux actionnaires
soit 42% du bénéfice moyen.
Enfin résultats des « hedge funds » (le monde, 6/2) : des « profits
insolents » titre le journal.

5)Jeunes : individualistes ET solidaires

Petit dossier intéressant dans la revue Viva de février sur la jeunesse
qualifiée à la fois d’individualiste ET de solidaire par l’auteur et
dans un entretien avec la politologue Anne Muxel ; montre que les jeunes
n’ont pas perdu l’envie de s’engager mais ils le font dans des formes
nouvelles, ils n’ont pas oublié le sens des valeurs communes et
citoyennes ; quant à leur individualisme, Muxel rappelle qu’ils « le sont
moins que la génération de 68 ! »

6)Sécurité et insécurité

Excellent dossier du Monde sur l’état des libertés publiques (5/2) ;
montre que la situation est « inquiétante » ; qu’une large parge partie
de la gauche s’est ralliée au sécuritarisme ambiant ; que le PS veut
sortir un livre noir sur les libertés mais ce parti « n’a pas pour
autant refondé son corpus idéologique sur le sujet » ; énumère l’arsenal
sécuritaire ; évoque le contrôle social via Internet.
On notera que cette politique remplit peut être les prisons mais se
montre totalement inefficace, incapable d’assurer une vraie sécurité
publique ; ainsi on assiste à une véritable « explosion » des braquages,
surtout sur le petit et moyen commerce (les mesures prises par les
banques et les grandes surfaces décourageant les voyous).

7) Prolétaires de tous les pays...

Un vent mauvais de xenophobie et de chasse aux travailleurs étrangers
souffle sur un nombre croissant de pas, notamment européens.Des manifs
de plus en plus vives en Angleterre avec le slogan « Jobs anglais pour
travailleurs anglais », slogan lancé en 2008 par le premier ministre
socialiste ; chasse aux polonais en Irlande (ils sont 300 000) ; chasse à
l’africain en Italie ( avec drames, agressions, meurtres, etc...).
Les lois ultralibérales (genre Bolkestein) ou social-libérales
(Blair/Brown) jouant du dumping social sont généralement responsables de
cette situation.

8)Crise catholique

Remous persistants chez les cathos après la réintégration des « 
lefebvristes » et malgré les rectifications apportées par le pape ;
grogne repris par « La Vie » qui fédère les refus de la démarche de
Rome ; en même temps (cf JP Denis, directeur de La Vie in Le Monde du
3/2), il serait question, avec cette opposition au pape, d’une « 
réidentification » de l’Eglise, de nouvelles « convergences » entre
courants internes qui jusque là s’ignoraient . A lire.

Notons que cette épisode ruine l’effort de séduction du Vatican en
direction de l’intelligentsia française, mis en scène lors du discours
de Benoit 16 aux Bernardins (septembre 2008).

9)Vidéosurveillance : la RATP la main dans le sac

La société est mise en cause sur plusieurs fronts (passe Navigo, écrans
publicitaires, utilisation commerciale des données des clients) ; attaque
devant le tribunal administratif, critique de la CNIL.

« Direct matin », gratuit du groupe Bolloré distribué au métro, a
censuré un article critique, finalement passé dans Le Monde du 6/2.

10)Partis

UMP/ Europe / Argumentaire

L’UMP considère avoir lançé sa campagne des européennes avec la réunion
d’Avignon le 31/1. Une crainte : l’abstention (59% en 2004). Tenir compte
du NON au référendum : « Il faut que l’Europe change » ; valoriser la
présidence Sarkozy de 2008 : l’Europe peut quand elle veut ; l’Europe « 
protège » (social, économie, paix) ; enfin montrer que la moitié des lois
sont faites à Bruxelles.

UMP/MEDEF

Lire Les Echos du 5/2 où on parle des passerrelles directes UMP/MEDEF,
on désigne les cadres UMP devenus cadres de la machinerie MEDEF.

MEDEF

Mot d’ordre de leur AG annuelle, à Mogador, « mis au point par ses
communicants » : « Vivement l’avenir, Ready for the future ». (?)

Sur la défensive, l’organisation bat le rappel de ses idéologues
libéraux ; grosse promo du dernier livre de Jacques Marseille, L’Argent
des Français (Perrin), qui fait d’ailleurs la Une du Point.

PS

Au rassemblement (annuel) des premiers secrétaires de section (1
février), un kit de campagne (crise, européennes) distribué aux
participants sous la forme d’une clé USB.

A noter que la quetion du non cumul des mandats est venue fort, vivement
soutenue par la salle.

NPA

Dossier complaisant de Zappi dans Le Monde du 1 février (double page)
mais interview intéressante de Vincent Tiberj (chercheur Sciences Po)
sur les difficultés que va rencontrer le NPA (personnalisation ; absence
de réel parti ; concurrence).

1 <#sdfootnote1anc>Le précédent rapport de Terra Nova s’intitulait « 
Pour une primaire à la française », de O. Duhamel et O. Ferrand, août 2008.



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