7 mars 2011

Entourloupette

Incroyable, tout de même, cette histoire de faux chiffres concernant le
coût du travail. Courant décembre, l’INSEE publie des chiffres montrant
une évolution très rapide du coût du travail et un différentiel de
l’ordre de 4 euros avec l’Allemagne dans l’industrie. Aussitôt ces
chiffres deviennent l’évangile. Eurostat les reprend ; l’Insttut
néo-patronal Rexecode en fait ses choux gras dans un rapport remis à
Bercy ; le MEDEF les claironne ; Sarkozy trompette : « Notre
compétitivité se dégrade ! ». Fillon pleure : « On est pénalisé ! ». Les
médias, paresseux comme de coutume, tombent dans le panneau : on est trop
cher, on a trop de charges, et patati, et patata... Manque de bol : les
chiffres sont faux. Dans un pataquès qui se veut une mise au point,
l’INSEE se bat la coulpe : On s’est trompé, faux chiffres, erreur,
mauvaise méthode d’enquête, « on a mal rodé nos calculs (sic) », pardon,
pardon.. Résultat des courses : le différentiel avec l’Allemagne n’est
pas du tout ce qu’on a raconté et, cerise sur le gâteau, le coût de la
main d’oeuvre dans l’industrie est plus élevé en Allemagne qu’en
France... On aurait pu s’attendre, dans la foulée, à une cascade
d’excuses, de rectifications, d’ajustements. Rien du tout. Sarkozy,
Fillon, le MEDEF creusent, imperturbables, leur même sillon. Les médias
ne font pas trop dans l’autocritique. Notons que l’Humanité (Pierre
Ivorra), dès le 22 février, relevait l’entourloupette.

Gérard Streiff


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