Elections européennes

Entrer, vite, en campagne

Isabelle de Almeida, présidente du Conseil national, rapportait devant le CN du 2 avril dernier sur la question des listes du Front de gauche aux Européennes. Dans cet entretien, elle donne son opinion sur l’accord finalement trouvé entre partenaires du Front et sur les grands thèmes de la nouvelle campagne qui commence.

Après les municipales et la formation du nouveau gouvernement, le PCF a lancé un appel à toute la gauche. Pourquoi cette démarche ?

La période qu’on vient de vivre traduit une forte aggravation de la crise politique. Les résultats des municipales, la nomination de Valls, le nouveau gouvernement et le départ des Verts, tout cela déboussole nombre d’électeurs de gauche, socialistes y compris. C’est un choc. Dans ces conditions, notre appel est une invitation à se rencontrer, à prendre des initiatives pour reconstruire à gauche. On ne vise pas uniquement une rencontre entre appareils ou dirigeants politiques, on veut créer des espaces où l’on pointerait les grandes propositions à travailler ensemble et à transformer en batailles politiques, batailles d’idées, pour regagner le terrain à gauche. Il y a un socle de propositions communes à définir sur les questions de l’emploi, du pouvoir achat, de la reconquête des services publics, de la démocratie, du partage des richesses, de la justice fiscale et sociale. Ces chantiers peuvent être investis, au delà du Front de gauche, par nombre de citoyens, de forces sociales, dans le camp du progrès.

Au dernier CN, tu rapportais sur la question des listes du Front de Gauche pour les européennes. Où en est-on ?

Le CN nous avait donné un mandat qui réaffirmait nos propositions de composition des listes, des propositions « équilibrées », permettant d’aller vers un accord, assurant d’une part la représentation des forces politiques dans le Front de gauche et respectant l’esprit fondateur du Front, avec l’ouverture à des citoyens/citoyennes. On a donc proposé que le PCF puisse conduire certaines listes, mais aussi le PG et également Ensemble, une nouvelle force politique, tout en conservant la place citoyenne, comme celle de Marie-Christine Vergiat, tête de liste de la circonscription du Sud-est, où elle est élue. On souhaitait en effet que les sortants soient présentés à nouveau dans leur circonscription. On regrette que cette proposition, équilibrée, qui satisfaisait certaines organisations du Front, n’ait pas pu aboutir. On a reproposé que, dans deux circonscriptions, il y ait des candidatures d’ouverture, dont celle de M-C Vergiat. Les autres composantes du Front n’ont pas accepté. On le regrette. Un accord est en train de se conclure sur les premiers de liste. Il y aura trois circonscriptions réservées au PCF, et comme nous voulons respecter l’esprit fondateur du Front, on ouvre l’une de ces listes à M-C Vergiat, celle du Sud Est. Le Parti de Gauche a trois circonscriptions ; et « Ensemble » conduit la circonscription de l’Ouest. Les autres formations composant le Front auront bien sûr des places visibles parmi les cinq premiers de chaque liste. On va partir en campagne sur cette base là. Le CN de vendredi va valider l’architecture des listes. Cet accord n’est pas l’accord initial proposé par le CN mais il y a dans le parti la volonté d’aller vers un accord du Front pour les européennes et on en a tenu compte. C’est d’autant plus nécessaire dans la situation créée après les municipales : ces listes portées par le Front seront des points d’appui pour le projet de reconstruire à gauche. On a pris cette responsabilité. Le terme de « sagesse » a été employé dans nos rangs pour dire qu’il fallait avancer. On va s’expliquer sur les raisons de cet accord. L’objectif premier, pour nous communistes, n’est pas de « rééquilibrer » le Front comme certains le disent, de partager les choses comme on partagerait un gateau, mais au contraire de développer le Front de gauche pour garder nos élus, gagner de nouveaux élus au Parlement européen, renforcer le groupe GUE-NGL qui peut être demain le 3^e ou 4^e groupe. Je tiens à préciser qu’au delà de la séquence des municipales et des européennes, nous aurons à travailler, dans le parti et dans le Front, sur notre stratégie de rassemblement, à évaluer la période qui vient de se passer, répondre aux interrogations qui s’expriment, préciser notre conception du Front de gauche comme outil de rassemblement pour reconstruire toute la gauche.

Un mot sur la campagne européenne à venir ?

On a un texte validé par l’ensemble du Front de gauche pour refonder l’Europe, donnant les grands axes de notre campagne, rompre avec les traités européens et proposer une Europe de l’emploi, de justice sociale, une Europe d’anti dumping social, où le rôle de la BCE serait changé complètement, une Europe de solidarité entre les peuples et de paix. Le bulletin Front de gauche voudra dire, et il sera le seul à le dire : pour sortir de la crise, il faut sortir de l’austérité. On va vite entrer en campagne, il y a urgence. Est prévu un meeting public, en région parisienne, dès ce vendredi, avec Alexis Tsipras.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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