Guerre d’Algérie, textes et documents

La Guerre d’Algérie
Discours et textes officiels

chapo

Les documents reproduits dans ce volume permettent de suivre les différentes étapes de la guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962, une guerre qui ne disait pas son nom puisqu’elle fut durablement désignée sous les vocables de « problèmes d’Afrique du Nord » ou d’« événements d’Algérie ». Un événement, nous dit Le Larousse, c’est un incident, une péripétie. Bel euphémisme pour parler d’un drame politique et humain qui allait déchirer deux pays et deux peuples et provoquer des milliers de morts.

1954 : l’insurrection ( dite de « la Toussaint ») est décidée, deux textes militants algériens en rendent compte ; au même moment, le discours des officiels français rappellent que pour Paris, « l’Algérie c’est la France ».

1955 : la guerre s’invite dans la vie de tous les jours ; les sondages montrent déjà qu’il s’agit pour les Français de leur problème numéro un.

1956 : les affrontements s’intensifient ; Paris, pris dans l’engrenage de la guerre, vote les pouvoirs spéciaux ; progressivement l’armée va se voir confier des compétences extra-ordinaires ; de son côté la rébellion algérienne se structure et le Congrès de la Soummam fixe la stratégie et l’organisation du FLN.

1958 : découlant des pouvoirs spéciaux, la torture s’installe au quotidien dans la « sale » guerre et un livre, « La question » du journaliste Henri Alleg, censuré dès sa sortie, en apporte un terrible témoignage.
Le conflit gangrène toute la vie politique ; la Quatrième République s’effondre, de Gaulle profite du chaos – et des émeutes – pour accéder au pouvoir. « Je vous ai compris » lance-t-il le 4 juin à la foule d’Alger.

1959 : le même de Gaulle, quelques mois plus tard, envisage le droit à l’autodétermination du peuple algérien ; les responsables du FLN entendent le message et le font savoir.

1960 : la guerre cependant continue ; les appelés du contingent, de plus en plus nombreux, y sont engagés ; l’ intelligentsia se mobilise, 121 personnalités lancent dans la presse parisienne un « appel à l’insoumission ».

1961 : des négociations de paix s’amorcent, timidement : les ultras de l’Algérie française ne l’acceptent pas ; ils se radicalisent et fondent l’Organisation Armée Secrète, l’OAS en février ; peu après, un « quarteron de généraux en retraite », comme les vilipende le Président de Gaulle, se lance dans un putsch vite avorté.

1962 : les accords d’Evian marquent enfin la fin du conflit et inaugurent l’indépendance algérienne.
1er novembre 1954
Proclamation du F.L.N.

Au Peuple Algérien, aux Militants de la Cause Nationale

A vous qui êtes appelés à nous juger, le premier d’une façon générale, les seconds tout particulièrement, notre souci, en diffusant la présente proclamation, est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir, en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure l’INDEPENDANCE NATIONALE dans le cadre Nord-Africain. Notre désir aussi est de vous éviter la confusion que pourraient entretenir l’impérialisme et ses agents : administratifs et autres politicailleurs véreux.
Nous considérons avant tout qu’après des décades de lutte, le Mouvement National a atteint sa phase finale de réalisation. En effet, le but du mouvement révolutionnaire étant de créer toutes les conditions favorables pour le déclenchement d’une action libératrice, nous estimons que : sur le plan interne, le peuple est uni derrière le mot d’ordre d’indépendance et d’action, et sur le plan externe, le climat de détente est favorable pour le règlement des problèmes mineurs dont le nôtre avec surtout l’appui diplomatiques de nos frères Arabes et Musulmans. Les événements du Maroc et de Tunisie sont à ce sujet significatifs et marquent profondément le processus de lutte de libération de l’Afrique du Nord. A noter dans ce domaine que nous avions depuis fort longtemps été les précurseurs de l’unité dans l’action. Malheureusement jamais réalisée entre les trois pays.
Aujourd’hui, les uns et les autres sont engagés résolument dans cette voie et nous, relégués à l’arrière, nous subissons le sort de ceux qui sont dépassés. C’est ainsi que notre Mouvement National terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé su soutien indispensable de l’opinion populaire, dépassé par les événements se désagrège progressivement à la grande satisfaction du colonialisme qui croit avoir remporté la plus grande victoire de sa lutte contre l’avant-garde algérienne. L’heure est grave.
Devant cette situation qui risque de devenir irréparable, une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d’elle la majorité des éléments sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le Mouvement National de l’impasse où l’ont acculé les luttes de personnes et d’influence pour le lancer aux côtés des frères Marocains et Tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire.
Nous tenons à préciser à cet effet que nous sommes indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir. Plaçant l’intérêt national au dessus de toutes les considérations mesquines et erronées de personnes et de prestiges, conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi obstiné et aveugle, qui s’est toujours refusé d’accorder la moindre liberté par des moyens pacifiques.
Ce sont là, nous pensons, des raisons suffisantes qui font que notre mouvement de rénovation se présente sous le nom de : FRONT DE LIBERATION NATIONALE, se dégageant ainsi de toutes les compromissions possibles et offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens de s’intégrer dans la lutte de libération sans aucune autre considération.
Pour nous préciser, nous retraçons ci-après les grandes lignes de notre programme politique.

BUT : INDEPENDANCE NATIONALE par :
1)La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ;
2)Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de race ni de confession.

OBJECTIFS INTERIEURS :
1)ASSAINISSEMENT POLITIQUE par la remise du Mouvement National Révolutionnaire dans sa véritable voie et par là l’anéantissement de tous les vestiges de corruption et de réformisme, causes de notre régression actuelle.
2)RASSEMBLEMENT ET ORGANISATION de toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.

OBJECTIFS EXTERIEURS :
1)Internationalisation du problème algérien.
2)Réalisation de l’unité Nord-Africaine dans son cadre naturel arabo-islamique.
3)Dans le cadre de la Charte des Nations Unies, affirmation de notre sympathie agissante à l’égard de toutes les Nations qui appuieraient notre action libératrice.

MOYENS DE LUTTE : Conformément aux principes révolutionnaires et compte-tenu des situations intérieure et extérieure, la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but.
Pour atteindre ces objectifs, le Front de Libération Nationale aura deux tâches essentielles à mener de front et simultanément : une action intérieure tant sur le plan politique et de l’action propre, et une action extérieure en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l’appui de tous nos alliés naturels.
C’est là une tâche écrasante qui nécessite la mobilisation de toutes les énergies et de toutes les ressources nationales. Il est vrai, la lutte sera longue, mais l’issue est certaine.
En dernier lieu, afin d’éviter les fausses interprétations et les faux-fuyants, pour prouver notre désir réel de paix, limiter les pertes en vies humaines et les effusions de sang, nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autorités françaises si ces dernières sont animées de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes :
1)L’ouverture de négociation avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne une et indivisible.
2)La création d’un climat de confiance par la libération de tous les détenus politiques, la levée de toutes les mesures d’exception et l’arrêt de toutes les poursuites contre les forces combattantes.
3)La reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les édits, décrets et lois faisant de l’Algérie une « terre française » en déni de l’Histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des moeurs du peuple algérien ;
En contrepartie :
1)Les intérêts français, culturels et économiques, honnêtement acquis, seront respectés ainsi que les personnes et les familles.
2)Tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité d’origine et seront de ce fait considérés comme des étrangers vis-à-vis des lois en vigueur ou opteront pour la nationalité algérienne et dans ce cas seront considérés comme tels en droit et en devoirs.
3)Les liens entre la France et l’Algérie seront définis et feront l’objet d’un accord entre les deux puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun.
Algérien ! Nous t’invitons à méditer notre Charte ci-dessus. Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté. Le Front de Libération nationale est ton front. Sa victoire est la tienne.
Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, sûrs de tes sentiments anti-impérialistes, forts de ton soutien, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la Patrie.
Le secrétariat
1er novembre 1954
Appel de l’Armée de Libération nationale (ALN)

Peuple Algérien,

A l’exemple des peuples qui ont brisé les chaînes de l’esclavage et de l’oppression, en accord avec tes frères Marocains et Tunisiens auxquels tu es lié par des siècles d’histoire, de civilisation et de souffrance, tu ne dois pas oublier un seul instant que notre avenir à tous est commun.
Par conséquent, il n’y a pas de raison pour ne pas unifier, confondre et intensifier notre lutte. Notre salut est un et notre délivrance est une, dissocier le problème maghrébin c’est aller contre une réalité historique qui, à dater de 1830, fait notre malheur à tous.
En outre, pense un peu à ta situation humiliante de colonisé, réduit sur son propre sol à la condition honteuse de serviteur et de misérable surexploité par une poignée de privilégiés, classe dominante et égoïste qui ne cherche que son profit sous le couvert fallacieux et trompeur de civilisation et d’émancipation.
A propos de civilisation, nous te rappelons quelques dates illustres : 1830 avec ses rapines et ses crimes au nom du droit du plus fort ; 1870 suivie de massacres et d’expropriations qui ont frappé des milliers d’Algériens ; 1945 avec ses 40 000 victimes ; 1948 et ses élections à la Naegelen ; 1950 avec son fameux complot. Comme tu le constates, avec le colonialisme, la Justice, la Démocratie, l’Egalité ne sont que leurre et duperie destinés à te tromper et à te plonger de jour en jour dans la misère que tu ne connais que trop.
Si à tous ces malheurs il faut ajouter la faillite de tous les partis politiques qui prétendaient te défendre, tu dois te convaincre de la nécessité de l’emploi d’autres moyens de lutte.
C’est pourquoi, conscients de la gravité de l’heure, au coude à coude, avec nos frères de l’Est et de l’Ouest qui meurent pour que vivent leur patrie respective, nous t’appelons à secouer ta résignation et à relever la tête pour reconquérir ta liberté au prix de ton sang.
Dans ce domaine nous savons ce dont tu es capable, mais au départ nous voudrions attirer ton attention sur la manière de servir les forces de libération qui, pour ton bonheur, ont fait le serment sacré de tout sacrifier pour toi.
1)Reste calme et discipliné. Ne te laisse pas aller au désordre qui ne peut servir que l’ennemi.
2)Ton devoir impérieux est de soutenir tes frères combattants par tous les moyens.
3)Sois vigilant. L’ennemi te guette et surveille tes moindres gestes pour gêner ton action.
Prends garde aux faux communiqués, aux mensonges, à la corruption, aux promesses dont le but est de te détourner de la voie que nous ont dicté notre religion et notre devoir national.
Pour finir :
 Toute inattention peut coûter la vie à des hommes.
 Toute indiscrétion peut engendrer des conséquences graves.
Donc, sans perdre une minute, organise ton action aux côtés des forces de Libération à qui tu dois porter aide, secours et protection en tous lieux et en tous moments.
En les servant, tu sers ta cause.
Se désintéresser de la lutte est un crime
Contrecarrer l’action est une trahison
Dieu est avec les combattants des justes causes et nulle force ne peut les arrêter désormais hormis la mort glorieuse ou la Libération Nationale.
Vive l’armée de libération
Vive l’Algérie indépendante
Paris /1954
L’Algérie, c’est la France

« L’Algérie, c’est la France... Et qui d’entre vous hésiterait à employer tous les moyens pour préserver la France , Il y a une grande différence entre la Tunisie et le Maroc, d’une part, et, d’autre part, l’Algérie qui fait partie de la République. »

François Mitterrand, ministre de l’Intérieur (UDSR), novembre 1954

« A la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse. Qu’on n’attende de nous aucun ménagement à l’égard de la sédition, aucun compromis avec elle. On ne transige pas lorsqu’il s’agit de défendre la paix intérieure de la Nation et l’intégrité de la République. Les départements d’Algérie font partie de la République, ils sont français depuis longtemps. Jamais la France, jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cédera sur ce principe fondamental. L’Algérie, c’est la France et non un pays étranger que nous protégeons. »

Pierre Mendès-France, président du Conseil, 12 novembre 1954, devant l’Assemblée Nationale.
1955
Enquêtes de l’I.F.O.P

L’Institut Français de l’Opinion Publique, IFOP, réalise fin 1955, début 1956 plusieurs enquêtes sur la guerre d’Algérie. La première date de décembre 1955 :

Question : quel est selon vous le problème d’intérêt national le plus important qui devra être traité par le gouvernement après les élections ?

Les problèmes d’Afrique du Nord (Algérie et Maroc) ….25%
Le problème des salaires...................................................... 15%
Le rapprochement Est / Ouest............................................. 9%
Le logement............................................................................ 5%
La stabilité monétaire........................................................... 5%
La fiscalité, les impôts............................................................ 4%
Redonner confiance au pays.................................................. 4%
Changer la loi électorale......................................................... 4%
Le problème de l’Union Française........................................ 4%
Les problèmes agricoles..........................................................3%
L’expansion économique.........................................................3%
Avoir un gouvernement stable............................................... 3%
Réformer la Constitution........................................................ 3%
La stabilité des prix................................................................. 3%
Congés payés, retraites............................................................ 2%
Question scolaire...................................................................... 2%
Problème européen.................................................................. 1%
Autres réponses........................................................................ 2%
Ne savent pas............................................................................12%

NB : le total est supérieur à 100%, certaines personnes ayant donné plusieurs réponses.

Nouvelle enquête en avril 1956 :

Question : pensez-vous que l’Algérie sera française dans cinq ans ?

Oui........................ 31%
Non........................ 25%
Non-réponses.........44%

Sources : Revue française de l’opinion publique 1955, n°4 ; 1956, n°3 ; L’Express, n°180 du 16/12/1955.

Mars 1956
Les pouvoirs spéciaux

La loi sur les pouvoirs spéciaux en Algérie n°56-258 du 16 mars 1956 stipule, dans son article 5 :
"Le gouvernement disposera en Algérie des pouvoirs les plus étendus pour prendre toute mesure exceptionnelle commandée par les circonstances, en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire".

Dans son exposé, le Président du Conseil Guy Mollet (SFIO), rappelle : « Nous rejetons absolument l’idée d’un Etat algérien qi ne correspond à aucune réalité » ; il évoque l’action militaire française, ce qui suppose que « le gouvernement entend donner à l’armée sa pleine efficacité. »

Raymond Guyot, pour le groupe communiste, précise dans le débat que le parti communiste n’a jamais été favorable à l’octroi de pouvoirs spéciaux, ajoutant que la question essentielle est de savoir « quelle politique le gouvernement fera en vertu de ces pouvoirs » ; il recommande au président du Conseil Guy Mollet « d’engager les pourparlers avec tous les représentants des mouvements algériens et avec ceux qui se battent ». (in L’année politique 1956, PUF).
Reste que les députés PCF votent ces pouvoirs spéciaux, adoptés par 455 voix – dont 146 communistes – contre 76.

Août 1956
Le Congrès de la Soummam

Le 20 août 1956 se réunissent des responsables de l’Oranie, de l’Algérois, du Constantinois, de la Kabylie. Un procès verbal rend compte de la séance ; les délégués font état des forces militantes, des armes disponibles, des finances, du moral des troupes. On définit une plate-forme politique, on uniformise l’organisation, on établit les grades ; on élit la direction du FLN, on installe l’ALN (Armée de Libération nationale). On considère que ce congrès marque l’acte fondateur de l’Etat algérien.

Extraits :

VII. Rapport FLN – ALN

Rapport FLN -ALN : Primauté du politique sur le militaire. Dans les PC, le Chef politique – militaire devra veiller à maintenir l’équilibre entre toutes les branches de la Révolution.

Rapport intérieur – extérieur : Primauté de l’intérieur sur l’extérieur avec le principe de co-direction.

VIII. Matériel

Aucune mutation d’armes ne sera faite entre les Wilayas, vu que le matériel que nous détenons est du matériel de récupération. A l’avenir, le CCE est seul habilité pour faire une répartition équitable en tenant compte de la situation de chaque Wilaya.

IX. Calendrier de travail

Reprendre l’initiative des opérations militaires à tout prix ; déclenchement des opérations militaires, offensives à partir de … ; le premier Novembre sera un anniversaire, la grève générale sera observée, le boycottage des écoles françaises est maintenu, les élections Lacoste seront boycottées. L’usage de la force Armée sera fait si les responsables le jugent utile.

Cessez-le-feu et négociations : seul le CNRA (Conseil national de la révolution algérienne, la direction collective du FLN, composée de 17 membres) est habilité pour ordonner le cessez-le-feu, dans le cadre de la plate-forme ONU. D’ores et déjà, l’intérieur devra fournir tous les éléments d’information que nous détenons pour faciliter la tâche de nos représentants délégués à l’ONU.

Prisonniers de guerre : Il est formellement interdit d’exécuter les prisonniers de guerre. A l’avenir un service des prisonniers de guerre sera créé dans chaque Wilaya, il aura surtout pour tâche essentielle de populariser la justesse de notre lutte.

Allocations familiales : Tous les moudjahidines chargés de famille seront secourus mensuellement. Cependant il sera fait appel au patriotisme de chacun pour épargner les deniers de la Révolution. Les directives seront données dans ce sens aux Chefs de groupes et aux Commissaires politiques. Les Moussebellines seront secourus sur la même base que les Moudjahidines lorsqu’ils accomplissent une tâche permanente de 30 jours sur 30 ; il leur sera attribué la moitié du secours lorsqu’ils ne sont utilisés que 15 jours par mois ; et le quart du secours lorsqu’ils ne sont utilisés qu’une semaine par mois. Les prisonniers et les familles des morts seront secourus sur la base suivante. Pour les campagnes, 2000 francs de base plus 2000 francs par personne ; pour les villes, 5000 francs de base plus 2000 francs par personne.

Politique : les Commissaires politiques et leurs attributions . Les tâches principales des Commissaires politiques seront : Organisation et éducation du peuple. Propagande et Informations. Guerre psychologique (rapport avec le peuple, la minorité européenne, les prisonniers de guerre). Les Commissaires politiques donneront leur avis sur les programmes de l’action militaire de l’ALNA. Finances et ravitaillement.

1958 / La torture
« La question » de Henri Alleg ( extraits)

Le livre du journaliste Henri Alleg, « La question », sur la torturedont il a été victime, sort en février 1958. Il est aussitôt censuré mais rencontre un grand écho.

" En attaquant les Français corrompus, c’est la France que je défends "
Jean-Christophe / Romain Rolland
Dans cette immense prison surpeuplée, dont chaque cellule abrite une souffrance, parler de soi est comme une indécence. Au rez-de-chaussée, c’est la " division " des condamnés à mort. Ils sont là quatre-vingts, les chevilles enchaînées, qui attendent leur grâce ou leur fin. Et c’est à leur rythme que nous vivons tous. Pas un détenu qui ne se retourne le soir sur sa paillasse à l’idée que l’aube peut être sinistre, qui ne s’endort sans souhaiter de toute sa force qu’il ne se passe rien. Mais c’est pourtant de leur quartier, que montent chaque jour les chants interdits, les chants magnifiques qui jaillissent toujours du cour des peuples en lutte pour leur liberté.
Les tortures ? Depuis longtemps le mot nous est à tous devenu familier. Rares sont ici ceux qui y ont échappé. Aux " entrants " à qui l’on peut adresser la parole, les questions que l’on pose sont, dans l’ordre : " Arrêté depuis longtemps ? Torturé ? Paras ou policiers ? " Mon affaire est exceptionnelle par le retentissement qu’elle a eu. Elle n’est en rien unique. Ce que j’ai dit dans ma plainte, ce que je dirai ici illustre d’un seul exemple ce qui est la pratique courante dans cette guerre atroce et sanglante.
Il y a maintenant plus de trois mois que j’ai été arrêté. J’ai côtoyé, durant ce temps, tant de douleurs et tant d’humiliations que je n’oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaître la vérité c’est aussi une manière d’aider au cessez-le-feu et à la paix. Des nuits entières, durant un mois, j’ai entendu hurler des hommes que l’on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours dans ma mémoire. J’ai vu des prisonniers jetés à coups de matraque d’un étage à l’autre et qui, hébétés par la torture et les coups, ne savaient plus que murmurer en arabe les premières paroles d’une ancienne prière.
Mais, depuis, j’ai encore connu d’autres choses. J’ai appris la " disparition " de mon ami Maurice Audin, arrêté vingt-quatre heures avant moi, torturé par la même équipe qui ensuite me " prit en mains ". Disparu comme le cheikh Tebessi, président de l’Association des Oulamas, le docteur Cherif Zahar, et tant d’autres. Lodi, j’ai rencontré mon ami de Milly, employé à l’hôpital psychiatrique de Blida, torturé par les " paras " lui aussi, mais suivant une nouvelle technique : il fut attaché, nu, sur une chaise métallique où passait le courant électrique ; il porte encore des traces profondes de brûlures aux deux jambes. Dans les couloirs de la prison, j’ai reconnu dans un " entrant " Mohamed Sefta, de la Mahakma d’Alger (la justice musulmane). " Quarante-trois jours chez les paras. Excuse-moi, j’ai encore du mal à parler : ils m’ont brûlé la langue ", et il me montra sa langue tailladée. J’en ai vu d’autres : un jeune commerçant de la Casbah, Boualem Bahmed, dans la voiture cellulaire qui nous conduisait au tribunal militaire, me fit voir de longues cicatrices qu’il avait aux mollets. " Les paras, avec un couteau : j’avais hébergé un F.L.N.. "
De l’autre côté du mur, dans l’aile réservée aux femmes, il y a des jeunes filles dont nul n’a parlé Djamila Bouhired, Elyette Loup, Nassima Hablal, Melika Khene, Lucie Coscas, Colette Grégoire et d’autres encore : déshabillées, frappées, insultées par des tortionnaires sadiques, elles ont subi elles aussi l’eau et l’électricité. Chacun ici connaît le martyre d’Annick Castel, violée par un parachutiste et qui, croyant être enceinte, ne songeait plus qu’à mourir.
Tout cela, je le sais, je l’ai vu, je l’ai entendu. Mais qui dira tout le reste ?

4 juin 1958
« Je vous ai compris »
De Gaulle à Alger

« Je vous ai compris… Je sais ce qui s’est passé ici… Je vois ce que vous avez voulu faire . Je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, c’est celle de la rénovation et de la fraternité… Je dis la rénovation à tous égards. Mais très justement, vous avez voulu que celle-ci commence par le commencement, c’est-à-dire par nos institutions, et c’est pourquoi me voilà…Et je dis la fraternité parce que vous offrez ce spectacle magnifique d’hommes qui d’un bout à l’autre, quelles que soient leurs communautés, communient dans la même ardeur et se tiennent par la main…Eh bien ! De tout cela je prends acte au nom de la France… et je déclare qu’à partir d’aujourd’hui la France considère que dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants… il n’y a que des Français à part entière… des Français à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs… Cela signifie qu’il faut ouvrir des voies qui jusqu’à présent étaient fermées devant beaucoup. Cela signifie qu’il faut donner les moyens de vivre à ceux qui ne les avaient pas… Cela signifie qu’il faut reconnaître la dignité de ceux à qui on la contestait…Cela veut dire qu’il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient douter d’en avoir une… (…) Français à part entière dans un seul et même collège, nous allons le montrer, pas plus tard que dans trois mois dans l’occasion solennelle où tous les Français, y compris les dix millions de Français d’Algérie, auront à décider… auront à décider de leur propre destin…Pour ces dix millions de Français-là, leurs suffrages compteront autant que les suffrages de tous les autres… Ils auront à désigner, à élire, je le répète en un seul collège, leurs représentants pour les Pouvoirs publics, comme le feront tous les autres Français… Puissent-ils participer en masse à cette immense démonstration, tous ceux de vos villes, de vos douars, de vos plaines, de vos djebels. Puissent-ils même y participer ceux-là, qui par désespoir ont cru devoir mener sur ce sol un combat dont je reconnais, moi, qu’il est courageux, car le courage ne manque pas sur la terre d’Algérie… qu’il est courageux, mais qu’il n’en est pas moins cruel et fratricide. Moi, de Gaulle, à ceux-là j’ouvre la porte de la réconciliation… Jamais plus qu’ici et plus que ce soir, je n’ai senti combien c’est beau, combien c’est grand, combien c’est généreux la France ! ».

16 septembre 1959
Le droit à l’autodétermination
Passages du discours de de Gaulle

Compte tenu de toutes les données : algériennes, nationales et internationales, je considère comme nécessaire que ce recours à l’autodétermination soit dès aujourd’hui proclamé. Au nom de la France et de la République, en vertu du pouvoir que m’attribue la Constitution de consulter les citoyens, pourvu que Dieu me prête vie et que le peuple m’écoute, je m’engage à demander d’une part aux Algériens, dans leurs douze départements, ce qu’ils veulent être en définitive et d’autre part à tous les Français d’entériner ce que sera ce choix.
Le destin politique qu’Algériennes et Algériens auront à choisir dans la paix, quel peut-il être ? Chacun sait que, théoriquement, il est possible d’en imaginer trois.
Ou bien : la sécession, où certains croient trouver l’indépendance. La France quitterait alors les Algériens qui exprimeraient la volonté de se séparer d’elle. Ceux-ci organiseraient, sans elle, le territoire où ils vivent, les ressources dont ils peuvent disposer, le gouvernement qu’ils souhaitent. Je suis, pour ma part, convaincu qu’un tel aboutissement serait invraisemblable et désastreux. L’Algérie étant actuellement ce qu’elle est, et le monde ce que nous savons, la sécession entraînerait une misère épouvantable, un affreux chaos politique, l’égorgement généralisé et, bientôt, la dictature belliqueuse des communistes... Il va de soi que dans cette hypothèse ceux des Algériens de toutes origines qui voudraient rester Français le resteraient de toute façon et que la France réaliserait, si cela était nécessaire, leur regroupement et leur établissement. D’autre part, toutes dispositions seraient prises pour que l’exploitation, l’acheminement, l’embarquement du pétrole saharien, qui sont l’oeuvre de la France et intéresse tout l’Occident, soient assurés, quoi qu’il arrive.
Ou bien : la francisation complète, telle qu’elle est impliquée dans l’égalité des droits...
Ou bien : le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l’aide de la France et en union étroite avec elle pour l’économie, l’enseignement, la défense, les relations extérieures. Dans ce cas le régime intérieur de l’Algérie devrait être de type fédéral, afin que les communautés diverses : française, arabe, kabyle, mozabite, etc, qui cohabitent dans le pays, y trouvent des garanties quant à leur vie propre et un cadre pour leur coopération.
… Si ceux qui la dirigent ( l’insurrection) revendiquent pour les Algériens le droit de disposer d’eux-mêmes, eh bien ! Toutes les voies sont ouvertes. Si les insurgés craignent qu’en cessant la lutte ils ne soient livrés à la justice, il ne tient qu’à eux de régler avec les autorités les conditions de leur libre retour, comme je l’ai proposé en offrant la paix des braves. Si les hommes qui constituent l’organisation politique du soulèvement entendent n’être pas exclus des débats, puis des scrutins, enfin des institutions qui règleront le sort de l’Algérie et assureront sa vie politique, j’affirme qu’ils auront comme tous les autres, et ni plus ni moins, l’audience, la part, la place, que leur accorderont les suffrages des citoyens. Pourquoi donc les combats odieux et les attentats fratricides qui ensanglantent encore l’Algérie continueraient-ils désormais ?
A moins que ne soient à l’oeuvre un groupe de meneurs ambitieux résolus à établir par la force et par la terreur leur dictature totalitaire et croyant pouvoir obtenir qu’un jour la République leur accorde le privilège de traiter avec eux du destin de l’Algérie, les bâtissant par là même comme gouvernement algérien. Il n’y a aucune chance que la France se prête à un pareil arbitraire...
Tunis, le 28 septembre 1959
Déclaration du G.P.R.A., Ferhat Abbas

Au seuil de la sixième année de guerre, alors que l’Assemblée générale des Nations Unies s’apprête à discuter de nouveau de la question algérienne, et que de grandes confrontations internationales laissent entrevoir un espoir de paix dans le monde, les regards se tournent vers l’Algérie. Tous les peuples appellent de leurs voeux le retour à la paix dans cette terre africaine où se déroule encore une guerre qui a fait déjà près d’un million de victimes.
Le peuple algérien a été contraint par le colonialisme à prendre les armes. Tout en réaffirmant sa volonté de lutte jusqu’à la libération nationale, le gouvernement provisoire de la République algérienne déclare qu’il n’entend négliger aucune occasion pour donner toutes ses chances à la paix.
Le président de la République française a solennellement reconnu, au nom de la France, dans sa déclaration du 16 septembre 1959, le droit des Algériens à l’autodétermination.
Le droit de disposer librement de son destin est enfin reconnu au peuple algérien. Cette évolution n’a été possible que parce que depuis cinq années le peuple algérien résiste victorieusement à l’une des plus sanglantes guerres de reconquête coloniale.
Elle n’a été possible que parce que le Front de libération nationale et l’Armée de libération nationale poursuivent et poursuivront s’il était nécessaire le combat libérateur. Elle n’a été possible enfin que grâce au soutien de tous les peuples frères et amis et appui de l’opinion publique internationale.
Le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, inscrit dans la proclamation du Front de libération nationale, a toujours été un objectif fondamental de la révolution algérienne. Il constitue un moyen démocratique et pacifique pour le peuple algérien d’aboutir à l’indépendance nationale.
Inscrite dans la Charte des Nations unies, l’autodétermination, c’est à dire le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, restitue au peuple algérien l’exercice de la souveraineté nationale qu’une conquête militaire – d’où ne saurait découler aucune légitimité – lui a momentanément ravi.
L’entité nationale que constitue l’Algérie et l’unité sociologique de son peuple sont des éléments objectifs essentiels. Une application de l’autodétermination qui ne tiendrait pas compte de ces réalités et qui viserait à un éclatement de cette entité en communautés raciales ou religieuses est illusoire.
Le gouvernement provisoire de la République algérienne rappelle en outre le principe intangible de l’intégrité du territoire national et exprime la détermination irréductible du peuple algérien de s’opposer à toute tentative de partition.
Il attire l’attention de l’opinion internationale sur le danger que constitue toute atteinte à cette unité et à cette intégrité. Une tentative de cette nature, loin de contribuer à la solution du problème algérien, ne ferait que l’aggraver et constituerait une menace permanente à la paix et à la sécurité internationales.
Quant aux richesses du Sahara, leur prospection et leur exploitation ne sauraient en aucun cas se muer en droit de propriété. Source de progrès humain, d’abord pour l’Algérie et l’Afrique du nord, ces richesses ne peuvent dans l’intérêt général que susciter une large et fructueuse coopération.
Sur un autre plan, subordonner le libre choix du peuple algérien à la consultation du peuple français serait la négation même de l’autodétermination et de la démocratie.
L’indépendance qui résultera d’une libre consultation du peuple algérien ne sera pas une source d’anarchie et de misère. Bien au contraire, cette indépendance conditionne tout progrès réel. Elle garantira la liberté des individus et assurera la sécurité des personnes. Enfin elle facilitera l’édification du Magreb et la libre coopération avec tous les pays.
Ces principes étant parfaitement définis, il est évident que le recours au suffrage universel ne peut avoir lieu sans le retour à la paix.
La « pacification » - c’est à dire la guerre qui continue de plus en plus meurtrière – ne peut ramener la paix en Algérie.
Le libre choix du peuple algérien ne peut s’exercer sous la pression d’une armée d’occupation de plus d’un demi-million de soldats et de presque autant de gendarmes, policiers et miliciens.
Il ne peut s’exercer sous la pression d’avions, de tanks et de canons, sous la pression d’un appareil administratif dont les traditions de fraude électorale sont connues.
Ce libre choix ne peut s’effectuer pleinement alors que plus du quart de la population est détenu dans les prisons et les camps, ou forcé à l’exil.
Autant de problèmes qui appellent la discussion.
Le gouvernement provisoire de la République algérienne, reconnu à ce jour par de nombreux Etats, est le dépositaire et le garant des intérêts du peuple algérien jusqu’à ce que celui-ci se soit librement prononcé. Il dirige et contrôle la résistance du peuple algérien et la lutte libératrice de l’Armée de libération nationale. Donc il ne peut y avoir qu’avec son accord retour à la paix. Celle-ci peut être immédiate.
A cet effet le gouvernement provisoire de la République algérienne est prêt à entrer en pourparlers avec le gouvernement français afin de discuter des conditions politiques et militaires du cessez-le-feu, des conditions et des garanties de l’application de l’autodétermination.
4 septembre 1960
Déclaration de 121 personnalités sur le droit à l’insoumission

Un mouvement très important se développe en France, et il est nécessaire que l’opinion française et internationale en soit mieux informée, au moment où le nouveau tournant de la guerre d’Algérie doit nous conduire à voir, non à oublier, la profondeur de la crise qui s’est ouverte il y a six ans.
De plus en plus nombreux, des Français sont poursuivis, emprisonnés, condamnés, pour s’être refusés à participer à cette guerre ou pour être venus en aide aux combattants algériens. Dénaturées par leurs adversaires, mais aussi édulcorées par ceux-là mêmes qui auraient le devoir de les défendre, leurs raisons restent généralement incomprises. Il est pourtant insuffisant de dire que cette résistance aux pouvoirs publics est respectable. Protestation d’hommes atteints dans leur honneur et dans la juste idée qu’ils se font de la vérité, elle a une signification qui dépasse les circonstances dans lesquelles elle s’est affirmée et qu’il importe de ressaisir, quelle que soit l’issue des événements.
Pour les Algériens, la lutte, poursuivie, soit par des moyens militaires, soit par des moyens diplomatiques, ne comporte aucune équivoque. C’est une guerre d’indépendance nationale. Mais, pour les Français, quelle en est la nature ? Ce n’est pas une guerre étrangère. Jamais le territoire de la France n’a été menacé. Il y a plus : elle est menée contre des hommes que l’Etat affecte de considérer comme français, mais qui, eux, luttent précisément pour cesser de l’être. Il ne suffirait même pas de dire qu’il s’agit d’une guerre de conquête, guerre impérialiste, accompagnée de surcroît de racisme. Il y a de cela dans toute guerre, et l’équivoque persiste.
En fait, par une décision qui constituait un abus fondamental, l’Etat a d’abord mobilisé des classes entières de citoyens à seule fin d’accomplir ce qu’il désignait lui-même comme une besogne de police contre une population opprimée, laquelle ne s’est révoltée que par un souci de dignité élémentaire, puisqu’elle exige d’être enfin reconnue comme communauté indépendante.
Ni guerre de conquête, ni guerre de « défense nationale », ni guerre civile, la guerre d’Algérie est peu à peu devenue une action propre à l’armée et à une caste qui refusent de céder devant un soulèvement dont même le pouvoir civil, se rendant compte de l’effondrement général des empires coloniaux, semble prêt à reconnaître le sens.
C’est aujourd’hui principalement la volonté de l’armée qui entretient ce combat criminel et absurde, et cette armée, par le rôle politique que plusieurs de ses hauts représentants lui font jouer, agissant parfois ouvertement et violemment en dehors de toute légalité, trahissant les fins que l’ensemble du pays lui confie, compromet et risque de pervertir la nation même, en forçant les citoyens sous ses ordres à se faire les complices d’une action factieuse ou avilissante. Faut-il rappeler que, quinze ans après la destruction de l’ordre hitlérien, le militarisme français, par suite des exigences d’une telle guerre, est parvenu à restaurer la torture et à en faire à nouveau comme une institution en Europe ?
C’est dans ces conditions que beaucoup de Français en sont venus à remettre en cause le sens des valeurs et d’obligations traditionnelles. Qu’est ce que le civisme, lorsque dans certaines circonstances, il devient soumission honteuse ? N’y-a-t-il pas des cas où le refus de servir est un devoir sacré, où la « trahison » signifie le respect courageux du vrai ? Et lorsque, par la volonté de ceux qui l’utilisent comme instrument de domination raciste ou idéologique, l’armée s’affirme en état de révolte ouverte ou latente contre les institutions démocratiques, la révolte contre l’armée ne prend-elle pas un sens nouveau ?
Le cas de conscience s’est trouvé posé dès le début de la guerre. Celle-ci se prolongeant, il est normal que ce cas de conscience se soit résolu concrètement par des actes toujours plus nombreux d’insoumission, de désertion, aussi bien que de protection et d’aide aux combattants algériens. Mouvements libres qui se sont développés en marge de tous les partis officiels, sans leur aide et, à la fin, malgré leur désaveu. Encore une fois, en dehors des cadres et des mots d’ordre préétablis, une résistance est née, par une prise de conscience spontanée, cherchant et inventant des formes d’action et des moyens de lutte en rapport avec une situation nouvelle dont les groupements politiques et les journaux d’opinion se sont entendus, soit par inertie ou timidité doctrinale, soit par préjugés nationalistes ou moraux, à ne pas reconnaître le sens et les exigences véritables.
Les soussignés, considérant que chacun doit se prononcer sur des actes qu’il est désormais impossible de présenter comme des faits divers de l’aventure individuelle ; considérant qu’eux-mêmes, à leur place et selon leurs moyens, ont le devoir d’intervenir, non pas pour donner des conseils aux hommes qui ont à se décider personnellement face à des problèmes aussi graves, mais pour demander à ceux qui les jugent de ne pas se laisser prendre à l’équivoque des mots et des valeurs, déclarent :

 Nous respectons et jugeons justifié le refus de prendre les armes contre le peuple algérien.
 Nous respectons et jugeons justifiée la conduite des Français qui estiment de leur devoir d’apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du peuple français.
 La cause du peuple algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le système colonial, est la cause de tous les hommes libres.

Arthur Adamov, Robert Antelme, Georges Auclair, Jean Baby, Arsène Bonnafous-Murat, Raymond Borde, Jean-Louis Bory, Jacques Laurent-Bost, Hubert Damisch, Bernard Dort, Jean Douassot, Simone Dreyfus, Hélène Balfet, Marc Barbut, Robert Barrat, Simone de Beauvoir, Lean-Louis Bedouin, Marc Beigbeder, Robert Benayoun, Maurice Blanchot, Roger Blin, Geneviève Bonnefoi, Anne Guérin, Daniel Guérin, Jacques Howlett, Edouard Jaguer, Pierre Jaouen, Gérard Jarlot, Robert Jaulin, Alain Jouvert, Henri Kréa, Robert Lagarde, Monique Lange, Claude Lanzmann, Robert Lapoujade, Henri Lefebvre, Gérard Legrand, Michel Leiris, Paul Lévy, Jérôme Lindon, Eric Losfeld, Robert Louzon, Olivier de Magny, Pierre Boulez, Vincent Bounoure, André Breton, Guy Cabanel, Georges Condaminas, Alain Cuny, Jean Czarnecki, Dr Jean Dalsace, Adrien Dax, Andrée Marty-Capgras, Dionys Mascolo, François Maspero, André Masson, Pierre de Massot, Jean-Jacques Mayoux, Jehan Mayoux, Théodore Monod, Marie Moscovici, Georges Mounin, Maurice Nadeau, Georges Navel, Hélène Parmelin, Marcel Péju, José Pierre, André Pieyre de Mandiargues, Edouard Pignon, Bernard Pingaud, Maurice Pons, J.B. Pontalis, Marguerite Duras, Yves Elléouet, Dominique Eluard, Charles Estienne, Louis-René des Forêts, Dr Théodore Fraenkel, André Frenaud, Jacques Gernet, Louis Gernet, Edouard Glissant, Jacques-Francis Rolland, Alfred Rosmer, Gilbert Rouget, Claude Roy, Marc Saint-Saëns, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre, Renée Saurel, Claude Sautet, Jean Schuster, Robert Scipion, Louis Seguin, Geneviève Serreau, Simone Signoret, Jean-Claude Silbermann, Claude Simon, René de Solier, D. de la Souchère, Jean Thiercelin, Dr René Tzanck, Vercors, Florence Malraux, André Mandouze, Maud Mannoni, Jean Martin, René-Marcel Martinet,Jean-Daniel Martinet, Jean Pouillon, Denise René, Alain Resnais, Jean-François Revel, Alain Robbe-Grillet, Christiane Rochefort, J.P. Vernant, Pierre Vidal-Naquet, J.P. Vielfaure, Claude Viseux, Ylipe, René Zazzo.
OAS, le premier tract
Février 1961

L’OAS (Organisation Armée Secrète) est créée le 10 février 1961 ; elle unifie les courants d’extrême droite opposés à l’Indépendance algérienne. Un premier tract ronéotypé apparaît à Alger fin février, son acte de baptême en quelque sorte :

« L’UNION EST FAITE. LE FRONT DE LA RESISTANCE EST UNI.

Français de toutes origines, la dernière heure de la France en Algérie est la dernière heure de la France dans le monde, la dernière heure de l’Occident.
Aujourd’hui, tout est près d’être perdu ou sauvé. Tout dépend de nos volontés. Tout dépend de l’Armée nationale.
Nous savons que l’ultime combat approche. Nous savons que ce combat, pour être victorieux, exige l’unité la plus totale, la discipline la plus absolue.
Aussi les Mouvements Nationaux clandestins et leur organisation de résistance ont décidé de joindre unanimement leurs forces et leurs efforts dans un seul mouvement de combat :
L’ORGANISATION ARMEE SECRETE, O.A.S.

Algériens de toutes origines, en luttant pour l’Algérie française, vous luttez pour votre vie et votre honneur, pour l’avenir de vos enfants. Vous participerez ainsi au grand mouvement de rénovation nationale.
Dans cette lutte, vous suivrez désormais et exclusivement les mots d’ordre de l’O.A.S.. Soyez certains que nous nous dresserons tous ensemble les armes à la main, contre l’abandon de l’Algérie, et que la victoire est assurée si nous savons la mériter.
Dans le calme et la confiance,
Tous debout, tous prêts, tous unis, VIVE LA FRANCE !

L’ORGANISATION ARMEE SECRETE

23 avril 1961
Putsch des Généraux
Réaction du Général de Gaulle

Le putsch d’Alger, le 21 avril 1961, est conduit par quatre généraux, Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul Salan, André Zeller. Le dimanche 23, le Président de Gaulle, vêtu de son uniforme de général, intervient à 20 heures à la télévision :

« Un pouvoir insurrectionnel s’est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. Les coupables de l’usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spécialisées, l’adhésion enflammée d’une partie de la population de souche européenne qu’égarent les craintes et les mythes, l’impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la nation et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à un désastre national. Car l’immense effort de redressement de la France, entamé depuis le fond de l’abîme, le 18 juin 1940 ; mené ensuite jusqu’à ce qu’en dépit de tout la victoire fût remportée, l’Indépendance assurée, la République restaurée ; repris depuis trois ans, afin de refaire l’Etat, de maintenir l’unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre rang au dehors, de poursuivre notre oeuvre outre-mer à travers une nécessaire décolonisation, tout cela risque d’être rendu vain, à la veille même de la réussite, par l’aventure odieuse et stupide des insurgés en Algérie. Voici l’Etat bafoué, la nation défiée, notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle en Afrique compromis. Et par qui ? Hélas ! Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c’était le devoir, l’honneur. La raison d’être de servir et d’obéir. Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer partout la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire. J’interdis à tout Français et, d’abord, à tout soldat d’exécuter aucun de leurs ordres. L’argument suivant lequel il pourrait être localement nécessaire d’accepter leur commandement, sous prétexte d’obligations opérationnelles ou administratives, ne saurait tromper personne. Les seuls chefs, civils et militaires, qui aient le droit d’assumer les responsabilités sont ceux qui ont été régulièrement nommés pour cela et que, précisément, les insurgés empêchent de le faire. L’avenir des usurpateurs ne doit être que celui que leur destine la rigueur des lois. Devant le malheur qui plane sur la Patrie et la menace qui pèse sur la République, ayant pris l’avis officiel du Conseil constitutionnel, du Premier ministre, du Président du Sénat, du Président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de mettre en oeuvre l’article 16 de notre Constitution. A partir d’aujourd’hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui me paraîtront exigées par les circonstances. Par là même, je m’affirme, pour aujourd’hui et pour demain, en la légitimité française et républicaine que la nation m’a conférée, et que je maintiendrai, quoi qu’il arrive jusqu’au terme de mon mandat ou jusqu’à ce que me manquent soit les forces, soit la vie, et dont le prendrai les moyens d’assurer qu’elle demeure après moi. Françaises, Français ! Voyez où risque d’aller la France par rapport à ce qu’elle était en train de redevenir. Françaises, Français ! Aidez-moi ! »

1962, 18 mars
LES ACCORDS D’EVIAN

« Déclaration générale » des deux délégations

Le peuple français a, par le référendum du 8 janvier 1961, reconnu aux Algériens le droit de choisir, par voie d’une consultation au suffrage direct et universel, leur destin politique par rapport à la République française.
Les pourparlers qui ont eu lieu à Evian du 7 au 18 mars 1962 entre le gouvernement de la République et le F.L.N. Ont abouti à la conclusion suivante :
Un cessez-le-feu est conclu. Il sera mis fin aux opérations militaires et à la lutte armée sur l’ensemble du territoire algérien le 19 mars.
Les garanties relatives à la mise en oeuvre de l’autodétermination et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie pendant la période transitoire ont été définies d’un commun accord.
La formation, à l’issue de l’autodétermination d’un Etat indépendant et souverain paraissant conforme aux réalités algériennes et, dans ces conditions, la coopération de la France et de l’Algérie répondant aux intérêts des deux pays, le gouvernement français estime avec le F.L.N. Que la solution de l’indépendance de l’Algérie en coopération avec la France est celle qui correspond à cette situation. Le gouvernement et le F.L.N. ont donc défini d’un commun accord cette solution dans des déclarations qui seront soumises à l’approbation des électeurs lors du scrutin d’autodétermination.

I. DE L’ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS PENDANT LA PERIODE TRANSITOIRE ET DES GARANTIES DE L’AUTODETERMINATION

a)La consultation d’autodétermination permettra aux électeurs de faire savoir s’ils veulent que l’Algérie soit indépendante et, dans ce cas, s’ils veulent que la France et l’Algérie coopèrent dans les conditions définies par les présentes déclarations.

b)Cette consultation aura lieu sur l’ensemble du territoire algérien, c’est à dire dans les quinze départements suivants : Alger, Batna, Bône, Constantine, Médéa, Mostaganem, Oasis, Oran, Orléansville, Saïda, Saoura, Sétif, Tiaret, Tizi-Ouzou, Tlemcen.
Les résultats des différents bureaux de voteseront totalisés et proclamés pour l’ensemble du territoire.

c)La liberté et la sincérité de la consultation seront garanties conformément au règlement fixant les conditions de la consultation d’autodétermination.

d)Jusqu’à l’accomplissement de l’autodétermination, l’organisation des pouvoirs publics en Algérie sera établie conformément au règlement qui accompagne la présente déclaration.
Il est institué un exécutif provisoire et un tribunal de l’ordre public.
La République est représentée en Algérie par un haut-commissaire. Ces institutions, et notamment l’exécutif provisoire, seront installées dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.

e)Le haut commissaire sera dépositaire des pouvoirs de la République en Algérie, notamment en matière de défense, de sécurité et de maintien de l’ordre en dernier ressort.

f)L’exécutif provisoire sera chargé notamment :
d’assurer la gestion des affaires publiques propres à l’Algérie. Il dirigera l’Administration de l’Algérie et aura pour mission de faire accéder les Algériens aux emplois dans les différentes branches de cette administration ;
de maintenir l’ordre public. Il disposera à cet effet de services de police et d’une force d’ordre placée sous son autorité ;
de préparer et de mettre en oeuvre l’autodétermination.

g) Le tribunal de l’ordre public sera composé d’un nombre égal de juges européens et de juges musulmans.

h)Le plein exercice des libertés individuelles et des libertés publiques sera rétabli dans les plus brefs délais.

i)Le F.L.N. Sera considéré comme une formation politique de caractère légal.

j)Les personnes internées tant en France qu’en Algérie seront libérées dans un délai maximal de vingt jours à compter du cessez-le-feu.

k)L’amnistie sera immédiatement proclamée. Les personnes détenues seront libérées.

l)Les personnes réfugiées à l’étranger pourront rentrer en Algérie. Des commissions siégeant au Maroc et en Tunisie faciliteront ce retour.
Les personnes regroupées pourront rejoindre leur lieu de résidence habituelle.
L’exécutif provisoire prendra les premières mesures sociales, économiques et autres destinées à assurer le retour de ces populations à une vie normale.

m)Le scrutin d’autodétermination aura lieu dans un délai minimal de trois mois et dans un délai maximal de six mois. La date en sera fixée sur proposition de l’Exécutif provisoire dans les deux mois qui suivront l’installation de celui-ci.

II.DE L’INDEPENDANCE ET DE LA COOPERATION

Si la solution d’indépendance et de coopération est adoptée, le contenu des présentes déclarations s’imposera à l’Etat algérien.

De l’indépendance de l’Algérie

L’Etat algérien exercera sa souveraineté pleine et entière à l’intérieur et à l’extérieur.
Cette souveraineté s’exercera dans tous les domaines notamment la Défense nationale et les Affaires étrangères.
L’Etat algérien se donnera librement ses propres institutions et choisira le régime politique et social qu’il jugera le plus conforme à ses intérêts. Sur le plan international, il définira et appliquera en toute souveraineté la politique de son choix.
L’Etat algérien souscrira sans réserve à la Déclaration universelle des droits de l’homme et fondera ses institutions sur les principes démocratiques et sur l’égalité des droits politiques entre tous les citoyens sans discrimination de race, d’origine ou de religion. Il appliquera notamment les garanties reconnues aux citoyens de statut civil français.

Des droits et libertés des personnes et de leurs garanties

I.Dispositions communes

Nul ne pourra faire l’objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d’une discrimination quelconque en raison :
 d’opinions émises à l’occasion des événements survenus en Algérie avant le jour du scrutin d’autodétermination ;
 d’actes commis à l’occasion des mêmes événements avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu.
Aucun Algérien ne pourra être contraint de quitter le territoire algérien ni empêché d’en sortir.

II.Dispositions concernant les citoyens français de statut civil de droit commun.

a)Dans le cadre de la législation algérienne sur la nationalité, la situation légale des citoyens français de statut civil de droit commun est réglée selon les principes suivants.
Pour une période de trois années à dater du jour de l’autodétermination, les citoyens français de statut civil de droit commun :
 Nés en Algérie et justifiant de dix années de résidence habituelle et régulière sur le territoire algérien au jour de l’autodétermination ;
 Ou justifiant de dix années de résidence habituelle et régulière sur le territoire algérien au jour de l’autodétermination et dont le père ou la mère né en Algérie remplit, ou aurait pu remplir, les conditions pour exercer les droits civiques ;
 Ou justifiant de vingt années de résidence habituelle et régulière sur le territoire algérien au jour de l’autodétermination, bénéficieront de plein droit des droits civiques algériens et seront considérés de ce fait comme des nationaux français exerçant les droits civiques algériens.
Les nationaux français exerçant les droits civiques algériens ne peuvent exercer simultanément les droits civiques français.
Au terme du délai de trois années susvisé, ils acquièrent la nationalité algérienne par une demande d’inscription ou de confirmation de leur inscription sur les listes électorales ; à défaut de cette demande, ils sont admis au bénéfice de la convention d’établissement.

b)afin d’assurer, pendant un délai de trois années, aux nationaux français exerçant les droits civiques algériens et à l’issue de ce délai, de façon permanente, aux Algériens de statut civil français, la protection de leur personne et de leurs biens et leur participation régulière à la vie de l’Algérie, les mesures suivantes sont prévues :
Ils auront une juste et authentique participation aux affaires publiques. Dans les assemblées, leur représentation devra correspondre à leur importance effective. Dans les diverses branches de la fonction publique, ils seront assurés d’une équitable participation.
Leur participation à la vie municipale à Alger et à Oran fera l’objet de dispositions particulières.
Leurs droits de propriété seront respectés. Aucune mesure de dépossession ne sera prise à leur encontre sans l’octroi d’une indemnité équitable préalablement fixée.
Ils recevront les garanties appropriées à leurs particularismes culturels, linguistiques et religieux. Ils conserveront leur statut personnel, qui sera respecté et appliqué par des juridictions algériennes comprenant des magistrats de même statut. Ils utiliseront la langue française au sein des assemblées et dans leurs rapports avec les pouvoirs publics.
Une association de sauvegarde contribuera à la protection des droits qui leur sont garantis.
Une cour des garanties, institution de droit interne algérien, sera chargée de veiller au respect de ces droits.

De la coopération entre la France et l’Algérie

Les relations entre les deux pays seront fondées, dans le respect mutuel de leur indépendance, sur la réciprocité des avantages et l’intérêt des deux parties.
L’Algérie garantit les intérêts de la France et les droits acquis des personnes physiques et morales dans les conditions fixées par les présentes déclarations. En contre-partie, la France accordera à l’Algérie son assistance technique et culturelle et apportera à son développement économique et social une aide financière privilégiée.

1)Pour une période de trois ans renouvelable, l’aide de la France sera fixée dans des conditions comparables et à un niveau équivalent à ceux des programmes en cours.
Dans le respect de l’indépendance commerciale et douanière de l’Algérie, les deux pays détermineront les différents domaines où les échanges commerciaux bénéficieront d’un régime préférentiel.
L’Algérie fera partie de la one franc. Elle aura sa propre monnaie et ses propres avoirs en devises. Il y aura entre la France et l’Algérie liberté des transferts dans des conditions compatibles avec le développement économique et social de l’Algérie.

2)Dans les départements actuels des Oasis et de la Saoura, la mise en valeur des richesses du sous-sol aura lieu selon les principes suivants :

a)La coopération franco-algérienne sera assurée par un organisme technique de coopération saharienne. Cet organisme aura un caractère paritaire. Son rôle sera notamment de développer l’infrastructure nécessaire à l’exploitation du sous-sol, de donner un avis sur les projets de loi et de règlements à caractère minier, d’instruire les demandes relatives à l’octroi des titres miniers ; l’Etat algérien délivrera les titres miniers et édictera la législation minière en toute souveraineté.

b)Les intérêts français seront assurés notamment par :
 l’exercice, suivant les règles du code pétrolier saharien, tel qu’il existe actuellement, des droits attachés aux titres miniers délivrés par la France ;
 la préférence, à égalité d’offre, aux sociétés françaises dans l’octroi de nouveaux permis miniers, selon les modalités prévues par la législation minière algérienne ;
 le paiement en francs français des hydrocarbures sahariens à concurrence des besoins d’approvisionnement de la France et des autres pays de la zone franc.

3)La France et l’Algérie développeront leurs relations culturelles.
Chaque pays pourra créer sur le territoire de l’autre un office universitaire et culturel, dont les établissements seront ouverts à tous.
La France apportera son aide à la formation de techniciens algériens.
Des personnels français, notamment des enseignants et des techniciens, seront mis à la disposition du gouvernement algérien par accord entre les deux pays.

III.Du règlement des questions militaires

Si la solution d’indépendance de l’Algérie et de coopération entre l’Algérie et la France est adoptée, les questions militaires seront réglées selon les principes suivants :
 Les forces françaises, dont les effectifs auront été progressivement réduits à partir du cessez-le-feu, se retireront des frontières de l’Algérie au moment de l’accomplissement de l’autodétermination ; leurs effectifs seront ramenés, dans un délai de douze mois à compter de l’autodétermination, à quatre-vingt mille hommes ; le rapatriement de ces effectifs devra avoir été réalisé à l’expiration d’un second délai de vingt-quatre mois. Des installations militaires seront corrélativement dégagées ;
 L’Algérie concède à bail à la France l’utilisation de la base de Mers el-Kébir pour une période de quinze ans, renouvelable par accord entre les deux pays ;
 L’Algérie concède également à la France l’utilisation de certains aérodromes, terrains, sites et installations militaires qui lui sont nécessaires.

IV.Du règlement des litiges

La France et l’Algérie résoudront les différends qui viendraient à surgir entre elles par des moyens de règlement pacifique. Elles auront recours soit à la conciliation, soit à l’arbitrage. A défaut d’accord sur ces procédures, chacun des deux Etats pourra saisir directement la Cour internationale de justice.

V.Des conséquences de l’autodétermination

Dès l’annonce officielle prévue à l’article 27 du règlement de l’autodétermination, les actes correspondant à ces résultats seront établis.
Si la solution d’indépendance et de coopération est adoptée :
 l’indépendance de l’Algérie sera immédiatement reconnue par la France ;
 les transferts de compétence seront aussitôt réalisés ;
 les règles énoncées par la présente déclaration générale et les déclarations jointes entreront en même temps en vigueur.

L’exécutif provisoire organisera, dans un délai de trois semaines, des élections pour la désignation de l’Assemblée nationale algérienne à laquelle il remettra ses pouvoirs.
CHRONOLOGIE
La guerre d’Algérie en trente dates

• 1er novembre 1954 : déclenchement de l’insurrection par le FLN
• 6 février 1956 : la « journée des tomates » à Alger où Guy Mollet est conspué
• 12 mars 1956 : l’Assemblée nationale vote la loi sur les « pouvoirs spéciaux » de l’armée en Algérie.
• 20 août 1956 : congrès de la Soummam où le FLN définit sa stratégie.
• 22 octobre 1956 : détournement de l’avion marocain où se trouvent les principaux dirigeants du FLN.
• 7 janvier 1957 : début de la bataille d’Alger.
• 21 juin 1957 : mort de Maurice Audin, mathématicien de l’université d’Alger, torturé par les paras.
• 13 mai 1958 : à Alger, les européens s’emparent du gouvernement général ; création d’un Comité de Salut Public dirigé par le général Massu.
• 1er juin 1958 : de Gaulle est investi par l’Assemblée nationale avec des pouvoirs spéciaux.
• 4 juin 1958 : de Gaulle dit aux colons d’Alger : « Je vous ai compris ! »
• 19 septembre 1958 : formation du G.P.R.A., Gouvernement provisoire de la République algérienne, sous la direction de Ferhat Abbas, au Caire.
• 28 septembre 1958 : la nouvelle constitution française est approuvée par référendum. 79% de oui en métropole, 95% en Algérie (dont 75% des 4 412 171 électeurs algériens inscrits).
• 5 octobre 1958 : naissance de la Ve République.
• 23 octobre 1958 : de Gaulle propose la « paix des braves » au FLN.
• 16 septembre 1959 : de Gaulle reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple algérien.
• 24 janvier / 1er février 1960 : semaine des barricades à Alger.
• 13 février 1960 : explosion de la première bombe A dans le Sahara.
• 9 avril 1960 : l’UNEF vote une mition réclamant des négociations avec le FLN, pour un cessez-le-feu et l’autodétermination.
• 5 septembre 1960 : début du procès des membres du réseau Jeanson.
• 6 septembre 1960 : publication du manifeste des 121 personnalités sur le droit à l’insoumission.
• 22 avril 1961 : tentative de putsch des anciens généraux Salan, Challe, Jouhaud, Zeller.
• 17 octobre 1961 : manifestation des « Français musulmans d’Algérie » à Paris sauvagement réprimée, des centaines de morts, des milliers d’arrestations.
• 8 février 1962 : manifestation anti-OAS organisée à Paris notamment par le PCF ; 8 morts au métro Charonne.
• 18 mars 1962 : signature des accords d’Evian.
• 23 mars 1962 : décret d’amnistie pour les condamnés algériens.
• 26 mars 1962 : fusillade de la rue d’Isly par l’armée contre une manifestation d’européens opposés aux Accords d’Evian ; des dizaines de morts.
• 1er juillet 1962 : référendum en Algérie sur l’Indépendance ; 99,7% de oui.
• 3 juillet 1962 : proclamation par la France de l’Indépendance de l’Algérie.
• 22 août 1962 : attentat OAS au Petit-Clamart contre de Gaulle.
• 27 septembre 1962 : Ben Bella président du Conseil algérien.
• En 1962, toujours, 900 000 Pieds-Noirs ( sur un million) quitte l’Algérie ; 90 000 Harkis, supplétifs de l’armée française, viennent en France ( le nombre total des Harkis varie entre 250 000 et 400 000).
BIOGRAPHIES
La guerre d’Algérie en trente noms

ABBAS Ferhat (1899), rallie le FLN en 1955 , président du 1er GPRA (1958), président de l’Assemblée constituante (1962)

AIT AHMED Hocine (1921), fondateur du FLN, arrêté dans l’avion d’Air Maroc en octobre 1956, en prison jusq’en 1962 ; ministre honoraire.

ALLEG Henri (1921), directeur d’Alger républicain de 1950 à 1955, arrêté et torturé par les paras, une expérience qu’il raconte dans « La question », ouvrage interdit dès sa parution.

AMIROUCHE (Ait Amoura, dit), 1926, militant de l’OS, maquisard dès 1954, chargé de mission dans les Aurès, commande la willaya 3, meurt au combat en 1959.

AUDIN Maurice, assistant en mathématiques à l’université d’Alger, membre du Parti communiste algérien, torturé à mort par les parachutistes en juin 1957.

AUSSARESSES Paul (1918), commandant parachutiste, grand pratiquant de la torture durant la bataille d’Alger ( il le reconnaît dans le journal Le Monde en 2000) ; fait pendre Ben M’hidi.

BEN BELLA Ahmed (1918), sous-officier dans l’armée française, fondateur du FLN, arrêté en 1956, prison jusqu’en 1962, président de la République algérienne (1962-1965) ; prison en 1965, libéré en 1980.

BEN M’HIDI Larbi (1923), dirige la zone d’Oran en 1954, supervise la « bataille d’Alger », arrêté et torturé par Bigeard en 1957, assassiné peu après sur ordre d’Aussaresses.

BEN BOULAID Mostefa (1917), membre du PPA puis élu du MTLD, fondateur du CRUA, responsable des Aurès ; arrêté, évadé, tué en mars 1956 par les services spéciaux français ( poste radio piégé).

BIGEARD Marcel (1916-2010), commandant puis colonel de l’armée française durant la guerre d’Algérie où il dirige l’action des parachutistes, pratique la torture ( voir le témoignage de Paul Aussaresses).

BITAT Rabah (1926), fondateur du FLN, arrêté en 1955, ministre honoraire dans les 3 GPRA, vice-président du gouvernement Ben Bella, président de la deuxième Assemblée nationale.

BOUDIAF Mohamed (1919), fondateur du CRUUA, puis du FLN, arrêté ( dans l’avion marocain) en 1956, ministre d’Etat du GPRA.

BOUHALI Larbi (1912), fondateur du Parti communiste algérien (1936), premier secrétaire du PCA de 1947 à 1962.

BOUMEDIENNE Houari (1932), chef d’Etat major de l’ALN ( frontière tunisienne) 1960, vice-président et ministre de la défense (1962- 1965), chef du gouvernement puis président de la République ( 1965-1979).

De GAULLE Charles (1890/1970), revient au gouvernement en juin 1958, suite aux émeutes d’Alger du 13 mai ; évoque l’autodétermination algérienne dès 1959 ; encourage des Accords d’Evian de 1962.

DIDOUCHE Mourad (1922), membre du PPA puis cadre de l’OS, chef de la zone de Constantine, meurt au combat en janvier 1955.

DUVAL Léon-Etienne (1903/1996), archevêque d’Alger (de 1954 à 1988), visé en 1961 par un attentat de l’OAS qui l’appelait « Monseigneur Mohammed ».

JEANSON Francis (1922/2009, philosophe français qui anime des groupes de militants (les réseaux Jeanson) agissant en soutien du FLN ( transports de fonds et de papiers).

KHIDER Mohamed (1912), participe aux conversations secrètes avec les représentants français (Commin) en 1956, arrêté dans l’avion marocain, trésorier, secrétaire du FLN après 1962, assassiné à Madrid en 1969.

KRIM Belkacem (1922), responsable de la Kabylie, plusieurs fois condamné à mort, ministre du GPRA, chef de la délégation FLN à Evian, assassiné à Francfort fin 1970.

LACOSTE Robert (1898/1989), ministre-résidant et gouverneur général (socialiste) de 1956 à 1958, partisan de l’Algérie française et des méthodes répressives.

MESSALI Hadj (1898), crée le PPA en 1937, puis le MTLD ; n’accepte pas la création du FLN et crée en 1954 le MNA.

NAEGELEN Marcel-Edmond (1892-1978), dirigeant socialiste, gouverneur général de l’Algérie de 1948 à 1951 ; couvre la fraude électorale de 1948.

MASSU Jacques (1908/2002), général responsable de la 10è division en Algérie en 1957 ; hérite des pleins pouvoirs, pratique la torture ( la « gégène ») ; anime le putsch du 13 mai 1958 qui provoque le retour de de Gaulle ; démis de son commandement à Alger en 1960.

ORTIZ Jean (1917/1995), activiste d’extrême droite, fondateur du Front national français (FNF), responsable de la « semaine des barricades » (1960), dirigeant de l’OAS.

PARIS de la BOLLARDIERE (1907/1986), général français qui demande d’être relevé de son commandement (mars 1957) pour protester contre les méthodes de l’armée et la torture ; fera 60 jours de forteresse.

SALAN Raoul (1899/1984), général, anime le « putsch des généraux » ( avec Challe, Jouhaud, Zeller) en 1961, dirigeant de l’OAS ; sera mis en prison puis amnistié en 1968.

SOUSTELLE Jacques (1912/1990), cet ethnologue est gouverneur général de l’Algérie au début du conflit (1955/1956) ; il s’éloigne de de Gaulle en 1960, passe à l’OAS, vit en exil après 1962 ; il est gracié en 1968.

TRINQUIER Roger ( 1908/1986), officier parachutiste, théorise la guerre contre-révolutionnaire dans « La guerre moderne », 1961 ; l’ouvrage servira de manuel à toutes les dictatures sud-américaines ( Argentine, Brésil, Chili...) ainsi qu’à l’armée américaine.

SIGLES
La guerre d’Algérie en 27 Sigles

AGEA, Association générale des étudiants d’Algérie, d’extrême droite.

AEMAN, Association des étudiants musulmans d’Afrique du nord.

ALN, Armée de libération nationale

AML

APP, Action psychologique et propagande ( structure OAS)

CCE, Comité de coordination et d’exécution, organisme issu du congrès de la Soummam

CNRA, Conseil national de la révolution algérienne, de 34 membres, issu du congrès de la Soummam.

CRUA, Comité révolutionnaire d’Unité et d’action, créé en 1954 par neuf chefs historiques indépendantistes.

CSP, Comité de salut public, né le 13 mai 1958 (avec Massu)

DELTA, Commandos OAS pour Alger et sa région ( une vingtaine).

ENA, l’Etoile Nord Africaine, formation politique algérienne des années 1920.

FADRL, Front algérien pour la défense et le respect des libertés.

FAF, Front de l’Algérie Française, créé en 1960 par Jean Ortiz

FNF, Front national français, de joseph ortiz, dissous e, 1960

FLN, Front de Libération nationale

GG, Gouvernement général, nom donné au bâtiment l’abritant et autour duquel tourne la vie publique d’Alger

GPRA, Gouvernement provisoire de la République algérienne

MNA, Mouvement national algérien, créé par Messali Hadj, en opposition au FLN.

MPC, Mouvement pour la coopération, groupe gaulliste anti-OAS dont les membres sont qualifiés de « barbouzes ».

MTLD, Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, créé après l’interdiction du PPA.

OAS, Organisation armée secrète, activistes de l’Algérie Française.

OM, organisation des masses ( structure de l’OAS)

ORO, Organisation, renseignement, opération ( structure de l’OAS)

OS, Organisation spéciale, bras armé du MTLD.

PCA, Parti communiste algérien

PPA, Parti populaire algérien, créé en 1937 (après l’interdiction de l’ENA).

REP, (1er) Régiment étranger de parachutistes, fer de lance du « putsch des généraux » (JM Le Pen était au REP).

UDMA, Union démocratique du manifeste algérien, réformistes tendance Ferhat Abbas.

UGEMA, Union générale des étudiants musulmans d’Algérie, créé par le FLN.

UT, Unité territoriale, milice de partisans de l’Algérie française, liée à l’armée.
Les chefs des gouvernements français durant la guerre d’Algérie

Pierre Mendès France : du 18 juin 1954 au 23 février 1955
Edgar Faure : du 23 février 1955 au 1er février 1956
Guy Mollet : du 1er février 1956 au 13 juin 1957
Félix Gaillard : du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958
Pierre Pfimlin : du 14 mai 1958 au 1er juin 1958
Charles de Gaulle : du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959
Michel Debré : à partir du 9 janvier 1959.
Composition des gouvernements provisoires de la République algérienne

1er G.P.R.A (19 septembre 1958)

Ferhat Abbas, Président du Conseil
Belkacem Krim, Vice-président du Conseil, ministre des Forces Armées
Lamine Debaghine, Ministre des Affaires extérieures
Mahmoud Cherif, Ministre de l’Armement et du Ravitaillement
Lakhdar Ben Tobbal, Ministre de l’Intérieur
Abdelhafid Boussouf, Ministre des Liaisons générales et des communications
Abdelhamid Mehri, Ministre des affaires nord-africaines
Ahmed francis, Ministre des affaires économiques et des finances
M’Hamed Yazid, Ministre de l’information
Ben Youssef Benkhedda, Ministre des affaires sociales
Tewfik El Madani, Ministre des affaires culturelles

Lamine Khane, secrétaire d’Etat
Omar Oussedik, secrétaire d’Etat
Mostefa Stambouli, secrétaire d’Etat

Son également membres du gouvernement ( mais détenus en France) :
Ahmed Ben Bella, Vice-Président du Conseil
Hocine Aït Ahmed, Ministre d’Etat
Rabah Bitat, Ministre d’Etat
Mohamed Boudiaf, Ministre d’Etat
Mohamed Khider, Ministre d’Etat

2è G.P.R.A. (16 décembre 1959 / 18 janvier 1960 )

Ferhat Abbas, Président du Conseil
Belkacem Krim, Vice président et ministre des Affaires extérieures
Abdelhafid Boussouf, Ministre de l’Armement et des Liaisons générales
Lakhdar Ben Tobbal, Ministre de l’Intérieur
Abdelhamid Mehri, Ministres des Affaires sociales et culturelles
Ahmed Francis, Ministre des Finances et des affaires économiques
M’Hamed Yazid, Ministre de l’Information
Mohammed Saïd, Ministre d’Etat

Et les dirigeants détenus :
Ahmed Ben Bella, Vice-président du Conseil
Hocine Aït Ahmed, Ministre d’Etat
Rabah Bitat, Ministre d’Etat
Mohamed Boudiaf, Ministre d’Etat
Mohamed Khider, Ministre d’Etat

Krim, Boussouf et Ben Tobbal forment un Comité interministériel à la Guerre (C.I.G.)

3è G.P.R.A. ( août 1961 / 1962)

Ben Youssef Benkhedda, Président du Conseil et ministre des Finances
Belkacem Krim, Vice-Président du Conseil et ministre de l’Intérieur
Saad Dahlab, Ministre des Affaires étrangères
Abdelhafid Boussouf, Ministre de l’Armement et des liaisons générales
M’Hamed Yazid, Ministre de l’Information
Lakhdar Ben Tobbal, Ministre d’Etat
Mohammedi Saïd, Ministre d’Etat

Et les dirigeants détenus :
Ahmed Ben Bella, Vice-président du Conseil
Mohamed Boudiaf, Vice-Président du Conseil
Hocine Aït Ahmed, Ministre
Rabah Bitat, Ministre d’Etat
Mohamed Khider, Ministre d’Etat.

C’est ce gouvernement qui signe les Accords d’Evian.



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