Divers 2

NOTE GS-2

VOIR EN ANNEXE NOTE SUR L’AUDITION DE JY CAMUS SUR LE FN

ACTU
PL et argent : bon argumentaire ( excès de profits, symptômes de maladie économique)
PL : ce que la gauche doit faire dans les 100 premiers jours...
PL et Europe

CRISE POLITIQUE
*Panique à droite ? Ce titre du Monde pourrait résumer l’accélération de l’histoire de ces derniers jours ; affaires, remaniement, incrédulité, division à droite, Sarkozy en cause, chute ininterrompue.
Message de sa dernière allocution : au Sud, ça va mal finir ; enfermement dans des débats identitaires ( racines chrétiennes).

UMP En rajoute avec clins d’oeil à Zemmour ?! (Pourquoi pas Galiano ?)

*FN : voir note sur l’audition de Camus par le LEM ; place considérable dans les médias ; on la sollicite pour tout, pour commenter l’allocution de Sarkozy, etc ; place donnée à la conférence de presse (toute une page du monde) du lundi 21 février, pourtant sans révélation.
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« Gaucho-lepenisme » : on se souvient de cette expression, inventée par Pascal Perinneau en 2002 pour parler d’un transfert de voix de la gauche (PS et PC) vers le FN... Sorte de retour du phénomène avec la mise en avant ( grand papier aimable du Monde) faisant un héros de ce délégué CGT de Moselle, trotskyste membre de LCR (et longtemps LO) passé au FN.
On retrouve ici les mêmes thématiques : islam, voile, laïcité.

*Ça bouge (peu) à gauche
Initiative de Martine Aubry avec dévoilement des « priorités du projet socialiste » et sortie d’un livre-programme (avec 50 chercheurs).
Un article des Echos (4/3) donne un peu le mode d’emploi : accumulation dans le texte du PS de précautions, de nuances, de restrictions, d’imprécisions, finalement « pour répartir la pénurie ».
Rappelons les dates du timing du programme PS : texte devant le BN le 5 avril, le CN le 9 avril, vote des militants le 19 mai, convention des conventions le 29 mai.

La prochaine gauche ? Sous le titre « Pour la prochaine gauche », Michel Wieviorka, proche d’Aubry, expose ce que devrait être la nouvelle idéologie de gauche car « la victoire idéologique précède la victoire politique ». La gauche doit se réapproprier des thèmes où elle est mal à l’aise. Selin lui ? intégration, multiculturalisme, nation, laïcité...

Vraies questions ET sentiment de courir après la droite, avec évacuation du social et de l’économique sous prétexte d’éviter « un retour des idéologies du tout-Etat, de la fermeture et de la démagogie »...

PS et Europe : réunion du PSE à Athènes ; trouvers des « marges de manoeuvre nationales » ; taxation des transaction financières, 0,05% = 200 milliards d’euros
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Elections Hambourg, SPD hausse, CDU s’effondre, un peu nouveau ( début de retournement à gauche en Europe ?)

LAICITE
*Laïcité, islam, mosquée ; le « débat » continue. En écho aussi avec les dernières évolutions dans le monde arabe, lesquelles apparaissent plutôt inquiétantes (lybie + immigration + inflation/pétrole)
Islam : on peut toujours se dire que ce n’est pas le problème mais quand tout le monde en parle...
Voir article de Rue89 et « proposition de loi sur laïcité » préparé par le Parti de Gauche ; inspirateurs : Pena-Ruiz, Scot, Caroline Fourest.

SALAIRES
* Frémissement de débat autour de la question des salaires et du pouvoir d’achat : article de la tribune du 23/2 ou des Echos le 24 ; toute une page du Monde du 26 (les tensions salariales se réveillent dans les entreprises)
la polémique (?) Trichet/Baroin ; la sortie de DSK sur les bas salaires et la réplique de Sarkozy ; le sondage Viavoice (56% s’attendent à une baisse du pouvoir d’achat).
Villepin fait de la lutte contre les bas revenus sa priorité !

Côté syndical, sur les sites, la question pouvoir d’achat / salaire vient, en partie, à la Cgt, une pétition est lancée à Solidaires, rien à CFDT, FO, FSU.

A noter cette incroyable confusion/manipulation de chiffres sur le coût du travail ; l’INSEE en décembre pointe un coût en France nettement supéreir au coût allemand ; trois mois de propagande ; aujourd’hui on reconnaît que les chiffres sont faux, et que dans l’industrie le coût français est plus bas que l’allemand !

Raffarin : plus on avance dans la campagne, plus le social (dont revenu-pouvoir d’achat) sera au coeur

La question sociale dont on a probablement le plus parlé ces jours-ci (dans les chaumières, pas dans les médias), c’est la hausse du carburant et ses implications pour des ménages obligés de se déplacer en voiture et se chauffant au fioul : une étude parle d’une hausse de leur budget de 800 à 1000 euros !

ARGENT
L’argent, victoire de la cupidité, valeur fondamentale dit Finchelstein (Fondation Jean Jaurès) in « la dictature de l’urgence »
Oligarchie : le mot est à la mode. Livre de Hervé Kempf (L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie) où il se demande : pourquoi ne se révolte-t-on pas ?
Et livre de l’économiste Alain Cotta, Le règne des oligarchies.
Dividendes du CAC40 : farandole de chiffres fabuleux qui tombent dans une sorte de passivité, d’acceptation générale. Le CAC40 distribue 40 milliards , +13% sur 2010 (Michelin : +80%). Soit 45% des bénéfices. Près de la moitié du benef en dividende. Un record. On bat même 2007, année record pourtant ( où on ne redistribuait qu’un tiers des benefs, 37%). Et on parle déjà de dividendes 2012 en hausse de 10% !
Voir aussi les chiffres des banques (Banques popu ; Natixis

Fiscalité : exit le bouclier fiscal ( 600 millions d’euros, même pas un mois de bénéfices de Total !), on épargne les revenus proches du million d’euros ( soudain redevenus des classes moyennes !). Et où la droite noie l’enjeu dans un charabia incompréhensible : « taxer la plus-value latente » ???

Question de la taxation des revenus financiers revient dans le débat français et européens.

ESPOIR et Découragement
Cette avalanche de chiffres et l’aggravation de la crise peuvent entretenir un sentiment d’inéluctabilité, d’impuissance du politique, de fatalité ; il y a les très riches, intouchables ; il y a les très pauvres, largués ; il y a un entre deux un pannel immense qui se sent dériver.
Mais c’est quoi cet entre-deux ? Une classe (moyenne) ? Cf Thierry Pech (déjà cité), directeur d’Alternatives économiques in Le Monde ; cf Nicolas Bouzou, Le chagrin des classes moyennes ; cf Cynthia Fleury in Huma du 23 : « La fragmentation de la société est donc à l’oeuvre. Et le terme de classe est de plus en plus inopérant ».
Tout se passe comme s’il y avait une super-classe de très grands riches, très pêchue, « au dessus » d’une société en dépression.

Espoir : mot-clé de la démarche d’Edgar Morin.
On voit bien qu’une stratégie de dénonciation, de colère et de manipulation des peurs ( UMP, FN) entretiennent un climat inquiétant ; en même temps un énorme besoin d’espoir (et de critiques).
On voit aussi comment tout mouvement ( en France, dans le monde) peut être interprété dans une logique de tension ( cf la Méditerranée) ou dans une logique d’espoir ( libération, place nouvelle des femmes, marginalisation de l’islamisme...)

C’est essentiellement la désespérance qui fait monter le FN.

Edgar Morin, Stephane Hessel, JacquesJulliard : les papis font de la résistance ; mais leur voix dit aussi le silence des autres.

EUROPE
*Début modeste de débat sur l’Europe et le pacte de productivité : certain recul sur les premières prétentions affichées ; voir la chronique d’Adler (20/2) qui semble dire que la barre de l’austérité qui est fixée là est si haute que les pouvoirs (français notamment) se demandent comment faire passer ça !

Europe : montée des résistances : Irlande, Grèce, Portugal, Islande : assez peu d’infos sur ce qui s’y passe et que certains présentent comme une « nouvelle révolution anti-capitaliste », un bras de fer entre l’opinion et les banques ( via un référendum).
A noter que le remplaçant de Guéant, le nouveau secrétaire général de l’Elysée, est un accro du « pacte de productivité » et du « modèle allemand »

DIVERS :

Vocabulaire : la capacité de la droite (notamment) à reprendre et retourner les mots, leur donner un poids : réformes ; dette ; déficit ; charges sociales.

Internet : bon dossier de l’Huma de samedi 26 ; il y a là un nouveau moyen d’info mais aussi un nouvel outil de citoyenneté ; bon papier de Dominique Reynié de Fondapol ( ump) in La Croix du 25/2, « Notre culture politique n’est plus adaptée », sur horizontalité, égalité, anti-hierarchie, intelligence citoyenne ; faire autrement de la politique.

Mondialisation et protection : voir affaire Boeing qui remporte le marché de l’armée américaine alors que EADS était plus performant

Photographie de la France : publication de l’annuel de l’Insee « tableaux de l’économie française » 2011 ; une bible ; le poids des services publics ; la singularité du système de santé par exemple ( cf Ivorra, Huma, 23/2)
Le seuil de pauvreté = 950 euros = touche 7,8 millions de personnes

Dossier Jeunesse (et précarité/CDD) in le monde 22/2

Cour de cassation et jugements favorables aux salariés ; medef inquiet

Viennent aussi, un peu, les questions de l’école, travail (souffrances au travail, stress) ; énergie

PARTIS

UMP : il est question d’une « note stratégique » élaborée par trois « têtes », Daubresse, Mariani, Vautrin ; Le Figaro résume et hierarchise : contre les juges, contre l’islamisation, répondre à la paupérisation des classes moyennes, valeur travail.
Copé parle aussi de « contrat de transition professionnelle » ; sur le communautarisme, il se moque « de ces personnages qui nous expliquent depuis Washington ce que nous devons faire ».

PS :
Sondage CSA d’électeurs de gauche sur les primaires au PS ; si Aubry/DSK au 2e tour, 51/49% !

« Terra nova » pour des jurés populaires : contrôle des juges ou démocratisation de la justice ?.
Fabius charhé par Aubry de préparer les mesures à appliquer la première année par un pouvoir de gauche en 2012...

Front de gauche
Sondage SOFRES avec un Mélenchon à 7%.
La personnalité de ce dernier fait suffisamment autorité pour que dans les médias, quand on parle des partis, on énumère FN (Marine), UMP, PS, PC, NPA, Ménenchon ( sans jamais faire état de son parti)
A noter que le succès d’une candidature Mélenchon (ou plus généralement une candidature protestataire de gauche) est donnée comme devant presque obligatoirement faire un bon score en 2012 ; c’est devenu une espèce de lieu commun.
La « Une » de VSD : Marine Le Pen / Mélenchon, le « duel des grandes gueules »
Front de gauche et orgas de jeunesse : article in Libération, 25/2

Ecolos : 10 000 en Ardèche contre gaz de schiste ;
Hulot affairiste ?

Un « nouveau » Front national ?
Débat avec Jean-Yves Camus

Rencontre passionnante, le 28 février dernier, avec Jean-Yves Camus, chercheur de l’IRIS, spécialiste des nationalismes et des extrémismes en Europe, à l’initiative du LEM (Lieu d’étude sur le mouvement des idées et des connaissances), animée par Michel Laurent. Ordre du jour : le Front national. J.Y. Camus part de l’idée qu’on est en face d’un « nouveau » Front national dans la mesure où les médias ont installé cette idée dans les têtes, depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête de cette formation, le 15 janvier dernier. Médias qui lui ont accordé et lui accordent une place tout à fait « disproportionnée ». En 2007, Sarkozy l’assurait : le FN, c’était fini. Or les sondages aujourd’hui placent haut cette formation ; les cantonales seront un premier indicateur sur cette influence, réelle ou supposée. Camus élargit le débat à l’Europe. Un peu partout s’installent des « droites populistes xénophobes radicales ». Comme l’UDC Suisse – qui pourrait frôler les 30%. Il pense qu’il s’agit là plus d’une « nouvelle droite » que d’extrêmistes de droite au sens traditionnel. Une nouvelle droite qui utilise, détourne des références progressistes, comme une demande de plus d’Etat, la liberté d’expression, l’égalité des sexes, l’égalité de droits des minorités religieuses, des minorités sexuelles, les droits des femmes (que l’Islam menacerait). Le FN s’inscrit dans ces nouvelles problématiques, même s’il « n’a pas encore achevé.sa mue idéologique ». Celle-ci a été amorcée sous Jean-Marie Le Pen ; jusqu’où ira Marine Le Pen ? Jusqu’où voudra-t-elle aller ? Jusqu’où pourra-t-elle aller ? Un alignement sur cette nouvelle droite européenne ? Un changement de nom du parti ( Le patronyme Le Pen a d’ores et déjà disparu de certaines affiches du FN où ne figure que « Marine » et où le sigle même FN apparaît peu...) Pour Camus, cela dépendra d’un rapport des forces internes au FN qui serait plus complexe qu’on ne le dit. Le fait est que le FN « a survécu à toutes les stratégies politiques (anti-Le Pen) ».

Points forts, points faibles

Traditionnellement, l’extrême droite en France est créditée de 5% ; le FN s’est constitué lui un noyau dur proche des 15%. Alors même que ce parti n’est pas au mieux de sa forme : il n’a pas d’argent ; il n’a guère de militants, les chiffres à ce propos varient beaucoup, Camus estime leur nombre à 20 000. D’autre part la carte d’implantation dans le pays est « pleine de trous », il est inactif dans de nombreux départements, et manque de candidats aux cantonales par exemple. Le FN, c’est « une marque » et c’est pour elle qu’on vote. Pour répondre au FN, pour faire campagne contre lui, encore faut-il voir là où il se manifeste. Ce parti engrange des moyennes nationales aux élections mais il y a aussi des électorats locaux. Un électorat plutôt ouvrier et « classes moyennes inférieures » dans le Nord et l’Est. Plutôt classes moyennes, retraités, PME dans le Sud. A quoi s’ajoute un vote pied-noir (qui n’est pas exclusivement d’extrême droite). Camus ne cache pas que le « nouveau discours » du FN, celui notamment qui s’est tenu au « congrès de Tours » de janvier, est, pour les politologues, « compliqué à décoder ». Comme un collage de lignes différentes, le retour de l’Etat, la critique du libéralisme (son programme économique est en train d’être réécrit), la référence à la République (fait nouveau pour l’extrême droite), à la Résistance, aux hussards noirs de la République, la laïcité ( et son droit d’expression religieuse à l’exception de l’Islam) ; les médias aidant, le FN apparaitrait même comme « le plus laïc » des partis ; une islamophobie déclarée.
Sarkozy pêche aujourd’hui dans ces eaux troubles mais le FN aura beau jeu de dire, selon Camus, qu’il est plus légitime sur ce genre de discours, qu’il a pour lui « l’antériorité » : en 1984, ses affiches disaient « Dans 20 ans, la France sera une république islamique ! »
Présents dans les régions industrielles en crise, le FN parle de « relocalisation des emplois ».
La cote de popularité de Marine Le Pen est sans conteste meilleure que celle de son père ; il y a une « détabouisation » du FN. « Tout le monde dit que le tabou est tombé », dit Camus, donc, comme tout le monde le dit, cela devient une sorte d’idée reçue. Le cordon sanitaire autour du FN serait tombé. Qu’en sera-t-il du Front en 2012 ? Tout dépendra du casting, dit Camus. S’il est évident qu’une candidature FN n’aura jamais la moindre chance d’être élue, en même temps cette formation va « laisser des traces » dans les têtes.
Suit un riche débat dont on trouvera les échos sur le site du LEM.



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