Laurens

Celle que vous croyez

Un roman gigogne. Dans un premier récit, Claire parle à son psy, à l’HP. Cette quinqua a voulu piéger son amant, trentenaire, en contactant son meilleur ami sur le Net, et en s’inventant une fausse identité, de jeune femme, sur Facebook. Mais l’ami, Chris, se prend au jeu, tombe amoureux de la fausse Claire, veut la recontrer ; elle fuit ; il se suicide ; elle tombe folle.
Deuxième récit : le psy de Claire s’explique devant ses pairs ; il donne un texte issu d’un atelier d’écriture à l’HP où Claire rêve ce qu’aurait pu être une vie amoureuse avec Chris. Le psy mène une enquête, s’aperçoit que dans la réalité Chris ne s’est pas suicidé, il est parti refaire sa vie au Mexique ; et c’est un sinistre crétin. Informé, Claire s’effondre.
Troisième récit : l’écrivaine, Camille (Laurens ?), écrit à son éditeur pour le tranquilliser, son récit ne sera pas pris au premier degré, elle a tout maquillé, les choses se sont passé ainsi : elle avait effectivement monté la manipulation avec l’identité de Claire puis réussit, en vrai, à séduire Chris, en cachant son âge ; elle éprouva un formidable désir pour ce gaillard qui était redoutablement idiot ; leur liaison marche jusqu’à ce qu’il découvre son âge, 50 ans. Il la fuit, elle déprime, HP.

Dans ce livre se déploie une mécanique romanesque formidable ; et on marche à tous les coups ; on croit Claire face au psy ; puis on croit le psy face aux autres ; puis on croit Camille…
Camille Laurens décrit impeccablement le procédé amoureux ; en fait, ce qui l’intéresse, c’est ce qui vient avant l’amour, le désir, et puis après, la chute, le reste semble moins important.

Un texte porté par une force féministe, une rage contre l’image de la femme dans un monde qui appartient aux hommes.



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