Belle-Ile/mars 2016

LES PRISONNIERS DU TEMPS

Avant-propos

Que nous réserve cette nouvelle aventure à Belle-Ile ?
On était persuadés qu’après deux séjours, le troisième n’aurait plus aucun secret pour nous… Grave erreur !
C’était sans compter sur les caprices de la météo et les surprises de l’écriture.
Nous naviguons aussi bien entre les embruns, le soleil et le vent qu’entre des lieux connus (Bruté, la Citadelle) et les mystères qui les entourent.
6A et 6B gardent le cap dans ce rythme effréné : écriture, visites, randonnées, veillées et vie en collectivité…
Où vont-ils vous faire accoster ? C’est eux qui mènent la danse et seul Gérard Streiff, leur capitaine, est dans la confidence…
Bonne lecture !
Un petit clin d’œil pour Alexandre et Sergio.
Merci à toute l’équipe d’Oval pour son accueil et sa gentillesse !
Maria Hertzmann
Carole Larroque
Cyril Rivera
Catherine Todero

PREFACE

Les enfants : « Monsieur, quel est votre livre préféré ? »
Moi : « Le dictionnaire ! »
Les enfants : « Non, franchement… »
Moi : « Mais oui, c’est vrai, dans le dictionnaire, j’apprends sans cesse des mots nouveaux, je m’enrichis en permanence… »

Est-ce que la leçon a été retenue ? En tout cas, il y avait des dictionnaires dans les deux salles de classe de 6è du collège Pierre Martin, de Rauzan (33), pendant notre atelier d’écriture à Belle-Ile-en-mer. Et les élèves, tout en prenant plaisir à inventer des histoires, consultaient parfois le gros livre, pour s’assurer de la justesse de tel ou tel mot. Et des mots, ils en ont trouvé des tas, dans la bonne humeur, pour raconter les deux aventures que vous allez lire, où il est question de disparitions, d’enquêtes, de recherches, de fausses pistes, de vrais indices.
Merci à eux pour leur entrain.
Merci aux professeurs pour la cordialité partagée.
Merci à toute l’équipe d’OVAL pour l’accueil.

Gérard Streiff

Collège Pierre Martin, Rauzan
Classe 6èA

LA DISPARITION D’ESTEBAN

Chapitre un
La pièce interdite

L’entrée de la pièce était interdite. C’est ce que répétaient le directeur, Loïk Berk, qui avait l’air louche, et les animateurs, surtout un certain Jean Bodin dit Gwendal Yapaplucool. « Sinon quelque chose de grave vous arrivera » déclaraient-ils.

Cela intriguait Mélodie et Timéo, deux élèves inséparables qui étaient venus à Belle Ile avec leur classe en colonie de vacances.
Mélodie était rousse, de taille moyenne, les yeux verts ; le garçon était brun, costaud, les yeux bleus. Tous les deux étaient du genre dissipé et têtu.
Alors qu’ils jouaient au rugby, un compagnon de la classe, Esteban, leur déclara :
 Vous êtes d’accord avec moi, on s’ennuie ici, non ? Si on allait visiter cette fameuse pièce interdite ?
 Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, hésita Mélodie.
 Bon, c’est pas grave, j’y vais tout seul.

A la fin de la journée, alors qu’ils installaient leur CCPM (chaussons, chaussettes, pulls, manteau), Esteban n’était toujours pas revenu. Timéo et Melodie commençaient à s’inquiéter.

Ils virent les profs parler entre eux.
 Psst, Timéo, regarde M. Caramel, il a l’air très nerveux quand il parle avec Mme Guimauve.
 C’est vrai, allons leur demander ce qui se passe.

Mais les enfants revinrent bredouilles de leur entretien avec les profs. Alors ils décidèrent d’écouter à la porte des profs. Mme Guimauve disait à Mme Chouquette :
 Je suis sûre que tout ça a un rapport avec la pièce interdite.
 Moi aussi, répondit Mme Chouquette. C’est horrible.

PLACE POUR LE DESSIN UN

Les profs sortirent dans le couloir. Comme ils ne voulaient pas créer de panique, ils annoncèrent qu’Esteban était déjà occupé par la prochaine activité, la chasse au trésor. Il était en avance sur l’équipe, prétendirent-elles.

 On devrait aller chercher Esteban, proposa alors Timéo à son amie.
 J’ai un peu peur, réagit la fille.

La nuit, une fois que tout le monde dormait, ils se dirigèrent vers la fameuse pièce interdite. Pour éviter le directeur louche ou même l’animateur, Yapaplucool, ils passèrent par les conduits d’aération. Mais Berk était devant la porte de la pièce interdite. Pour le distraire, Mélodie cassa une vitre dans l’entrée, Berk partit voir ce qui se passait, en compagnie de Yapaplucool.

La voie était libre. Les enfants crurent entendre des appels à l’aide qui venaient de l’autre côté de la porte puis une sonnerie de téléphone, « Biip, Biip, Biip ». Mélodie, de plus en plus angoissée, regarda par le judas et pensa voir un monstre qui lui faisait Waaaouou !
Timéo qui avait fait de la boxe, était déjà prêt à faire un haïki au monstre et à le terrasser.
Mais Mélodie le calma : « C’est sûrement notre imagination qui nous joue des tours ! »
Timéo approcha alors sa main de la poignée et la baissa dans un grincement sinistre. Mais la porte était fermée.
Cependant, sur une feuille près de la porte, était écrite une énigme : « Mon premier est un adjectif, qui désigne une jolie femme ; mon deuxième est un bout de terre émergée ; mon troisième est une forteresse en bord de mer ; et mon tout est notre lieu de rendez-vous. »

Chapitre deux
La clé du mystère

Que signifiait l’énigme ? Alors que Timéo et Mélodie cherchaient la réponse, ils entendirent de lourds pas derrière eux. « Serait-ce un monstre ? » songea Mélodie. Les deux enfants se retournèrent en silence. Ils furent soulagés de voir Mme Chouquette. « Que faites-vous là ? » demanda-t-elle. Et sans attendre de réponse, elle cria : « Retournez dans vos chambres et que je ne vous revoie plus traîner dans les couloirs ! » Il faut savoir que cette prof était particulièrement sévère. Les enfants se rendirent dans leur dortoir, l’énigme en tête.

PLACE POUR LE DESSIN DEUX

Timéo continua à réfléchir, longtemps, très longtemps puis s’endormit. Demain est un autre jour, comme on dit. Au petit déjeuner, le lendemain matin, Timéo s’assit à la même table que Mélodie.
« J’ai trouvé, dit-il. Mon premier… »
Il se tut. Berk et Yapaplucool venaient de passer à côté d’eux. Puis il reprit :
 Mon premier est un adjectif qui désigne une jolie femme…
 C’est moi, réagit aussitôt Mélodie.
 Mais non, c’est Belle. Un morceau de terre émergée ?
 Alors là, euh, pff, une île ?
 Mais oui, Belle-Ile. Une forteresse en bord de mer ?
 Et bien…la citadelle ?!
 Mais bien sûr, la citadelle de Belle Ile. Notre lieu de rendez-vous.
 Allons-y, Esteban y est peut-être.
 T’as raison. On fera ça pendant que les autres feront la sieste de l’après midi, dit Mélodie qui, pourtant, aimait bien faire la sieste.
 Non, tout de suite, insista Timéo.

Alors, après le petit déjeuner, ils firent croire qu’ils avaient la grippe. Dans leur lit ils remplacèrent leur corps par des oreillers.
Une heure plus tard, ils étaient à la citadelle. Un groupe passait avec un guide. Ils suivirent les touristes. « A notre gauche, les tours de garde, disait le guide. »
Ils traversèrent un couloir, dans la pénombre, où tout à coup des chauve-souris s’envolèrent, faisant résonner des milliers de battements d’ailes.
« Bientôt, nous arriverons au cachot, sur notre droite » continuait le guide. Mais Timéo avait cessé d’écouter ; et Mélodie semblait préoccupée par quelque chose, au sol.
Il faisait vraiment très sombre où ils se trouvaient. Timéo sortit sa lampe torche et inspecta les lieux. Mélodie, tremblante, s’agrippait au bras du garçon, qui avait aussi peur qu’elle. Elle trébucha, faillit tomber.
 Ça va ? demanda le garçon.
 Oui.
 J’espère qu’on va trouver une clé, non ? Il faut bien qu’on trouve quelque chose pour ouvrir la porte, là-haut, dans la pièce interdite…
 Mince, une clé, j’en ai vu une tout à l’heure, par terre. Cherchons-la.

Timéo scruta l’endroit autour de lui. Il avançait avec sa lampe torche, inquiet. Mélodie le suivait à la trace. Soudain ils virent un reflet, au sol. C’était une vieille clé, un mot y était accroché. « Mon premier est dans l’entrée ; mon deuxième, c’est ce qui n’est pas permis ; mon tout permet de l’ouvrir ».
Mélodie comprit tout de suite : ce qui est dans l’entrée, c’est une porte ; ce qui n’est pas permis, c’est interdit ; ce qui ouvre, c’est la clé ; bref, on a la clé de la porte interdite !

PLACE POUR LE DESSIN TROIS

Les deux enfants remontèrent discrètement vers la colonie, il faisait nuit.
Ils virent, soupçonneux, le directeur, Loïk Berk, qui montait dans une camionnette, avec une remorque. Plus tard, ils entendirent le bruit d’un scooter, ils pensèrent que c’était Yapaplucool qui avait sans doute un rencard sur la plage.
Timéo et Mélodie se dirigèrent alors vers la fameuse porte. Le garçon inséra la clé et la tourna. Un mécanisme s’enclencha, et la porte s’ouvrit.

Chapitre trois
Esteban is back

Le spectacle était surprenant. La pièce était recouverte de poussière. On avait l’impression que rien n’avait bougé depuis un demi-siècle. Au centre, un trou. Au fond du trou, il y avait des dizaines de cachots, avec des enfants sans force. Il y avait même là quelques élèves du collège de Rauzan venus à Belle-Ile auparavant. Et il y avait Esteban.
Mélodie lui chuchota : « Ne t’inquiète pas, on va te sortir de là ! »
Soudain ils entendirent des bruits de pas, la porte derrière eux s’ouvrait à nouveau, dans un affreux grincement.
Yapaplucool venait d’arriver. Les enfants prirent peur. Le mono leur dit :
 Attendez, je vais vous dire quelque chose ! Moi, je veux vous aider. Je vais vous dire qui est le coupable ! C’est un professeur ! Un professeur qui porte le même nom qu’une confiserie de Bretagne… »
« Caramel ?! » s’exclama Mélodie. « Ce serait donc Caramel ?! »

« Mensonge ! cria Loïc Berk, le directeur, qui venait de surgir à son tour, un couteau à la main. Berk se précipita sur Esteban, ligoté.
 C’est affreux, il va le tuer ! cria Timéo.
Mais Berk libéra Esteban de ses liens.
 Ah non, finalement, il l’a libéré, reprit le garçon.
 Esteban, ajouta Mélodie, qu’est-ce qui s’est passé au juste ?

PLACE POUR LE DESSIN QUATRE

Esteban expliqua que lorsqu’il s’était approché de la pièce interdite, l’autre jour, quelqu’un l’avait frappé par derrière, il s’était évanoui et réveillé dans un cachot, en face de Yapaplucool qui lui disait qu’il allait servir d’exemple pour tous les petits curieux qui s’intéresseraient de trop près à cette pièce.

Puis Loïc Berk continua. Il venait de tout comprendre. Yapaplucool capturait des enfants pour les faire travailler à la chaîne. Il montra un arbre généalogique, on y voyait que Yapaplucool était en fait un descendant des gardiens du bagne d’enfants, qui avait existé jadis à Belle-Ile.
Il lui arrivait même de torturer des enfants ; il faisait ça quand le vent, dehors, soufflait tellement fort qu’on ne s’entendait plus, qu’on n’entendait plus les cris.

Tous les enfants emprisonnés portaient un médaillon autour du cou. Ils avaient tous l’air maigre et mal nourri, comme des fantômes.
 Voyez comme nous avons été maltraités, comprenez notre colère, dirent-ils.
 Mais….commença Mélodie, notre monde a changé, tout le monde s’indigne de ces prisons pour enfants.
 Remarquez, nous aussi on souffre avec Mme Chouquette, dit Timéo en rigolant, tellement elle est sévère.

Puis, tout aussitôt, Timéo assomma Yapaplucool avec une chaise. Et on libéra tous les enfants.

« Retournez à la colonie, les enfants, dit M. Berk, cette affaire doit être réglée par les adultes. Je vais appeler la police pour qu’elle arrête Yapaplucool. »

Plus tard, les policiers et le directeur félicitèrent Timéo et Mélodie. On menotta Yapaplucool et les enfants lui dirent en rigolant : « Bye bye, Yapaplunaze ! »
Ils finirent leur séjour et écrivirent un livre racontant leur histoire, qui s’intitulait : « La disparition d’Esteban ».

FIN

Classe 6èB
Collège Pierre Martin, Rauzan

CITADELLE ET CACHOT

Chapitre un
Journée de doutes

« Mais où est Juliette ? »
La classe de 6èB était partie une semaine à Belle-Ile en Mer, ravie. Sept heures de bus, une heure de bateau et enfin, l’arrivée. Des animateurs l’accueillirent, au domaine de Bruté ; on mangea, on alla se coucher et le lendemain, la classe partit visiter la Citadelle de Vauban.
C’est alors que Mme Toderino fit l’appel.
 Victoire ?
 Oui.
 Maialen ?
 Oui.
Jeanne ?
 Oui.
 Jules ?
 Oui.
 Juliette ?
  ?
 Juliette ?
Pas de Juliette.

A ce moment-là, la classe venait d’arriver devant le cachot d’une certaine Marie, enfermée il y avait très longtemps pour sorcellerie. Une légende disait même que Marie avait mangé les prisonniers avec lesquels elle avait été emmurée.
« Mais où est Juliette ? » Ce fut la panique dans la classe, tout le monde courait à la recherche de la jeune fille, dans tous les sens. « Du calme, du calme ! » répétait le professeur.

Des élèves dirent que Juliette était aux toilettes ; d’autres pensèrent qu’elle s’était cachée pour faire une blague. On regarda partout, on ne la trouva nulle part. Ni dans les toilettes, ni dans la poudrière, ni dans le logis du gouverneur, ni dans les prisons !

Ses deux meilleurs amis, Antoine et Elena, se lancèrent à sa recherche. Antoine était un grand et beau jeune homme, les yeux verts, un mètre quarante deux ; Elena était plutôt petite, belle fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Elena portait un pantalon noir, un tee-shirt bleu et une veste noire, Antoine avait un pantalon noir et une chemise à carreaux, rouge et noire.

PLACE POUR LE DESSIN UN

Les deux enfants avaient peur, peur de tomber sur l’esprit de Marie qui hantait, paraît-il, les lieux, et pouvait capturer d’autres esprits ; peur de se retrouver prisonniers de la citadelle si les deux ponts, des ponts-levis, se fermaient ; peur de découvrir sous une trappe un squelette avec une grande cape noire à capuche... « On se calme ! dit Elena à Antoine, il faut se montrer intelligent, pour retrouver Juliette et pour sortir de la citadelle ». Un moment, ils entendirent un bruit suspect, sinistre, un bruit de porte qui grinçait. Au loin, ils virent passer une ombre : « Juliette, c’est toi ? » Ce n’était pas elle. Puis ils remarquèrent une lettre, où était écrit : « Si vous résolvez l’énigme, vous retrouverez celle que vous cherchez : je ferme en tournant ; j’ouvre en tournant ; si on m’égare, on se perd. Qui suis-je ? »

Les enfants réfléchirent puis Antoine s’écria : « une clé, c’est une clé ! »
 T’es sûr ?
 Oui, sûr !

Mais l’énigme ne concernait pas Juliette. Fausse piste. Finalement, Antoine et Elena trouvèrent un indice ; au sol, il y avait le chapeau de Juliette, taché de sang.

Plus tard, Mme Toderino ordonna à la classe de remonter à Bruté et de retourner dans les chambres.
Antoine se mit à lire un livre qui commençait ainsi : « Il y a très longtemps, dans une petite ville calme et paisible… » Il y était question de message, d’aventure, de récompense, des quatre éléments, l’eau, le feu, la terre, le vent…

PLACE POUR UN DESSIN (Bruté)

C’est alors qu’Elena entra dans la chambre du garçon. Elle venait de découvrir, sous l’oreiller d’une élève prénommée Florence, le bracelet de Juliette ! Florence avait-elle quelque chose à voir avec la disparition de Juliette ?

Chapitre deux
Le secret de Florence

Mais qui était Florence ? C’était une belle jeune fille aux cheveux roux, aux yeux vert émeraude. Elle était vêtue d’une robe rose. Florence était étrange et discrète. On racontait de drôles d’histoires sur Florence, qu’elle était la jumelle de Juliette, qu’elle parlait avec le fantôme de Marie, laquelle, dit-on, ne mangeait que lorsqu’il y avait une éclipse.

Les deux enquêteurs allèrent voir Florence.
 Moi, pourquoi je prendrais le bracelet de Juliette ? Je ne m’intéresse même pas à elle, réagit-elle.
 Alors, pourquoi avais tu ce bracelet sous ton oreiller ? interrogea Antoine.
 Je ne sais pas. Je ne sais pas comment il est arrivé là.

Elle dit ensuite :
 C’est parce qu’elle me l’a prêté.
 Mais vous n’étiez pas amies, pourquoi elle te l’aurait prêté ?
 Oui, oui, on est devenues amies.
 Amies, vous ?! Tu rigoles ?!

Puis Florence déclara :
 Bon, OK, j’avoue.
 Bien, alors on t’écoute.
 Oui, justement, je vais vous dire quelque chose ! répondit-elle.
 Ah ? et c’est quoi ?
 J’ai retrouvé le bracelet de Juliette.
 Ça on le savait déjà mais où ?
 Dans le cachot de Marie.
 J’avais raison, réagit Elena, j’étais sûre que Juliette avait disparu dans le cachot de Marie.
 Même si je ne suis pas l’amie de Juliette, je vais vous aider à la retrouver.
 Antoine, t’es d’accord pour que Florence nous aide ? lui demanda Elena.
 Oui, pourquoi pas, on sera mieux à trois pour les recherches.

Plus tard, Florence leur annonça que Marie était son arrière arrière arrière arrière tante. Marie avait une sœur qui était donc l’arrière arrière arrière arrière grand mère de Florence.

 C’est pas vrai ?! Tu descends de Marie, s’étonna Antoine.
 Oui, je vous jure.
 Mais alors, toi aussi, tu es une sorcière ?
 Non, je ne suis pas une sorcière, s’énerva Florence ; et de toute façon, Marie non plus n’était pas une sorcière. Tout le monde le prétend mais c’est un mensonge.
 OK, ça va, doucement, assura Elena ; on ne voulait pas te vexer, on te croit, Marie n’était pas une sorcière.
 Bon, reprit Antoine, au lieu de discuter, on ferait mieux de chercher.

Un peu plus tard, quand les deux enfants retournèrent voir Florence, ils toquèrent à sa porte. Pas de réponse. La fille n’était plus là. La fenêtre de sa chambre était ouverte. De la fenêtre, une corde descendait vers la rue. C’était le chemin du port. Arrivés au Palais, ils retrouvèrent cependant Florence, devant la tombe de Marie. Ils la conduisirent vers la citadelle. Devant le cachot de Marie, Antoine demanda à Florence :
 Alors ? où as tu trouvé le bracelet ?
 Juste ici, dit-elle.

PLACE POUR LE DESSIN TROIS (cachot)

A ce moment là, ils entendirent des cris, des appels à l’aide.
 Cela vient de la poudrière, dit Antoine, la poudrière.

Ils firent le tour du bâtiment, construit sous la forme d’un dôme parfait afin de contenir les explosifs. Ils y entrèrent. Alors la porte claqua, les lumières s’éteignirent. Ils se retrouvaient dans le noir.
 Qui est là ? chuchota Antoine.
 Je ne vous veux aucun mal, répondit une voix. C’était la voix d’Elena mais Antoine ne la reconnut pas.
 Rendez-nous Juliette ! reprit Antoine.
 Antoine, c’est toi ?
 Qui parle ? c’est toi Elena ?

Finalement Antoine retrouva la porte et constata qu’il était seul dans la poudrière avec Elena. Florence avait de nouveau disparu.
Ils décidèrent de la garder sur la liste des suspects. Tout comme un certain Julien. Celui-ci, en effet, un garçon stressé, avait eu un comportement étrange en présence de Juliette.

Chapitre trois
La chambre 6

Voici comment on retrouva Juliette. Il y eut d’abord plusieurs fausses pistes qu’Elena et Antoine suivirent. La piste de Julien : il avait toujours l’air de rêver en prononçant des paroles étranges, on disait qu’il était de plus en plus bipolaire mais cela ne donna rien. Il y eut la piste des acadiens, ces petits personnages qui habitaient de petites maisons mais : fausse piste. Les deux enfants s’intéressèrent à la piste du port et du bateau de pirates, plein de serpents, de tarentules et de migales, et qui pouvait servir de cache : mais là non plus, pas de Juliette.

La piste d’une trappe, sous le cachot de Marie, qui aurait été la maison des sorcières, fut aussi une fausse piste. Une idée proche disait que, depuis la tombe de Marie, un grand escalier partait sous terre et Juliette y aurait été vue, attachée à une chaise. Fausse piste, encore.
La piste ensuite du puits à la citadelle : il se disait en effet qu’une dispute avait opposé Juliette et Julien, et que ce dernier avait poussé Juliette dans le puits. Mais pas de Juliette dans le puits. On parla plus tard d’un passage secret qui conduisait directement du cachot de Marie jusqu’à port Fouquet. Florence, qui aurait aspiré l’énergie vitale de Juliette, serait tombée de la falaise. Fausse piste toujours.

Tout un temps courut une sorte de légende. C’est Marie qui aurait enlevé Juliette ; elle voulait se venger car la jeune fille traitait Marie de sorcière alors que Marie n’était pas une sorcière. Juliette lui aurait dit : « Désolée, je ne savais pas ; mais au lieu de m’enlever, il fallait me le dire, que vous n’étiez pas sorcière ». Mais personne, en vérité, ne croyait à cette histoire.

PLACE DESSIN (Chambre 6)

En fait, on retrouva Marie chambre 6. Qu’est ce que c’était que la chambre numéro 6 ? Au domaine de Bruté, il y avait bien longtemps, cent ans peut être, deux enfants s’étaient battus dans la chambre 6. Une nuit de pleine lune. Le lendemain matin, en ouvrant cette chambre, le gardien constata que les deux enfants avaient disparu. Décédés ? Envolés ? Personne jamais ne le sut. On ne les retrouva jamais.

Or, à la colo de Bruté, voilà qu’un élève de 6èB vint prévenir Antoine et Elena. Il avait entendu, disait-il, des cris qui venaient d’une chambre proche, les bruits de la porte qui claquait, en pleine nuit. Or ces bruits provenaient de la chambre n°6 ! Comme par hasard.

Nos deux jeunes enquêteurs se levèrent et se rendirent donc chambre 6. Florence était là, devant la porte. Pas question d’entrer, disait-elle. Les deux enfants furent obligés de la pousser, et ils pénétrèrent, de force, dans la chambre. Juliette s’y trouvait, par terre, à demi déshydraté.

Antoine et Elena appelèrent un animateur. On comprit que Florence était jalouse de Juliette, sa sœur jumelle.
Quelques jours plus tard, Juliette retrouvait ses forces, et ses amis.

FIN



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