Favier

Le courage qu’il faut aux rivières

Roman étrange et attirant. Où est-on ? A quelle époque ? Un village de montagne. Aujourd’hui ? Etrangeté du cadre donc, temps improbable. Etrangeté du thème aussi : un homme venu de nulle part frappe un jour à la porte de la première maison de cette bourgade pour demander l’adresse du chef du village ; derrière cette porte un personnage bourru, genre célibataire endurci, le reçoit. Et on découvre, assez vite, qu’ils sont l’un et l’autre, l’une et l’autre, deux femmes !
La première –Manouche- est ce qu’on appelle une « vierge jurée », coutume archaïque que le clan imposa à la jeune fille : renoncer aux hommes (c’était le prix à payer pour son refus d’épouser celui que la famille voulait lui imposer). L’autre –Adrian- fut élevée à la garçonne par un père frustré de ne pas avoir eu de fils ; elle se retrouve de fait condamnée à cacher son sexe jusqu’au jour où un compagnon de son père la viola…
Manouche et Adrian se racontent, l’une après l’autre, et cela forme les deux tiers du livre. Elles se désirent et s’autorisent à s’aimer. Mais au pays des interdits, c’est une conduite à risques ; c’est aussi difficile que « le courage qu’il faut aux rivières » pour suivre leur cap.

Albin Michel



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