José Alvarez

Kanapa in memoriam.
Bonjour,

Je viens de finir ton livre Le puzzle Kanapa

Mon père, José Alvarez, a été le secrétaire de Georges à l’époque où il était lui-même secrétaire à l’organisation, c’était au temps où Waldeck agonisait, et où gamin je venais déjeuner au 44 tous les mercredis.

Je revois encore la grande carcasse élégante de Georges, dans sa chemise blanche, l’énergie du lieu, les rigolades, la porte de saloon qui séparait leurs bureaux, les Anquetilistes et le Poulidoriens… Nous déjeunions d’une saucisse frite dans le bistrot en dessous du CC qui s’appelait alors « La Ciboulette ».

J’ai toujours eu Gérard Streiff dans les oreilles, et voilà une occasion de m’adresser et partager un peu avec toi.

°

J’ai passé une seule soirée avec Jean Kanapa, j’étais alors jeune militant de la JC ou de l’UEC, c’était avec mon père encore, devenu maire de Montereau.

Jean faisait une escale chez lui avant d’aller je ne sais où.

Mon père m’avait prévenu que nous aurions un prestigieux dirigeant à notre table.

Je n’ai jamais oublié et n’oublierai jamais cette soirée, Jean m’a envouté, fasciné et je fais tout depuis ce jour pour parler de lui, le mentionner, témoigner de son fascinant pouvoir de conviction, de son élégance, et surtout de son essentielle contribution pour réformer la stratégie du parti au moment du Défi démocratique que tu narres si bien. Jean Kanapa m’inspire toujours aussi.

Il ne faut jamais devant moi évoquer la caricature indigne faite de lui par tous les idéologues pourris, au moment de son décès, je perds mes nerfs, j’éructe, je deviens menaçant (ce qui ne sert à rien).

Lorsque je dis que j’ai eu la chance de l’avoir connu, les oreilles s’ouvrent, comme dans ma nouvelle FD de l’Aube récemment.

J’ai d’ailleurs offert ton livre à Jean Lefèvre qui est loin d’être de ceux-là.

(C’est lui qui m’a transmis ton adresse électronique, tu le pardonneras).

°

Lors du repas, Kanapa nous avait raconté une anecdote que je reprends à l’envi, en le citant (malheureusement pas dans le texte).

Il était alors jeune militant et avait accompagné un dirigeant (je ne sais plus lequel) en province (j’ai retenu que c’était à Provins parce qu’ils sont ensuite rentrés à Paris en voiture mais je n’en suis pas sûr du tout).

Dans la salle réservée pour le meeting, il n’y avait personne, alors ils sont allés boire un verre dans le café encore ouvert.

Et là, notre dirigeant entame son discours, sans doute moins solennellement que prévu, devant quelques habitués, le facteur et le patron du bistrot et ils causent, et ils boivent, et ils rient.

Dans la voiture, au retour, Jean demanda : mais pourquoi t’es-tu donné la peine de dire tout cela pour quelques péquins (je ne suis pas sûr du qualificatif) ?

Détrompe-toi, avec le facteur, le patron du bistrot et les autres, demain tout le monde sera informé ici que nous sommes venus et de ce que nous avions à dire, il ne faut rater aucune occasion de porter nos idées.

°

Je viens donc ici te remercier pour ton livre et sa trame convaincante, qui explique la genèse, l’origine de l’homme, les attitudes et les enjeux des époques traversées, l’ostracisme à son endroit dans le parti, sa fidélité, et nous fait suivre pas à pas le cheminement fantastique de sa pensée créatrice, la rigueur de son esprit. Et puis tes témoignages sur l’homme qu’il était. Tout m’éclaire dans ton livre.

Je retourne avec un immense plaisir dans ce souvenir qui ne m’a jamais cessé d’exister en moi.

Je vais pouvoir continuer à arborer fièrement le drapeau Kanapa In memoriam.

Et si d’aventure un imbécile se présente, je serai en mesure de lui clouer le bec illico et définitivement, lui expliquerai mieux, sans plus d’autre colère.

Amitié.

Merci encore à toi.

Si tu as un souvenir plus précis de l’anecdote, que tu as dû entendre de sa bouche aussi, je suis preneur.

José Alvarez-Vanbeveren

aaalvar@me.com

0660425143


Sciences Po - Centre d’histoire

Présentation du contenu du fonds Kanapa/Streiff composé de documents qui ont servi à l’élaboration de la thèse de doctorat d’histoire soutenue par Gérard Streiff à l’IEP de Paris en 2000, sous la direction de Jean-Noël Jeanneney.

Des archives sont également disponibles aux Archives Départementales de Seine-St-Denis (Bobigny).



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