Rosenthal

On n’est pas là pour disparaître

Olivia Rosenthal

Verticales

Un roman ..sur la maladie d’Alzeimer. Drôle de sujet, pensera-t-on, mais
pourquoi pas. On romance l’amour, la guerre, pourquoi pas la vieillesse,
la démence et cette difficulté d’être un homme (une femme) ? Nommer,
mettre en mots, c’est déjà en partie rassurer, maîtriser, resister,
s’humaniser.

L’auteur croise un fait divers d’aujourd’hui, un vieil homme poignarde
sa femme et ne garde aucun souvenir de l’acte- et l’histoire de la vie
du docteur Alois Alzheimer (1864-1915), psychiatre bavarois, à l’origine
de la découverte de cette affection dégénérative du cerveau, forme de
démence, la « maladie de A. » comme elle écrit.

Il s’agit en fait d’un texte où plusieurs récits s’entrecroisent : celui
de la fille de monsieur T, la « visiteuse », qui tente de « comprendre
 », qui essaie de se dire qu’en face d’elle il n’y a pas qu’une déchéance
mais un malade ; celui du professeur Alzheimer dont le nom devient
synonyme d’une terrible maladie, un peu malgré lui d’ailleurs puisque
c’est son chef de clinique qui donnera ce nom à la maladie, drôle de
cadeau ; celui de l’expert, l’approche, scientifique de la maladie, avec
un vocabulaire précis, pointilleux « qui console et protège » ; celui du
malade avec son discours en pleine débandade, en pleine confusion, comme
s’il se déconnecte ; celui du médecin traitant, enfin, dans la dernière
partie du livre : au fur et à mesure que le malade sombre, son journal de
bord remonte dans le temps, en sens inverse de la maladie, de sorte
qu’on remonte vers les origines des symptômes. Le tout est truffé de
dialogues entre un soignant et un malade de A.

Le roman s’opère par petites touches, les parties dépassent rarement une
page.

Un livre dur et clairvoyant.

Olivia Rosenthal est l’auteur, depuis 1999, de six fictions aux éditions
Verticales.



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