9 décembre 2010

Mystique trader

L’Université Paris-Dauphine abrite sans doute bien des talents, elle
sait faire preuve aussi d’un solide opportunisme. C’est cette
institution, notamment, qui forme les traders ; sur place, on dit plutôt
« les élites financières ». Un master, le master 203, leur est réservé.
Le programme ? Titrisation, subprimes et autres produits à risques n’ont
plus de mystère pour ces petits génies de la finance. Deux ans à
apprendre comment bien spéculer, comment jouer efficacement avec
l’argent des autres, être admis dans une salle des marchés, accéder vite
fait au train de vie bling-bling. En fait, ce master financier a été
créé à Dauphine dans les années 1980. Mais la crise de 2008 a secoué si
fort la maison, le trader faisait alors si mauvais genre, que cette
formation a été purement et simplement supprimée, pendant un an.
Alléluia, aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, on peut à nouveau
spéculer tranquille. Résultat ? Les cours spécial - traders sont de
retour à Dauphine. Avec une touche de « déontologie », bien entendu,
histoire d’être dans le courant. « Je leur transmets aussi des valeurs »
dit, sans rire, un des formateurs. On se la joue mystique trader. Tous
les cours se font en anglais, of course. Et sans doute que la première
phrase qu’apprennent ces agioteurs en herbe est la devise de Gekko, le
héros du film « Wall Street » : « Greed is good » : « l’avidité est une
qualité ».

Gérard Streiff


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