Vote de classe

Étonnant ce débat sur le vote de classe, dans Le Figaro et ailleurs. Disons qu’il a l’air un tantinet piégé. De doctes politologues affirment tranquillement que la classe ouvrière qui votait hier à gauche comme un seul homme opterait plutôt aujourd’hui pour l’extrême droite. C’est aller un peu vite en besogne et entretenir un air du temps paresseux. Trois remarques. UN : on nous répète depuis vingt ans qu’il n’y a plus de classe ni de conscience de classe et voilà qu’on ressort le lapin du chapeau, tout beau, tout neuf. C’est louche. Il y aurait tout de même beaucoup à dire sur la conscience de classe. D’un côté le salariat se recompose et ses références bougent ; d’un autre côté les enquêtes montrent que le sentiment d’appartenir à une classe ( contre une autre) progresse. DEUX : c’est quoi une identité ouvrière pour nos politologues distingués ? Elle est d’emblée droitisée car ils ont une fâcheuse tendance à l’enfermer dans les seules valeurs d’autorité, d’ordre ( peine de mort, respect des enfants, immigration...) ; étrangement les références économiques ou sociales sont quasi effacées ( poids des riches, financiarisation, autogestion...). TROIS : un vote de classe a-t-il jamais existé ? L’électorat populaire fluctue ; on ne peut oublier par exemple que sous de Gaulle le vote ouvrier penchait fortement à droite, en tout cas on n’était pas loin du 50/50. Bref, derrière un débat qui s’annonce prometteur, on voit s’installer une « idée reçue », l’ouvrier de 2011 serait à droite, et même à droite-droite. Info ou intox ?

Gérard Streiff



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