Le tournis

Onfray nous file le tournis. Apparemment, l’homme a tout pour plaire. Intellectuel gourmand issu de milieux populaires, adepte de l’hédonisme, du matérialisme, de l’athéisme, on pourrait lui trouver des qualités. Mais, ça, cette rigueur affichée, c’est un peu la façade. A l’intérieur, ça fait plutôt bricolage. En politique, par exemple, c’en est caricatural. On dira, pour rester sobre, qu’Onfray a un peu de mal à se fixer. Il loue Besancenot puis il démolit Besancenot. Il plaide pour la gauche antilibérale puis il fuit la gauche antilibérale. Il aime José Bové puis il dégoise José Bové. Il applaudit le Front de gauche puis il descend le Front de gauche. Il pense un temps voter Mélenchon puis il vomit Mélenchon (dans les colonnes bienveillantes du Nouvel Observateur). Il dit regarder avec sympathie les communistes puis il reprend les pires infamies flicardes sur Guy Môquet. Il se déclare libertaire mais il n’y a pas un libertaire en France pour le défendre. D’autant que sa passion pour « un capitalisme libertaire » laisse perplexe. Au jour d’aujourd’hui, il a une nouvelle marotte, il défend le vote blanc. La belle affaire ! Mais ça ne devrait pas durer. Va sans doute passer un de ces jours du côté des votes nuls. Bref, Onfray nous file le tournis. Il ferait bien de méditer cette sentence d’un philosophe contemporain : « Un philosophe pense en fonction des outils de savoir dont il dispose, sinon il pense en dehors de la réalité ». C’est signé Michel Onfray. Sont peut-être de la même famille. Mais ce serait étonnant.

Gérard Streiff



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