ACTUALITE
Version radiophonique de ma nouvelle "Travail d’enquête", publiée il y a un siècle par la revue de Nancy "Les refusés", qu’on peut écouter sur la radio associative RCN.radio.org (5 janvier 2024)
http://www.rcn-radio.org/index.php/album/quelles-sont-les-nouvelles/
Au programme de 2023 :
Sortie du septième volume de la série "Les enquêtes de Chloé Bourgeade", Le sosie, aux éditions La Déviation ; de la nouvelle "Prologue" dans la revue "Les Refusés" (Nancy) et de l’étude "Petite histoire des journalistes communistes à la radio-télévision" dans la revue "La Pensée" (412).
Un résumé de ma conférence sur le RN à Strasbourg (août 2023)
HYPERLINK "https://isabellevolat.fr/2023/08/31/strasbourg-aout-2023-2/
"https://isabellevolat.fr/2023/08/31/strasbourg-aout-2023-2/
Belle critique de "Marie Claude Vaillant Couturier" par Françoise Perrier-Argaud dans "Réveil" de décembre 2022, mensuel des églises protestantes du Centre-Rhône Alpes
Superbe article de Christine Le Garrec sur son site "A vos marques...tapage" à propos de "Octobre" (Histoires de lire, n°59)
Critique de la biographie de Marie-Claude Vaillant-Couturier dans "Le Patriote Resistant"
Soirée d’hommage à Jacques Couland (4/2/1922) :
https://fb.watch/aZIwmGWGps/
Echo du "Puzzle Kanapa", éditions La déviation :
https://www.babelio.com/livres/Streiff-Le-puzzle-Kanapa/1330980
et chronique sur France Culture (1/12)
Bonnes critiques de "Marivo" dans "Les cahiers d’Histoire"
https://journals.openedition.org/chrhc/16435
et dans Libresens
http://libresens.blogspot.com/
Sorties 2021 :
La bio de Marie-Claude Vaillant-Couturier intitulée "Marivo" aux éditions Ampelos.
Parution de l’ouvrage collectif "Nouvelles Buissonnières. Arthur Rimbaud à Douai" aux éditions NordAvril (avec ma nouvelle "La lettre manquante").
"Octobre à Paris", le cinquième tome des enquêtes de Chloé Bourgeade ( La déviation).
et
"Je suis RAZAN. Un visage pour la Palestine", sous la direction de Chantal Montellier, aux éditions Arcane 17
Coordination du numéro de Cause Commune pour les 150 ans de la Commune de Paris
Nouvelle "Simple formalité" dans la revue Les Refusés 22 (septembre 2021).
Rappel (de 2020) :
Mon Abécédaire amoureux du communisme aux éditions du Petit Pavé.
Dans la série "Les enquêtes de Chloé Bourgeade", aux éditions La déviation, on trouve "Le demi frère", "Meurtre sur la Zad", "Napalm d’or" , "September" et "Octobre à Paris
.
A noter aussi :
"Tête de serpent", un roman jeunesse, éditions La déviation
Ainsi que "Général Fabien" dans "Rouge cent", un recueil de nouvelles noires sur le centenaire du PCF (Arcanes 17).
AUTRES INFORMATIONS
Echos des livres sur Marie-Claude Vaillant-Couturier et sur Jean Kanapa
https://www.monde-libertaire.fr/?article=Portraits_de_staliniens_
Echos du débat sur le centenaire du PCF à Tarbes le 3 octobre 2021
https://www.ladepeche.fr/2021/10/04/les-100-ans-du-pc-a-la-fete-de-lhuma-9829945.php
Voir les critiques de livres "express" sur le site de la médiathèque d’Ivry ; le café littéraire à la Médiathèque de Bonneuil (20 février) sur les sites de la Médiathèque et de la Ville (plus de 200 vues). Les vidéos des cafés littéraires de la Médiathèque d’Ivry du 14 novembre et du 9 décembre 2020 peuvent être regardées sur le site de la ville ; celle du café de Chevilly/Larue (11 février) est consultable ici :
https://www.youtube.com/watch?v=FeJRpgprlaQRetour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=Uz0In19RETkRetour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=aa6rdrNmItARetour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=5sMF-BssIEwRetour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=4mBTuafuP0QRetour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=pN-a0W6jbuk
Toujours à Chevilly, la rencontre avec l’écrivain Colin Niel a été filmée.
Le salon polar de Neuilly-Plaisance (avril) est repoussé en 2022.
Pour voir le café littéraire du 9 décembre 2020 (rencontre avec l’autrice Amélie Lucas-Gary), aller sur le site de la mairie d’Ivry, secteur Médiathèque
Pour voir le café littéraire du 14 novembre 2020, aller sur le site d’Ivry ou composer
https://mediatheque.ivry94.fr/syracuse2/bib-drive.aspx
Participation au documentaire de la télévision russe sur l’anniversaire de Nuremberg ; je commente le témoignage de Marie-Claide Vaillant-Couturier
https://yadi.sk/i/Sv6eOEWQP-tBsA
Une chronique de Gilles Vidal sur "Le demi-frère"
http://chroniques-noires-gilles-vidal.over-blog.com/2019/03/a-frerot-frerot-et-demi.html
Italie : Amnistie pour les années de plomb
Le répertoire BALZAC de la SGDL (qui reprend et actualise le catalogue de la BNF) identifie 105 oeuvres, 105 ouvrages à mon nom ( à ce jour, 28 octobre 2018) ; ne sont pas pris en compte ici les participations à des recueils collectifs.
Le roman Grognards.net à l’émission de JM Demetz
https://www.facebook.com/jeanmarc.demetz/videos/10213996481958971/
Le site Wikipédia actualisé
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gerard_Streiff
Après ma visite à l’école Carnot d’Argenteuil le 1er février 2018
http://blog.ac-versailles.fr/cm2bcarnot/index.php/
et
http://blog.ac-versailles.fr/cm2acarnot/index.php/
Ma page sur le site de La maison des écrivains et de la litterature (MEL) :
http://www.m-e-l.fr/,ec,249
Rubrique controverse
Back in the USSR
Auteur : Gérard Streiff
http://www.causecommune-larevue.fr/back_in_the_ussr
"La guerre des petits soldats", chez Flammarion, première parution 2003, réimprimé en 2011, a été vendu à ce jour (2017) à 9500 exemplaires.
Le polar "Retour de flamme"(Jasmin) avait été nominé pour le prix Lion d’or du 15è festival du polar de Neuilly/Plaisance (93)
Voyage au pays des Soviets sur France Culture (Marie Chartron)
https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/cent-ans-apres-la-revolution-russe-heriter-de-1917-44-voyage-au
Belle chronique sur Mortelles primaires de
l’oncle Paul
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2016/12/collectif-mortelles-primaires.html
et de Claude Le Nocher
http://www.action-suspense.com/2016/11/collectif-mortelles-primaires-ed.arcane-17-2016.html
Article sur Leslie Kaplan dans La Revue du Projet d’octobre
http://projet.pcf.fr/92369
Les éditions Gulf stream signalent que "Le bouclier de Gergovie" est une des quatre meilleures ventes de juin 2016 !
Une nouvelle noire sur le site de L’Humanité
https://soundcloud.com/humanite-fr/une-nouvelle-originale-de-gerard-streiff
Paru sur le site MEDIAPART
: https://blogs.mediapart.fr/edition/la-revue-du-projet/article/170516/les-francais-et-la-politique-une-profonde-insatisfaction-democratique
La Revue du Projet en revue
http://projet.pcf.fr/7451
Critique de "Franco la muerte" sur le site K-libre
http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=livre&id=4475
Rencontre/débat avec des collégiens
https://www.youtube.com/watch?v=8sB3EXdHD20
A propos de l’eurocommunisme (Rome, 2015)
https://www.youtube.com/watch?v=46GaESwxcq0
Entretien autour de Histoire et polar (2001)
https://www.youtube.com/watch?v=b0kLosteC6Q
Critique de "Franco" :
http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2015/08/livre-franco-la-muerte-que-reste-il-du-franquisme-des-annees-plus-tard-par-laurent-novart.html
"Retour de flamme" : critique de Gilles Vidal
http://chroniques-noires-gilles-vidal.over-blog.com/2015/06/napalm-springs.html
Rencontre à l’école St Pierre de Bergues autour de La guerre des petits soldats
http://ecolesaintpierre-bergues.fr/bienvenue/rencontre-avec-un-auteur-parisien/
Images du spectacle "Le Ciel m’a tuer", interprété par Jean-Pierre Thiercelin, sur Youtube (Ligero 2014)
Merci à Olivier Thirion pour sa dédicace de sa nouvelle "Faux en écriture", Revue Les Refusés, n°16
Reportage sur la nuit de France Télévisions au Palais de Tokyo (pour le Festival de Cognac)
http://www.cerclenoir.com/frame_gen_accueil.htm
"Le cagibi" peut être commandé à
La déviation
1 bis rue de la boucherie
76490 Caudebec en caux
www.ladeviation.eu <http://www.ladeviation.eu>
0967389918
0610826518
Le débat du "Club de la presse" de Lille sur le site
http://www.clubdelapressenpdc.org/les-mardis-de-l-indo-interrogent-sur-le-role-des.html
La nouvelle édition de "La guerre des croûtons" est sortie chez "Points sur les i" : trois résidents d’une maison de retraite, politiciens madrés, font le mur et reprennent le pouvoir...
Images du spectacle donné en bords de Loire (09/13) dont mon texte "La clé"
http://youtu.be/yKo8rMbPpJM
"Le bouclier de Gergovie" est recommandé par le Ministère de l’Education nationale dans le cadre de l’opération "Lectures pour les collégiens".
Adaptation audio de la nouvelle "Pigeon Viol" (Ska) ; lecture par Virginie Champagne (Collection Mathieu Farcy).
Le roman jeunesse "La mer disparue" (éditions du Bout de la rue) nominé au prix "Lionceau noir" du Salon polar de Neuilly-Plaisance 2014).
"Le mystère du colombier", atelier d’écriture avec les CM2 d’Isabelle Dordain, école Pierre et Marie Curie de Pavilly, est lauréat (1er prix ex-aequo) du prix "Voyage en ville" (Académie Rouen).
Le polar "Entourlooping" (avec Mateo Montesinos), aux Nouvelles Editions Krakoen, <http://www.krakoen.fr/>
salué par Claude Mesplède (dans sa chronique de mai d’Options) et par Max Obione sur son blog, fut, un temps, pré-sélectionné pour le Festival de Cognac 2013.
Six de mes livres publiés avant 2001 (et non réédités) figurent sur le site ReLIRE de la BNF (voir Relire) en vue d’une édition numérique.
"Un soldat allemand dans la Résistance française" (Oskar) est dans la sélection "Livres pour enfants" (10 ans et plus) des bibliothèques de la ville de Brest
Le roman jeunesse "Le port du désert" était dans la sélection du jeune lecteur au Festival 2005 de Lamballe
Site (partiellement) mis à jour le 17 mars 2018
Epuisé.
C’est l’agitation générale sur le quai de la gare de Saint-Gervais. Après une semaine fabuleuse à la montagne, il est malheureusement temps pour Elodie et ses copains de monter dans le train à destination de Paris. L’énervement général est renforcé par une soudaine coupure de courant qui plonge l’ensemble des wagons dans la nuit noire. En maîtresse consciencieuse, Chantal compte un à un les élèves. Mais l’un d’entre eux manque à l’appel : Antoine a disparu ! Et le train démarre... Que s’est-il passé ?
A partie de 7 ans.
Avec les dessins de Chantal Montellier
Train de nuit blanche
Gérard Streiff
Chapitre 1
De grosses gouttes de pluie tambourinaient sur le toit de la voiture. Comme des milliers de petits poings rageurs. "Demain, fini la neige", se dit tristement Elodie en regardant par la vitre. Le déluge était tel, la nuit si noire, qu’on ne distinguait même pas le quai. Elle venait de passer une semaine à la montagne avec sa classe.
En gare de Saint-Gervais, les vacanciers, accompagnés par Chantal, leur professeur, et deux monitrices, avaient juste eu le temps de sauter de l’autorail qui les amenait de Chamonix et de grimper dans le train de nuit qui allait les conduire à Paris.
Il régnait une grande agitation dans la voiture-couchettes. Engoncés dans leurs parkas, entravés par les paires de ski, traînant d’énormes valises, enfants et adultes bouchonnaient dans le couloir encombré. Il fallait poireauter avant d’accéder aux cabines. Une coupure de courant électrique plongea momentanément la voiture dans le noir, ajoutant à l’énervement général.
" Mais pousse-toi !
– Lâche mon sac !
– On se calme, dit Chantal, chacun aura sa place."
La lumière revenue, les passagers s’engouffrèrent dans les cabines. De nouvelles chamailleries éclatèrent entre les enfants quand il fallut choisir son lit.
" Je prends celui du haut !
– Camille, viens en face de moi !
– La couchette du bas est à moi !"
Chacun casa sa valise comme il put. Chantal obtint un peu de silence et procéda à l’appel.
" Ivan ?
– Oui.
– Elodie ?
– Ici."
Quand arriva le tour d’Antoine, personne ne répondit.
"Antoine ?" s’impatienta le professeur.
Silence. Les enfants, à présent muets, se regardaient.
" Antoine ?"
Pas d’Antoine.
Chapitre 2
Le train venait de partir. L’averse redoublait. " Antoine ?" Les enfants couraient dans le couloir en criant son prénom. Toujours pas de réponse. " Z’avez pas vu Antoine ?" demandaient-ils aux autres voyageurs. Chantal, avec son portable, téléphona au moniteur de Chamonix, qui les avait accompagnés jusqu’au train. Il certifia avoir vu monter tout le groupe.
" Même Antoine ?
– Oui, même Antoine, j’en suis certain."
De fait, on venait de retrouver un sac abandonné dans l’entrée du couloir ; c’était bien le sien. Un contrôleur passait par là. Alerté, il procéda à une inspection systématique de la voiture.
En partant de la porte du couloir, six cabines étaient occupées. Les quatre premières l’étaient par les collégiens ; dans les deux suivantes, on trouvait une famille étrangère puis un couple de personnes âgées. Les autres compartiments étaient inoccupées.
Le contrôleur visita chaque cabine, sous les lits, dans les coffres à valises au-dessus de l’entrée. Il fouilla les toilettes, le lavabo. A l’entrée de la voiture, avant le couloir, un petit local pour le personnel du train était fermé. Le responsable SNCF eut vite fait le tour des lieux : il n’y avait personne.
Chantal l’accompagna dans les autres voitures pour poursuivre les recherches. Pendant ce temps, Odile et Lise, les deux accompagnatrices, couchèrent les enfants. Cette cérémonie était d’ordinaire l’occasion de belles bagarres de coussins et de polochons. Ce soir, tout le monde était calme, grave même. Personne ne parlait ; lorsqu’on s’interpellait, c’était sur un ton feutré, en sourdine.
Chapitre 3
"Comment peuvent-ils dormit ?" se demandait Elodie. Elle occupait la quatrième cabine après la porte. La banquette du milieu. Le compartiment était plongé dans le noir. Le lit de Chantal, en dessous du sien, était vide. Les quatre autres petits passagers, aussitôt couchés, s’étaient assoupis.
La journée avait été longue et riche en émotions. La pluie torrentielle qui s’écrasait sur le train lancé à toute vitesse formait un bruit de fond qui finissait par vous assommer.
"Tout de même, dormir, alors qu’Antoine a disparu !" Elle s’était promis de le chercher et de le trouver. C’était sa mission, un point, c’est tout.
En fait, elle l’aimait bien, le "disparu". Elle le trouvait vif, drôle. Il était maladroit aussi, c’est vrai, mais elle aimait mieux ça que le genre m’as-tu-vu ou le monsieur-je-sais-tout, une catégorie qui était représentée dans la classe par quelques beaux spécimens. Elle était aussi amusée par sa passion pour les trains. Antoine était un vrai mordu. En classe de neige, il s’était régalé en prenant le petit chemin de fer à crémaillère pour monter jusqu’à la mer de glace. Il avait chez lui une collection de locomotives miniatures, des vrais petits bijoux, comme la 141R : il en parlait tout le temps, Elodie avait tout retenu. C’était un modèle d’après-guerre, constitué d’une longue chaudière toute ronde et montée sur quatre paires de roues, une petite cabine à demi découverte pour le conducteur et une réserve à charbon. Un monstre noir, coquet sur les bords, avec un petit liseré rouge qui parcourait toute la machine.
Elodie réalisa qu’elle commençait à parler d’Antoine au passé. Comme si… Elle avait le visage contre la fenêtre qui donnait sur le couloir. Aux aguets, elle maintenait légèrement écarté un pan du rideau. Des petites veilleuses éclairaient de loin en loin, modestement, la coursive. C’est alors qu’elle vit passer un homme, très grand, barbu, qui tirait par la main un enfant.
Chapitre 4
Elodie se dressa comme si elle avait vu le diable en personne. Ses mains étaient soudainement devenues moites ; son cœur battait la chamade ; elle avait un peu de mal à respirer. Elle faillit réveiller ses compagnons. Elle n’en fit rien, pourtant. Doucement, elle quitta sa banquette, entrouvrit la porte avec d’infinies précautions et sortit de la cabine. Le corridor était sombre. Le ciel semblait toujours en colère. De grosses larmes de pluie, écrasées et tremblotantes sous l’effet de la vitesse, dégoulinaient le long des vitres. Elle eut tôt fait de repérer ceux qu’elle cherchait : le hublot de la porte des toilettes était éclairé. Elodie passa prudemment devant et se tapit dans l’ombre de l’entrée de la voiture, partagée entre la peur et la curiosité.
Elle attendit longtemps ; enfin l’homme et l’enfant sortirent. Pendant le bref instant où ils quittèrent les lieux et refermèrent la porte, ils furent en pleine lumière. Elodie reconnut la famille étrangère qui occupait le compartiment voisin. Le père, un véritable géant, et l’enfant stationnèrent un moment dans le couloir. Malgré l’impressionnante différence de taille, ils se ressemblaient terriblement. Ils regardaient défiler le paysage. Mais ils ne devaient pas voir grand-chose…
Tout était uniformément noir, et l’obscurité était à peine trouée de vagues lumières, tout au loin.
Mais peut-être ne regardaient-ils que leur propre reflet dans cette sorte de miroir. L’homme caressait doucement les cheveux de l’enfant en prononçant des mots étranges, gutturaux et tendres en même temps, des mots incompréhensibles pour Elodie. Pourtant, elle sentit que l’enfant était inquiet. Avait-il fait un cauchemar ? Avait-il peur des trains ? De la nuit ? De la pluie ? L’adulte s’efforçait de le calmer. Leur chuchotement devint plus détendu. L’enfant sembla apaisé. Ils se dirigèrent vers leur cabine. Elodie les laissa réintégrer le compartiment. Elle s’apprêtait à faire de même, quand, vers le milieu de la voiture, elle remarqua un étrange manège : une porte coulissait, puis se refermait, glissait à nouveau, claquait encore. Comme si deux forces s’affrontaient, l’une pour ouvrir la cabine, l’autre pour l’en empêcher.
Chapitre cinq
Ce drôle de va-et-vient l’intrigua. Elle se rappela que ce compartiment était occupé par un couple de vieilles personnes. Lentement, elle s’en approcha. Elle tremblait légèrement. Etait-ce de frayeur ? Ou de froid, à force d’entendre ces incessantes trombes d’eau s’abattre sur le train ?
La porte continuait son drôle de mouvement, s’ouvrant, se refermant. Elodie distingua une main décharnée qui dépassait fugitivement de la cabine, s’agrippant à la cloison mobile. Quand elle parvint, presque malgré elle, à la hauteur du compartiment, elle eut un sursaut de peur. Les deux voyageurs étaient assis face à face, sur chacune des banquettes inférieures. Ils la regardaient avec étonnement. Leurs visages étaient pâles. La vieille dame était aussi petite et ronde que l’homme était grand, tout recroquevillé pour ne pas heurter la couchette supérieure.
D’une voix douce, la vieille dame s’excusa.
" On vous a réveillée ? Pardon."
Un silence se fit. Puis elle tint à s’expliquer. Ils étaient tous deux insomniaques.
" Et je ne supporte pas le train-couchettes, je l’avais bien dit !" ajouta le monsieur d’un air furieux. Bref, ils n’arrivaient pas à fermer l’œil. Ils s’étaient disputés. Lui avait l’impression d’étouffer, il voulait absolument ouvrir la cabine. Elle trouvait cela ridicule et refermait aussitôt la porte.
Ils se comportent comme des enfants, pensa Elodie, qui se garda de le leur dire. La dame l’interrogea, voulut savoir son nom, d’où elle venait, où elle allait, avec qui elle voyageait. Elodie parla d’Antoine.
" Vous n’avez pas lu le journal ? Demanda le vieux monsieur. On ne parle que du tueur du train.
– Tu dis des bêtises ! Gronda sa compagne.
– Une jeune femme a même été précipitée sur la voie, insista-t-il.
– Arrête donc ! Excusez-le, mademoiselle" dit la dame.
Pendant qu’ils parlaient, l’adolescente, debout dans le couloir, eut une étrange impression. Quelque chose d’indéfinissable, d’imprécis. Comme la sensation d’une présence du côté des cabines, en principe inoccupées, sur sa gauche.
Chapitre six
Doucement, en faisant mine de discuter avec ses vis-à-vis, Elodie tourna son regard vers cette partie du couloir, crut voir bouger un rideau. Elle s’efforça de prévenir discrètement le couple de voyageurs.
"Y a quelqu’un", murmura-t-elle, écarquillant les yeux, inclinant légèrement la tête sur sa gauche et mimant un sourire qui ressemblait plutôt à une grimace. Mais si elle articulait la phrase avec insistance : " Y-A-QUEL-QU’UN", c’est à peine si un son sortit de sa bouche.
– Qu’est-ce que vous dites ? Interrogea la vieille dame.
– Y-A-QUEL-QU’UN, redit-elle à peine plus fort, craignant d’être entendue par le quelqu’un en question.
– Qu’est-ce qu’elle dit ?" insista le vieillard.
Finalement, Elodie entra dans leur cabine, referma la porte et expliqua, clairement cette fois, qu’elle avait vu quelque chose bouger dans une cabine, sur leur gauche.
– Et alors ? Dit la dame.
– Alors ? Selon le contrôleur, cette partie de la voiture est vide !
– C’est peut-être quelqu’un qui est monté depuis ? Suggéra le vieil homme.
– Qu’est-ce que tu racontes ? Le train est direct de Saint-Gervais à Paris !" répondit vivement sa compagne.
Ils se turent.
La vieille dame semblait avoir l’âme aventurière : elle proposa à Elodie de l’accompagner pour voir ensemble ce qu’il en était.
" Je viens avec vous, déclara le monsieur. J’ai un passe.
– Un quoi ? Demanda Elodie, qui le vit brandir un petit outil d’acier.
– Une clé passe-partout. Je l’ai toujours sur moi."
"Drôle de grand père !" songea la jeune fille. Et le trio se mit en route. Le vieux bonhomme ouvrait la marche, la fillette suivait, la dame protégeait les arrières. L’aïeul eut tôt fait d’ouvrir la porte du compartiment suspect, qui semblait inhabité. Les lits étaient vides.
Pourtant, un bruit furtif venait d’une couchette supérieure. Le trio gravit quelques barreaux de l’échelle, dans la travée. Ils découvrirent un jeune homme apeuré, le regard farouche, adossé à la cloison. Il gardait le silence.
" Que fais-tu là, petit ? Interrogea le vieillard.
– S’il vous plaît, soyez sympa, ne me dénoncez pas. J’ai pas de ticket !"
Il comptait voyager gratis. Il s’était fait voler ses affaires dans la station de ski, disait-il. Fauché, il voulait rejoindre des amis à Paris.
" Ne me dénoncez pas, hein ?"
Il avait déjà l’air moins tendu, il avait dû sentir que ses visiteurs ne lui voulaient pas de mal.
" Vous êtes un S.T.F.?", lui demanda en riant le vieil homme.
L’autre ne comprenait pas.
" Un sans-ticket-fixe !
– Tu n’es pas drôle, protesta la dame."
Elodie changea de sujet et voulut savoir s’il n’avait pas vu passer un jeune garçon ; elle lui décrivit rapidement Antoine. Il assura qu’il n’avait rien remarqué ni vu personne. Il leur sembla sincère. La trio battit en retraite, quitta la cabine et ferma la porte sur le jeune rassuré.
La pluie, infatigable, continuait de tomber. Le ciel grondait à présent.
Chapitre sept
Elodie retrouva sa banquette. Chantal n’était toujours pas de retour. Les autres petits vacanciers, eux, dormaient sagement. Elle pensait à ce que lui avait dit le vieux monsieur. A l’entendre, il se passait de drôles de choses dans les trains, ces temps-ci. Il exagérait sans doute.
Elle se laissa bercer par le double bruit des roues et de la pluie. Ils finirent par se confondre et former ensemble un ronronnement monotone. Il lui semblait entendre répéter : où est Antoine ? Où est Antoine ? Où est Antoine….
Elle ne réagit pas immédiatement lorsqu’elle vit deux bras maigres se glisser dans la cabine. Quand ceux-ci la saisirent fermement, elle hurla. Aucun son pourtant ne sortit de sa bouche.
Des mains puissantes l’arrachèrent du lit. Elle se sentit comme portée hors de la cabine. Ainsi maintenue, elle se vit traverser le couloir. Elle tenta bien de s’agripper au moindre obstacle. En vain. Une fenêtre était grande ouverte.
Les mains la dirigèrent vers ce trou noir et s’efforcèrent de la précipiter dans le vide. Elle s’accrocha au rebord, de toutes ses forces. On la poussait.
Elle résistait. On la bousculait tant et si bien qu’elle se réveilla….
Elle avait fait un méchant cauchemar. Elle soupira, soulagée. Un petit jour pâlot se devinait derrière la vitre. Mais la pluie n’avait pas cessé. Elle était toujours aussi dense. A prèsent, elle était accompagnée d’éclairs qui jetaient par moments une lumière froide, comme un flash, dans la cabine.
C’est alors, seulement, qu’elle réalisa que quelqu’un était effectivement en train de la secouer. Elle distingua l’importun : c’était Antoine !
Chapitre huit
" Mais où étais-tu, imbécile ? Dit-elle, pleinement réveillée cette fois. On t’a cherché partout. Tout le monde était paniqué. T’es dingue ou quoi ?"
Antoine s’était "simplement" - le mot était de lui- caché dans la cabine de service, à l’entrée de la voiture.
" Mais elle était fermée ! Et la porte était sans poignée…
– Pas quand on est montés. On faisait du surplace, tu te rappelles ? J’ai tout de suite repéré ce local. Il était vide, avec la porte qui brinquebalait au moindre mouvement du train. Quand la lumière s’est éteinte, je n’ai fait ni une, ni deux. J’y suis entré. Il y avait de grands placards. Je m’y suis enfoui sous un paquet de couvertures. A ce moment-là, le train a freiné, la porte de la cabine s’est refermée toute seule. Et voilà.
– Mais…pourquoi tu as fait ça ?
– J’avais trop honte.
– De quoi ?
– D’avoir perdu les bijoux de la prof.
– Les bijoux ?"
A Chamonix, lors de leurs expédition à la mer de glace, les enfants avaient visité une galerie creusée dans un rocher, près de la petite gare. On y exposait les minéraux fabuleux que des cascadeurs allaient arracher aux entrailles de la montagne. Ils portaient des noms magiques : l’œil du tigre, une géode, la fuchsite…
Chantal avait récupéré de superbes pierres, de couleur violette, des améthystes. On aurait dit des grappes d’aiguilles, taillées en forme de pyramides.
" Des obélisques miniatures" avait dit le professeur. Sur le chemin du retour, elle avait confié ces pierres Antoine, car il était le seul à avoir les mains libres. Et il les avait égarées… Il s’en était rendu compte le jour du départ. Il en était profondément humilié. Un camarade de voyage, Ivan, à qui il avait parlé de cette disparition, en avait rajouté en lui affirmant que ces bijoux valaient une fortune. Antoine, franchement paniqué, n’avait plus osé croiser le regard de son professeur et il redoutait d’avoir à s’expliquer avec ses parents.
Il aurait voulu entrer dans un trou de souris, disparaître, se volatiliser. C’est alors qu’il s’était précipité dans la cabine de service. Il voulait cacher sa honte. Il y avait ruminé toute la nuit. Impossible de fermer l’œil. Les pensées les plus noires l’avaient turlupiné. Il s’était maudit, en avait même pleuré. Et puis, voici qu’au bout de cette nuit blanche, il ne savait plus très bien ce qu’il devait faire. Il était venu demander conseil à son amie Elodie.
" On s’est moqué de toi, Antoine, affirma-t-elle. Tes amétystes, c’étaient des cailloux. De jolis cailloux peut-être mais des cailloux tout de même. On en achète une poignée pour dix francs dans toutes les boutiques de Chamonix.
– Tu es sûre ?
– Mais oui ! Ivan t’a fait une mauvaise blague ; il ne pensait pas que tu le prendrais comme ça."
– AAAHH !
Un cri terrible emplit alors le couloir. C’était Chantal. Elle avait passé elle aussi une nuit blanche, à fouiller le train en compagnie du contrôleur, à téléphoner aux gares du parcours, à contacter les autorités. Epuisée par ce marathon nocturne, angoissée à la perspective de rencontrer tout à l’heure les parents du petit disparu, elle s’en retournait dans sa cabine et venait d’apercevoir Antoine.
Elle criait. Elle avait beau mettre les deux mains devant sa bouche. On entendait son cri dans toute la voiture. Cri de colère, de rage et de joie tout à la fois ! Un cri achevé en un rire saccadé de bonheur. Chantal colla deux grosses bises sur les joues du garçon.
Pour les passagers, ce fut un réveil en fanfare. Tout le monde vint aux nouvelles. En découvrant Antoine, toute la troupe l’acclama. Le chahut fut communicatif. La famille étrangère s’approcha, histoire de voir ce qui se passait. Le couple de vieilles personnes congratulait déjà Elodie. Oubliant sa peur du contrôle, le jeune homme sans billet s’était mis aussi de la partie.
Alors qu’on approchait de Paris, l’enthousiasme était à son comble. Même la pluie, à présent, en s’écrasant sur la voiture, avait l’air d’applaudir. Et c’est à peine si les passagers remarquèrent que le train était arrivé gare de Lyon.
Sur le quai, les parents, incrédules, virent une bande d’hurluberlus sauter du train et entonner une danse frénétique, brandissant skis et bâtons comme des lances autour d’Antoine. Ce dernier n’était pas en reste pour se trémousser. Il ne s’aperçut même pas qu’il semait ainsi autour de lui une petite pluie de cristaux de couleur violette tombés d’une poche de son sac.
" Tes bijoux !" lui dit Elodie.
FIN