Chabalier

Entendre l’apport du Front de gauche

Aux lendemains de la Conférence nationale du PCF, entretien avec Jacques Chabalier, responsable de la direction Vie militante, vie du parti, sur l’état d’esprit des communistes, les initiatives qu’ils prennent dans cette période nouvelle, leur feuille de route de l’été.

Un mot sur la consultation des communistes ?

Dans la préparation de la conférence, nous avons eu trois jours de consultation des adhérents du PCF ; ils ont été plus de 26 000 à participer à la fois au vote pour adopter les trois points de la résolution et à leur assemblée générale de section. C’est une mobilisation intéressante ; les militants ont ressenti le besoin, pas simplement pour eux mêmes mais pour la société, pour les gens, de dire comment ils abordaient la nouvelle période politique. Ils partagent un même souci, qui est de voir leur parti -et évidemment le Front de gauche dans un même mouvement -être utile pour que le changement voulu par les Français réussisse.

Un bilan de la conférence nationale ?

La conférence a adopté une adresse au peuple de France qui explicite le positionnement du PCF : les communistes veulent que le changement réussisse, et pour que ça réussisse, ils considèrent que des inflexions importantes doivent être données à la politique définie par le gouvernement et le Président. Par exemple, en matière de construction européenne, le traité Sarkozy-Merckel doit être abrogé, on doit mettre en chantier un autre traité. De même, sur les questions des salaires, des revenus, du SMIC, de l’emploi, de l’industrialisation, de l’utilisation du crédit, sur tous ces chantiers, il faut que l’apport du Front de gauche puisse être entendu au sein de la nouvelle majorité. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, on nous dit que la seule « feuille de route » est le programme de François Hollande. Cela ne nous convient pas mais nous ne nous résignons pas à cet état de fait. On aborde au contraire la période avec la ferme volonté de faire bouger la situation, en appelant nos concitoyens à agir, à intervenir. On a donc décidé de prendre des initiatives publiques sur tous les points cités ( Europe, salaires, emploi, école, santé...), de débattre de propositions avec les gens. On a expérimenté pendant la campagne électorale de nouvelles manières de faire de la politique, avec les assemblées citoyennes, les réseaux thématiques, le front des luttes, les ateliers législatifs. On entend prolonger cette dynamique citoyenne.
Au sortir de cette conférence, les communistes s’inscrivent pleinement dans la poursuite du Front de gauche qui est pour eux un atout précieux, à continuer, à faire fructifier. Evidemment cela suppose de faire analyse serré du scrutin, de se donner le temps de l’analyse, avec la perspective du congrès, en février 2013. Il y a chez les camarades un sentiment d’inachevé. A la fois ils apprécient positivement les progrès enregistrés par le Front de gauche tant à l’élection présidentielle que lors des législatives et on sent de la préoccupation, voire parfois de la déception après les législatives. Reste que l’état d’esprit n’est nullement à l’abattement ; il est de prendre appui sur ce qu’on a réussi à construire pour aller plus loin, poursuivre la démarche de rassemblement.

Quelle est la « feuille de route » de l’été ?

Se lancer pleinement dans la bataille de la Fête de l’Humanité. Il faudra s’adresser toutes celles et ceux qu’on a côtoyé dans la campagne pour les inviter à cette fête. On a pris l’initiative d’une grande journée du Front de gauche, le 26 août à Grenoble ; la semaine suivante se tiendra l’Université d’été de notre parti ; il nous paraît important que les nouveaux adhérents y participent, ainsi qu’à la Fête de l’Humanité, qu’ils prennent leur place dans les nouvelles campagnes à venir. J’ai la conviction que notre organisation sort renforcée en influence, en présence dans la société et en intérêt qu’elle peut susciter auprès des gens ; on peut donc aborder de bonne manière les chantiers qui sont devant nous.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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