Jeunesse

Attentats, résistance, élections
La jeunesse au coeur

Les attentats ont été ravageurs parmi les jeunes. Les massacrés étaient souvent jeunes, les tueurs étaient jeunes. Comment la JC a réagi ? Que propose-t-elle ? Et quid des régionales. Entretien avec Nordine Idir, secrétaire général du MJCF (mouvement de la jeunesse communiste de France).

La jeunesse s’est retrouvée au coeur de ces attentats. Quels sont tes commentaires ?

Pour nous, ce fut la consternation et l’effroi. On a été d’autant plus fortement interpelés que parmi les victimes, on compte beaucoup de jeunes. Les attentats ont visé des lieux très fréquentés de ces jeunes, des lieux festifs, d’émancipation. Et dans le même temps, la majorité des commanditaires sont des jeunes. Du coup cela nous interroge doublement, sur le fait qu’une société puisse produire de tels monstres, recruter des jeunes dans des projets de violence absolue, mortifère. On a donc sollicité nos camarades partout. D’abord pour qu’ils échangent entre eux, pour dépasser, tenter de dépasser la peur, une peur normale, logique. On a essayé de construire des espaces de rencontre, de dialogue avec tous les jeunes ; il fallait éviter de rester isolés. Dès le lundi qui suivit les attentats, on a invité les camarades à se rendre devant le maximum de lieux où vivent des jeunes, notamment dans les lycées, pour aller à la discussion. Et on a initié deux autres choses : un appel avec des organisations de jeunesse progressistes du Liban et de Turquie, pays qui ont connu au même moment des attentats similaires à ceux de Paris ; il s’agissait de faire entendre une voix progressiste des jeunes, de montrer que ces jeunes qui subissent à travers la planète la crise, la guerre, ne veulent plus de ce monde là. On a aussi été à l’initiative d’une rencontre de jeunesses progressistes de notre pays d’où devrait sortir très vite un appel à travailler à des solutions sur le long terme afin que plus jamais un jeune ne soit tué, que plus jamais un jeune ne rejoigne les rangs de forces fondamentalistes. On va essayer de donner des suites à cet appel avec toutes les forces disponibles pour qu’elles s’approprient le débat ; il ne faut pas en rester à un débat d’experts ou de prétendus experts. On ne peut pas non plus se contenter d’une seule réponse policière ; elle est nécessaire mais il faut aussi une réponse de fond. On aurait bien voulu entendre, d’ailleurs, de la part du Président, des propositions en terme d’éducation, de prévention. On a parlé de postes supplémentaires dans la police, l’armée ; et les postes d’éducateurs ? Les postes dans l’éducation nationale ? dans la prévention, le monde associatif, bref, dans tout ce qui permet de refaire du lien social. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas nécessairement des jeunes des quartiers populaires qui rejoignent les fanatiques ; il y en a mais ce sont surtout des jeunes désocialisés qui sont recrutés sur des logiques sectaires. Il faut s’attaquer, avec des moyens judiciaires et policiers, à ces organisations, bien sûr, mais il faut aussi s’y attaquer avec la prévention, de sorte qu’aucun jeune ne soit attiré par ces réseaux.

On est à une dizaine de jours des régionales. Quelle peut être la place des jeunes dans cette « campagne » ?

Ce qu’on fait avant tout, c’est créer des cadres d’échange, de discussion pour les jeunes. On va tenter d’organiser au maximum des rencontres, des tables rondes avec les jeunes sur des propositions concrètes pouvant changer leur vie : accès aux transports, à l’emploi, à la formation (lycée et apprentissage), gratuité dans plusieurs de ces domaines. Au vu des événements, il s’agit de convaincre chaque jeune d’aller voter – le risque d’abstention est très fort. Toutes nos propositions participent de l’idée de construire de la cohésion, de la solidarité, à rebour des phénomènes obscurantistes qu’on constate chez nous et ailleurs.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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