Une rentrée dans l’action

Discours de Pierre Laurent en conclusion de l’Université d’été du PCF aux Karellis, le 31 août 2014. Extraits.

Décision brutale

« La décision prise dimanche dernier avec la brutalité qui sied à ce genre de coup de force politique par François Hollande et Manuel Valls de pousser comme jamais les feux de leurs choix libéraux a changé la donne politique. La semaine écoulée annonce la couleur d’une année dans laquelle l’avenir du pays comme celui de la gauche sont en jeu. Un gouvernement qui expulse les récalcitrants, aussi timides soient-ils, pour se resserrer sur l’équipe la plus droitière qui soit. Deux jours après un discours programme de Manuel Valls ovationné par le Medef, et pour cause, puisqu’il n’a fait que dérouler la feuille de route patronale. »

L’arme du crime

« Manuel Valls s’inquiétait, paraît-il, de la mort de la gauche, en juin. On sait aujourd’hui qui tient entre ses mains l’arme du crime. On sait donc à quoi s’en tenir. Ce gouvernement va jouer sans retenue son va-tout libéral avec l’espoir qu’il parviendra à réduire toutes les résistances et à engager, enfin de manière définitive e assumée, la mutation du PS en parti d’alternance démocrate. Il n’est pas question de laisser faire. Le prix à payer pour le pays de cette fuite en avant est trop lourd pour que nous acceptions de nous plier. Il n’est pas non plus question de laisser faire pour une autre raison ; ce gouvernement a définitivement déchiré le contrat passé avec les Français en 2012. Minoritaire dans le pays, dans la gauche, et même parmi les électeurs socialistes, ces choix n’ont aucune légitimité démocratique ».

Déroute politique

« Ne nous y trompons pas, le spectacle auquel nous assistons depuis le début de la semaine avec le nouveau gouvernement n’est que l’expression exacerbée de l’échec patent de François Hollande. Les roulements de mécanique et excès d’autorité du Premier ministre ne sont qu’un masque illusoire face à ce constat sans appel : celui d’une déroute politique et économique. Oui le gouvernement Valls 2 est l’expression de l’échec politique et de l’isolement de l’exécutif. Il est la démonstration de l’incapacité du Président et du Premier ministre à mener une politique qui rassemble et entraine les forces vives du pays. Il ne tien son pouvoir que de l’extrême concentration du système présidentiel et des fondements anti-démocratiques de la 5e République. »

Démonter le discours du pouvoir

« Pour justifier cette politique, le couple exécutif tient un discours qui doit être sérieusement démonté. Ce serait une politique de l’offre. Impossible de relancer la demande tant que nous ne sommes pas compétitifs, disent-ils, et pour l’être une seule solution, aider et renflouer les marges des entreprises. Alors seulement investissements et emplois suivront. Et bien tout cela est de la foutaise. La France souffre en même temps d’une dramatique insuffisance de la demande, tirée vers le bas par la brutale dégringolade de l’emploi, des salaires et de la protection sociale et d’une dégradation continue de l’offre productive : car l’offre, c’est l’industrie, ce sont nos services publics, c’est la qualité de nos emplois, de la formation et de la qualification, de la recherche, tous attaqués de front par des politiques de rentabilité qui détournent systématiquement les immenses possibilités technologiques de la révolution numérique contre l’emploi, pour grossir les profits qui nourrissent les dividendes et les gâchis du capital. La politique Valls-Hollande n’est pas une politique de l’offre, c’est une politique de soutien aveugle aux profits et aux marges du capital qui laissent intactes les immenses gâchis financiers et d’immenses gâchis de richesses détournées de leur efficacité sociale ».

Le coût du capital

« Nous disons avec force : stop aux cadeaux au capital sans contrepartie, stop aux exonérations de cotisations sociales qui saignent la Sécurité sociale et encouragent les bas salaires sans soigner le véritable mal : le coût du capital. (…) Oui nous disons : plus un euro pour la finance, plus un euro qui ne serve à la relance sociale des salaires et des services publics, qui ne conforte l’investissement dans des capacités de production utiles à répondre aux besoins sociaux (…). Nous allons relancer notre campagne sur le coût du capital. Stop à la finance, oui à la relance sociale. Dans chaque département, des comités de suivi et d’action devraient suivre toutes les aides versées : CICE, exonérations des cotisations sociales… Il faut organiser le traçage et le suivi populaire de l’argent versé (…). »

Solidarité avec la Palestine

« Je veux redire ici toute la solidarité des communistes français avec le peuple palestinien qui a vu un déferlement de violence inouï se déchainer contre lui. L’armée israélienne a massacré 2143 Palestiniens dont 577 enfants, 263 femmes et 102 personnes âgées, blessé 11 230 personnes dont 3 374 enfants, détruisant 11 000 bâtiments, 46 000 logements, 141 écoles publiques et 136 écoles de l’ONU, 17 hôpitaux et cliniques, des fermes, des parcs…(…) La reconstruction de Gaza va coûter au bas mot quatre milliards d’euros et prendre des années, peut-être dix ou quinze ans. Alors il est grand temps qu’un pays comme la France dise à Israël : « Vous n’êtes pas au dessus du droit international ! Vous avez violé, vous avez commis des crimes de guerre dont vous devez répondre ! »

Rétablir un cadre international

« Nombreux sont ceux qui ont joué aux apprentis sorciers et qui maintenant ne savent même plus quoi faire devant la progression de forces aussi violentes et destructrices que l’Etat Islamique. (…) Cela ne peut être le fait d’un Etat seul. La solidarité et une véritable coopération sont indispensables. (…) Il est incontournable de rétablir le véritable cadre multilatéral politique et diplomatique de résolution et de prévention des conflits qu’est à l’origine l’ONU où toutes les nations, tous les peuples, les Etats selon ses principes fondateurs sont réellement à égalité ».



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