Collège Elsa Triolet/Champigny

Rencontres au collège Elsa Triolet / Champigny (94)
Gérard Streiff

Champigny/Marne m’occupe beaucoup ces temps-ci. Hasard du calendrier : j’ai animé trois rencontres avec une classe de 4è du Collège Elsa Triolet, dans le quartier du Bois-L’Abbé ( les jeunes disent B.L.B.) alors qu’un de mes ouvrages jeunesse, « L’inconnu du B.L.B. », éditions ERES, semblerait, dit-on, intéresser des gens de l’audiovisuel et que j’entame une recherche de documentation pour un livre, également en direction de la jeunesse, qui traiterait de la « fameuse » bataille de Champigny, des combats terribles, sanglants et oubliés de décembre 1870. Champigny s’appela longtemps « Champigny-la-Bataille ».

La ligne de bus qui me conduisait de la gare RER à BLB passait justement par la rue du Monument, un site plutôt à l’abandon et retraçant cette histoire. Bref, Champigny, Collège Elsa Triolet, trois rencontres les 28 janvier, 4 et 18 février, avec les élèves de Clémentine Riem, soit Sabrina, Dahlia, Menel, Soumia, Tugce, Coumba, Thajba, Karine, Hanane, Thomas, Gédéon, Bilail, Taha, Stephane, Ismael, Bakany, Ysa, David et William !

Au programme, le polar, le roman policier. Les élèves avaient lu tout ou partie de « Les marques du fouet » (Editions La manufacturedelivres), une histoire noire qui se passe au Mali, sur la ligne du chemin de fer Bamako – Kayes, où la technocratie ultra-libérale, le trafic de drogue et le fanatisme religieux forment un mélange explosif, un roman de 2011 mais d’une belle actualité en ce début d’année 2013 ; les élèves avaient également regardé du côté d’un grand ancien, de notre maître à tous dans le genre, Edgar Poe, et son « Double assassinat dans la rue Morge », une histoire de meurtre en chambre close et d’enquête menée par le chevalier Dupin, un ouvrage qui donne déjà (1841 !) les principaux codes du livre policier. Un petit questionnaire sur ce roman leur avait été distribué par Mme Riem

On parla donc longuement de la réalité et de la fiction, de « l’inspiration » et du travail d’écriture, du mensonge romanesque, de la construction des personnages, de la violence sur le papier et dans la vie, de l’Afrique et du racisme, du style, des droits d’auteur, de la chaîne du livre, etc. Puis je leur proposais, avec l’accord de leur professeur, d’écrire une nouvelle noire reprenant plus ou moins le thème de la chambre close.
Répartis en quatre groupes, constitués en fonction de leurs affinités, les élèves élaborèrent quatre courtes nouvelles : LE PASSAGE SECRET tente d’expliquer une mort étrange dans une sacristie fermée de l’intérieur ; LE MYSTERE DE LA CELLULE 22 met en scène le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Créteil puis élucide un faux suicide en prison ; OU EST LA PROF DE FRANCAIS ? S’interroge sur la disparition de la dite enseignante ( kidnappée par le prof de techno), une nouvelle où on multiplie les « points de vue », le narrateur étant alternativement les filles enquêtrices puis la prof enlevée ; DANS L’AUTRE MONDE enfin fait parler un mort, victime « pour rien », rançonnée par des malfrats.

Ces textes pourraient faire l’objet d’une petite édition.

Extraits :

« C’était un dimanche qui m’apparaissait totalement ordinaire. Je rentrais du marché, j’allumais la télé et j’entendis le journaliste déclarer : « Mystère à Champigny ; on a retrouvé le corps d’une femme dans la dépendance de l’église ; elle est morte, victime de coups de couteau ; le mystère, c’est que la porte de la régie, la dépendance où elle se trouvait, était fermée de l’intérieur ; il a fallu la casser pour entrer dans le local. » (Le passage secret)

« A la sonnerie, les quatre filles sortent en récréation ; à leur retour, la prof de français n’est plus là. Sur le tableau est écrit « Au secours, c’est ... » mais la phrase n’est pas terminée ; par terre il y a des marques, sans doute de sang. Elles décident alors, toutes les quatre, de mener l’enquête. » (OU EST LA PROF DE FRANCAIS ?)

« C’était un jour ensoleillé, le mercredi 30 janvier très exactement. On était au TGI, le tribunal de grande instance de Créteil. On jugeait Mr Toufik, accusé d’agression sur Mme Samerlipopète, danseuse dans un bar de Champigny. Mr Toufik, qui savait qu’on allait le juger coupable, entra dans le tribunal avec une arme cachée... dans sa barbe. Quand il passa le portique de sécurité, l’alarme sonna. Un policier le fouilla. Il ne trouva rien car il ne fouilla pas la barbe. Donc Mr Toufik entra armé dans le tribunal. » (Le mystère de la cellule 22)

« Bonjour ; je m’appelle Jean-Paul et je suis mort ; mais je vais vous raconter ce qui m’est arrivé... D’abord je me présente : cheveux chatain, les yeux marron foncé, un corps maigre, presque squelettique. Mes vêtements sentent un peu l’alcool. Comment tout ça a commencé ? J’étais parti faire une randonnée dans la forêt quand tout à coup j’ai vu une ombre, sortie de nulle part et qui s’est mise à courir vers moi. » (Dans l’autre monde)



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