Grigny, 2011

A l’école des écrivains / Des mots partagés
Une expérience au collège Neruda de Grigny (91)

Générosité

Si je devais résumer d’un mot mes trois rencontres avec les élèves de Troisième de la classe de Stéphanie Pelerin, au collège Pablo Neruda de Grigny, ce serait « générosité ». Générosité de cette professeure épatante, enthousiaste et respectée, qui a fait passer son goût du livre et des mots à ces jeunes gens. Générosité de ces élèves, attentifs, complices, dialoguant avec passion, inventant avec envie des fictions polardeuses. Générosité des parents car à chaque rencontre, une mère de l’un ou de l’autre de ces élèves, avait préparé des gâteaux, des cakes, des tartes, des flans. Histoire de bien recevoir l’invité.
On avait convenu de consacrer deux de ces rencontres à l’écriture d’une nouvelle noire. Je leur proposais une phrase introductive, à eux d’imaginer la suite. La phrase : « Adèle semblait n’avoir rien vu. Pourtant... »
Le déclic s’est fait aussitôt. Par groupes de deux, trois ou quatre élèves, selon les affinités, la classe a joué immédiatement le jeu.
Ahmed et Lahaou (« Déguisements ») ont utilisé les personnages de Sir Conan Doyle, mobilisant le fameux enquêteur et son adjoint, dont les patronymes étaient « verlanisés », inversés, devenus Locksher et Sonwat, dans une très astucieuse histoire de stage de déguisements, d’armes trafiquées, de faux amis et de meurtre bien sûr.
Soma, Omar, Islem et Sara (« Une grosse erreur »), inversant les « codes » d’un certain machisme ambiant, ont décrit une bande de filles qui exercerait une terrible vengeance sur un petit coq du cru.
Nisha, Bruno, Nancy et Diaga (« Clé USB »), ont mis en scène une mauvaise rencontre, un soir, sur un quai du RER, une disparition de clé USB, retrouvée plus tard au fond d’un garage...
Yael, Fatma et Camille (« Une manipulatrice ») ont évoqué la question de la famille recomposée, avec une belle-mère envahissante et un père plutôt violent.
Hawa, Sonia, Alizée et Medhi (« L’immeuble desaffecté ») ont soigné « l’atmosphère » de leur scénario où l’héroïne croise des ombres , s’égare dans des à-peu-près et s’engage sur de fausses pistes.
Avec Kitoum, Simseh, St-Marc et Massaad (« Braquage familial »), nous voici dans une file d’attente, à la banque, témoins d’un hold-up tragique au dénouement plutôt inattendu.

Dernière image : à la troisième séance, la sonnerie avait retenti mais des élèves, longtemps, étaient restés en classe pour terminer leur récit. Un vrai cadeau.

Gérard Streiff
18 avril 2011

Ahmed / Lahaou
Déguisements

Adèle semblait n’avoir rien vu, pourtant un détail me titilla. Les faits ? Il y avait eu un meurtre. Qui étaient témoins ? Moi, bien sûr, le professeur Sonwat et trois fans d’une série de dessins animés, Adele, Stan et Vladimir, qui nous avaient invité à un stage costumé.

Mais revenons deux heures auparavant. On se dirigeait vers un restaurant et sur le chemin on a rencontré un jeune homme, Stan ; il portait le déguisement du méchant de la série ; il m’interpelle :
« Etes-vous le célèbre détective Locksher Meshol ?
« En personne, je réponds. Et voilà mon ami Sonwat.
« J’ai tellement entendu parler de vos exploits ! Quelle perspicacité ! Je suis très honoré !
« Comment vous appelez vous, jeune homme ? Et c »est quoi, toutes ces armes ? Demande Sonwat.
« Je m’appelle Stan. Et toute cette artillerie, rassurez vous, est factice. Elle fait partie de mon déguisement.
« Et où allez-vous, apprêté de la sorte ?
« Je me rends à un stage costumé.
« Amusez vous bien ! Dit encore Sonwat.

Alors qu’on se sépare, voilà Sonwat qui trébuche sur Stan et la main de mon ami touche le pistolet.
Peu après, je lui demande :
« Vous avez fait semblant de tomber, n’est-ce pas ?
« Oui, vous avez l’oeil ! Je voulais vérifier si son arme était vraie ou fausse, si son pistolet était authentique.
« Et alors ?
« C’est bel et bien un faux ; il n’y a aucun risque.

Après cette rencontre, on se rendit au restaurant. On y resta deux heures avant de rentrer chez nous. Sur le chemin, on croise un jeune homme qui porte un déguisement assez proche de celui de Stan. J’allais lui parler mais Somwat le fit à ma place :
« Bonjour.
« Bonjour.
« Où vous rendez vous, habillé de cette façon ? Je demande.
« Je vais à un stage costumé pas très loin.
« Vous ne connaîtriez pas un jeune homme prénommé Stan ?
« Si, on fait même partie du même groupe de fans de cette animation. Je me présente : Vladimir.
« Enchanté, Vladimir, moi c’est Somwat et voici mon ami Locksher, un détective très réputé.
« Oui, j’en ai déjà entendu parler. Me feriez-vous l’honneur de venir au stage costumé avec votre camarade ?
« Qu’en dites-vous, Somwat ?
« J’aimerais bien.
« D’accord, Vladimir, on vous suit.

En chemin, Vladimir nous expliqua l’histoire de l’animation. Un homme tout à fait normal, dans un monde corrompu, décide de sauver les gens en se déguisant pour masquer son identité ; il est secondé par le policier « Flash ». Ce héros s’appelle Hyperman ; Vladimir d’ailleurs porte son déguisement.
Arrivé, je remarque qu’il n’y a pas foule, juste quelques étudiants, six, dont Vladimir et Stan, déguisé lui en policier « flash ». Parmi ces six personnes, l’une attire mon attention. C’est une jeune fille aux cheveux courts, couleur chatain, avec un visage d’ange, qui semble angoissée comme si elle redoutait un événement à venir.
« Tiens, mais c’est Mr Meshol, et Mr Snwat. Que faites vous ici ?
« Ah, rebonjour ! Votre ami Vladimir nous a invités.
« Ah bon, où est-il ?
« Aucune idée ; il était là il y a quelques instants.

Tout à coup, Vladimir revient avec une arme pointée vers Stan et s’écrie :
« Stan ! Dans la vie, on doit assumer ses actes ; alors, prépare toi à mourir !

Toute l’assistance est choquée ; Stan tente de raisonner son ami :
« Vladimir, calme toi ! Qu’est-ce qui t’arrive ? Arrête de t’exciter ! Dis moi ce que tu as sur le coeur !
« C’est trop tard, Stan !

Et le coup part sur Stan qui s’écroule ; ensuite Vladimir se tire une balle dans la tempe. Tout s’est passé tellement vite, j’en suis très surpris. Mais quelques secondes à peine après la mort de Vladimir, voilà Stan qui se relève. Il déboutonne sa chemise ; à la surprise générale, il porte un gilet pare-balles.
Trente minutes plus tard, la police arrive ; je relate les faits à l’inspecteur qui conclut que cette affaire est un suicide. Il questionne Stan sur la raison de porter un gilet pare-balles ; l’autre répond que les membres de la police « flash » en portent, donc il a tenu à s’en procurer un dans une armurerie. L’inspecteur poursuit son interrogatoire :
« Pourquoi vous a-t-il tiré dessus ?
« Hé bien, c’est parce que...
« C’est parce que Stan avait fait une réflexion déplacée sur la moto de Vladimir ! Il avait dit que sa moto ne valait pas un clou, que même la casse n’en voudrait pas, répondit Adèle.
« Mais c’est idiot, personne ne va tuer quelqu’un pour une réflexion aussi futile.
« Lui si ! Répond Adèle. Sa moto ressemblait énormément à celle de Hyperman ; au départ, c’était un modèle de série ; il a mis un an et investi beaucoup d’argent pour la transformer en moto de Hyperman.

Les témoins ont répondu honnêtement ; pourtant quelque chose me gêne. D’abord, la tempe du défunt ne présente presque pas de marques de brulure. Or dans toutes les affaires de suicide avec arme à feu dont je me suis occupé, le défunt collait toujours le canon sur sa tempe ; pourquoi ne pas l’avoir fait cette fois ?
Les autres témoins parlaient de ce qui s’était passé, terrorisés.
« C’est effrayant.
« Oui je suis d’accord avec toi.
« On a la preuve que ce genre de choses n’arrive pas que dans les fims.
« Oui t’as raison.

Une scène de film, je me suis dit. Pas de doute, tout cela était bien un meurtre et l’assassin, selon mes déductions, ne pouvait être que Stan mais je n’en ai aucune preuve. Je vais voir Adèle.
« Mademoiselle ?
« Oui ?
« Dites moi, est-ce que c’est votre premier stage ?
« Non, on en a déjà fait beaucoup !
« Et d’habitude, Stan se déguise en qui ?
« En Hyperman ; alors ça m’a paru étrange, lui qui disait qu’il ne se déguiserait jamais en membre de la police « flash ».
« Merci mademoiselle.
« Mais de rien.
« En fait, j’ai deux autres questions. Est -ce que Stan connaissait bien les armes ?
« Oui, c’était un véritable expert .
« Est-ce que Stan et Vladimir agissaient de manière bizarre ces derniers temps ?
« Euh, oui, ils passaient beaucoup de temps ensemble.
« Merci beaucoup pour toutes ces indications.
« De rien.

Voilà, le puzzle s’était mis en place dans ma tête. Mais il me manquait la preuve. Il me fallait une preuve irréfutable.
Quelqu’un interpela l’inspecteur :
« Inspecteur, voici l’arme du crime !
« Très bien, envoyez là au laboratoire pour analyse.
« Compris.

Une idée me vint à l’esprit ; je demandais à Somwat de me donner un objet personnel. Il me tendit son stylo, je le transmis à la police scientifique pour y relever ses empreintes.
Stan demanda à l’inspecteur :
« Puis-je aller à l’hôpital pour voir si je n’ai pas de séquelles, suite au coup de pistolet ?
« Non, vous ne quittez pas ces lieux ! M’écriais-je.
« Comment ? S’étonna Stan.
« Ecoutez moi, tous. Ce n’est pas un suicide, c’est un meurtre ! Ai-je continué.
« Mais enfin, tout prouve le contraire ; expliquez vous !
« Tout ceci était une mise en scène de la part de Vladimir et de Stan. Au début, après les deux coups de feu, il était prévu que ces deux-là se relèvent. Mais Stan en a décidé autrement. En remplaçant l’arme avec une balle à blanc par une arme réellement chargée.
(à suivre...)

Soma, Omar, Islem, Sara
Une grosse erreur

Adele prétendait n’avoir rien vu mais pourtant, ce soir là, elle n’a pas seulement vu quelque chose mais elle a participé à cet acte macabre. Pourtant, rien ne laissait croire que cette adorable jeune lycéenne aurait pu commettre cet odieux forfait, elle qui était si douce et si attentionnée. Vraiment, qui aurait pu le croire ? Mais avant de juger, regardons de plus près ce qui s’est passé. Et tentons de comprendre quel stratagème elle a monté pour tromper sa famille et les enquêteurs.

C’est une belle après-midi de la fin du mois de juin. Nos deux protagonistes, Adèle et Emmanuelle, ont fini leurs examens et peuvent évacuer le trop plein de stress accumulé. Elles se demandent bien ce qu’elle pourraient faire pour remplir leurs vacances. Travailler dans un magasin ? Adèle parle de sortir avec une bande.

« Moi, je te dis, Adèle, que ce n’est pas une fréquentation pour toi ; tu vas perdre ton temps ; tu n’as rien à faire avec eux ?
« Tu n’as pas à me dicter mes actes ! Ni à me faire la morale ! Pour qui tu te prends ! On dirait mes parents !
« Tu as beaucoup changé, Adèle, je ne te connaissais pas comme ça.
« Je m’en fous de ce que tu penses, fous moi la paix !
« Mais...
« Fin. Au revoir.
C’est sur ce malentendu que commence la spirale infernale d’Adèle.

Adèle et sa bande d’amies sont assises sur un banc du parc municipal. Elles attendent un homme qui a récemment blessé Adèle en la trompant. Le plan, c’est que ses copines devaient se cacher dans différentes partie du parc. Pendant ce temps, Adèle devait s’expliquer avec Mohamed. En fait Adèle comptait bien se venger, et de toutes les manières possibles. Le garçon arrive :
« Ah, Adèle ! Pourquoi es tu là ? Tu m’as appelé !
« Espèce de connard, tu sais très bien pourquoi je t’ai appelé !
« Pourquoi tu t’énerves ? Ça va pas, non ?
« Maintenant, écoute moi : tu m’as trompée , on va régler nos comptes.

A cet instant, Adèle envoya un signal. C’est ce qu’attendaient Sabrina, Fatou et Aïssé pour surgir des buissons, attraper Mohamed , le rouer de coups et le traîner jusqu’au local de poubelles. Un local très grand, grand comme la soif de vengeance d’Adèle. Le pauvre Mohamed, en sang, ayant perdu sa dignité, se retrouvait en train de sangloter. Adèle demanda aux filles de sortir.
Plus tard dans la soirée, l’inspecteur Mamadou Bruno apprit aux infos la mort de l’adolescent ; il avait été sauvagement mutilé, castré à coups de cutter !
L’inspecteur interrogea Adèle et ses amies ; il obtint plusieurs versions des faits ; celle d’Adèle était la plus tortueuse. Incongrue . Elle prétendit en effet que c’était une de ses amies qui avait tué Mohamed, que les autres avaient caché le corps. C’était une hypothèse ; mais les autres se turent, muettes comme des carpes. Finalement on envoya toute la bande de perturbatrices sous les verrous sauf Adèle ; car on s’était appuyé sur le fait qu’Adèle ayant eu son bac, elle ne pouvait pas avoir fait partie de cette bande ! C’est sur cette grosse erreur que s’acheva l’histoire d’Adèle. Certes elle a réussi à tromper tout le monde mais pourra-t-elle longtemps se regarder dans la glace ?

Nisha, Bruno, Nancy, Diaga
Clé USB

Adèle prétendait n’avoir rien vu ; pourtant elle avait été victime et témoin d’une scène qui l’avait profondément bouleversée. Elle repensa à la scène qui l’avait tant meurtrie.
Elle rentrait du travail assez tard, en RER ; à la gare, elle descendit du train, distraite et fatiguée. Elle décida de prendre l’ascenseur. Elle venait d’y entrer quand soudain une silhouette qu’elle ne réussit pas à voir parfaitement lui déroba son sac à main. Elle fut ébahie par ce qui venait de se passer ; pourtant elle ne sut pas comment réagir. L’ascenseur venait de se mettre en marche quand elle réalisa que son sac contenait quelque chose de très important à ses yeux, la clé USB avec toutes les infos accumulées depuis plusieurs jours.
Sortant de la gare telle une harpie, elle vit un homme qui gisait au sol ; c’était son agresseur. En regardant de plus près, elle réalisa que c’était Nicolas, son collègue de travail ! Lui, si respectable ?! Pourquoi avait-il fait ça ? Puis le regard d’Adèle fut attiré par une carte qui sortait de sa poche, un bout de papier sur lequel on pouvait lire : « Je l’ai étouffé car il m’énervait ! » Quelle terrible phrase !
Peu après, la police arriva sur place. C’était clair, l’homme avait été étranglé !
Adèle réussi à se sortir cette histoire de la tête, à oublier aussi la clé USB.
Plusieurs mois plus tard, sa voiture étant en panne, Adèle dut passer au garage le plus proche. Il n’y avait personne dans l’entrée ; elle descendit des escaliers, se retrouva seule dans le local. Sur un guéridon, elle aperçut une chose totalement inattendue : sa clé USB. Elle se sentit tirée par le bras ; un homme la saisissait et la gifla. A cet instant, une carte tomba de ses vêtements, la même carte vu sur le corps à la sortie de la gare. Tout s’assemblait ; c’était lui le chef de la bande. Adèle réussit à prendre un vase près d’elle et à l’explosa sur la tête du bonhomme. Du sang lui coula sur les mains.
Deux jours plus tard, la police bouclait l’affaire. Le garagiste était bien le meurtrier ; et Adèle eut un suivi psychologique.
Voilà, c’est fait ; Adèle a tout raconté.

Yael, Fatma, Camille
Une manipulatrice

Adèle prétendait n’avoir rien vu ; pourtant un témoin l’avait aperçu sur le lieu du crime. C’était le 15 janvier 2010 ; le meurtre avait été commis en plein jour, dans une rue mouvementée. Adèle, qui rentrait de l’école, attendait son bus. Soudain, une femme, blessée, sembla lui demander de l’aide. Puis quelqu’un appela la police, les pompiers. Quand ils arrivèrent, la femme était morte ; à côté d’elle, Adèle qui la regardait. Les policiers la conduisirent au commissariat.
Là, on la fit assoir, sous le regard soupçonneux d’un policier. Ensuite, le commissaire arriva, l’interrogatoire commença.
« Entrez dans mon bureau, installez vous.
Adèle était bouleversée, en larmes. Elle tremblait ; elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
« Qui êtes vous ? Demanda le commissaire.
« Je suis Adèle Sarensa, mais je suis innocente. Je suis innocente.
« Mais pourquoi répétez vous que vous êtes innocente ? On vous interroge, simplement.
« Non, mais... La seule chose que je veux, c’est rentrer chez moi.
« Mademoiselle, nous ne sommes pas là pour vous accuser à tort ; nous, on veut juste savoir qui est le coupable.
« Mais ce n’est pas moi ! Vous ne comprenez pas ou quoi ?
« Bon, vous, vous êtes convaincue de votre innocence, mais nous, non ! Alors on va vous garder ici ce soir et on va prévenir vos parents.
« Non, non, c’est pas la peine. Je vais vous expliquer ce qui s’est passé.
« Allez-y, je vous en prie !
« Toute cette histoire a commencé en fait le jour où mon père a épousé cette manipulatrice !
« Votre belle mère, donc ! Pourquoi la traitez-vous de manipulatrice ?
« Parce que depuis que cette folle est entrée dans notre vie, mon père est devenu de plus en plus violent ; et puis il est aussi devenu alcoolique !
« Vous accusez donc votre père ?
Adèle ne répondit pas.
« Mademoiselle, je vous parle !
La jeune fille pleurait.
« Allons, calmez vous !
Elle cria :
« C’est la faute à mon père, voilà !
Ce dingue l’avait battue à plusieurs reprises.
« Ah ? Vraiment ? Continuez !
« Il a voulu m’envoyer dans un internat ; cette femme l’a ruiné ! Et un jour, comme elle n’arrêtait pas de m’énerver, je suis partie avec une fourchette. Je suis allée à l’école ; au retour, je l’ai vue à l’arrêt de bus. Je l’ai plantée !

Hawa, Sonia, Alizée, Médhi
L’immeuble désaffecté

Adèle prétendait n’avoir rien vu. Pourtant, un soir, après une sortie, elle rentra seule chez elle et fut obligée d’emprunter une petite ruelle ; le coin était désert et sombre. Elle n’avait pas l’habitude de passer par là. Après quelques minutes, elle aperçut une silhouette qui venait de sortir d’un immeuble désaffecté. Adèle s’arrêta, regarda vers cette ombre mais l’étrange personnage avait déjà disparu. Elle pressa le pas pour rentrer chez elle.

Là, elle regarda par la fenêtre ; elle vit dans la rue l’ami de sa mère, Charlie, qui arrivait. Bizarrement, elle repensa à la silhouette de la ruelle. Adèle partit se coucher. Le lendemain, elle tomba sur sa mère et Charlie qui discutaient, comme des comploteurs. Quand elle s’approcha d’eux, leur conversation s’arrêta.

Adèle reçut peu après un appel de son amie ; celle-ci lui demanda de la rejoindre chez elle. Sur le chemin, elle repassa par la ruelle traversée la veille. Devant l’immeuble désaffecté, il y avait la police.

Curieuse, elle se dirigea vers cet endroit et demanda aux policiers ce qui s’était passé. L’inspecteur expliqua qu’une femme avait été assassinée et retrouvée dans un sac. A première vue, cette femme avait été tuée il y a déjà quelques heures.
Troublée, Adèle revint chez elle, monta dans sa chambre, réfléchit à cette histoire. Elle se rappela la silhouette vue la veille, une ombre qui ressemblait terriblement à Charlie : celui-ci était un ex-détenu. Adèle se dit qu’il était tout à fait capable de commettre un crime.
Quand sa mère rentra, Adèle lui trouva un comportement inhabituel.
Soudain le téléphone retentit. C’était la police qui convoquait sa mère. On l’avait vu près du lieu du crime. Au commissariat, elle fut interrogée. Devant toutes les preuves trouvées contre elle, elle avoua.
Arrivée à son tour au poste, Adèle vit sa mère menottée. Désespérée, elle n’alla même pas la voir et retourna à la maison.

Un braquage familial

Kitoum, Simseh, St-Marc, Masaad

Adèle prétendait n’avoir rien vu. Mais pourtant elle avait tout vu. Même si elle avait tout caché aux agents de police. Elle n’en finissait plus de voir et revoir la scène du braquage. Comme si c’était gravé à jamais dans sa mémoire.
Après plusieurs heures d’interrogatoire, Adèle se lâcha et, en pleurant et en tremblant, elle raconta la scène.

« J’étais sortie vers 9h30 ; mon père était déjà parti, il travaille tôt le matin. Ma misérable paie était arrivée, je me suis donc rendu à la banque retirer l’argent pour nourrir mon enfant de deux ans.
« Et votre mari ?
« Je n’ai plus de mari, je suis divorcé.
« Désolé. Continuez, Adèle.
« Je suis donc arrivée à la banque, il y avait une longue queue devant le guichet. Je regardais ma montre. Cela a duré longtemps ; à 13h30 précises, quatre hommes cagoulés et lourdement armés arrivèrent. « C’est un hold-up ! ils ont crié en pointant leurs armes sur nous, tout le monde à terre ! »
Le public a paniqué, il a crié. L’un des braqueurs tira une balle en l’air. Les gens se calmèrent. Le type ajouta :
« Restez tranquille et tout ira bien ! »
Une petite fille de trois ans environ essaya de rejoindre sa mère qui se trouvait à l’autre bout de la banque. Le braqueur la mit en joue, tira. A ce moment là, j’éclatais en sanglot. Le plus vieux des gangsters, du moins c’est l’impression qu’il me donnait, mit son arme sur ma trempe en disant :
« Tu la fermes sinon ! »

Adèle se tut. Le policier reprit :
« Bien, nous allons vous montrer des suspects et vous allez nous dire si vous reconnaissez l’un des braqueurs.
« OK...

L’un des agents de police fit entrer les quatre hommes, on ne voyait que leur dos.
« Reconnaissez vous l’un des braqueurs, Adèle ?
Après un long moment, Adèle répondit :
« Oui, le deuxième, en partant de la droite. »

Les quatre suspects se retournèrent vers Adèle.
« Mais c’est quoi cette connerie ? Cria-t-elle. Lui, c’est mon père ! relâchez le vite ! »
L’agent alors lui confirma que ce n’était pas une blague, c’était bien lui le braqueur.
Adèle tomba dans les pommes.

Fin



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