Tran Huy

Voyageur malgré lui

Un hommage de l’auteure à son père à travers l’évocation de voyageurs fameux, voyageurs maladifs ou forcés. Le plus insolite dans cette galerie est un certain Albert Dadas (1860-1907), ouvrier bordelais atteint d’un mal extraordinaire : quand il entendait parler d’une ville, d’un pays, il fallait qu’il s’y rende illico, laissant tout en plan. Il était assez lucide pour réussir son déplacement, assez fou pour oublier pourquoi, comment, avec qui. On dit qu’il était atteint d’une maladie mentale nommée dromomanie ou folie du fugueur
et un docteur (Philippe Tissié) lui consacra beaucoup de temps. Las, la maladie semble avoir disparu avec ce patient et son docteur. Suit l’histoire de Samia, somalienne, démunie parmi les démunies, qui voulait courir. Elle réussit à s’entraîner dans cet enfer de Mogadiscio, se fit remarquer, participa aux JO de Pékin, souhaita s’entraîner ensuite en Europe, emprunta la route des migrants pour finir, victime de passeurs, noyée en Mediterrannée.
L’auteure parle, bien sûr, de sa famille, un oncle bizarre notamment et surtout ce père, éxilé silencieux, méthodique, parfaitement intégré, qui voyagea beaucoup pour son travail : à présent le voici en partance pour un autre voyage, plus noir, plus effrayant, celui de la perte de mémoire, de l’égarement, de l’oubli de tout.
De Minh Tran Huy, à noter les deux romans précédents : La princesse et le pêcheur et La double vie d’Anna Song.

Flammarion



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