Davrichewy

Les séparées

Kéthévane Davrichewy

L’amour et la séparation amoureuse ont suscité nombre de livres, l’amitié et la séparation amicale – si l’on peut dire- sont, elles, peu traitées. Voilà un oubli réparé avec « Les séparées ». Le livre commence le 10 mai 81 : deux très jeunes filles, Alice et Cécile, assistent à l’élection de François Mitterrand. Elles sont amies depuis la maternelle puis se sont perdues de vue et retrouvées au collège ; entre elles, c’est une amitié fusionnelle, totalement partageuse. Au chapitre 2, 30 ans plus tard, les deux amies ne se voient plus ; elles se sont séparés en mauvais termes ; mais chacune pense à l’autre. Alice est en train de se séparer de son mari ; Cécile est dans le coma (suite à un accident – on saura plus tard qu’il s’agit d’un suicide). L’ouvrage dès lors fonctionne comme un double monologue, chacune interpelle l’autre ( mais sans espoir de se faire entendre, il est trop tard) et un narrateur, de temps en temps, vient s’intercaler entre ces deux propos et décrire des moments clés de leur amitié.
Une amitié qui semblait installée à jamais, qui avait résisté à l’adolescence, à la jeunesse, au mariage. Or ce rêve de rapports parfaits a vécu. Un livre amer, subtil sur la lente désagrégation d’une amitié, une progressive décomposition des liens à coups d’incompréhensions, de malentendus, de jalousies, de tromperies, de trahisons – grandes et petites et la place des hommes est ici décisif.
Beaux portraits, dialogues efficaces, phrases courtes, ton simple. Un livre nominé (plusieurs fois) et primé ( prix Orange).

Sabine Wespiesser



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