Beinstingel

Retour aux mots sauvages

Faire du monde de l’entreprise un sujet romanesque ?! Beau pari pris par Thierry Beinstigel et totalement réusi. On connaissait déjà de lui Central (2000), Composants (2002, mention du prix Wepler), CV Roman (2007) ; son nouvel opus nous parle des gens du téléphone, ces employés d’un centre d’appel, le quotidien de leur exploitation, de leur déshumanisation, leur robotisation. Le personnage principal, le plus souvent nommé « le nouveau venu » et baptisé « Eric » comme nom de travail, ancien ouvrier de la même société et dont le poste a été supprimé, est un quinqua un peu las mais décidé à « rebondir » dans ce nouveau job. Le voilà devant son écran contraint d’assurer des centaines d’appels par jour pour vendre quoi au juste ? Des contrats ? Des assurances ? Du vide. A l’aide d’un baratin programmé, des mots vides ; tout un vide hyper programmé, normalisé, standardisés. Une modernité sans une once d’humanité. Et dans ce « monde fini », il va être question, de plus en plus, dans des centres d’appel voisins, dans la presse, de suicides d’employés. Des suicidés du travail ?

Superbe roman sur le travail à la chaîne version 2010 dans une langue limpide, alternant chapitre de récit et réflexions , 72 chapitres au total, courts, vifs, explosifs.

Fayard



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