Arsand

Daniel Arsand

Des chevaux noirs

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Un livre à couper le souffle. Un discours d’exaltation, de passion, de
furie. Un rythme de sprint ; on se dit qu’à cette allure, l’auteur ne
tiendra pas la distance. Il la tient pourtant. Jusqu’à la fin, la fureur
est là et nous aussi, lecteurs, on reste là, abasourdis et emportés par
une telle énergie. « Des chevaux noirs » revenait systématiquement parmi
les nominés de l’automne 2006 ; à l’arrivée il n’a pas obtenu de prix.
Dommage car cette litterature incandescente, obsessionnelle, inquiétante
le méritait.

Un tueur se raconte ; c’est un très jeune homme ; un jour, son père lui
parla de l’origine de son nom, les Harfang, nom qui vient des contrées
froides, évoque des chevauchées insensées, des sagas infernales ( voir
pp 18/20). Sur cette lancée, devenu lui même une sorte de cavalier
enragé, le narrateur va mèner une vie d’enfer aux siens, tuer ses
amants, sa tante (au terme d’une sorte de huis clos d’anthologie dans un
pavillon parisien), s’attaquer à un haras, martyriser des palefreniers,
etc. Mais la chute ramène les choses à leur place.

Cette écriture tient du prodige ; il y a là un goût incroyable de
l’image, une imagination magnifique, des phrases évidentes. Celles qui
racontent l’accident de voiture des parents est sublime ; tout comme
celles consacrées à l’histoire de la demeure familiale dans le 11è
arrondissement. Les siens retapent, dans les années 80, une masure avec
beaucoup de broussailles, un cerisier et un magnolia. Cette description
aurait pu suffire mais le héros et l’auteur éprouvent le besoin d’aller
au delà, déployant en deux pages toute l’histoire séculaire de cette
demeure (pp 82-84).

Daniel Arsand est né en 1950. Editeur, romancier. On lui doit : « La
province des ténèbres » (prix Femina du premier roman), « En silence »
(prix Giono).



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