Korman

Les hommes couleurs

Un livre bouleversant, baroque, magique comme la littérature nous en offre de temps en temps ; une épopée , une écriture riche, un imaginaire détonnant.
On est au Mexique (et aux Etats-Unis) ; entre 1945 et 1989 ; les héros, le couple Bernache, Georges le Français et Florence l’Américaine , travaillent pour la société Pullmann, énorme multinationale aujourd’hui disparue (transport et
pétrole). A Minas Blancas, ils organisent le creusement d’un tunnel pour détourner le pétrole vers les USA, tunnel doublé d’un couloir qu’empruntent les hommes pour passer la frontière ; pétrole, immigration, frontières, Nord-Sud, des ingrédients hautement romanesques. Sans oublier un sous-sol riche en trésors archéologiques, objets précolombiens, donc trafics.
L’histoire est racontée, en 1989, des années après, par un vieil ouvrier du chantier, Gris, à un ingénieur américain, Joshua, chargé de liquider les dossiers de Pullmann, racheté par une nouvelle transnationale.

Mais il faudrait encore et surtout parler des personnages, des lieux, de ce monde sous-terrain, des villes, du désert, des hommes-couleurs, à la fois artisans du tunnel et faussaires. De la langue, baroque, ensorcelante, des mots justes, subtils, souvent
insolites. De l’Histoire ( aztèques, toltèques, le quetzalcal ou serpent à plumes...). Du métissage, de la musique.

Du Mexique, on dit que son malheur est d’être si loin de Dieu et si près des Etats-Unis ; ce serait un pays à part, où tout est trop. Le
Mexique a du époustoufler Cloé Korman ; le risque était de se laisser submerger ; ici on a l’impression qu’elle a réussi à maîtriser l’invraisemblable énergie mexicaine pour en faire livre complètement étonnant, un festival de l’imaginaire.

Ce livre a reçu le prix « Valérie Larbaud » et le prix du « Livre Inter ». L’auteure,a 28 ans, c’est son premier roman, elle promet...



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