Ernaux

Annie Ernaux

Les années

Gallimard

Un livre qu’on pourra trouver mélancolique au sens où Hugo entendait la
mélancolie, c’est à dire le bonheur d’être triste : il y est question du
temps qui est passé. Mais il s’agit surtout du livre d’une femme libre.

On connaît plus ou moins Annie Ernaux, auteure d’une quinzaine de romans
dont « La place », sur son père (prix Renaudot), « Passion simple », « 
l’événement » (sur l’avortement), son écriture dite « plate » car sans
fioriture mais juste, grave.

« Les années », c’est son apothéose, l’histoire d’une femme née en 1940
qui déplie cet immense mille-feuilles que constitue l’empilement des
mots et des choses qui font une existence. On voit donc défiler dans
l’ordre les premiers souvenirs de la guerre en Seine Maritime, la vie
étudiante, les premiers amours, Staline, mai 68, le féminisme, la
gauche, les lendemains qui déchantent, la maturité... Tout un inventaire
du monde qui est NOTRE histoire à nous tous car ce n’est pas une simple
autobiographie ; certes alternent les images privées ( magnifique
évocation du rituel des repas de famille à travers les décennies) mais
l’ouvrage nous parle d’une histoire impersonnelle, collective. C’est le
roman d’une génération, de ses luttes, ses repères, ses livres et ses
films, ses guerres. Une belle entreprise pour « sauver quelque chose du
temps où l’on ne sera plus jamais ».



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