Llorca

La correction

François, le héros, est correcteur dans une revue. Son bureau est dans un open-space, qu’il partage avec la directrice, Reine, une quadra, femme qu’il trouve désirable par ailleurs, et un collègue, Tapoin, qui a le don de lui taper sur les nerfs. Dès les premières lignes du récit, on comprend le problème : François retrouve dans les textes qu’il a pourtant soigneusement corrigés des fautes nouvelles, des coquilles ; et pas n’importe quelle coquille ; par ex coulure est devenu roulure ! satin est devenu catin ! offensé est devenu enfoncé !
Des coquilles tendancieuses, dirons-nous.
Serait-ce Reine, sa directrice, qui lui sabote ainsi le travail ? En fait François est très porté à la rêverie, aux divagations, au fantasme. C’est un être fragile, et qui traverse une triste période : sa mère a sombré dans la démence ; sa femme l’a quitté.

C’est aussi un homme effacé, sans ambition, transparent ; un critique l’a comparé à Roquentin, le héros de La nausée de Sartre ; c’est un fou des mots, de la justesse des mots ; un psychorigide qui en vérité va se noyer dans les mots.
Etrange récit à la Kafka ; tout tient en somme dans cette citation de la p 133 « une lettre avait été déplacée et le monde avait vacillé ».

Quand on confond page et cage, ou oiseau et ciseau (juste une lettre a bougé), alors tout est possible et réalité et fiction ont vite fait de se mélanger, et la vie s’efface dans l’imaginaire.
Ce premier roman a obtenu le premier prix de l’année, le 1er septembre, le prix Stanislas, au salon du livre de Nancy.

Rivages



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