18 septembre 2013

Contes de fée

En lisant le papier du Monde, l’autre jour, qui titrait : « La finance de l’ombre : un énorme risque systémique », les lecteurs de ce journal ont du se dire qu’ils s’étaient trompés de numéro, qu’ils relisaient un vieil exemplaire. Parce qu’enfin, depuis 2008, on leur a tellement répété que la moralisation du système était en cours, que l’Elysée, Matignon, Bercy, l’Europe, le G8, le G10, le G12, le G20 avaient bien l’affaire en main, que la loi bancaire de Hollande-Moscovici, la loi Dodd-Franck aux Etats-Unis, la loi Vickers au Royaume Uni notamment avaient tordu le cou aux ripoux. Ces lecteurs, faut les comprendre, avaient envie d’être assurés, réconfortés. La crise de la finance, c’était du passé, leur disait-on sur tous les tons. Et patatrac, voilà qu’on leur annonce UN que « l’énorme risque systémique » est toujours là ; DEUX, qu’il est plus fort que jamais
puisque « la finance de l’ombre pèse 67 000 milliards de dollars, « c’est 5000 à 6000 milliards de dollars de plus qu’en 2010 » ; TROIS que ce système pourri est inextricablement lié au banques « normales », « si bien que si la banque de l’ombre tombe, les établissements bancaires classiques tomberont aussi ». Ici, ce genre d’infos n’étonnera sans doute personne. Mais ayons une pensée solidaire pour le lecteur du quotidien du boulevard Blanqui ; il aurait tellement voulu y croire, aux contes de fée de son journal.

Gérard Streiff


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