5 mars 2012

Elite or not élite

Sarkozy a identifié l’adversaire : « les corps intermédiaires qui prétendent parler au nom des Français et qui confisquent leur parole ». Il pique en fait le refrain de Marine Le Pen, le peuple contre les élites, elle même reprenant une petite musique que l’extrême droite nous sert depuis des lustres : c’est la faute aux élites, terme très élastique où l’on case pêle-mêle les partis, les syndicats, la fonction publique et un poil de franc-maçonnerie pour assaisonner le tout. Pendant qu’on parle de ça, on ne parle pas du CAC 40, de l’Internationale des banquiers ni de la mafia des actionnaires. Depuis Maurras, la recette est connue. « Habile posture » s’extasie Ivan Rioufol du Figaro, « Sarkozy se place du côté de la société civile qui dit souffrir d’un même mépris des élites. (…) Son analyse sur le poids des castes dans l’immobilisme est pertinente. » Mais Rioufol lui-même doit mettre un bémol à son propos : « Sarkozy n’est certes pas la figure la plus convaincante de l’anti-système ». C’est le moins qu’on puisse dire. Ajoutons que cette thématique fachistoïde n’enthousiasme pas forcément tout le monde à droite. Dans le même Figaro, Alexandre Adler, passé pourtant aux réacs avec armes et bagages il y a bien longtemps, prend lui la défense des élites. Dans un papier intitulé « Comment les élites peuvent se révéler légitimes », il se livre à un petit cours d’Histoire dont il ressort que « la Réistance, ce fut aussi une affaire d’élites ». On dirait que ça tangue à droite.

Gérard Streiff


Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire