J’oblige, tu obliges, il oblige

On pouvait lire, l’autre jour, une longue étude du journal Le Monde sur les élections législatives de 2012, réalisée en collaboration avec l’Observatoire de la vie politique et parlementaire. Ce travail montre que « l’opinion est en opposition croissante avec le pouvoir en place » et il établit ( voir le détail sur www.vielocale-viepublique.fr) que la gauche pourrait bien être majoritaire à l’Assemblée nationale, en dépit du redécoupage de 2009 ( et du calendrier inversé). « Il y a un nombre non négligeable de circonscriptions gagnables à gauche, toutes opinions confondues » estime Denys Poillard, directeur de l’Observatoire. Bonne nouvelle, donc, mais notre expert tempère aussitôt l’enthousiasme en ajoutant que la réorganisation des circonscriptions a été telle qu’on sera « dans les 50-50, d’où ne se dégage aucune majorité très nette ». On peut avoir une majorité de gauche mais « pas pour autant une majorité très large ». Conséquences ? ou plus exactement but de la manoeuvre ? « La modestie du score sera un rappel constant pour les gouvernants, les futures majorités vont être obligées de tenir compte de ces marges étroites. » Poillard insiste : cela va « obliger à une gouvernance plus raisonnable qui écoute son opposition ». Et il repasse une nouvelle couche : « Ces majorités plus courtes obligeront à une certaine forme de modestie »... Certes tout ça relève en partie de spéculations mais on se dit que le système, décidément, est malin ; il n’en finit plus d’inventer des ficelles pour que rien ne change quand tout change.

Gérard Streiff



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