Duo de cabots

Un jour des historiens se pencheront sur notre époque et s’interrogeront sur la déconstruction (avant rénovation) de la gauche. On peut penser que dans leurs archives figurera en bonne place le dernier livre de Serge Moati, " Le Pen, vous et moi ". Moati, pour ceux qui l’ignoreraient, est l’incarnation, sous forme d’enflure, des médias néo-mitterrandiens, une queue de l’Etat-PS dans toute sa flamboyance. On pensait avoir fait le tour du personnage, arrogant, mégalo, mais là, avec son dernier opus, il fait fort : 300 pages pour saluer son ami Le Pen, avec qui il " passe de bons moments", " j’aime bien nos dialogues", etc. Le Pen ? Un type charmeur, un peu têtu peut-être. On se pince, on ne rêve pas. Alors qu’une des pires dérives françaises est la banalisation du Front National, des fachos qui la jouent bobos, voilà que Moati " juif, socialiste et fils de déportés", comme écrit avec complaisance Le Monde, se couche devant le vieux cabot d’extrême droite. Moati ne s’est pas contenté de désarmer la gauche, il arme la canaille qui, déjà, a le doigt sur la gachette.

Gérard Streiff



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