22 février 2011

Le fait divers fait diversion

On peut pas dire que ça s’améliore sur le front médiatique. La façon
dont on instrumentalise le moindre fait divers est proprement
renversant. « On », c’est Sarkozy bien sûr, si prompt à jouer sans
vergogne de l’émotion - légitime- du public pour vendre sa politique.
Mais « on », c’est aussi des (DES) journalistes qui se laissent aller au
sensationnalisme pour faire du chiffre. Le fait divers crapuleux fait
aujourd’hui volontiers la « Une » des JT ou de grands journaux. Cercle
vicieux : les rapaces du ministère de l’Intérieur ou de l’Elysée
rebondissent sur le sujet avec gourmandise ; ils en parlent puisqu’on en
parle ; et chacun de remuer le brouet... Auteure de « Crime à l’écran »
(INA, 2010), la chargée de recherche Claire Sécail dit bien que « les
journalistes comme les politiques semblent partager la tentation de la
/campagne permanente/, l’excitation de l’échéance électorale, et
l’emprise des émotions sur l’analyse afin de parvenir à leurs fins
auprès des publics ». On imagine sans peine – mais non sans inquiétude -
le ton de la future présidentielle si on poursuit dans cette voie. « Le
métier des journalistes consiste à bâtir des hiérarchies éditoriales
affranchies des logiques commerciales, dit encore l’auteure. La qualité
du débat public a besoin de l’exigence de chacun ».

Gérard Streiff


Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire