13 février 2012

ça continue

Le traitement de la guerre d’Algérie fut, à l’époque, largement censurée. Cinquante ans après, ça continue. Le ministère de la Culture sort chaque année un recueil sur les commémorations nationales. Dans l’édition 2012, un texte sur la guerre d’Algérie, commandé à l’historien toulousain Guy Pervillé, a été amplement caviardé. On lui demandait de décrire les faits « sur le ton le plus objectif possible » mais tout ce qu’il a écrit concernant l’OAS, les enlèvements de Français, les massacres des harkis ainsi que le rôle du général de Gaulle, tout a été retiré, sans son avis. Le ministère a du reconnaître la manipulation, prétendant qu’on avait affaire à un dossier « trop sensible », une période « trop compliquée ». « J’ai choisi de couper, avoue le directeur des Archives, avec l’aval de son ministre, car cette guerre suscite encore la passion. » Tout se passe comme si le pouvoir n’avait rien appris ; ou voulait tout effacer. Revanchard, il proposait hier (205) de saluer « le rôle positif de la présence française en Afrique du Nord » ; aujourd’hui il décore Hélie de Saint-Marc, ce putschiste de 1961 élevé par Sarkozy à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur. Demain on va peut-être demander aux profs de faire chanter dans les écoles l’hymne de la Légion : « C’est nous les Africains ... »

Gérard Streiff


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