13 janvier 2011

Le probable n’est pas certain

En cette période de voeux, on lira avec profit ceux du sociologue et
philosophe Edgar Morin ( voir Le Monde du 9 janvier), intitulés « Les
nuits sont enceintes ». L’auteur de « Comment vivre en temps de crise ?
 » dresse dans ce texte un tableau d’une stimulante férocité sur les
temps actuels, d’une implacable lucidité aussi sur l’état du monde en ce
début d’année : fanatisme, intolérance et dominations de tous ordres. « 
Partout le pouvoir de décision est celui des marchés, c’est à dire de la
spéculation, c’est à dire du capitalisme financier (…) Le marché a pris
la forme et la force aveugle du destin auquel on ne peut qu’obéir. »
Echec d’Obama, montée aux extrêmes, crise européenne, « la marche vers
les désastres va s’accentuer dans la décennie qui vient ». En même
temps, l’auteur pointe les résistances à l’oeuvre, « les forces de
résistance, de régénération, d’invention, de création se multiplient
mais dispersées, sans liaison, sans organisation, sans centres, sans
tête ». Il évoque par exemple à juste titre « la démocratisation
culturelle » en marche sur Internet, « forces démocratisantes et
libertaires que les pouvoirs s’efforcent de juguler ». Que penser de
2011 ? La comparaison qui lui vient à l’esprit, c’est 1940 – 1941 ! « 
Mais le probable n’est pas certain et souvent c’est l’inattendu qui
advient. ».

Gérard Streiff


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