Tirer parti

Roland Laskine est chroniqueur financier dans les pages saumon du Figaro. Ces jours ci son billet est intitulé « La bourse monte malgré tout ! » Il commence son papier en notant qu’« en dépit des tensions internationales, les indices progressent ». En dépit des tensions ? Ou grâce aux tensions ? Car notre expert montre que l’argent sait profiter de tout, tout le temps. D’abord, nous dit il, l’argent est opportuniste, la finance va à la finance, si les pépètes font mouvement, faut suivre, sans se poser de question :« En Bourse, une des règles d’or consiste à ne jamais se battre contre les flux qu’ils soient entrants ou sortants ! » Second conseil : ce qu’il appelle la rotation sectorielle. C’est très simple, c’est même le « jeu préféré des boursiers (…) qui consiste à trouver les secteurs les mieux placés pour tirer parti des difficultés du moment. » Un pays est à terre, une zone est ravagée, une monnaie bat de l’aile ? L’oeil impavide du boursicoteur sait bien que derrière tout désastre, il y a une opportunité. Du fric à faire. L’exemple tout trouvé, et cité ici, c’est évidemment « la désorganisation de l’activité économique au Japon ». Ça c’est tout bon pour la Bourse, qui va « tirer parti de la difficulté » de Tokyo. Exemples : ce pays va avoir du mal à reconstruire vite, alors misez fort sur « les fabricants de biens d’équipements et les aciéristes » concurrents, qui eux vont se trouver quelque temps libérés du challenger nipon. Autre secteur : le nucléaire est critiqué ? Alors, investissez sur « le baril de pétrole ». Les banques aussi sont recommandées ; elles ne sont pas flambantes, les banques mais « elles apparaissent toutefois comme les grands gagnants (…) de la hausse des taux d’intérêt ». Etc. Dans les prochains Mots croisés, si vous tombez sur « boursicoteur en dix lettres », n’hésitez pas, c’est charognard.

Gérard Streiff



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