31 janvier 2017

Le goulag mou

L’Academie des sciences morales et politiques, présidée par le banquier Michel Pebereau (BNP Paribas) s’émeut du contenu des manuels scolaires en économie. Trop marxiste paraît-il. Pas assez aligné sur le Medef. Des économistes « comme il faut » ont été chargés de contrôler une demi-douzaine de maisons d’édition. Ainsi, un certain Yann Coatanlem, du club Praxis, qui examine l’éditeur Belin, y va carrément : « Il faut balayer rapidement les points de vue marxistes présentés dans le manuel de terminale, assimilant les plus-values à l’extorsion des travailleurs » ou encore « Est-on obligé de commencer le chapitre (d’un manuel de terminale), « Comment analyser la structure sociale ? », par un exposé des théories marxistes et la définition des plus-values comme une extorsion des travailleurs plutôt que comme une simple rémunération du capital, en soi légitime. Doit-on parler de Marx en seconde, première et terminale ? Pourquoi ne pas laisser le sujet aux programmes d’histoire ? »
Comment qualifier de telles intentions ? De l’Inquisition ? Du maccartysme ? Du stalinisme à la mode du quai Conti ? Va-t-on assister à un autodafé des livres d’économie devant l’Académie ? On n’en est pas là mais ça commence à sentir mauvais ; ça ressemble à ce que l’écrivain Jacques Mondoloni appelait du « goulag mou ».

Gérard Streiff


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