19 mai 2015

Le pouvoir des pantouflards

Luc Rouban est directeur de recherches à Sciences-Po – Cevipof. Il s’intéresse plus particulièrement aux premiers cercles du pouvoir. Dans son dernier article, "La politique par le haut : les entourages de l’exécutif de Nicolas Sarkozy à François Hollande" (www.cevipof.com), il évalue à 500 le nombre de personnes qui jouent " un rôle décisif dans l’action publique de l’exécutif" autour de Hollande et Valls, "une élite de l’ombre" dit-il. Il note "un nouveau mode de recrutement de cette élite ayant une grande expérience de l’entreprise privée et de plus en plus puisée dans les banques, les affaires". C’était le cas de 28% des conseillers de Sarkozy, c’est le cas de 36% des conseillers de Hollande. Ce qu’on appelle l’énarchie pantouflarde, c’est à dire des hauts fonctionnaires ayant quitté le public pour le privé. Genre Emmanuel Macron, énarque passé par la banque Rotschild ou Jean-Pierre Jouyet, inspecteur des finances ex-patron de Barclays France. On est en face d’une "nouvelle élite politique pétrie de méthodes entrepreneuriales étrangères au service public", observe le politologue, qui ajoute qu’il existe désormais "une fracture culturelle et sociale entre le sommet de l’appareil d’Etat et les petits fonctionnaires qui ne s’identifient plus à cette élite politique mondialisée". Les petits marquis, le tiers Etat, on pourrait se croire en 1788...

Gérard Streiff


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