Péril jaune

Les patrons du CAC 40 ne digèrent pas « l’affaire Ghosn ». Que « l’empereur de l’automobile » se retrouve, du jour au lendemain, encristé comme la dernière des crapules, ça les tétanise. Le MEDEF flippe. Ça panique dans les beaux quartiers. Le PDG d’Orange se dit « sidéré ». « Choc immense », « coup terrible », la presse patronale en rajoute. Et elle cherche déjà à colmater les brèches, à « expliquer » et limiter le scandale. Ce serait une mauvaise manière des Japonais, ils détestent l’Etranger, ces gens-là, ils seraient « xénophobes », c’est bien connu. Revoilà le péril jaune en somme. Ridicule. Le dossier de Ghosn est lourd, les faits avérés. Autre argument : Carlos Ghosn serait un cas particulier dans le monde des affaires, une bête à part, un « ovni » écrit Le Figaro. Faux. Ghosn est l’incarnation du capitalisme 2.0, c’est la parfaite illustration de l’hyperconcentration des pouvoirs : « Il fait (faisait serait plus juste) chaque mois, réellement, le tour du monde pour diriger personnellement six marques automobiles » s’ébaubit le président de l’AFEP (association des entreprises privées). Ghosn symbolise, jusqu’à la caricature, cette caste rapace qui se croit intouchable. Ghosn, c’est la monarchie patronale dans toute sa splendeur. Les grands patrons ont peur car l’interné de Tokyo leur renvoie leur turpitude et de leur finitude.

Gérard Streiff



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